AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072960635
240 pages
Gallimard (13/10/2022)
3.63/5   693 notes
Résumé :
Avec mon ami le guide de haute montagne Daniel du Lac, je suis parti de Menton au bord de la Méditerranée pour traverser les Alpes à ski, jusqu’à Trieste, en passant par l’Italie, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie. De 2018 à 2021, à la fin de l’hiver, nous nous élevions dans la neige. Le ciel était vierge, le monde sans contours, seul l’effort décomptait les jours. Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance. Dans le Blanc tout s’annul... >Voir plus
Que lire après BlancVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (114) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 693 notes
Un titre magnifique pour un livre qui l'est tout autant dans lequel j'ai retrouvé avec très grand plaisir le style alerte de Sylvain Tesson, sa vision personnelle du voyage, de la montagne qu'il décrit aussi bien que la steppe ou le désert, ses aphorismes, ses références mythologiques, religieuses et même évangéliques, toute une poésie qu'il partage avec ses deux compagnons au long de cette traversée dans Le Blanc, une vingtaine de journées à la fin de l'hiver des quatre années 2018, 2019, 2020 et 2021.

Ils partent de Menton pour arriver à Trieste et si certains ont perçu des répétitions dans sa narration, je les ai personnellement ressenties comme nécessités pour imprégner définitivement le lecteur de ce parcours, avec ces départs dans le froid, ces douleurs, angoisses et fatigues éprouvées au long de ces journées, ces quiétudes des soirées et nuits dans des refuges où Sylvain et ses deux compagnons furent souvent les seuls occupants.

Ce périple s'effectue à skis, avec des montées harassantes parfois, des descentes risquées dans des pentes souvent autour de 45 degrés, dans Le Blanc absolu qui amène Sylvain à disserter sur la plénitude de la neige, de son enveloppement, de son caractère changeant et éphémère, donc toute une série de pensées sur ce grand Blanc qui emporte le lecteur vers un univers féerique sur les arêtes, les crêtes, les dômes, les rondeurs sensuelles de la montagne, un monde toujours poétiquement évoqué par Sylvain Tesson.

Il commet toutefois une petite erreur à la page 120 en disant s'être "incliné sur la tombe de Whymper" à Zermatt, tout près du "Cervin où il avait trouvé la mort". Mais, Sylvain, au cimetière de Zermatt, c'est une stèle qui a été érigée en hommage à Whymper, et c'est au cimetière de Chamonix qu'il repose, ville où il est mort dans son lit en 1911.

Cette petite anomalie n'enlève rien à la saveur de son livre. Je dirais même qu'elle ajoute une dose d'intemporalité au mythe entourant les grands alpinistes.

Dans ce Blanc, l'écriture de Sylvain Tesson déploie une nouvelle fois toutes les qualités que j'aime, avec toutes ces frontières ténues entre le risque et la raison, entre le sérieux de la réflexion et l'aventure quotidienne et les références à Rimbaud, Hugo, Gide et d'autres ont été pour moi un complément très apprécié dans la lecture éblouissante de Blanc.

Commenter  J’apprécie          14212
Aller de Menton à Trieste en quatre vingt cinq jours, répartis sur quatre printemps de 2018 à 2021, est le parcours enneigé que l'auteur nous invite à tracer en sa compagnie.

Blanc est le paysage, l'enneigement et le lecteur quand, parvenu au soixante et unième jour, nous survivons au milieu d'une tempête, par une température de -13°, menacés par une nature hostile, imposant un retour à la case départ après 8 heures d'efforts et de périls.

Blanc est le monde d'en bas plongé dans l'épidémie COVID depuis 2020 et emprisonné dans un carcan réglementaire et sanitaire qui peut inciter à la révolte (les chinois le prouvent en cet automne 2022) ou à la réflexion sur les évolutions de la pensée dominante et des dérives étatiques. D'un ton parfois bougon, certains diront ronchon, Sylvain Tesson, émaille son propos d'aphorismes et de citations enracinées dans le granit montagnard et l'héritage des siècles.

Démarche savoureuse que notre explorateur conclut en écrivant une nouvelle sur le thème de la lutte contre « l'inégalité des territoires » … où l'on voit Roberta Pistolero, ministre de l'égalité des territoires, en 2053, renommer le Mont Blanc, puis l'araser avec des charges nucléaires, car « il n'est pas légitime que la géographie échappe à la marche de l'histoire ». Toute ressemblance avec notre iconique Sardine Ruisseau serait évidemment purement fortuite ;-))

Ces quatre pages (198 à 201) valent à elles seules la lecture de cet essai qui m'a détendu et régalé lors d'un trajet en chemin de fer émaillé par les « imprévus » habituels. Mieux vaut prendre de la hauteur !
Commenter  J’apprécie          1025
- Blanc ? Non, Rouge ! Blanc ??? Non, Rouge !
- Bichette, qu'est-ce que vous marmonnez dans votre absence de barbe ? Au tableau ! Faites-moi un résumé du livre de Sylvain Tesson que vous deviez lire pendant les vacances de Noël !
-… (gros blanc)
- Je vous écoute Bichette !
- … (énorme blanc, je crois même qu'un ange passe)
- Pas de réponse ? Comme dans votre copie ? Une copie Blanche ! Je suis très déçue de votre absence de travail et de votre comportement ! Je ne comprends pas, vous êtes plutôt une élève sérieuse d'habitude !
-C'est que …, Madame, je ne sais pas trop quoi dire, je n'ai pas du tout aimé ni compris ce livre. Pourtant, je l'ai lu jusqu'au bout, je vous assure, je me suis même forcée, mais je n'y ai trouvé ni intérêt ni plaisir.
- Ah ! ??! Eh bien, expliquez-moi ça !
- Sylvain Tesson ne fait que raconter ses vacances dans les Alpes, où il était, combien il a fait de dénivelé et de kilomètres par jour. Mais, bon moi je m'en fiche de ses vacances, je n'ai pas l'intention de faire la casse-cou sur les sommets enneigés ! Pourtant, je l'aime bien la montagne, c'est joli la neige, mais franchement les frissons de bobo de Sylvain Tesson qui se prend pour un rebelle ça m'a fait un peu rigoler.
Enfin, rigoler, c'est une façon de parler, parce qu'on ne peut pas dire que M. Tesson fasse preuve d'un grand humour. Il nous raconte sa préparation tous les matins, l'effort et le courage que ça lui demande de se lancer dans le froid à moins 25 degrés. M'enfin ? M. Tesson fait le malin et voudrait qu'on le plaigne ? Il est là uniquement par sa propre volonté et visiblement aussi par ce qu'il a suffisamment d'argent pour se payer tous les ans plusieurs semaines de vacances à la montagne (j'en suis ravie pour lui). de plus, il se permet de nous narguer parce que pendant que Môôôoosieur Tesson traçait dans la poudreuse, les péquenauds citadins moyens comme moi se confinaient en tremblant sur ordre du gouvernement en 2020 !
La cerise sur la forêt noire étant que si M. Tesson se moque bien du gouvernement et skie pendant le confinement en se dépeignant comme un rebelle intermittent (sic), il est en revanche ravi de pouvoir compter sur les hélicoptères de la gendarmerie nationale pour venir le récupérer en cas de bobo … Donc, plutôt que Blanc, moi j'ai plutôt vu Rouge lors de cette lecture !

Il est vrai cependant que M. Tesson ne manque pas d'érudition et peut se faire poète, il sait manier la plume et son livre est émaillé de belles trouvailles.
« le visage masqué, la tête enfouie dans les laines, on avait tout intérêt à se replier en soi. La pensée descendait dans les dédales, en quête d'un fanal. On attrapait le tableau d'un moment béni - une soirée de mai dans les forêts atlantiques - et on flottait autour de cette flammèche, comme un papillon de nuit cherchant l'angle de vol autour de la lampe. (p.81) »
Malheureusement cela manque d'humilité, l'auteur se regarde écrire, utilise des mots savants pour étaler sa science et cela m'a semblé par moments complètement ridicule, rompant le charme… un petit exemple ci-dessous, tout allait bien jusqu'à intussusception, qui ne me paraît pas indispensable à la compréhension.
« Où va le blanc quand la neige a fondu ? demandait Shakespeare. Quel était le pouvoir de cette substantivation éphémère de l'eau ? Pourquoi cette métamorphose de l'ordre même ? La nature aime à se cacher, avait murmuré Héraclite. Donnait-il là une définition de la neige ? Pourquoi ce sentiment d'une purification de la structure par le dépôt d'un voile ? C'était dans ce mystère que nous avancions. Le Blanc unifiait le monde, désagrégeait le moi, anesthésiait l'angoisse, augmentait l'espace, évanouissait les heures. L'élément s'agrégeait à lui-même et dissolvait toute forme dans l'éclat implacable. L'intussusception désigne en biologie le principe d'élargissement d'un ensemble par absorption de corps extérieurs. Ainsi, Le Blanc : sac et matrice. Totalité et grand oubli. » (p.39)
M. Tesson a beaucoup de qualités et de talent, c'est indéniable, et c'est avant tout la forme de ce texte qui m'a dérangée, comme si pris d'une énorme crise de fainéantise l'auteur avait écrit à peine mieux qu'une carte postale à sa vieille tante éloignée alors qu'il avait tous les ingrédients pour faire beaucoup plus, beaucoup mieux et m'emporter dans son rêve et paradis Blanc.
Carton Rouge M. Tesson en ce qui me concerne ! Pour me convaincre de vous suivre dans une prochaine lecture, ce ne sont pas les skis et les peaux de phoque qu'il va falloir dégainer, mais les rames…
Commenter  J’apprécie          7933
C'est le mois du Blanc, il faut en profiter.
Sylvain Tesson aime les vertiges, la montagne, les ascensions, moins les descentes qui ne lui réussissent pas toujours. Je n'étais donc pas étonné qu'il m'entraîne ici entre Menton et Trieste sur des cimes alpines qui tutoient le ciel, durant quatre saisons, quatre printemps où la neige tient encore sur les sommets, - dépêchez-vous si vous êtes tenté j'ai entendu dire que cela ne durera pas toujours, quatre saisons entre 2018 et 2021.
Je préfère la mer à la montagne, question d'habitude sans doute, mais je suis prêt à discuter objectivement du sujet avec une bonne poignée de langoustines, autour d'une tartiflette et accompagné d'un Apremont... Mais je pense que Sylvain Tesson parle mieux de la montagne qu'il parlerait de la mer, quoiqu'il a su un jour m'étonner en évoquant la plage de Lostmarc'h en presqu'île de Crozon dans un de ses récits.
Le récit est un rendez-vous poétique, aérien, qui atteint parfois des sommets d'ironie comme aime le faire Sylvain Tesson, inspiré par la splendeur des paysages et se penchant sur notre humanité lorsqu'il se retourne vers la vallée, vers nous.
Trois amis, dont Sylvain Tesson, ont décidé de sillonner les sommets en ski, franchir des cols, passer d'un versant à l'autre... Pourquoi ? Pour rien, pour le plaisir, pour l'ivresse des cimes, pour la beauté inutile des voyages, avoir ce ciel immense, cette blancheur tout autant pour seul habitat. du bleu posé sur du blanc...
Je suis entré dans ce livre à un endroit où le ciel et la terre ne font qu'un, un seul élément, un seul chemin qui se perd dans ce blanc.
L'apesanteur est au rendez-vous, la légèreté aussi. Les mots de Sylvain Tesson s'en imprègnent magnifiquement.
Ils skient, ils tracent des courbes souvent harmonieuses dans les pages de ce livre. Même quand ils se perdent...
Sylvain Tesson n'a jamais peur de la page blanche.
Je sens bien, à force de le connaître, que Sylvain Tesson, ici comme ailleurs, cherche le paysage ultime, derrière les splendeurs éphémères. C'est son rêve, l'appel de l'abîme sans doute, ce qui le fait se lever le matin, le mettre à la verticale d'un paysage. Tenir debout. Se voûter lorsque le paysage devient rond. Entrer dedans.
Écrire sur la neige, zigzaguer inlassablement.
S'élever dans les cimes, c'est ne pas grandir pour autant. On amène toujours sa misère là-haut.
Aller de refuge en refuge.
Parfois, j'ai eu l'impression qu'entrer dans ce récit, c'était comme pousser les portes d'un royaume onirique.
Sylvain Tesson sait dire la beauté des départs, des commencements. Sait dire le vent qui donne du mouvement à la neige, lui donne une chorégraphie harmonieuse. Sait dire la grâce d'un paysage fragile. Sait dire l'absurdité des temps modernes qui griffent ce qui nous entoure.
Après, bien sûr il faut redescendre, passer sans doute par des sas de décompression, et ça Sylvain Tesson sait le faire mais ne l'aime pas. On le sent bien...
Bon, pour conclure ce billet, revenons un instant sur le coupable de ce livre, Sylvain Tesson. Que l'on apprécie ou pas le personnage, il aime jouer les mouches du coche et cela lui va à ravir. Il a ses détracteurs comme la neige a les siens : la pluie, le vent, la boue... Il agace et je comprends que ce soit agaçant qu'un écrivain vienne vous chercher pour vous ramener devant le miroir sinistre de l'humanité. Ce n'est pas toujours glorieux en effet. Cela dit, je préfère mille fois lire ses livres que d'imaginer passer les vacances avec lui... J'ai trop le vertige !
Commenter  J’apprécie          7237
En alpinisme on dirait ouvrir une voie, faire la trace, alors je me lance...

À couvrir le Blanc de cette page, à y inscrire une trace que certains suivront ou pas, que certains apprécieront ou pas, dont certains souhaiterons s'éloigner, mais c'est ce qui fait la magie des grands espaces en haute altitude....la liberté

Et autant dire qu'avec ce que ouvrage de Sylvain Tesson on est au comble de la liberté, dans ce qu'elle a de plus pur.

Le postulat de départ est simple : "Il avait son idée : nous partirions en hiver de la mer Méditerranée où sombre la montagne dans des gerbes de palmiers. Nous remonterions vers le nord-est, suivant la courbure de la chaîne, jusqu'à Trieste, ville impossible de l'Adriatique où la convention fixe la fin des Alpes. En chemin, on resterait au plus près de la crête axiale. Nous dormirions dans les refuges, les abris. Ce serait une chevauchée, mais à ski, entre deux mers. Rien que la neige ! Il y aurait des centaines de kilomètres à arracher, mètre après mètre. Cela sonnait comme un travail de forçat. En réalité, c'était une aubaine : la définition du bonheur est d'avoir un os à ronger."

Ça c'est sur le papier car quiconque a déjà fréquenté les grands espaces et à fortiori la haute montagne, du "rêve à la réalité" il y a souvent un fossé pour ne pas dire une crevasse..
Car comme le dit Tesson lui-même : "Nous aimions relier des lieux inaccessibles par des endroits infranchissables."
Alors c'est parti pour cette expédition de 4 ans à travers les Alpes, à travers 4 pays, à travers les frontières qui évoquent à l'auteur "cette excitation de passer une frontière. Ces lignes ne se réduisaient pas à de simples abstractions. Elles distinguaient objectivement les mondes, confirmant que leur existence n'était pas pure convention. de part et d'autre, les langues, les habitudes, les conversations et les rapports au ciel, à l'amour et à la mort n'étaient pas les mêmes."
Au début de l'aventure, il y a du Lac son guide, et Sylvain Tesson, qui seront bientôt rejoints par un troisième" larron" : Removille ingénieur de métier.

Et autant dire qu'à partir de ce moment là, ce sont 3 visions qui prêtent à sourire tant les contraires s'attirent :
"Il s'échappait dans Le Blanc, usant sur la montagne des principes de son existence : rigueur, calcul, efficacité. Là où du Lac mettait l'instinct, il raisonnait. Il s'arrêtait dans la pente, consultant ses écrans pour vérifier la position, estimer le risque d'avalanche. du Lac disait : « Je passe là selon que je le sens. » Rémoville : « Moi, parce que je l'ai calculé. » du Lac reniflait, Rémoville raisonnait, j'assurais le commentaire et suivais le mouvement né des noces de la raison et de l'instinct. du Lac disposait ainsi d'un compagnon précieux pour les mesures de pente, les prévisions météorologiques, l'orientation générale. "
Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, et c'est absolument jubilatoire.

Entre le rêveur pour qui le voyage se situait à l'opposé de l'itinéraire chateaubrianesque en Terre sainte où le voyageur circule dans une géographie historique, cherchant une référence sous les pierres. « Chaque nom renferme un mystère ; chaque grotte déclare l'avenir ; chaque sommet retentit des accents d'un prophète », dit le voyageur de l'espace historique. Chez Chateaubriand, pour comprendre, il faut savoir. Dans le Blanc sans mémoire, l'espace règne seul. L'Histoire n'imprime pas de trace, l'homme n'écrit rien. C'est la patrie du vide « que la blancheur défend ».

Celui très pragmatique qui par son métier fait de montées et de descentes aussi rapides qu'efficaces, choisit la voie, scrute le paysage à la recherche du meilleur passage, ne laisse rien au hasard : "Au col, du Lac tenta de couper par un couloir, assuré à la corde autour d'un becquet de roche. Il renonça. Nous contournâmes la barre et descendîmes plus loin, quand la pente s'ouvrait. Exact plaisir : se préoccuper de savoir où passer."

Et enfin celui pour qui tout est binaire, oui ou non, 1 ou 0, et sans mauvais jeu de mots Blanc ou noir. Celui qui menait sa vie comme une mécanique avec femme, enfants doués et responsabilités d'adulte. le ski était son échappatoire. Il s'échappait dans Le Blanc, usant sur la montagne des principes de son existence : rigueur, calcul, efficacité.

En tout cas c'est du Tesson, chaque phrase, chaque mot chaque réflexion est un flocon qui vient se déposer sur un autre jusqu'à former cet ouvrage où le voyage devient poème. "La neige tombait. Elle fondrait. Il ferait jour. Nous allions, pleins d'amour pour l'éphémère."
En parlant de fonte : “Quand fond la neige, où va Le Blanc ?” aurait dit Shakespeare selon une citation apocryphe.

À chacun sa réponse mais si on pense à ailleurs, Paul Morand répondrait : « Ailleurs est un mot plus beau que demain. »
Sylvain Tesson nous en livre plusieurs réponses, telles des traces aussi éphémères soient-elles.
En ce qui me concerne j'en retiens l'aphorisme de Cicéron.....

Commenter  J’apprécie          484


critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
12 décembre 2022
Dans son dernier carnet de voyage, «Blanc», l'écrivain-aventurier raconte sa traversée des Alpes à ski.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (381) Voir plus Ajouter une citation
L'alpiniste est ce type qui ne trouvera jamais là-haut ce dont il manque en bas mais sera toujours prêt à y retourner. C'était donc vrai : on pouvait se guérir de l'ennui, oublier toute peine et laver l'amertume en s'enfonçant dans la blancheur. La neige était un acide indolore. Il décapait l'âme. Il faudrait y replonger. L'Alpe était grande encore, on reviendrait.
Commenter  J’apprécie          00
[ Une petite pour la route ;) ]

Pendant des millénaires, l'homme avait lutté pour trouver un lopin, le cultiver, dresser un autel, sacrifier un bœuf puis construire une ville avec musée et piédestaux à statues.
« Que chacun reste à sa place, la cultive et la transmette » avait constitué l'ambition.
Soudain, changement radical. Au XXe siècle, l'humanité mercantile s'était mise en branle, décidant que tout circulerait. La légitimité du mouvement reposait sur sa permanence. La circulation des marchandises créait leur valeur. Dès lors, plus de repos. Dans le bazar global, les hommes étaient des monades, les possessions des produits, l'Histoire une tectonique, les nations des plasmas. Ce mouvement perpétuel était peut-être l'autre nom de la Chute. « Sic transit gloria mundi », disaient les Romains. « La gloire du monde, c'est le transit! » répondit l'époque. Le frère d'Ernst Jünger, dans La Perfection de la technique, avait donné une définition claquante de ce branle-bas : « la mobilisation de l'immobile ».
«Le monde change, accompagnons-le », disait le personnel politique des démocraties marchandes. Esclaves de l'inéluctable, ils avouaient : «Survivons dans l'avalanche puisque nous ne pouvons rien ».
Commenter  J’apprécie          431
Le nouvel ordre productif a institué la permanence de l'impermanent. La requête du « changement » a fini par affoler les hommes. En quelques décennies, l'organisarion globale a érigé « l'innovation » en dogme. Toujours plus, toujours différent, toujours ailleurs. De là, nécessité de vivre vite. Puisque tout se transforme, on sera toujours en retard. Alors, sous la menace de l’obsolescence, le résultat ne sera jamais satisfaisant : frustration, ressentiment, violence. La requête de la « mise à jour » numérique transposée dans le champ anthropologique fait de l'Histoire une valse musette avec substitution de cavalier à chaque mesure.

« S'adapter » est le nom que l'impuissance donne à l'action. « Sens de l'Histoire » est le nom que des dirigeants incapables donnent au mouvement qu'ils ne savent empêcher. Ainsi s'épargnent-ils la charge de veiller tendrement sur les héritages de l'Histoire.

Hugo dans Les Rayons et les Ombres : « que peu de temps suffît à changer toute chose ». Les empereurs Habsbourg disaient en léguant le pouvoir à leur descendance : « Veille à ce que rien ne change. » C'est une parole de montagnard, répugnant à l'incertain, craignant les avalanches qui sont à la géographie ce que les révolutions sont à l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          351
C'était un danger de l'alpinisme: croire que le surplomb physique autorisait à mépriser le monde d'en bas. L'analogie était facile entre l'air de cristal et l'esprit pur, la grande santé et la haute pensée. Cette symbolique de comptoir avait inspiré une littérature d'acier sur les vertus purificatrices de la montagne où se confondaient conquête du sommet et domination morale. En réalité le sommet ne rehausse jamais la valeur de l'être. L'homme ne se refait pas. Quand il atteint les altitudes splendides, il y transporte sa misère. L'histoire de l'exploration fourmille d'épisodes sordides vécus en des lieux enchanteurs: des alpinistes qui en viennent aux mains sous des sommets de cristal, des naufragés qui se persécutent sous les cocotiers. L'homme a beau se propulser dans la beauté, il retombe toujours dans ses penchants. Le décor n'y fait rien!
Commenter  J’apprécie          352
Pourquoi i'homme avaît-il attendu si longtemps pour grimper les montagnes ?

Techniquement un Grec antique aurait pu escalader le mont Blanc. Quand on élève le Parthénon, n’est-on pas capable de fabriquer une paire de crampons ? Pourquoi avait-il fallu attendre la Renaissance et les Lumières ?

L'empêchement avait été moral plus que technique. Le difficile n'avait point consisté à atteindre le sommet mais à s'octroyer le droit de le faire. Quand les montagnes symbolisaient les temples, on n'allait pas y voir.

A la Renaissance, l'homme décida de n'avoir plus peur d'un monde dont il occupait le faîte. Il escalada le mont Aiguille en 1492. Puis on tua Dieu. Une fois Dieu mort, l'homme pouvait monter. Ce fût l'alpinisme moderne.
Commenter  J’apprécie          353

Videos de Sylvain Tesson (136) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Tesson
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
--
Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
+ Lire la suite
autres livres classés : récit de voyageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1481) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvain Tesson

Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

histoire
géographie
russe
urbanisme

10 questions
327 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..