Elsa hérite d'une maison de sa grand-mère, La Braconne à Mont-Eloi.
Lorsqu'elle arrive pour en prendre possession, la maison est occupée par un jeune homme, Fred, qui y bricole. Elle est propriétaire et lui se dit également propriétaire. Entrée en matière difficile pour ces deux là.
La grand-mère morte c'est Rose. La maison Elsa s'en fiche. Ce qu'elle cherche, sa quête, c'est à quoi correspond cette photo laissée par Rose remise par le notaire. Et puis Rose c'est autre chose qu'une simple bâtisse pour Elsa.
Au village, lorsque l'on est le portrait craché de Rose, on ne passe pas inaperçue. Certes les jeunes se retournent sur une jeune femme agréable, en revanche les vieux, dont l'image de Rose est encore bien présente, s'interrogent sur ce qui risque de leur tomber sur la tête.
Le passé est passé, il est où il est et là où il est, il y est bien. le passé a été défini une bonne fois et si on s'y intéresse, alors il faut visiter le musée de la Chênaie où tout y est dit. Il n'y a rien à ajouter.
Ici la guerre a laissé des héros, plus qu'il n'en faut et des parias, des collabos et des tondues.
Mais n'est-ce pas le lot de pratiquement toutes nos communes ? Non ?
Remuer l'oubli sent mauvais, très mauvais et l'odeur perturbe les narines de ceux qui sont concernés.
C'est sur cette volonté de recherches, cette ténacité, cette envie de savoir et de découvrir la vérité d'Elsa, que
Estelle Tharreau nous conte, et de quelle façon, cette histoire.
L'auteure entame le récit simplement sans bruit, tout en douceur, écriture à un instrument dirais-je pour, au fur et à mesure de l'histoire, à chaque chapitre pour ne pas dire à chaque page, augmenter sensiblement mais sûrement la pression sur le lecteur ne lui laissant pas ou à peine la latitude de choisir son rythme de lecture.
C'est du grand art.
La pression psychologique de l'intrigue m'a scotché au bouquin ce qui est, quand même, un comble quand on sait que je l'ai lu sur une liseuse.
De montée en puissance ou de chapitre en chapitre, je me suis attendu à tout, d'autant que le choix et la richesse de caractère des personnages y est pour beaucoup,
C'est comme une oeuvre musicale où l'auteure ajouterait un instrument à chaque chapitre, un peu comme le boléro de Ravel, pour finir dans un feu d'artifice, un éblouissement où personne ne s'en sort indemne (là, j'exagère un peu, je ne titubais pas en me levant de mon fauteuil, mais presque…).
L'
orage s'éloignera en fin de bouquin et l'histoire se verra remettre la tête à l'endroit, le ciel reprendre sa couleur azur et les protagonistes respirer normalement.
C'est un très bon bouquin et quelle écriture !
Les éditions Taurnada nous démontrent, une nouvelle fois, qu'il existe de bons auteurs de polars (bien qu'ici ce n'est pas uniquement un polar) français.
Je remercie Joël des éditions Taurnada de m'avoir très gentiment offert ce livre.
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