Laissez-moi vous narrer des jours de grandes aventures, car il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... Takeru Ichimonji est un chasseur de primes au verbe haut et à l'incroyable gouaille qui vient chercher fortune et gloire au Royaume de Yamato, et après avoir été obligé d'exécuter sa principale cible Genta le marionnettiste il tombe successivement fou amoureux d'une jeune et belle inconnue, de la princesse du vent et la guerrière Hien. Et de fil en aiguille il se retrouve aux côtés des ninjas de Kurotora le Tigre Noir pour combattre contre la terrible sorcière Kaganjû et ses redoutables sbires : Genyôsai, Mashura et Ôgyokuka les chasseurs de l'ombre ainsi que le classieux mais redoutable Ryûôin Shôzanpû !
On pourrait avec raison croire à une variante de "Space Adventure Cobra", mais ici le mangaka Buichi Terasawa passe à la moulinette des légendes du Pays du Soleil Levant et on retrouve les détournements des guerriers de Nara, des tribus Aïnou et Kumaso, de la reine-prêtresse Himiko et du prince Yamato. Ici le héros est à l'image de Gilgamesh, Achille, Cuchulain ou Siegfried : un formidable guerrier au regard sombre, l'épée au poing, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies, prêt à fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la terre (refrain bien connu des amateurs de fantasy ! ^^)
https://www.youtube.com/watch?v=ypAAsmgVmhk
Ledit héros est qualifié d'haja, de poignard vivant, c'est-à-dire de guerrier n'ayant besoin d'autre arme que lui-même, et ici Takeru se bat littéralement avec des mots. S'il y a une parenté entre le Psychogun et le Kotodama la technique de l'esprit des mots, ce dernier concept s'avère d'une formidable plasticité visuelle et narrative : c'est difficile à expliquer et il faut plutôt le voir en action pour comprendre le truc. Disons que Takeru dispose d'un produit dérivé du Verbe divin : il peut transformer les concepts tracés sous forme d'idéogrammes en réalités bien tangibles…
Niveau univers c'est du 100% Buichi Terasawa : après le Sword & Planet d'Edgar Rice Burroughs, la science-fantasy de Michael Moorcock et le space opera à la George Lucas il nous régale avec un nouvel univers rétrofuturiste mélangeant magie et technologie… Un formidable pot-pourri avec lequel je me régale à chaque fois, et ici avec tous ces clins d’œil à des classiques de la Fantasy c'est champagne ! Mention spéciale au passage qui commence comme "La Tour de l'éléphant", qui continue comme "Indiana Jones et le temple maudit" et qui finit par une scène du film connu de John Milius : "Conan le barbare" ! Tiens, je vais relire tout en écoutant du Basil Poledouris, rien que pour le fun !!! ^^
Niveau graphismes ça sent bon les comics des années 1980 : j'ai toujours dit qu'il y avait des influences comics chez l'auteur, mais ici cela m'a sauté aux yeux et on peut rapidement reconnaître des alter egos de Tornade, Malicia, Kitty Pride, ou de Lady Deathstrike et de Vipère… le découpage est étonnamment classique mais avec un charadesign entièrement occidentalisé et une mise en scène très hollywoodienne, c'est très dynamique et on oublie qu'on est dans une bande dessinée et pas dans un film !
Et que serait un comic sans un bon sidekick ? Il est ici interprété par Bunbuku, un tanuki parlant faisant office de compagnon d'aventure, de moyen de transport et de placard interdimensionnel…
Un manga de 30€ c'est cher, mais ici l'édition de luxe réalisée avec soin par l'éditeur Isan Manga les vaut sans doute bien : planches entièrement colorisées, grand format 27 x 19 cm, couverture reliée, papier épais et une postface cool, fun et instructive de Florian Rubis. Que demander de plus ? La sortie du deuxième et dernier tome 2 au mois de mars peut-être…
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Mythologie et heroic fantasy, violence et humour : la réédition magnifique d'un manga culte.
Lire la critique sur le site : Telerama
- Et ben ! Belle brochette ! C’est la caverne d’Ali Baba, ici ! Que des criminels recherchés, avec une prime sur leur tête.
- T’es qui toi ?
- Oh ! Toi, c’est Doryû, je me trompe ? Ta tête vaut cinquante ryô.
- Ordure ! T’es un chasseur de primes ?!
- Oui, mais aujourd’hui je n’ai pas le temps pour toi. Je suis après une proie de choix, de cinq cents ryô. Reste assis bien sagement, je reviendrai pour toi plus tard.
Tout comme les paroles d’un saint ont une force, les mots d’un guerrier ont une âme.
[Takeru, chasseur de primes] Il a l’air bien ce pays. Les femmes sont belles, y a plein de raclures à attaquer. De quoi réunir un joli pactole.
"L?idée de départ n?est pas nouvelle mais il est intéressant de voir en action des divinités mythologiques, des démons représentés d?après les sculptures traditionnelles? le tout, mélangé aux techniques ninja."
Salut à toi !
Voici une nouvelle fois un Mangado - La voie du manga sur Kabuto - le dieu Corbeau de TERASAWA Buichi.
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