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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Qualifier ce livre de "roman majeur de la littérature européenne", selon la quatrième de couverture, me semble un peu exagéré …
Important, certes, car l'ouvrage comporte presque 1000 pages. Une saga berlinoise qui court de 1878 à 1948, de l'Empire allemand réuni sous la férule de Bismarck et enrichi des faramineuses réparations payées par la France après sa défaite de 1871 à la reconstruction de la République fédérale au lendemain de la reddition sans condition du Reich hitlérien.

A travers deux familles typiquement allemandes, l'une prussienne - les Goldschmidt - et l'autre bavaroise – les Effinger - les uns banquiers, les autres industriels, l'histoire de l'Allemagne, de ses réalisations techniques, commerciales et artistiques avant puis après la Grande guerre.
Ce sont deux familles juives, totalement intégrées dans le milieu de la haute bourgeoisie, patriotes forcenées, qui pratiquent leurs traditions religieuses et familiales en toute discrétion, ardemment honnêtes et acharnées au travail. Des modèles de citoyenneté.

La première partie du roman raconte l'histoire des liens qui se tissent entre ces deux familles : les cousinages : la recherche de beaux mariages y tient une place prépondérante, les jeunes garçons font des études universitaires ou entrent en apprentissage dans les entreprises de leur parentèle …
Je recommande, avant de commencer, de faire une photocopie des arbres généalogiques de tous les personnages car on s'y perd rapidement.
D'autant que certains héros marchent par deux, comme les principaux : Paul et Karl Effinger, Annette et Sofie, et surtout Lotte et Marianne … et surtout, le génie tutélaire : l'oncle Waldemar, juriste renommé et philosophe respecté.

La seconde partie du roman ressort davantage de l'essai politique. Il m'a fourni une réponse à la question que je me posais depuis des dizaines d'années : comment un peuple aussi cultivé, respectueux des normes et du droit naturel, inventif et laborieux que le sont de temps immémoriaux les Allemands a-t-il pu sombrer dans l'horreur du nazisme ? Une réponse : l'usage massif du mensonge …

En fait, le nom d'Hitler n'apparaît qu'en page 678, le mot « nazi » en page 798. Mais la description réaliste, détaillée, mécanique et pratique des malheurs de l'Allemagne de Weimar est éclairante.
La théorie du « coup de poignard dans le dos » donné par les politiciens signataires des traités de Versailles à une armée jamais vaincue, l'idée que les Juifs sont les accapareurs et seuls responsables de l'inflation galopante et de la crise économique mondiale, la désintégration d'une économie largement dépendante de l'étranger … et qu'il faut les chasser, les exproprier, les anéantir … Ces idées s'insinuent tout doucement, les Juifs allemands n'y croient pas. Paul déclare souvent que « le gouvernement ne ment pas, c'est antipatriotique de ne pas croire à la propagande. »

Ces techniques de subversion des masses, nous les voyons à nouveau sous d'autres procédures aujourd'hui en Europe … et ailleurs. Insidieusement ou carrément, on abreuve le peuple de fausses nouvelles. C'est terrifiant car il est bien connu que « L Histoire ne se répète pas, elle bégaie. » comme aurait dit Karl Marx … ou Mark Twain

Sur le plan de la forme, je trouve toutefois que la traduction n'est pas optimale. Certaines expressions sont naturellement difficiles à traduire mais auraient mérité une explication : par exemple la tradition de la « tanzschule », ou leçon de danse … qui fut l'une de mes plus étonnantes découverte lors de mes séjours en RFA dans les années soixante. Car cette habitude de donner des leçons de danse de salon à des adolescents des deux sexes perdurait encore. Inimaginable pour une jeune française … Autre maladresse : employer le mot « office » à la place de « ministère », mais j'ai découvert un nouveau mot : « climatère » dont je laisse à mes lecteurs la peine de découvrir le sens (un indice : carence en oestrogènes).

Bref, l'intérêt de cet ouvrage est à plusieurs niveaux : la réalité des personnages – on évitera les trop longues digressions philosophiques – la description des mouvements culturels et politiques de l'entre-deux guerres – la valeur morale profonde de ces Allemands de confession juive anéantis et dont la créativité manque cruellement à l'Allemagne d'aujourd'hui.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Présenté comme la version juive berlinoise des « Buddenbrook » de Thomas Mann, « Les Effinger » a commencé à être écrit en 1933 pour être terminé en 1950.
Son autrice a mis beaucoup d'elle-même dans ce pavé de près de mille pages qui parcourt la période 1878-1948 au cours de laquelle évoluent quatre générations d'industriels et de banquiers allemands.
Paul et Karl sont deux frères issus d'une famille d'horloger de la Franconie. Sans être orthodoxe, le père est pratiquant. Les garçons s'envolent à Berlin pour monter une affaire de fabrication de vis. En épousant Annette et Klara Oppner, filles d'un banquier, ils rejoignent la grande bourgeoisie berlinoise.
Témoignage d'une époque révolue bouleversée par deux événements majeurs – la Première Guerre mondiale et l'arrivée d'Hitler au pouvoir -, le récit décrit par le menu le déclin d'une dynastie mais aussi les courants culturels et de pensée ainsi que les mutations économiques qui parcoururent ces décennies : expressionnisme, marxisme, communisme, socialisme, nazisme, antisémitisme, sionisme, féminisme, industrialisation...
Les échanges vifs entre les différentes générations sont le reflet de ces secousses.
Si j'ai apprécié l'acuité du panorama quasi exhaustif de ces soixante-dix années d'histoire, j'ai été moins séduite par les personnages tellement nombreux que leur psychologie n'est qu'effleurée.
Deux personnages sortent du lot : Paul, l'archétype du Juif tellement assimilé qu'il ne peut croire au projet délétère des nazis, et Waldemar, un humaniste « à l'ancienne » qui constate avec lucidité la disparition d'un monde.
Lien : https://papivore.net/littera..
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