Je ne sais pas si Nitch a compris quelque chose, mais il arrête de mordiller. Il repose sa tête sur le panier et lève les yeux vers moi. Le même regard que le premier jour. [...] Sa présence à mes côtés, ça vaut tout l'or du monde.
Pourvu qu'il ait plein de défauts, ce chien ! Je ne veux pas forcément qu'il morde ou qu'il sente la vieille chaussette. Mais qu'il soit différent. Un chien qu'on ignore, qu'on oublie au fond d'une cage, qu'on est capable d'abandonner sans se retourner. Un moche, un gros tas de puces, un rase-moquette, un vieux bigleux, un éclopé. Un chien qui me ressemble, en quelque sorte, et qui ait un sale caractère.
Ne le répète à personne, mais ce cruc a été conçu spécialement pour moi. Exactement à la taille de mon ancien pied. Une prothèse, ils appellent ça.
Je ne sais pas ce qui me frappe en premier dans son regard. Sa tristesse? Sa douceur? Son intensité? En tout cas, je n'ai plus aucun doute.
Ce surnom, j'ai l'impression qu'il me donne tous les droits : de bouder, de râler, de piquer une colère. D'être plus fort aussi.