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Critique de Wyoming


Un titre magnifique pour un livre qui l'est tout autant dans lequel j'ai retrouvé avec très grand plaisir le style alerte de Sylvain Tesson, sa vision personnelle du voyage, de la montagne qu'il décrit aussi bien que la steppe ou le désert, ses aphorismes, ses références mythologiques, religieuses et même évangéliques, toute une poésie qu'il partage avec ses deux compagnons au long de cette traversée dans Le Blanc, une vingtaine de journées à la fin de l'hiver des quatre années 2018, 2019, 2020 et 2021.

Ils partent de Menton pour arriver à Trieste et si certains ont perçu des répétitions dans sa narration, je les ai personnellement ressenties comme nécessités pour imprégner définitivement le lecteur de ce parcours, avec ces départs dans le froid, ces douleurs, angoisses et fatigues éprouvées au long de ces journées, ces quiétudes des soirées et nuits dans des refuges où Sylvain et ses deux compagnons furent souvent les seuls occupants.

Ce périple s'effectue à skis, avec des montées harassantes parfois, des descentes risquées dans des pentes souvent autour de 45 degrés, dans Le Blanc absolu qui amène Sylvain à disserter sur la plénitude de la neige, de son enveloppement, de son caractère changeant et éphémère, donc toute une série de pensées sur ce grand Blanc qui emporte le lecteur vers un univers féerique sur les arêtes, les crêtes, les dômes, les rondeurs sensuelles de la montagne, un monde toujours poétiquement évoqué par Sylvain Tesson.

Il commet toutefois une petite erreur à la page 120 en disant s'être "incliné sur la tombe de Whymper" à Zermatt, tout près du "Cervin où il avait trouvé la mort". Mais, Sylvain, au cimetière de Zermatt, c'est une stèle qui a été érigée en hommage à Whymper, et c'est au cimetière de Chamonix qu'il repose, ville où il est mort dans son lit en 1911.

Cette petite anomalie n'enlève rien à la saveur de son livre. Je dirais même qu'elle ajoute une dose d'intemporalité au mythe entourant les grands alpinistes.

Dans ce Blanc, l'écriture de Sylvain Tesson déploie une nouvelle fois toutes les qualités que j'aime, avec toutes ces frontières ténues entre le risque et la raison, entre le sérieux de la réflexion et l'aventure quotidienne et les références à Rimbaud, Hugo, Gide et d'autres ont été pour moi un complément très apprécié dans la lecture éblouissante de Blanc.

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