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Critique de PetiteBichette


- Blanc ? Non, Rouge ! Blanc ??? Non, Rouge !
- Bichette, qu'est-ce que vous marmonnez dans votre absence de barbe ? Au tableau ! Faites-moi un résumé du livre de Sylvain Tesson que vous deviez lire pendant les vacances de Noël !
-… (gros blanc)
- Je vous écoute Bichette !
- … (énorme blanc, je crois même qu'un ange passe)
- Pas de réponse ? Comme dans votre copie ? Une copie Blanche ! Je suis très déçue de votre absence de travail et de votre comportement ! Je ne comprends pas, vous êtes plutôt une élève sérieuse d'habitude !
-C'est que …, Madame, je ne sais pas trop quoi dire, je n'ai pas du tout aimé ni compris ce livre. Pourtant, je l'ai lu jusqu'au bout, je vous assure, je me suis même forcée, mais je n'y ai trouvé ni intérêt ni plaisir.
- Ah ! ??! Eh bien, expliquez-moi ça !
- Sylvain Tesson ne fait que raconter ses vacances dans les Alpes, où il était, combien il a fait de dénivelé et de kilomètres par jour. Mais, bon moi je m'en fiche de ses vacances, je n'ai pas l'intention de faire la casse-cou sur les sommets enneigés ! Pourtant, je l'aime bien la montagne, c'est joli la neige, mais franchement les frissons de bobo de Sylvain Tesson qui se prend pour un rebelle ça m'a fait un peu rigoler.
Enfin, rigoler, c'est une façon de parler, parce qu'on ne peut pas dire que M. Tesson fasse preuve d'un grand humour. Il nous raconte sa préparation tous les matins, l'effort et le courage que ça lui demande de se lancer dans le froid à moins 25 degrés. M'enfin ? M. Tesson fait le malin et voudrait qu'on le plaigne ? Il est là uniquement par sa propre volonté et visiblement aussi par ce qu'il a suffisamment d'argent pour se payer tous les ans plusieurs semaines de vacances à la montagne (j'en suis ravie pour lui). de plus, il se permet de nous narguer parce que pendant que Môôôoosieur Tesson traçait dans la poudreuse, les péquenauds citadins moyens comme moi se confinaient en tremblant sur ordre du gouvernement en 2020 !
La cerise sur la forêt noire étant que si M. Tesson se moque bien du gouvernement et skie pendant le confinement en se dépeignant comme un rebelle intermittent (sic), il est en revanche ravi de pouvoir compter sur les hélicoptères de la gendarmerie nationale pour venir le récupérer en cas de bobo … Donc, plutôt que Blanc, moi j'ai plutôt vu Rouge lors de cette lecture !

Il est vrai cependant que M. Tesson ne manque pas d'érudition et peut se faire poète, il sait manier la plume et son livre est émaillé de belles trouvailles.
« le visage masqué, la tête enfouie dans les laines, on avait tout intérêt à se replier en soi. La pensée descendait dans les dédales, en quête d'un fanal. On attrapait le tableau d'un moment béni - une soirée de mai dans les forêts atlantiques - et on flottait autour de cette flammèche, comme un papillon de nuit cherchant l'angle de vol autour de la lampe. (p.81) »
Malheureusement cela manque d'humilité, l'auteur se regarde écrire, utilise des mots savants pour étaler sa science et cela m'a semblé par moments complètement ridicule, rompant le charme… un petit exemple ci-dessous, tout allait bien jusqu'à intussusception, qui ne me paraît pas indispensable à la compréhension.
« Où va le blanc quand la neige a fondu ? demandait Shakespeare. Quel était le pouvoir de cette substantivation éphémère de l'eau ? Pourquoi cette métamorphose de l'ordre même ? La nature aime à se cacher, avait murmuré Héraclite. Donnait-il là une définition de la neige ? Pourquoi ce sentiment d'une purification de la structure par le dépôt d'un voile ? C'était dans ce mystère que nous avancions. Le Blanc unifiait le monde, désagrégeait le moi, anesthésiait l'angoisse, augmentait l'espace, évanouissait les heures. L'élément s'agrégeait à lui-même et dissolvait toute forme dans l'éclat implacable. L'intussusception désigne en biologie le principe d'élargissement d'un ensemble par absorption de corps extérieurs. Ainsi, Le Blanc : sac et matrice. Totalité et grand oubli. » (p.39)
M. Tesson a beaucoup de qualités et de talent, c'est indéniable, et c'est avant tout la forme de ce texte qui m'a dérangée, comme si pris d'une énorme crise de fainéantise l'auteur avait écrit à peine mieux qu'une carte postale à sa vieille tante éloignée alors qu'il avait tous les ingrédients pour faire beaucoup plus, beaucoup mieux et m'emporter dans son rêve et paradis Blanc.
Carton Rouge M. Tesson en ce qui me concerne ! Pour me convaincre de vous suivre dans une prochaine lecture, ce ne sont pas les skis et les peaux de phoque qu'il va falloir dégainer, mais les rames…
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