J'ai fait la connaissance de Nestor Burma il y a plus de 40 ans au détour d'une braderie, attiré par les couvertures des livres de poche où figuraient les titres sur des plaques de rues parisiennes. Pour 5 francs en tout j'ai acheté les 5 titres disponibles et me suis aussitôt plongé dans le Paris des années 50 pour suivre les enquêtes du détective de l'agence Fiat Lux.
Une dizaine d'années plus tard, j'ai découvert
Tardi à travers les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, situées elles-aussi à Paris mais au début du XXe siècle.
C'est tout naturellement que quelques années plus tard j'ai retrouvé Nestor sous le trait de
Tardi avec le plaisir qu'on imagine, ce dernier étant d'évidence le dessinateur qu'il fallait pour mettre en images les enquêtes du premier.
Un scénario béton, un dessin original.
Adaptation fidèle de l'essence du roman, cette BD en noir et blanc - comme on vivait à l'époque - traduit exactement les impressions que l'on a à la lecture de l'original de
Léo Malet. Une ambiance un peu grise au sortir de la guerre, une époque où les presque tous les espoirs sont permis mais personne ne roule encore sur l'or. Des 4CV ou des tractions croisent encore des charrettes, la Foire du trône où les caïds sifflent les filles avant #metoo, et cela ne choque personne, surtout pas les filles qui ont la réplique facile, la pavé humide de Paris où l'on s'écrase joyeusement après un chute du grand huit… Une enquête comme on les aime, avec des flics un peu butés, le commissaire Florimond Faroux qui engueule le privé tout en lui sauvant la mise, le journaliste-éponge (sic) Marc Covet toujours à l'affût de sensationnel, et Hélène qui n'en finit pas de revenir de vacances.
À lire et à relire sans modération.