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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai eu un énorme plaisir de lecture avec ce volumineux livre de science-fiction dont on ne sent pas passer les 700 pages ! Très addictif, on est immédiatement embarqué par un style très immersifs, dans cette histoire qui mélange étonnamment survie spatiale et zoologie.
On suit un vaisseau spatial, rassemblant les derniers vestiges d'une humanité mourante, à la recherche d'une planète habitable, la Terre ne permettant plus d'abriter la vie. Ce vaisseau va arriver sur une planète parfaite, résultat d'un ancien projet de terra formation conçu à l'apogée d'un empire depuis longtemps retombé dans les poussières de l'histoire. Ce monde, en attente d'humanité, avait été ensemencé par des espèces végétales et animales, ainsi qu'un virus révolutionnaire leur permettant d'accélérer leur évolution, pour permettre une émergence plus rapide d'un milieu propice à la vie humaine. Hélas, l'humanité ayant pris des milliers d'années de retard suite à l'effondrement de la Terre, ce sont les araignées et les fourmis qui vont évoluer rapidement et développer une civilisation avancée sur cette planète. Quand le vaisseau terrien arrive, la place est déjà occupée…

L'auteur, zoologiste de formation, rend les parties sur les insectes passionnantes ! Il s'amuse à renverser les valeurs actuelles, la société des araignées étant matriarcale. Il est très amusant des voir les mâles araignées lutter pour essayer, si ce n'est d'obtenir l'égalité avec les femelles, au moins d'avoir le droit de ne pas se faire dévorer après un accouplement ! La longue marche vers la civilisation consistant justement à lutter contre ces instincts naturels et primaires, pour arriver à une société pacifique et plus harmonieuse. Il est ambitieux de vouloir raconter l'avènement complet d'une nouvelle civilisation. On y voit les errements religieux et les tentations totalitaires, pour arriver graduellement à un équilibre, qui est remis en cause par l'arrivée des humains. On y voit la grande part du hasard et des accidents dans une histoire merveilleusement conté.
De l'autre côté, la saga et les errances du vaisseau terrien, luttant pour sa survie et contre la déliquescence du temps, est également très bien menée. le livre soulève des questions écologiques, philosophiques et éthiques très intéressantes et cruellement actuelles. Et n'est-ce pas le rôle de la bonne science-fiction de nous faire réfléchir tout en nous divertissant ?
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Je viens de tomber sur ce roman de hard SF au détour des rayonnages de ma médiathèque favorite… Dans ce roman primé par le prix Arthur C. Clarke en 2016, les derniers survivants de l'humanité quittent dans un futur lointain une Terre mourante pour une nouvelle planète terraformée au préalable par une IA terrienne, avatar de la célèbre Dr Avrana Kern chantre et créatrice de la terraformation expérimentale, pour la rendre apte à la vie humaine. Las, le processus de terraformation, loin d'être parfait, a porté des fruits désastreux : la planète, loin d'être le refuge attendu, est dominée par des araignées que le virus au coeur du processus de terraformation a rendues par erreur hautement intelligentes. Un vrai cauchemar (arachnophobes s'abstenir) !
L'auteur superpose habilement deux arcs narratifs recouvrant plusieurs centaines d'années : nous suivons en parallèle l'évolution des araignées sur la planète et le voyage puis l'arrivée de Gilgamesh, l'immense arche abritant à son bord les derniers rescapés de l'Humanité.
Nous rentrons dans le quotidien de la vie de Portia, une araignée dont les compétences particulières la place à l'avant-garde du processus évolutif puis dans les péripéties de la vie de ses descendants au fil des générations.
Du côté des Terriens, nous suivons la vie des humains à bord du Gilgamesh entre périodes de sommeil suspendu et périodes de veille avec comme pivots le linguiste Holsten Mason et le commandant Guyen, et leur confrontation glaçante avec l'IA avatar du Dr Avrana Kern et son long glissement vers les abimes de la folie. Tout cela sur une période d'environ 700 ans.
Après l'arrivée des Terriens sur la planète, les deux espèces vont se combattre dans une incapacité totale à se comprendre, même de la manière la plus fondamentale, puis peu à peu réussiront à surmonter leurs différences.
Le tour de force d'Adrian Tchaïkovsky c'est de nous plonger dans la psyché et la civilisation extraordinaire des araignées et de nous rendre ces arachnides repoussantes de plus en plus attachantes et dignes d'admiration.
Ce roman brillant et épique aborde de manière passionnante les thèmes de l'évolution, du rapport au temps et à l'éternité et ses effets, de l'empathie et de la communication. J'enchaîne avec impatience la lecture de la suite !
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« Bonjour, je m'appelle Sylvain… Je suis un jeune étudiant… Et je suis tombé dans la hard-SF à 17 ans.
— Bonjour, Sylvain. »
*Oh non… Les gens vont se désabonner… Pourquoi je leur refais la blague trop faite des Alcooliques Anonymes ?*
« Depuis qu'je suis tout p'tit, j'aime trop les trucs de l'imagination… du coup, je me suis mis à lire des trucs de sense of wonder avec des personnages de plus en plus transparents et des intrigues simplettes… Tout ce qui était des théorèmes scientifiques, j'y comprenais rien mais ça m'amusait ! J'ai même ouvert un blog…
— Mais tu sais, Sylvain, c'est pas grave si t'aimes la hard-SF ! Serge, lui, aime la SF militaire technique, Kevina aime le melodic death metal, Géraldine… bon, elle aime Guillaume Musso, mais peut-être qu'on pourra la sauver aussi, avec les progrès de la médecine… »
*Je dois arrêter ça tant que quelqu'un lit encore cet article… Trouver une issue de secours tout en catharsisant un peu de toutes ces affaires… Mais je peux y parvenir !*
« Mais vous ne comprenez pas ! Vous, vous êtes des personnages que j'ai inventé pour le blog ! Vous n'existez pas ! Vous êtes dans ma tête !
— Il délire ! Que quelqu'un fasse quelque chose ! »
Cinq minutes plus tard, je me retrouve avec une camisole quelque part dans les sous-sols de l'hôpital. Mon chariot est conduit par un type qui m'a l'air d'être un infirmier autant que le pape ressemble à un rugbyman. Personnellement, ça ne m'étonnerait pas qu'il opère avec un marteau et une scie, mais alors le marteau piqueur et la scie sauteuse, vu la tête qu'il tire.
« Bon ! On est suffisamment loin du reste de l'hosto ! m'explique le mec en blouse blanche. Je t'explique : je suis le docteur Masse-Critique ! Et le Comité des Scientifiques Incongrus te rend la liberté… à condition que tu lises ça ! »
Il ouvre sa blouse et me montre tous les livres de hard-SF qu'il cache sur le revers.
« Désolé frère, mais c'est khene ! J'ai dit que j'arrêtais avec ce truc depuis au moins une semaine !
— Tu vas me lire ça tout de suite ! qu'il me dit en me plaquant un bouquin sous le nez. Ou sinon le Padrone viendra te chercher… »

Une première impression très mitigée

Dans la toile du temps, donc, c'est un bouquin qu'on doit à Adrian Tchaikovsky, romancier qui s'est imposé dans la dernière décennie en SFFF anglo-saxonne de par son éclectisme et ses idées remarquables ! Nous voici donc embarqués dans son ouvrage considéré comme un des meilleurs par la critique, où des scientifiques inconscients luttent contre des fanatiques encore plus inconscients pour savoir ou non si des singes vont être envoyés dans l'espace afin de coloniser des planètes expérimentales à la place des humains. Et forcément, ça part en cacahuète.
Et là où le livre est génial dans son postulat, c'est justement que ces singes doivent évoluer artificiellement avec un nanovirus qui les rendra plus beaux, plus forts et plus intelligents à chaque génération. le problème, c'est que toutes les bestioles vont rapidement se faire destroy, et qui qui c'est qui survit, c'est les araignées dans la cale. Or, celles-ci évoluent, et deviennent de génération en génération plus belles, plus fortes et plus intelligentes…
Vous l'aurez compris, quand les humains vont arriver sur cette planète, ils vont avoir une drôle de surprise. La grosse question étant évidemment : à quoi ressemblerait notre monde si c'était les araignées qui le dominaient, et pas des espèces de singes roses ? Et encore mieux : Qu'est-ce qui se passerait si ces deux types de civilisations radicalement différentes allaient se friter ensemble ?
Le problème, c'est qu'à côté de tout ça, autant c'est bien décrit niveau scientifique, autant pour vraiment s'embarquer dans l'aventure à fond les ballons il faut des personnages auxquels on s'attache, ou au minimum comme dans les trois quarts de la hard-SF des qui soient pas trop pénibles à suivre. Dans Gravité par exemple, j'avais fini par passer l'éponge, Rees étant pas un perso très folichon, mais même sans être approfondi, il faisait son job de poisson hors de l'eau, un archétype figurant parmi les plus universels ; il y a une différence entre une absence de qualité (des persos sans plus) et un défaut (des persos vraiment pénibles). Là, on se retrouve pas seulement avec une des protagonistes écrite de manière très sobre, mais carrément insupportable. Kern est la scientifique à l'origine de tout ce bardaf, une savante orgueilleuse et déterminée dans ses convictions d'élever l'Humanité au rang de dieux (tout en la détestant copieusement, allez savoir pourquoi). Alors d'abord, on se dit que c'est subjectif, mais l'auteur en rajoute une couche. J'ai eu donc un gros problème avec la première partie.
Et on peut pas dire que ça pousse les potards à fond niveau hard-SF non plus. Les explications du nanovirus sont à peine esquissées, on nous dit pas comment est-ce qu'il pourrait élever les animaux quand c'est juste un virus, donc pas porteur de gènes mais qui en bouffe* ; et d'abord pourquoi nano ? Qu'est-ce que ça a de plus, et comment un organisme de la taille de quelques atomes pourrait-il exister ? Et puis bon c'est un point mineur parce que l'auteur a pas franchement le temps de s'attarder dessus, mais entre les scientifiques et les fanatiques, les deux visions de la science sont pas franchement approfondies là où elles auraient pu avoir un traitement nettement plus profond ; espérons qu'on en saura plus dans la suite. Est-ce qu'on a le droit de manipuler le génome comme ça ? Pourquoi pas envoyer des humains, tout simplement, parce que des animaux, ça souffrirait moins ? Qu'est-ce qui nous dit que là-bas y'a pas des virus qui vont nous buter direct ? Est-ce que c'est une si bonne idée que ça, de se prendre pour Dieu ?
*Bon, OK, moi aussi j'ai fait exactement la même chose, mais je prétendais pas faire de la hard-SF.

Une suite nettement plus convaincante

Un traitement de la science magistral

On entame la deuxième partie et je suis déjà un peu plus séduit par le style qui se permet quelques touches de poésie ou d'ironie. Je vais pas d'office vous dire que c'est un sans-faute : les personnages humains sont toujours pas développés de ouf, même s'ils sont désormais potables. Les vestiges de l'Humanité, après une guerre qui a défoncé l'Humanité, partent à la recherche d'une nouvelle Terre, et se dirigent on le devine vers la planète des araignées. Adrian Tchaikovsky sait faire ressentir à son personnage les émotions universelles de l'homme face à l'immensité de l'espace, et sa solitude de faire partie de l'un des derniers, même si certaines relations profondes entre les personnages sont à peine esquissées alors qu'elles seront plus tard cruciales dans le récit. Mais l'intérêt est réveillé.
Et surtout la partie sur les araignées va en qualité croissante avec le nombre d'idées remarquables et leur traitement. On découvre la psychologie des araignées et des descriptions de leur morphologie et leur mode de vie très complètes, un peu comme faisait avec les fourmis notre bon vieux Bernard Werber avant qu'il se lance dans la Sylvain-Durif-SF. Si vous voulez voir à quoi ressemblerait l'apparition des religions, de la technologie, des relations inter-classes et espèces chez les insectes et arachnides, il s'agit clairement d'un livre mettant en scène un travail sérieux sur l'ethnologie.

Aspect divertissant

Mais bon, c'est pas tout ça, l'amateur de SF pas forcément hard sait qu'au-delà des théorèmes scientifiques, il y a un roman, et donc forcément un peu d'action. Alors, part du contrat remplie ?
Eh bien j'avais franchement eu peur que le livre avance à un rythme géologique avec ses 700 pages, sachant qu'une bonne partie se déroule sur le voyage des humains partant migrer chez les araignées qui dure des millénaires. Mais l'auteur parvient à surprendre, réutilisant des tropes habituels aux vaisseaux-congélation / génération, mais quand on s'attend pas à les voir débouler, à peine l'un d'eux étant résolu qu'il en déboule un autre de manière brutale. de sorte que l'on découvre que ces deux schémas ne sont pas incompatibles, les différentes sociétés qui pourraient y émerger, comment gérer un vaisseau à la dérive loin de toute planète habitable de plusieurs siècles de navigation… Oui, ça avance parfois pas vite, mais Tchaikovsky ne se perd pas en dialogues inutiles.
De même, l'aspect psychologie des personnages se révèle comme souvent en hard-SF moins rudimentaire qu'elle ne prête à croire. La plume va s'affinant à mesure que l'on découvre le héros Holsten Mason confronté à diverses situations, avec son lot de traumatismes et de questionnements. de même, si Kern semblait au départ le poids mort du récit, on la voit peu à peu sombrer dans la folie et tenter d'en sortir, ce qui en fait enfin un personnage humain à nos yeux.

Aspect militant

Enfin, on ne pourra pas dire que le livre reste seulement pour les S et les nerds en regardant un peu son sous-texte politique : c'est bien de l'acceptation de l'autre que le roman traite au final. Et ce avec deux angles majeurs : le féminisme et la xénophilie.
Féminisme, car comme vous le savez, les araignées en bonnes conjointes bouffent leurs maris après la nuit de noces histoire de récupérer des protéines et de payer la pension moins cher. C'est donc l'inverse de notre société qui se produit là, avec d'un côté les mâles qui veulent s'émanciper et de l'autre côté les femelles qui s'occupent des tâches importantes et prennent toute la bière. Je sais qu'on a déjà tenté ce genre d'inversions, et que mal fait ça peut donner de très gros sabots, mais là c'est justifié par le background : dans la nature, il est normal que les femelles chez les insectes, les arachnides, les poissons…, et en fait énormément d'espèces, soient de constitution plus solides que les mâles et donc plus aptes à gouverner. Ça n'a donc rien de gratuit et la révolte du sexe faible (en l'occurence ici masculin) se voit envisagé comme une conséquence logique.
Et xénophilie, parce que les araignées n'ont physiquement rien d'humain. C'est ça qui les rend si bizarres et effrayantes, en plus du fait qu'elles soient carnivores : donc, vous vous retrouvez avec ce genre de bestioles taille XXL, vous faites quoi ? Vous avez plus envie de lui faire la peau que de discuter avec (et vu les crises d'hystérie de certains jeunes dès qu'une petite bête s'introduit dans une salle de classes, on commence à avoir des doutes sur la prédisposition de l'Homme pour l'harmonie avec la Nature…) ; de sorte que dans 75-90% de la SF, les méchants extraterrestres, c'est ceux qui ont des pattes, des tentacules et des gros yeux globuleux, et les gentils extraterrestres, c'est ceux qui sont bien comme nous et qui mangent terroir comme tout le monde.
Dans la toile du temps vient défoncer cette vision de la réalité : une apparence monstrueuse n'est jamais que de notre point de vue, et aussi différent soit l'extraterrestre, l'intraterrestre ou le GM auquel vous avez affaire, il n'en reste pas moins une créature aussi légitime à exister que vous, avec laquelle nous nous devons de tenter de tendre des ponts plutôt que lancer directement des missiles. « le barbare, c'est celui qui croit en la barbarie ! »
Ainsi les 100 dernières pages sont vraiment passionnantes car on se demande comment les civilisations humaines et araignées vont faire pour cohabiter. Est-on destinés à ne jamais comprendre l'Autre, comme dans Alien ou Solaris ? Ou y'a-t-il moyen de communiquer autrement que par la violence même avec des créatures aussi étrangères à toutes nos perceptions ? Chaque camp croit que l'autre est monstrueux, les araignées parce que les hommes n'ont que quatre pattes, les hommes parce qu'elles n'en ont que huit. Mais par-delà ce côté absurde, reste un véritable questionnement sur si nous sommes prédisposés à un premier contact : parviendrions-nous à communiquer avec un alien, même sans xénophobie, si celui-ci n'utilise même pas les mêmes procédés que nous pour communiquer ?
Tout ça pour nous prouver une fois de plus s'il le fallait que si la hard-SF se montre des fois maladroite ou négligente envers l'aspect humain, celle-ci n'en tente pas moins d'explorer ses questionnements les plus profonds. On pourra accuser ce livre d'être trop froid, éloigné par moment d'une psychologie convaincante ; il reste néanmoins à des années-lumière d'une intrigue simpliste et n'en creuse pas moins des problèmes sociologiques et de tous temps d'actualité. Et rien que pour ça, le final est haletant.

Quelques mots sur l'édition française

Écoutez, les gars. Achetez l'édition Lunes d'encre. C'est plus cher, mais au moins la couv est magnifique. Tandis que FolioSF, bon, déjà c'est pas terrible, mais ils ont épaissi le papier pour des raisons inconnues (je vais vraiment finir par penser que des gens dans l'ombre jouent à le-premier-qui-finit-de-massacrer-l'Amazonie-a-gagné).
Et je dis ça, mais je sais même pas si y'a pas les mêmes erreurs de traduction grossières : le conditionnel passé est remplacé par du futur presque systématiquement dans le premier chapitre. Alors déboîtez les forêts primaires autant que vous voulez, mais ne touchez pas à la langue de ma patrie natale que j'aime de tout mon coeur.

Conclusion

Dans la toile du temps est loin d'être un mauvais livre, et je peux comprendre qu'on puisse le considérer comme un chef-d'oeuvre. Au final, après un très mauvais premier chapitre, force est d'avouer qu'on est tout le temps sur du quatre, voire du cinq-étoiles. Bref, si je serais plus frileux que mes confrères à le considérer comme un bouquin exceptionnel, nous avons là un ouvrage incontestablement méritant qui me donne envie de prolonger ma découverte de cet auteur passionnant. Et n'hésitez pas vous non plus, car après tout, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Sachant que ce roman mettait en avant des araignées sur une lointaine planète, je craignais un peu de me retrouver avec un texte classique de guerre entre monstres crochus et gentils colons humains (même si les avis lus ici ou là me détrompaient). Heureusement, ce n'est donc pas le cas, puisqu'il s'agit du récit d'une tentative d'évolution planétaire qui n'a pas fonctionné correctement.

Sur une planète terraformée où une expérience de longue durée concernant un groupe de singes doit avoir lieu, un attentat fait tout rater. Tout ? Non, car l'outil génétique, le nanovirus qui devait « guider » les singes, va se rabattre sur des hôtes inattendus trouvés sur la planète : les araignées !

Nous allons donc assister à la lente évolution de celles-ci, depuis l'animal que nous connaissons, dont le comportement est bien rendu (l'auteur étant un passionné de ces charmantes bestioles, semble-t-il) jusqu'à un début de conquête spatiale, si, si ! Globalement, l'anthropomorphisme est absent de ce roman, et les réactions des différentes espèces d'araignées, au cours des générations, semblent crédibles et relativement exemptes de motivations typiquement humaines. J'aurais un petit bémol concernant le nanovirus, outil génétique utilisé pour faire une sélection parmi ces charmantes bestioles, et dont le mode d'action, lui, me semble un peu trop « conscient » voire anthropomorphe, mais cela reste un détail qui ne gâche pas le récit.

Parmi les péripéties de cette évolution aranéide, notons par exemple un amusant retournement de situation entre mâles et femelles (par rapport à notre espèce « évoluée ») et une lutte pour l'émancipation des mâles – il faut dire que servir de casse-croûte à une femelle sexuellement comblée n'est pas très tentant ! Autre moment de tension extrême, une guerre féroce contre les fourmis, qui manque de faire tourner court l'expérience évolutive. Les péripéties et les armes utilisées par chaque camp sont d'ailleurs bien trouvées.

Il y a également une volonté de jouer à la déesse de la part de Kern, l'humaine dépendante d'une I.A. et coincée en hibernation autour de la planète, dont la présence et les signaux servent de repère ou de but aux araignées au cours des millénaires (avec l'établissement d'une religion parfois controversée). Mais cette tentation concerne aussi le commandant du vaisseau Gilgamesh. Car oui, il y a aussi des humains dans cette histoire, des rescapés de la Terre, enfuis dans une des arches stellaires qui ont quitté la planète. Un vaisseau basé sur des anciennes technologies qu'ils ne maîtrisent pas complètement ou qu'ils ont dû réinventer. Et cet équipage, amenant des milliers de colons on ice, arrive sur ce qui semble être un bon endroit pour un nouveau départ.

Difficile d'en dire plus, et j'en ai peut-être déjà trop raconté, pour ne pas divulgâcher plus avant ce roman qui constitue aussi un hommage appuyé au cycle de l'Elevation de David Brin. Je me suis surpris à me passionner pour ces récits d'araignées, par être étonné par les inventions de l'auteur afin d'extrapoler leur culture et leurs habitudes jusqu'à une fin inattendue. Un récit que j'ai trouvé novateur, dépaysant, surprenant, et franchement réussi. Je rejoins donc la colonie de ceux qui l'ont aimé !

Plus d'infos sur mon blog !
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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A bord du Gilgamesh, les derniers représentants des humains quittent une Terre mourante pour trouver une nouvelle planète. Ils découvrent un trésor : un monde terraformé et préparé pour les humains.
Mais tout n'est pas parfait dans ce paradis. Pendant les longues années où la planète a été abandonnée, le travail de ses architectes a pris une tournure inattendue. Ce sont les araignées et autres insectes qui ont bénéficié du virus nanotechnologique qui les a fait évoluer plus rapidement.
Ce sont donc deux civilisations qui se rencontrent et toute deux vont tester jusqu'où elles iront pour survivre.

C'est impressionnant de voir comment Tchaikovsky arrive à raconter cette saga monumentale (qui dure des milliers d'années) sans s'égarer et perdre le fil conducteur de l'histoire principale. Il explore les changements sur la planète et les diverses péripéties sur le Gilgamesh dans des chapitres alternatifs.
Les chapitres à bord du Gilgamesh sont intéressants avec leurs drames humains et la lutte pour la survie mais, à mon avis, ce sont les parties concernant les araignées qui sont les plus fascinantes. Tchaikovsky détaille les générations en évolution à travers leur biologie et leur culture, le tout à travers des personnages attachants. En parallèle, la culture évolue aussi de son côté sur le Gilgamesh. Les sections sur les humains sont rendues essentiellement par des dialogues, la narration est plus intériorisée pour les araignées.

Même une arachnophobe comme moi s'est laissé prendre au jeu et le clash des deux civilisations sur la fin est un moment intense pour le lecteur, tant sur le plan intellectuel qu'émotionnel.
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Salut les Babelionautes
Ce roman de SF de Adrian Tchaikovsky a était une vraie découverte.
Encore une fois nous assistons aux derniers soubresauts de l'humanité, condamnée a chercher son salut sur d'autres planètes.
L'action se déroule en deux endroits distinct, un vaisseau Arche transportant le dernier espoir de la race humaine vers la planète terraformée qui doit les accueillir mais ou une expérience de biotechnologie a prie un chemin singulier.
le récit se fractionne en deux, d'un coté les problèmes que doivent affrontés les passagers de l'arche et de l'autre la naissance d'une civilisation autres qu'humaine.
Après des millénaires d'errance spatiale, la rencontre entre ces deux extrêmes doit elle être conflictuelle?
Ce n'est pas l'avis d'Adrian Tchaikovsky, mais la ou je trouve qu'il a du génie, c'est dans la solution trouvée par la nouvelle venue dans le club des espèces douées d'intelligence.
Si les chapitres ou l'on suit les déboires humains n'ont que peut d'intérêt, ceux relatant l'évolution de ceux qui ont subies la transformation, due a la biotechnologie humaine, vous accrochent au point d'en faire des cauchemars.
Merci a Henry-Luc planchat qui a assuré avec brio la traduction de ce roman.
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Je profite d'une sélection Folio pour faire connaissance avec Adrian Tchaikovsky et son premier roman édité en VF, Dans la toile du temps. Avec un résumé si alléchant, difficile de résister et hâte de savoir comment l'auteur entrevoie la possibilité d'un futur autour du concept de terraformation et de nanovirus. Un programme détonant quand on ajoute la menace de l'extinction de l'humanité.

Dans la toile du temps est un bon gros pavé de SF qui développe en parallèle, 2 destinées, 2 évolutions. Si une des parties s'avère assez classique avec la fuite spatiale, la découverte de nouveau monde, la vie en vaisseau, l'autre m'a un peu plus surpris en utilisant une espèce connue mais dont l'évolution a de quoi surprendre. Surprendre et donner des frissons car Portia risque de ne pas plaire à tous les arachnophobes.

Dans la toile du temps n'est pas une SF technique ou technologique mais plutôt une SF biologique. Dans la plus grande partie du roman, Adrian Tchaikovsky a su me séduire avec l'évolution de ses grosses petites bêtes. Et si certains n'y ont pas vu l'anthropomorphisme, j'ai trouvé que l'auteur y colle pas mal de comportements peu crédibles car trop proche d'un comportement humain et de plus, un peu moralisateur. L'ensemble s'avère prévisible. Et le plaisir n'en est pas moins là et pour beaucoup, la partie « Portia » est la plus intéressante. c'est mon cas et valable pour les 3 premiers quarts du roman.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/dans-la..
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« Dans la toile du temps » d'Adrian Tchaikovsky est typiquement le genre de science-fiction que j'apprécie ; celle qui nous fait voyager à travers l'espace et le temps, nous dépayse, apporte quelques pistes de réflexions sur notre société et notre avenir et le tout avec une bonne base Hard SF.


Dans ce roman, il y a deux intrigues en une : celle de cette arche spatiale abritant les derniers membres de l'espèce humaine et celle d'une société arachnide en voie de civilisation.
Les deux sont passionnantes mais ma préférence va à celle des araignées dont le développement au fil des pages est fort imaginatif. Comme indiqué sur la quatrième de couverture, ce concept d'une faune à l'intellect boosté par l'Homme rappelle celui du cycle de l'Élévation de David Brin avec ses néo-chimpanzés et ses néo-dauphins.
Les chapitres au sein de l'arche sont plus basique avec des rebondissements prévisibles pour le lecteur averti.


Une très bonne lecture de SF, pas forcément d'une originalité à toute épreuve mais l'ensemble reste solide et surtout passionnant.
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Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un space opera et un planet-opera de la qualité de Children of Time d'Adrian Tchaikovsky. Original, il a même réussi à me faire sentir plus proches des personnages non humains malgré nos différences physiques et de communication évidentes que des personnages humains, sauf peut être Isa Lain la chef ingénieure qui semble être la seule à savoir réagir et prévoir sans tout casser au passage.
L'histoire commence dans les dernières heures de l'humanité telle que nous la connaissons. Fracturée, elle s'aventure dans l'espace en terraformant les planètes et le Dr Kern veut y ajouter une espèce intelligente prête à servir l'homme quand il reviendra : des singes. Malheureusement, les singes n'atterriront jamais sur le vert paradis fait pour les accueillir à la différence du nanovirus chargé de les rendre intelligents. Une attaque d'une autre faction prônant la non-manipulation de la nature détruit la station d'observation à l'exception d'un satellite et du Dr Kern, placée en suspension. Des millénaires plus tard, les derniers survivants d'une humanité dévastée par la guerre arrivent sur cette planète. Celle-ci est occupée par une espèce intelligente et le Dr Kern, croyant qu'il s'agit de ses singes, les protège à tout prix. Qui va survivre à cette impasse ?
Dans Children of Time, Adrian Tchaikovsky présente en parallèle l'histoire des derniers humains, et celle des habitants de la planète en suivant principalement trois lignées : Portia, Bianca et les mâles Fabian. Cette partie est particulièrement intéressante, car on se dit – tient là la planète a quitté le Moyen-âge pour la Renaissance, tiens là elle fait sa Révolution industrielle, tiens voici son Mai 68, et voilà la conquête spatiale. Tout en ayant des différences marquantes avec l'histoire terrestre. Ainsi, il n'y pas une espèce intelligente, mais plusieurs (dont des crevettes dans l'océan que nous suivons peu, car détachées des problèmes de la surface), l'atmosphère plus riche en oxygène et plus inflammable est moins propice au développement de la métallurgie et de l'électronique telles que nous les connaissons, et comble de la difficulté à la différence des humains les espèces intelligentes ne communiquent pas avec la voix et très peu avec l'écriture, mais à travers des odeurs, des postures des vibrations et par la transmission de savoirs directement dans le matériel génétique.
Cet ensemble fait de Children of Time un livre très original et particulièrement agréable à lire. La conclusion, logique pourtant dans cet univers, est particulièrement surprenante et rafraîchissante. Et à mille lieues des space operas militaires qui envahissent la science-fiction actuelle.


Lien : https://www.outrelivres.fr/c..
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Ce livre raconte l'histoire de la dernière colonie humaine, réfugiée dans une arche spatiale, qui s'apprête à conquérir, sous peine de disparaître, une planète colonisée par des araignées intelligentes (elles-mêmes introduites sur ce monde par une chercheuse humaine).
Les chapitres de l'ouvrage décrivent alternativement la vie à bord de l'arche spatiale (hibernation de certains, vie et mort des autres) et l'évolution des araignées qui les mène peu à peu vers l'intelligence.
Les chapitres dédiés à la colonie humaine m'ont plutôt ennuyé. Par contre, ceux décrivant l'évolution des araignées m'ont littéralement passionné ! Rien que pour cette moitié de l'ouvrage, je le recommanderais chaudement !
La fin de l'histoire est également bien pensée et bien malin celui qui pourrait la prédire !
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