"Je ne fais pas l'intéressant, dit-il. Je pense seulement qu'il vaut mieux raconter les histoires à son propre rythme. Autrefois on prenait son temps, maintenant il faut que tout aille vite."
Dans sa chambre de la maison de retraite de Marnäs, Gerlof Davidsson regardait par la fenêtre le soleil se coucher. La cloche de la cuisine venait de sonner pour la première fois, c’était bientôt le dîner. Il allait se lever et aller au réfectoire. Sa vie n’était pas finie.
S’il était resté dans le village de pêcheurs où il était né, Stenvik il aurait pu aller s’asseoir sur la plage et regarder le soleil lentement disparaître dans le détroit de Kalmar. Mais Marnäs se trouvait sur la côte est de l’île, et c’est pourquoi il voyait chaque soir le soleil disparaître derrière un petit bois de bouleaux, entre la maison de retraite et l’église, plus à l’ouest. On était en octobre, les branches des bouleaux n’avaient presque plus de feuilles et ressemblaient à des bras maigres tendus vers le disque rouge et jaune du soleil déclinant.
C’était l’heure trouble - l’heure des histoires horribles.
Le petit garçon s'arrêta. Il retint son souffle. Tout était silencieux, rien ne bougeait, mais soudain il avait eu l'impression de ne plus être seul. Avait-il entendu quelque chose dans le brouillard ?
MIEUX VAUT UN HOMME LENT A LA COLERE QU'UN HEROS, UN HOMME MAITRE DE SOI QU'UN PRENEUR DE VILLES.
Et il m'est arrivé d'aller très mal, parfois jusqu'à ce que je comprenne que se venger ne rend pas plus heureux. Il faut tourner la page. C'est difficile de regarder vers l'avenir, mais je crois qu'il le faut. - Oui, dit Julia à voix basse. Il faut laisser les morts en paix.
Gerlof détourna les yeux vers le soleil couchant, de l’autre côté de la fenêtre. Il aurait préféré être tout petit et écouter les histoires horribles que l’on raconte à l’heure trouble du crépuscule, plutôt qu’être vieux et devoir les raconter lui-même.
J'ai trouvé un homme écrasé sous un rocher, pensa-t-elle, la bouche en sang et les yeux exorbités. Mais j'ai déjà vu du sang, j'ai vu des morts, j'ai connu pire.
"Avec l'âge, la mort devient une sorte d'amie, dit Gerlof. Une connaissance en tout cas. Je voulais juste te le dire, que tu n'ailles pas croire que je ne pourrai pas surmonter tout ça...la mort de Ernst."
ACCIDENT TRAGIQUE À LA CARRIÈRE. Tous les accidents n'étaient-ils pas tragiques ?
Dans son enfance à Stenvik, c'était l'heure où dans les champs et les cabanons de pêcheurs cessait le travail de la journée.Tout le monde rentrait avant que la nuit tombe, mais on n'allumait pas encore les lampes à pétrole. Pendant l'heure trouble, les anciens discutaient du travail de la journée, échangeaient les nouvelles des autres fermes du village. Et parfois, ils racontaient des histoires aux enfants de la maison.