AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 69 notes
5
14 avis
4
8 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Habitant à seulement vingt-cinq minutes du Grand Lac Salé, Terry Tempest Williams ne cesse d'observer la montée des eaux qui, au fil des ans, ne cesse de s'accroître. Situé aux abords de la ville, le Lac peut provoquer d'importants dégâts aux autoroutes, inonder les routes... Mais, pour Terry, il est un niveau qu'elle redoute par dessus tout : 1282 mètres. À partir de là, le Refuge d'oiseaux migrateurs de Bear River serait inondé. Un Refuge qu'elle chérit, passionnée par les hérons, chouettes ou encore aigrettes, dont certaines espèces sont en déclin... Parallèlement à cette préoccupation, il en est une toute autre qui va l'anéantir : le cancer de sa mère. Après avoir guéri d'un cancer du sein, il y a une dizaine d'années, Diane Tempest est aujourd'hui atteinte d'un cancer ovarien...

Avec ce roman autobiographique,Terry Tempest Williams se livre tout en pudeur et émotions. Alternant la maladie qui frappe sa mère, son combat, le comportement de la famille qui l'entoure, avec la montée du Grand Lac Salé qui menace le refuge des oiseaux migrateurs, l'auteure entrelace les drames. Si les passages concernant sa famille sont d'une grande sensibilité et extrêmement émouvants, ceux concernant les volatiles et la Grand Lac s'avèrent moins passionnants. Même si l'on comprend, évidemment, que les deux sont liés et que l'auteure n'aurait pas surmonté de la même façon le cancer de sa mère. À la fois chronique familiale et étude écologique, ce Refuge dénonce, avec effroi, les menaces qui frappent aussi bien les hommes que les animaux. L'écriture, quant à elle, est d'une grande richesse et poésie...
Commenter  J’apprécie          760
Merveilleux texte, empreint de simplicité, de joies, d'espérance, d'amour et de confiance en la vie, où la douleur sonne fort et juste dans ces petites phrases qui sont le fruit d'un vécu particulièrement cruel.
Plongée dans la douleur de perdre peu à peu sa mère puis sa grand-mère d'un cancer tandis qu'elle protège les oiseaux du refuge de Bear River, Terry Tempest Williams nous livre son quotidien fait de bonheur et de souffrance mais où l'amour de la vie garde le dernier mot, tandis qu'elle décrit tous ces moments de beauté qui permettent de tenir bon et de garder le cap.
On découvre d'autre part avec effroi les conséquences des essais nucléaires menées dans le Nevada sur les femmes en particulier. Cri d'alarme, sans colère inutile et sans révolte desespérée, ce texte est un plaidoyer en faveur de la vie et un splendide hommage au courage de celles qui furent les victimes de décions politiques à jamais impunies.
J'ai aimé ce texte très fort et très pur dans son dépouillement stylistique, sa pudeur, cet horizon qu'il nous tend par-delà la mort , vers ces oiseaux migrateurs qui sont comme des passeurs entre les saisons, symbole du cycle de la vie et de la nécessité de continuer à vivre malgré l'absence : "Ainsi tout n'est pas perdu. Les oiseaux sont simplement allés plus loin. Ils me donnent le courage de faire la même chose."
Oui, c'est un texte qui, à la fois remue en profondeur et apaise, qui parle à chacun de nous des deuils inévitables auxquels nous sommes tôt ou tard confrontés, et des élans qui nous permettent de les surmonter.
"Ensemble, nouséparpillons nos pétales de roses d'Inde dans le Grand Lac Salé.
Le bassin de mes larmes.
Mon refuge."
Commenter  J’apprécie          320
Observations ornithologiques autour du grand lac salé (dont le seul exutoire est dramatiquement l'évaporation) par une dame mormone dont la maman est gravement malade.

Il y a des moments fort comme ceux vécus à la perte d'un proche, comme la rancoeur contre un état prônant les essais nucléaires.
Commenter  J’apprécie          160
'ai choisi ce livre d'abord pour les oiseaux. L'auteur est une femme passionnée d'ornithologie qui passe ses journées à observer, cataloguer, photographier, surveiller les oiseaux d'une réserve d'un des lacs les plus extraordinaire de la planète : le Grand Lac salé.
Elle scrute jour après jour le niveau du lac car le bel équilibre de la réserve menace d'être à jamais détruit par la montée des eaux. Les oiseaux risquent de fuir ou de disparaître faute de trouver de quoi se nourrir et de se reproduire.Si leur habitat est détruit, ils vont être les victimes de cette montée des eaux.
nous sommes dans l'Utah en 1983.
Terry Tempest Williams tient une sorte de journal ornithologique et météorologique. Elle nous fait admirer toutes les espèces qui peuplent la réserve, pluviers, avocette, courlis, bruants des neiges, phalarope de Wilson, fuligule à tête rouge.
Au fil des chapitres qui porte chacun le nom d'une espèce, et dans le même temps elle annonce la hauteur des eaux, leur montée inéluctable.
Son travail et les oiseaux l'aide à apaiser son inquiétude « C'est peut-être l'étendue du ciel en haut et l'étendue d'eau en bas qui apaisent mon âme. » car la vie professionnelle ne nous définit pas entièrement et Terry Tempest Williams qui lutte pour la survie d'un écosystème, se bat aussi aux côtés de sa mère atteinte pour la seconde fois d'un cancer.
La mère de Terry est le neuvième membre de la famille à être atteint, les essais nucléaires du Nevada qui ont été poursuivis jusqu'en 1992 font des dégâts longtemps après leur arrêt.
Diane est atteinte d'un cancer des ovaires, elle se bat depuis 15 ans contre une maladie apportée par le vent qui souffle au dessus des déserts.
La famille appartient à la communauté mormonne, attachée aux valeurs et traditions familiales sans être corsetée par elles.
Les rapports mère fille sont chaleureux même si l'une défend la gente ailée alors que l'autre la déteste ! La mère de Terry fut traumatisée par Tippi Hedren et le méchant Alfred.
Ce double combat est douloureux, difficile, la scientifique comme la fille, se sentent pleines de rage. Militante énergique et en colère car dit-elle en cent ans « La Californie a perdu 95 % de ses marécages. L'Utah vient d'en perdre 80 % en deux ans. »
Elle suit la progression de la maladie chez sa mère, sans pour autant renoncer aux petits plaisirs du quotidien, ceux qui aident au combat pour la vie et donne à ce récit une lumineuse beauté.


Un bon et beau récit, plein de douleur, d'amour, de compassion mais aussi d'impuissance devant la colère de la nature, devant la maladie. Un livre plein de larmes qui peuvent être un soulagement à une condition dit la grand-mère de Terry « Seulement quand on sait que ces larmes ont une fin »
Un livre à double entrée, un auteur qui est un guide que l'on a envie de suivre sur les chemins de Bear River. N'oubliez pas vos jumelles
L'avis de Wallace Stegner
Ce qui est extraordinaire dans Refuge, c'est que Terry Tempest Williams est trop pleine de vitalité elle-même, trop fascinée par toutes les manifestations de la vie pour écrire un livre sombre. Il n'est pas une page dans Refuge qui ne bruisse de battements d'ailes

Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          140
À propos de cet ouvrage, Louise Erdrich a déclaré que "le courage de Terry Tempest Williams n'a d'égal que la beauté de son écriture et sa profonde compassion". Et c'est bien ce qui rend ce texte si puissant. La plume de l'écrivaine se fait aussi douce que celles des oiseaux qu'elle évoque tout au long de son récit et dont l'observation lui procure l'apaisement qu'elle ne trouve plus dans son foyer, déchiré par les cancers dont souffrent les femmes de sa famille.

Je m'attends toujours à une incroyable qualité de la part d'un livre publié chez Gallmeister, mais peut-être moins pour celui-ci que j'envisageais seulement comme le témoignage d'un drame écologique. Finalement, et après plusieurs moments de larmes, j'ai découvert la portée émotionnelle et sensorielle de "Refuge". La langue y met en effet en avant une physicalité d'une grande richesse qui mobilise la vue dans le regard ému d'une fille sur sa mère, le toucher dans les caresses des dunes sur la peau nue, l'ouïe dans le chant des oiseaux et les poèmes qui parsèment le texte, le goût dans le sel qui s'incruste dans les cheveux après une baignade dans l'eau du Grand Lac Salé, l'odorat dans les effluves des marécages. L'humanité qui déborde de ce récit est touchante car elle est exprimée avec simplicité, ce qui rend palpables les peines comme les émerveillements de la narratrice.

Le rythme de la montée des eaux du Grand Lac Salé de l'Utah accompagne la dramaturgie de cette chronique familiale à travers laquelle Terry Tempest Williams rend un lumineux hommage à la nature singulière qui l'entoure et à sa mère emportée trop jeune, toutes deux victimes des conséquences tragiques des actions humaines sur l'environnement.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          123
Refuge a été édité pour la première fois en 1991. L'édition que j'ai sous la main date de 2012 avec en fin de récit une note de l'auteur adressée au lecteur.
Refuge est un récit de vie, celle de l'auteur au printemps 1983, près du Grand Lac Salé dans l'Etat de l'Utah. Terry Tempest Williams vit dans une communauté mormone avec son mari, ses proches parents et sa famille élargie. Dans ce récit, elle rapporte le destin des oiseaux hébergés par le Grand Lac Salé et celui des hommes qui peuplent ce territoire désertique. L'auteur embrasse la géographie et l'histoire de cette partie de l'Utah. le grand Lac Salé a remplacé une plus grande étendue d'eau, le lac préhistorique de Bonneville. Et les mormons sont les premiers colons à avoir investi ce territoire.
Chaque chapitre a pour titre la désignation d'un groupe d'oiseaux et le niveau du lac. D'ailleurs, la mouette est l'oiseau fétiche de l'Etat. La vie auprès du lac est indissociable de celle de sa famille. le lac est vivant, il respire. C'est presque une personne pour Terry. Elle partage les moments de bonheur, comme ceux moins bons de la maladie et de la mort. Mais le lac, régénère. Il apaise. Il enracine. Il est résilience. Ce n'est pas qu'un ouvrage de nature writing, c'est aussi un récit sur la douleur, la colère aussi. Les femmes de la famille de l'auteur développent des cancers. D'ailleurs, le cancer frappe plus dans cette partie des Etats-Unis où des essais nucléaires ont exposé les habitants, la faune et la flore. Ce récit de vie est un cheminement vers plus d'apaisement, plus de vie, plus de moments présents. C'est quelque chose qui demeure en soi.
Commenter  J’apprécie          120
Dans la deuxième partie des années 80, l'activiste naturaliste Terry TEMPEST WILLIAMS apprend que sa mère est atteinte d'un cancer. La plupart des femmes de la famille sont d'ailleurs décédées de cette maladie. Aussi, la vie de Terry est bouleversée. Parallèlement, habitant près du Grand Lac Salé dans l'Utah, elle s'y rend régulièrement pour relever des mesures scientifiques et faire de l'observation, principalement des oiseaux.

Terry TEMPEST WILLIAMS explique en détails les particularités nombreuses du Grand Lac Salé qui en fait un site unique, elle y dénonce aussi les activités humaines qui chamboulent l'équilibre naturel au fil des décennies. Car Terry TEMPEST WILLIAMS est une combattante pour la nature sauvage. Amie de Jim HARRISON, Doug PEACOCK ou Barry LOPEZ, elle lutte contre le désastre en cours.

La profondeur moyenne du Grand Lac Salé est de quatre mètres, c'est dire si c'est peu. Là-bas s'y trouve un refuge, c'est aussi en quelque sorte le propre refuge de Terry pour décompresser alors que sa mère se dégrade de jour en jour. Elle s'inquiète cependant du changement de comportements de la plupart des oiseaux (la liste des espèces – conséquente – présentes sur ce site est dressée en fin de volume) au fur et à mesure de ses observations.

L'évolution du monde de la nature, celui des bêtes à plumes adorées en particulier, est ici consciencieusement, méticuleusement, scientifiquement passée au peigne fin, données à l'appui. Car l'autrice est une vraie professionnelle en même temps qu'une passionnée. Presque par analogie elle constate l'évolution de l'état de santé de sa mère. Ce sont ces deux thèmes qui vont parfaitement cohabiter tout au long de ce récit hybride, entre documentaire nature, document scientifique, récit de vie qui pourrait presque être lu comme un roman.

Certes, les nombreuses allusions de l'autrice à la religion mormone dont elle fait partie (nous sommes tout près de Salt Lake City) peut agacer ou en tout cas ennuyer. Mais toujours elle est suivie par l'un des deux noyaux du récit.

La force de ce texte réside dans l'espoir (« Je pourrais me représenter la chimiothérapie comme un fleuve coulant en moi et emportant avec lui les cellules cancéreuses ») même si une autre membre de la famille est à son tour atteinte d'un cancer. Car l'autrice sait s'éloigner du sujet tragique pour prendre en considération la beauté, la majesté d'un oiseau, tout comme la découverte d'objets archéologiques, autre passion de Terry qui, entre toutes ses activités, travaille dans un musée. Elle développe le mode de vie d'un peuple ancestral, les Fremont, vivant à proximité du Grand Lac Salé : « Quand le lac montaient, ils s'éloignaient. Quand il redescendait, ils se rapprochaient. Leur communauté n'était pas fixée comme la nôtre. Ils suivaient les rivages dans leurs avancées et leurs retraits. C'était le flux et le reflux de leur vie ».

« Refuge » est un texte inclassable car faisant se côtoyer nature sauvage, ornithologie, archéologie, maladie et réactions des proches, et n'est pas du tout aussi incohérent qu'il pourrait paraître. Changement de comportements des espèces animales face à l'activité de l'homme et la destruction des habitats, changement d'état d'esprit d'une famille devant la maladie et la mort prochaine, tout se relie. D'ailleurs, et c'est le grand coup de poing du livre, en épilogue Terry brandit un document à charge : des essaies nucléaires d'envergure ont eu lieu, notamment dans l'Utah, dans les années 1950, il sont la cause directe de la multiplication des cancers dans la région. Et la justice reste aveugle. Ici, c'est à coup sûr un pamphlet anti-nucléaire.

En fin de volume, une partie bonus : que sont devenus les protagonistes du récit ? Rédigée tout juste dix ans après la sortie du livre aux Etats-Unis (paru en 1991), elle est aussi un bilan écologique sur tout ce qui est développé auparavant dans l'ouvrage. Traduit par François HAPPE, ce livre est une espérance en même temps qu'un constat amer sur l'état de notre société. Pour les amoureux des oiseaux, il est une mine d'informations, sorte de bestiaire ornithologique très documenté. Paru en France chez Gallmeister en 2012 dans l'extraordinaire collection Nature writing pour laquelle vous connaissez maintenant mon attachement, il fut réédité en version poche Totem chez le même éditeur l'an dernier, raison de plus pour le redécouvrir.

https://deslivresrances.blogspot.com/

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          50
Il y a la lutte de toutes les femmes d'une même famille contre le cancer du sein. Il y a la lutte de centaines d'espèces d'oiseaux migrateurs contre la montée des eaux du Grand Lac Salé. Et au travers de ce parallèle, il y a l'importance de trouver un refuge, physique et spirituel, dans les moments les plus difficiles de la vie.

Car c'est en se tournant vers la nature et les oiseaux migrateurs que Terry Tempest Williams parvient à trouver du réconfort et de l'espoir dans les moments sombres. Comme ces oiseaux, elle trouve la force de surmonter les épreuves et de continuer à voler. Elle voit en eux des guides qui lui montrent comment traverser les tempêtes et trouver des moments de paix et de beauté au quotidien.

Ce parallèle entre la vie des oiseaux et celle des humains offre une perspective unique sur la maladie et la mort et permet d'aborder le sujet avec douceur et sensibilité. Je ne suis pas forcément passionnée par les oiseaux, et pourtant, après quelques chapitres j'ai été absorbée par les descriptions, même les plus longues. C'est un nouvel ouvrage de Nature Writing que j'ajoute à ma collection et qui m'aura servi de refuge le temps de ma lecture. Je m'y replongerai de temps en temps, je crois, pour y piocher des réflexions sur la maladie.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (229) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}