Fumiaki a 18 ans. Tomoji 12.
Il faudra encore plusieurs années avant que ces deux êtres, qui regardent le même ciel, se rencontrent.
Entretien de Jirô Taniguchi, morceaux choisis :
« Pour qu'un personnage puisse réellement exister dans une histoire, il est capital qu'il soit crédible, qu'il soit juste. S'agissant de Tomoji, j'y tenais d'autant plus que ce genre de personnage et d'histoire de femme est un peu un archétype, une figure universelle pour nous Japonais. Il existe une multitude de parcours et de vies féminines similiares au Japon, en tout cas à cette époque. Nous étions alors un pays pauvre, et les destins de ce genre – des vies frugales et très simples, souvent semées d'embûches – abondaient. C'était la vie ordinaire des gens de cette période. »
Ils ne possèdent rien. Leur vie commence vraiment "avec une paire de baguettes".
-Tomoji. Continue l'école.
-Hein ?!
-Oui, poursuis tes études.
-Toyô !
-Tu as d'excellents résultats. Tu es persévérante. Et tu as des prix dans toutes les matières. Je sais... Que ton maître t'a conseillé de poursuivre.
-Mais... Toi, Toyô, tu aurais voulu faire des études. Mais comme je suis née...
[...]
-D'accord ? Tu vas faire de bonnes études au nom de nous tous.
-Toyô... Merci !
Aujourd'hui...cette photo de famille est la seule sur laquelle on voit Yoshihira tel qu'il était pendant ces jours heureux.
Entretien de Jirô Taniguchi, morceaux choisis :
« C'est le récit d'une rencontre entre deux personnes qui voient les mêmes choses, traversent les mêmes événements, et finissent par se rapprocher. À mes yeux, c'est assez romantique. Ne serait-ce que parce que leur histoire d'amour est menée de manière délicate et peu explicite – comme le voulait alors la bienséance : quelques échanges de lettres, un petit voyage en voiture... C'est très ténu, mais pour l'époque, c'était l'expression d'un amour assez fort. »
Cher Fumiaki,
Si vous acceptez de me prendre pour femme… Venez me chercher au plus vite. Je suis prête à partir avec vous dès que vous viendrez. Je vous attends.
L'été passé, les premiers nuage chargés d’humidité apparaissent dans le ciel de Yatsugatake.
Toyo et tomoji ferment les yeux de leur grand-mère. Kin Uchida avait 72 ans.
— Mamie, c'est celle-là... la mauvaise herbe ?
— Oui. Si elle se développe, le riz pousse moins bien. Pour ne pas abîmer la terre de la rizière... il faut déterrer l'herbe avec précaution.
— Mais on a beau la retirer, elle revient toujours.
— Alors, il ne faut jamais arrêter de désherber. C'est parce que ce travail est dur et parce qu'il faut se battre contre les moustiques et les taons... que la récolte, à l'automne, est une fête. Après les difficultés... il y a toujours quelque chose d'heureux qui arrive.
Mamie… avec nos prières, Masaji va aller mieux, hein ?
_ Mmmm… Je pense qu’elle va aller mieux. La déesse Kannon fera ce qui est le mieux.