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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Conseillé pour ne pas dire influencé avec jubilation par mon amie d'ici Blandine, Refuge est un livre que j'ai adoré. L'auteure, Terry Tempest Williams, nous entraîne en Utah, sur les rives du Grand Lac Salé, mais aussi dans des paysages intérieurs tout aussi sublimes.
Printemps 1983, la montée des eaux du Grand Lac Salé atteint des niveaux records et les inondations menacent les différents refuges des oiseaux migrateurs.
Ce texte autobiographique est une réflexion écologique avant l'heure, puisque le récit nous ramène dans les années quatre-vingt.
Il y a dans ce texte à la fois une étude naturaliste très pointue et une chronique familiale pleine d'émotion, faisant écho à la nature qui est convoquée ici, et tout ceci s'anime avec harmonie dans un récit saisissant.
Tout d'abord ce livre est une véritable volière, un rendez-vous de battements d'ailes, moi qui adore les oiseaux, qui aime les observer et tente de les approcher sur le littoral proche de chez moi, j'ai été grandement servi.
Mais il y a aussi en parallèle une histoire intime, familiale, douloureuse et touchante. Celle de la mère de l'auteure, Diane, qui apprend qu'elle est atteinte d'un cancer pour la seconde fois de son existence. C'est presque une fatalité, comme huit membres de la famille avant elle.
La famille, justement, se retrouve autour de ce moment difficile mais chaleureux, l'accompagnement fait d'espoirs puis de résignations...
Ce sont les deux chemins qui mènent aux rives de ce lac. Il y a un autre aussi, qui traverse ces deux-là, tragique, ô combien révoltant, des essais nucléaires menés dans le Nevada au cours des années cinquante et ce, jusqu'en mille neuf cent soixante-deux, qui pourraient expliquer tous ces cancers...
Bouleversée par la douleur de celle qu'elle accompagne dans la maladie, Terry la narratrice se plonge à la fois dans le bonheur des oiseaux, mais aussi dans la compréhension des effets dévastateurs des retombées radioactives.
Terry s'occupe plus particulièrement d'un refuge dédié aux oiseaux, le Refuge d'oiseaux migrateurs de Bear River. Son inquiétude est grande face à la montée anormale des eaux du lac et qui peuvent menacer l'écosystème.
C'est l'histoire d'un lac dont les eaux montent, enflent comme les cellules d'un cancer.
À cause des crues, il y a désormais comme une menace que les oiseaux en colonies abandonnent définitivement les îles du Grand Lac Salé.
Terry n'arrive pas à dissocier le Refuge de sa famille et je la comprends. La famille est un refuge aussi...
Ce récit est l'occasion de convoquer une poésie de la nature, rien que dans le noms des oiseaux, parfois drôles aussi. Écoutez plutôt : des avocettes, des ibis à face blanche, des aigrettes neigeuses, des sarcelles à ailes bleues, le pluvier neigeux, le courlis esquimau, les carouges a tête jaune, des faucons crécerelles, des hirondelles rustiques, le petit duc des montagnes, les hérons garde-bœufs.
C'est un livre empli de constellations d'oiseaux. À chaque chapitre se pose l'un d'eux, venant picorer nos doigts.
Se délecter de leurs plumages, de leurs couleurs, de leurs chants.
Il y a ici la patience des oiseaux mais aussi celle qui les observe.
Le Grand Lac Salé est un miroir pour les oiseaux migrateurs, une halte, un repos, un havre de paix et de nourriture.
Il est un refuge pour ces oiseaux passant d'un hémisphère à l'autre traversant les États-Unis d'Amérique.
Dans l'épreuve et la maladie d'un proche, Terry nous rappelle que les oiseaux savent détourner notre attention. Elle le dit avec la poésie des oiseaux et c'est beau.
J'ai aimé ce récit, plein de douleur, d'amour, de compassion mais aussi d'impuissance devant la colère de la nature, devant la maladie, devant l'horreur de la société qui produit des malheurs.
Ce lac est un véritable océan.
C'est un lieu où se ressourcer lorsque la douleur est là.
Mais comment se préparer au vide lorsque la personne qui nous est chère ne sera plus là bientôt ?
S'émouvoir de la beauté du paysage. Trouver que la symétrie des vols d'étourneaux est presque irréelle.
Le cancer est cyniquement philosophe : il oblige à se poser sur le jour présent.
Ce lac est un paysage de sable qui se prête à l'isolement. La communauté des mormons à laquelle appartient la famille de Terry l'a compris très tôt.
Comme le dit Diane, la maman de l'auteure, plus que jamais je crois aussi que c'est par l'intermédiaire du monde naturel que nous pouvons entrer en contact avec nous-même. Se débarrasser des choses superficielles, aller à l'essentiel.
Ce lac est une mer intérieure qui apprend l'éveil, l'attention à soi et aux autres, l'expérience du monde. La sensualité aussi évoquant l'ondulation des dunes...
Ce lac est un refuge en soi pour l'âme humaine.
S'avancer dans la paix de la nature devient alors comme une consolation.
Ce livre m'a fait un bien immense. Merci Blandine.
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Le grand Lac Salé au pied des monts Wassatch dans le nord de l'Utah abrite dans ses marais le refuge de Bear River où viennent se reposer, se nourrir et nidifier plus de 200 espèces d'oiseaux migrateurs qui traversent par millions les Etat-Unis de l'Arctique à l'Amérique du Sud.
La pérennité de cet habitat naturel dédié aux oiseaux dépend essentiellement des crues saisonnières du Grand Lac Salé dont le niveau doit se maintenir à un niveau constant de 1 282 m, au délà le refuge est innondé.
L'année 1983 où commence le récit est le début de l'accélération des crues du Lac mettant en péril la vie des oiseaux. C'est sur cette tension constante que Terry Tempest Williams qui aime et étudie les oiseaux "indicateurs de la vie" et « pour la simplicité de leur vol et leur forme au dessus de l'eau" doit faire face à la récidive de la maladie de sa mère déclarée après les esssais nucléaires au cours des années 50 dans le Nevada.
Sans aucune sensiblerie et dans une langue très sobre, l'auteure témoigne comment elle a d'abord refusé la fin proche de sa mère avant de l'accepter : " En déniant son cancer et même sa mort, je lui dénie sa vie ; "Le déni.... nous séduit avec nos propres désirs et élève adroitement des murs autour de nous pour nous donner une impression de sécurité. Je veux faire s'écrouler ces murs".
Sa nouvelle vision de la mort qui n'est pas sombre l'encourage à accompagner sa mère qui ne veut vivre que l'instant présent « continuer à espérer que je vais survivre alors que je suis en train de lâcher prise, c'est me voler cet instant ».
Ce que j'aime beaucoup dans ce récit est l'entrelacement poétique de l'observation naturaliste des oiseaux « consolatrice du chagrin » menacés de disparition avec le lent et douloureux cheminement spirituel
pour accepter et accueillir la mort. Un témoignage poignant sur la capacité de l'individu à aimer pour faire partie d'un tout.
Comme nous le fait entendre si intensément Terry Tempest Willliam, en prenant le symbolisme de la spirale nous sommes "en mouvement vers l'intérieur et vers l'extérieur" de contraction et d'expansion d'énergie, comme la Terre en mouvement, la vie n'est pas équilibre.
Un très beau et bouleversant "nature writing" dont l'écriture et la profondeur touche chacun de nous.
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Quel récit ! Quelle femme ! Intelligente, simple, sensible, forte, poète, écologiste.
Utah, printemps 1983. La montée des eaux du Grand Lac Salé menace le refuge des oiseaux migrateurs. Terry, ornithologue, en est affectée, tandis qu'elle apprend que sa mère est atteinte d'un cancer : conséquence des essais nucléaires. Tout le récit alterne sur sa mère, sa grand-mère et les oiseaux. Bel hommage d'une fille à sa mère. Et surtout elle nous plonge dans les grands espaces. Elle m'a autant épatée que Edward Abbey, c'est peu dire. Ce texte sur la mort est comment dire ? Une belle leçon de vie.
Cri magnifique d'une grande dame écologiste.
Terry Tempest Williams a reçu, en 2011, le "prix annuel de la paix".
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« Quand on a perdu sa mère, il faut renoncer au luxe d'être enfant. »
Ce livre écrit il y a vingt- ans, et pour la première fois traduit en français est d'une incroyable modernité. C'est également un hymne à la Vie, à toutes ces vies qui nous entourent. Véritable déclaration d'amour au grand lac salé et son écosystème, il n'en est pas moins un vibrant hommage que l'auteur rend à sa mère, aux femmes de sa famille, et à leur combat pour la vie.
Récit à plusieurs entrées, dont le texte est certes, triste, mais d'une infinie beauté ; un texte d'une tristesse lumineuse.
L'auteur, fervente défenderesse de ce bout d'Amérique loin des paillettes, et du béton, passionnée d'ornithologie, scrute jour après jour le niveau du Grand Lac salé, dans l'Utah, dont dépend la survie d'une réserve d'oiseaux, alors qu'elle affronte la maladie et la fin de vie de sa mère.
« Ce qui cause notre souffrance, n'est pas le fait de mourir, mais le refus de la mort. »
« Tout ce que nous avons, c'est l'instant présent. J'aimerais que vous puissiez accepter cela et renoncer à vos prévisions. Laissez-moi vivre, tout simplement, pour que je puisse mourir. »
Nous sommes sur les terres du culte Mormon, et sans prosélytisme, l'auteur nous montre une autre façon de concevoir la fin de vie : en se focalisant sur la vie, tout simplement, qui se vit jusqu'au dernier instant dans l'accompagnement familial, dans la réalisation et l'accomplissement des plaisirs ordinaires de la vie, presque comme si de rien n'était. Tout au long du chemin que Terry accompli avec sa mère qui n'ignore rien de son état, j'ai senti beaucoup de sagesse ; j'ai beaucoup pensé à la manière dont nous vivons notre vie, et surtout à la façon que nous avons de ne pas la vivre assez pleinement.
L'auteur n'aurait sans doute pas traversé cette épreuve de la même manière si elle n'avait pas eu les oiseaux. Ils sont si présents, qu'on en perçoit souvent le mouvement d'ailes. Chaque chapitre porte le nom d'une espèce ; le coulis courlieu, bruant des neiges, fuligule à tête rouge, le pluvier kildir, le jaseur boréal….et tant d'autres. Terry Tempest Williams est parvenue à captiver la profane que je suis en la matière. J'ai appris énormément de choses sur cet écosystème si fragile, et sur le subtile équilibre qui y règne. Aussi, vous saurez faire la différence entre un oisillon nidifuge, et un oisillon nidicole.
L'auteur a su tisser de nombreuses passerelles entre les habitants des airs, et leurs difficultés devant les changements environnementaux, et les humains victimes d'eux -même.
Ce récit, à plusieurs entrées, se lit sur plusieurs niveaux. Chacun y trouvera de quoi s'enrichir, et réfléchir. Prenez le temps, comme moi, de le savourer. Il ne supporte ni la voracité, ni la précipitation. Prenez le temps de vous documenter, de visualiser les oiseaux.
« Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils porteront les messages de mon coeur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent la journée-invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter. »

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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"Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils portent les messages de mon coeur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent chaque journée - invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non pas à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter".
Le roman mélange habilement la chronique d'une famille et la description de la multitude d'oiseaux qui trouvent refuge autour du Grand Lac Salé, évoquant aussi la culture mormone. le roman s'articule autour d'un double moment de crise : la crue du lac qui menace tout un écosystème, et la progression inéluctable du cancer dont souffre la mère de l'auteur. Cette dernière raconte, avec une grande sensibilité, que quand quelqu'un meurt d'un cancer cela se fait par paliers, et qu'une partie de ses proches meurt en même temps que lui, impuissants à faire cesser la souffrance de l'autre, priants pour retrouver leur vie d'avant, pour que cela cesse. le processus cancéreux est comparé à celui de l'écriture : "Les idées émergent lentement, silencieuses et
d'abord invisibles. La plupart du temps, ce sont des idées anormales, des idées qui dérangent le quotidien, l'habitude. Elles se divisent et se multiplient, deviennent invasives. Avec le temps, elles se coagulent, se consolident et se signalent à notre conscience". J'ai longtemps hésiter avant de me lancer dans cette lecture, mais il dégage une telle force, un tel souffle, que je n'ai eu aucun regret. Cela fait du bien de pleurer, mais la grand-mère de l'auteur ajoute : "seulement si tu sais que tes larmes ont une fin". Dans le cas contraire, l'insupportable peut vous prendre dans ses griffes, ne plus vous lâcher et vous conduire à quitter le vie. Ce n'est pas ce chemin qu'emprunte l'auteur, nous laissant ainsi une lueur d'espoir, mais la conclusion du livre est terrible, une gifle cinglante. Ce roman pourrait être une arme efficace pour lutter contre les inconscients, les assassins sans couteaux, qui défendent et militent encore, contre toute raison, pour le maintien du nucléaire sous toutes ses formes.
L'âme humaine doit se baigner dans la mouvance réglée du temps et de l'espace, comme un écume organique portée et emportée par des vagues successives de morts et de naissance, elle est comme une étrangère, mélancolique mais gardant l'espoir : sa solitude contemplative dans l'immensité sidérale du monde intelligible. "La vie tout entière d'un individu n'est autre que le processus qui consiste à se mettre soi-même au monde ; notre naissance devrait donc être complètement achevée au moment de notre mort", Terry Tempest Williams citant Pete Fromm.
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Cette oeuvre a été écrite en 1991, et traduite en français seulement vingt ans plus tard - de cela,  nous pouvons remercier les éditions Gallmeister, qui trouvent vraiment des oeuvres d'une rare beauté.
Terry, l'autrice, est aussi la narratrice de ce livre. Chaque chapitre porte le nom d'un de ses oiseaux qu'elle observe, dont la vie est menacée par la montée des eaux du Grand Lac Salé mais aussi par l'indifférence des hommes. Il faut pourtant trouver une solution à cette montée des eaux : les industries perdent de l'argent - oui, les hommes ne sont pas indifférents pour tout.
Ce n'est pas un livre facile à vivre, parce qu'il fait voir ce que c'est, au jour le jour, que l'accompagnement d'une personne qui souffre d'un cancer, d'une personne qui a en plus décidé de lâcher prise, de profiter de chaque jour, et qui sait que la mort est au bout du chemin. A la fin du livre, dans le texte écrit dix ans après sa parution, Terry Tempest Williams montre bien l'évolution de la manière dont la maladie est prise en charge : ne plus avoir "honte" de cette maladie, pouvoir en parler, échanger, est important (si les personnes en font le choix, bien sûr).
S'il faut qualifier la manière dont la mère de Terry est accompagnée par son médecin, je dirai que les mots "avec humanité" - le médecin respecte ses choix, y compris celui de ne pas mourir à l'hôpital. Il est des moments très durs à lire, il faut cependant se dire que chacune des réactions est profondément humaine, oui, je redis le mot, et qu'il est possible à chacun de flancher, de ne pas réagir comme on s'y attendait, et aussi de dire "oui, je n'aurai pas dû, j'ai fait une erreur".
Bien sûr, il est des maladresses aussi, et Mimi, la grand-mère de Terry, n'hésite pas à corriger le médecin qui minimise (pour la rassurer ?) l'intervention qu'elle s'apprête à subir. Nous sommes au plus près de la vie et de la mort dans ce livre, et l'autrice nous livre les faits tels qu'ils sont, sans les embellir, sans sombrer dans le pathos, sans jamais faire croire que c'est facile - surtout pas facile à accepter.
Et il y a les oiseaux, qui l'aident à tenir, qu'elle observe, qu'elle cherche, qu'elle retrouve parfois, dans cette nature, dans ce refuge qu'elle connaît. Il est question de religions, aussi, la religion mormone. Jamais il n'est question de prosélytisme, mais du soutien qui leur fut apporté, moralement, physiquement.
Alors... si vous aimez le nature writing, ou si vous avez envie de découvrir ce genre, Refuge est véritablement à découvrir.
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Terry travaille au muséum de Salt Lake City. Elle nous livre une chronique quotidienne sur ses observations dans les marais, le comptage des oiseaux, les niveaux d'eau du grand lac salé, et les tentatives des hommes pour dompter cette nature où l'équilibre est rompu. On assiste à une disparition des espèces, -de nombreux oiseaux, et des biotopes, -les marais. Pour Terry, ces pertes se confondent avec son chagrin de voir sa mère atteinte d'un cancer. Elle noue adroitement les fils de son récit fait de ces deux trames. On est en 1983, dans l'Utah, quand le grand lac a inondé la plaine. On est dans la communauté des Mormons. On est proche de la zone où ont été pratiqué des essais nucléaires entre 1950 et 1962. Terry appartient à la famille des femmes au sein coupé. Ce livre de nature writing écrit par une femme est chargé de douleurs, de courage, d'impuissance. C'est un témoignage fort, et d'actualité.
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C'est le hasard qui a mis ce livre entre mes mains, il faut bien l'avouer. La sublime couverture, les oiseaux, l'Utah : j'étais déjà presque conquise. Pour autant, je suis peu friande des récits et des témoignages, une réticence qui s'est éteinte dès la deuxième page. Et pour cause, la vie de Terry Tempest William est une aventure à elle seule. Elle nous emmène sur les rives du Grand Lac Salé, sur le rivage de sa propre existence, tous les deux débordent jusqu'à longer la mort. le niveau d'eau du lac ne cesse de monter, jusqu'à atteindre des records, ce qui menace les oiseaux migrateurs. Parallèlement à ces faits météorologiques, Terry affronte la maladie de sa mère, un cancer du sein, une malédiction pour toutes les femmes de sa famille. L'auteur n'essaie pas de créer des parallèles entre l'environnement et la vie des femmes : elle ne fait que mettre en lumière ce qui existe déjà. Entre récit de vie, considérations philosophiques et naturewriting, l'autrice nous emmène dans les pages les plus intimes de son existence. C'est de la poésie à l'état brut. C'est du questionnement. C'est la beauté des mots posée sur la laideur de notre époque.

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Deux mouvements dans le livre :
Le cancer de la mère, qui progresse. L'avancée de la mort, dans une famille de mormons aux frappantes figures féminines.
Les eaux du Grand Lac, qui débordent. La montée de l'inondation, jusqu'à emporter le précieux Refuge des oiseaux migrateurs.

Deux pertes.
Et l'esprit qui vole de l'un à l'autre, cherche le lien, cherche le sens, cherche l'espoir. Remonte les souvenirs, suit le tracé des oiseaux, entrelace l'ensemble dans sa toile de méditation. Portraits de famille et d'écosystème. Douleur et beauté embrassées. Excessif, épuré. Intensité.

[Rendu d'impression plus poussé par là :]
Lien : http://psycheinhell.wordpres..
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Mon refuge : ainsi Terry Tempest Williams, ornithologue, décrit-elle le Grand Lac Salé, et plus particulièrement le Refuge de Bear River, véritable havre pour des milliers d'oiseaux migrateurs, menacé par la montée des eaux en ce printemps 1983. Parallèlement, l'auteur apprend que sa mère, alors âgée de 52 ans, est atteinte d'un cancer, comme plusieurs membres de sa famille avant elle. Semaine après semaine, elle accompagne sa mère dans sa lutte contre la maladie puis dans son refus de se soigner pour pouvoir mourir en paix, chez elle. Pour échapper à la douleur de voir sa mère décliner et se ressourcer, Terry se rend régulièrement sur les rives du Grand Lac Salé pour observer les oiseaux et les effets de la montée des eaux sur leur lieu de vie. La complicité mère-fille et la grande tendresse qui se dégage de leur relation empreinte de souffrance et de partage intense font toute la beauté de ce livre où les oiseaux migrateurs, espèce par espèce, sont convoqués en témoins à la fois proches et lointains de la densité de la vie et de sa fragilité.
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