La mort nous menace chaque jour
et jusqu’ici nous n’avons rien commencé
ainsi sommes-nous depuis l’enfance
pas une fois je n’ai vu entre tes mains autre chose
qu’une poupée sans jambes
tu m’auras vu tant de fois
tirant des pierres sur mon cerf-volant
pendu aux câbles électriques
j’aurais tant aimé dessiner des cœurs
avec la buée
quand tu étais face à moi à la maison
une fenêtre nous séparait
mais nos fenêtres n’avaient plus de vitres.
Photo
De toi nous gardons beaucoup de photos
où tu as l’air mort de rire
sauf la dernière où nous sommes tous ensemble
une photo de la taille d’une main
je pose ma tête dessus et n’arrive pas à la relever
voilà que tu apparais
comme qui cache son ombre dans un trou
et se dresse sur sa vie
me voici assis au sommet de ton corps
le couvrant curieusement
de deux jambes de larmes.
LES ASSASSINS ONT / DES ENFANTS…
Les assassins ont
des enfants qui ont besoin de se promener
des amantes qui les attendent
des rendez-vous avec leurs amis
des jardins qui requièrent davantage de soins
des rêves ignorant tout de la fatigue des pieds
ils sont très occupés
c’est pourquoi nous devons mourir facilement
mourir en évitant de les retarder