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Plus je lis Jim Thompson et plus je suis convaincu qu'il est un auteur d'exception dans l'univers du roman noir, de plus, son style n'a pas pris une ride, et les scénarios qu'il propose me bluffent chaque fois un peu plus par leur construction souvent atypique.
Il est malheureusement assez difficile de parler du "Criminel" sans divulgâcher un peu et c'est dommage, par contre, je peux affirmer que ce scénario est très original et peu courant dans le déroulement de son intrigue.
Il s'agit d'un roman chorale avec un déroulement chronologique précis qui va nous dévoiler une intrigue assez troublante, mettant en scène et à tour de rôle le point de vue de chaque protagoniste. Si j'ai trouvé ce roman captivant, c'est que sa construction ressemble à une radiographie d'une certaine Amérique "moyenne".
La mise en place de l'histoire va nous immerger dans l'intimité d'une famille américaine classique, des parents, des enfants, puis survient alors un drame et une succession d'événements assez dérangeants mettant en scène des juristes, des journalistes. Ce qui est fascinant est que l'auteur va maintenir tout du long une ambiguïté systématique, le roman est chorale certes, chaque acteur de ce drame est remarquablement dessiné et suis ses propres motivations, mais tous disent-ils la vérité ?
Cette lecture va nous garantir un suspense entier jusqu'à la toute dernière scène, voilà, je n'en dirai pas plus et croyez moi, j'en suis le premier frustré.
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Qui se soucie de la vérité et de la justice? A priori, pas grand monde ...

Jim Thompson tire un portrait au vitriol de l'Amérique des années 50
Un coupable idéal, ici Bob Talbert, adolescent de 15 ans désigné comme le meurtrier et violeur présumé de sa jeune voisine. Qu'importe qu'il soit coupable ou innocent du moment qu'il joue son rôle...

La construction est originale, l'auteur pas avare donne la parole et le droit à un chapitre à tous les protagonistes qui gravitent autour de l'affaire : la famille du criminel, un couple d'américains moyens dépassés par l'évènement, l'inculpé, un ado déboussolé, le patron et le rédacteur en en chef du journal le Star focalisés sur les tirages, le journaliste qui mène l'enquête à sa façon, l'avocat au procureur attiré par les feux de la rampe puis le policier dubitatif et versatile "Ma foi, il était tout aussi possible qu'il soit coupable ou qu'il ne le soit pas. Je n'aurais pas affirmé qu'il l'était, mais je n'aurais pas non plus affirmé qu'il était innocent". En récoltant la moindre parcelle de leur opinion, il ne se prive pas de leur tailler au passage un costard sur mesure.

Il n'épargne personne, la justice corruptible (pots-de-vin), la presse à sensation qui s'engraisse avec les tirages, les politiciens girouettes un oeil rivé sur les élections qui suivent l'opinion, ni, les habitants qui en profitent pour verser leur bile...Au final Il n'en ressort qu'un tas de boue immonde.

Du pur Jim Thompson... tout craché et cynique à souhait.
Le criminel, le procès noir et sans concession d'une l'Amérique blanche lâche, raciste et très individualiste.
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Je poursuis mon rattrapage de l'oeuvre du grand Jim Thompson avec le criminel - traduit par Jean-Paul Gratias - délectable petit opus sur la culpabilité et l'opportunisme.

Thompson s'y livre à un exercice de style totalement maîtrisé : 1 crime, 1 coupable désigné ou 1 innocent ignoré, et une dizaine d'intervenants aux raisons égoïstes de soutenir ou d'enfoncer l'impétrant.

Dans un registre toujours précis et drôle, la plume de Thompson se révèle féroce contre le journaliste sensationnaliste, l'avocat cupide, le procureur carriériste ou le témoin misérable. Et plus généralement contre cette Amérique des années 50 à la vue courte, aux relents racistes et à la justice manipulable.

C'est court, c'est brillant, c'est Thompson !
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Bob est en pleine crise d'adolescence : il parle moins à ses parents, se braque rapidement et sèche le lycée. Josie, une voisine du même âge, le poursuit avec assiduité. Les deux jeunes gens se retrouvent un matin sur un terrain vague et ont une relation sexuelle au terme de laquelle ils se brouillent. Par malheur, le corps sans vie de l'adolescente est retrouvé quelques heures plus tard au même endroit. Il n'existe pas de preuve contre Bob et le procureur compte le relâcher sous peu. Seulement, un patron de presse relève le fait divers et y voit une « affaire criminelle idéale » qui peut faire sensation : « Il n'y manquait rien. L'amour, la jeunesse, le sexe, le meurtre, le mystère. » Voilà la justice sous pression d'autant plus que le procureur doit prendre en compte des enjeux électoraux. Quant à l'entourage de Bob, une fois passée une première circonspection, il exprime des considérations acides. Et oui, l'opinion publique lit elle aussi les journaux. Et puis dans une ville, il y a les intouchables et ceux dont la parole a peu de poids, il est important d'avoir les bons alliés de son côté.
Alors, Bob est-il innocent ou coupable ? le verdict sera lié aux intérêts de chacun des personnages, mais aussi à leur lâcheté.
Si j'ai retrouvé dans ce roman la noirceur et le cynisme de Jim Thompson, j'ai été surpris par sa construction. Il est composé de quatorze chapitres répartis entre différents narrateurs : le père, la mère, le procureur, le journaliste, l'avocat, etc. Soit autant d'angles et d'interprétations qui permettent de traiter du thème de la culpabilité. Un texte percutant sur une justice bien précaire et qui tord le cou de l'éternel : "Je fais confiance à la justice de mon pays..." lancé par tous les mis en examen du monde.
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Le génial et puissant auteur de 1275 âmes, ne pouvait décevoir ses fans dont je suis!
Jim Thompson ne s' embarrasse pas de longs discours: A travers le récit de certains protagoniste d'une affaire criminelle du début des années cinquante, Il nous brosse un tableau parfois terrifiant mais toujours d'actualité.
Le crime, dans ce livre, n'est qu'un prétexte à creuser dans la noirceur humaine et à fouiller les immondices d'une société à l'amalgame facile et paresseux. Les magouilles, petites et grandes, affleurent au fur et à mesure que parlent les personnages... Leurs frustrations émergent et trouvent une sorte d' exutoire. Personne n'est épargné par la violence et l'égarement que provoque l'affaire.
Le récit ne manque d'ailleurs pas, parfois, d'un certain humour.
Jim Thompson au côté de James Cain, Horace Mac Coy ou Don Tracy ont magnifié le roman noir d'une Amérique aux aspects parfois peu ragoutants.
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Un livre bref: un peu moins de 180 pages, version Livre de Poche, mais d'une telle intensité !!
A partir d'un fait divers dramatique l'auteur accuse toutes les manipulations qui s'ensuivent. le journal local d'abord pour "faire vendre", les enquêteurs, les voisins qui ne savent rien mais que l'on oriente vers des :" oui, en effet........"

Ces agissements, malheureusement toujours d'actualité, laissent un goût amer , un sentiment d'impuissante révolte.
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Quand la justice a besoin d'un coupable, elle le fabrique avec l'aide des médias et de l'opinion publique.
Toujours d'actualité ce livre des années cinquante. Quand on lit du Thompson, on comprend pourquoi G. Bush Junior est président des Etats-Unis.
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J'avais découvert Jim Thompson avec son adaptation de L'homme de fer, puis 1275 âmes qui, déjà, était un roman à part. Je voulais donc poursuivre mon exploration de son oeuvre et ma moitié m'a prêté Les alcooliques. J'ai décroché dès le troisième chapitre, tant le début et un délire prompt à vous dégoûter de le lire. Je me suis rabattue sur le criminel (1953), et j'avoue que c'est une découverte très intéressante, surtout du point de vue de la construction narrative.

La suite sur mon blog :
Lien : https://lauryn-books.blogspo..
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La quatrième de couverture donne le ton. Jim thompson ne nous raconte pas un meurtre mais ce qu'il y a autour de manipulation, de haine, d'arrière-pensée. Pour ce faire l'auteur a pris le parti de changer de narrateur quasiment à chaque chapitre. Ce qui surprendra le lecteur.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Confiez le canevas le plus éculé à un raconteur d'histoire hors-pair et il vous fera boire le moindre de ses mots jusqu'à envoûter la plus petite partie de votre cerveau. Quand l'enchanteur s'appelle Jim Thompson, d'accord on a une excuse. Mais on y va quand même. L'auteur culte n'a besoin que d'un meurtre pour tisser un réseau de connexions au sein d'une communauté bouffée par la corruption sous toutes ses formes. Chacun à son niveau aura une raison pour s'emparer de l'affaire et y déverser son fiel, sa jalousie, projeter ses ambitions carriéristes, faire grimper sa côte, son tirage ou fomenter un coup politique. La vérité dans tout ça ? C'est là qu'est l'os semble nous dire Thompson. Si la réponse à l'interrogation initiale devait se limiter à une alternative (coupable ou innocent), on en vient presque à l'oublier arrivé aux dernières pages. Pas par inadvertance, le récit choral ajoute avec chaque personnage un manquement, on passe carrément d'un crime à une chaîne de violations. le tableau dépeint par petites touches (bien acides) une cité vérolée sur toutes ses infrastructures, de la justice à l'éducation en passant par les médias et les affaires publiques. Et dire qu'on pensait suivre une simple histoire de meurtre avec une énigme sur le ou la responsable. C'est effrayant d'arriver à nous balader comme ça. Un récit divinement sarcastique datant de 1953 et toujours plus efficace et juste sept décennies plus tard. Vraiment, quel magicien ce Thompson !
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