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Frank Reichert (Traducteur)
EAN : 9782869301542
217 pages
Payot et Rivages (01/05/1988)
3.98/5   120 notes
Résumé :
"Le héros de Rage noire est peut-être celui qui résume le mieux les autres personnages thompsoniens. C'est l'histoire d'un jeune noir à New York, dont la mère est blanche et qui ne connaît pas son père. Il a donc déjà des rapports terribles avec sa mère et, en plus, celle-ci l'oblige à coucher avec elle et c'est absolument épouvantable. Il atteint un degré de violence quasiment jamais atteint par un personnage de Thompson... Et ce môme a douze ou treize ans, et il j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Jim Thompson , c'est pour moi 1275 âmes donc plutôt réduit le champ d'investigation . Il y était alors question de manipulation de force 10 sur l'échelle de Berlusconi qui n'en affiche que 7 , c'est dire le potentiel entubatoire de l'auteur !
Avec Rage Noire , same player shoot again ! Bouquin rageur et malsain qui ne fait jamais tilt et donnerait même plutôt l'envie de claquer un nouveau Thompson dans un futur proche mais néanmoins ultérieur .

Bonjour m'sieurs dames , j'm'appelle Allen – non , pas de poney , c'était déjà pris - et je possède un QI hors norme susceptible de filer le tournis aux maisons de prod' Endemol et Réservoir Prod réunies ! Mes passions ? Rien que du très classique pour un gamin noir de 12 piges : manipuler , entuber , bourrer le mou , engluer , enfumer matin , midi et soir ! C'est pas de ma faute , j'ai un mot du docteur...
Dire que ses rapports avec sa mère blanche sont houleux serait un rare euphémisme ! de père inconnu , Allen se construit dans la haine pure de son prochain , de sa prochaine également , le gamin étant ici pour l'égalité des sexes , il faut au moins lui reconnaître ça .

Rarement lu un bouquin d'une telle violence ! Allen , véritable boule de haine sur pattes , ne semble s'épanouir que dans les yeux éplorés de ses futures victimes , sa mère n'étant aucunement l'exception ! Difficilement résumable , ce récit coup de poing , de par son propos et les termes usités , fascine ou dégoûte , c'est selon...
J'ai adoré ! le verbe d'un Bukowski , la perversité d'un Hubert Selby Jr , rien de moins .
Une histoire point intentionnellement choquante mais la volonté affirmée et illimitée de présenter un gamin sans aucun repères cherchant désespérément un sens à sa vie...

Rage Noire : pourrait bien vous occasionner une nuit blanche !
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Si vous cherchez une couleur plus noire que le noir, je vous conseille le « Thompson »…

« Ô rage ! Ô désespoir ! Ô mère ennemie... » Comme parfaite transition avec ma dernière critique sur Charles Williams et sa fameuse p'tite poire, ce roman de Jim Thompson aurait pu s'intituler ainsi tant la relation mère-fils relatée dans ce récit est ô combien conflictuelle et haineuse.

« Rage noire » s'avère être le dernier roman de Jim Thompson écrit en 1972. Pourtant particulièrement habitué au noir du petit déjeuner comme à mes lectures ricaines très sombres, j'avoue que j'ai mis au moins trente pages pour m'habituer à l'écriture de ce roman, trash de chez trash. Et puis, j'ai commencé à comprendre le personnage principal du roman, beaucoup plus complexe qu'on ne le croit au premier abord. On devine malheureusement au fil des pages pourquoi il concentre une telle rage…

Allen Smith est un lycéen noir de 18 ans, très intelligent mais extrêmement perturbé, vivant seul avec sa mère, Mary, de couleur blanche, qu'il vouvoie et appelle « Mère ». Débarquant dans un nouveau lycée, il réussit à la fois à impressionner les élèves et professeurs par son bagage de connaissances hors normes et, en même temps, insulte régulièrement ses nouvelles connaissances tout en utilisant un vocabulaire déconcertant.

Allen rencontre notamment Josie, une étudiante noire et fille de policier, qui va avoir le coup de foudre pour Allen en dépit de son comportement exécrable envers elle. Une sorte d'attraction-répulsion étonnante…

Dans le même temps, Allen côtoie Steve et Lisbeth Hadley, frère et soeur tous deux noirs, issus d'une famille bourgeoise dont le père est médecin. Liz, surnommée dans le roman, est également sous le charme d'Allen et cherche à le séduire coûte que coûte. Jusqu'à adopter un comportement très singulier…

Dés lors, on découvre qu'Allen souffre atrocement parce que sa mère le dénigre depuis le plus jeune âge. Complètement inhibé avec les jeunes filles, Allen prend plutôt du plaisir à les humilier, voire plus si affinité. A vous de vous lancer dans le bain - très glacé ou très chaud suivant les paragraphes- pour connaitre la suite…

Après ce bref aperçu du roman, il est facile de se rendre compte du cynisme et de la dureté de cette histoire. Les paroles, les mots, les intentions sont dures, épouvantables, diaboliques.

Jim Thompson possède ce don d'intérioriser son héros de roman comme il avait si brillamment réussi à le faire dans « L'assassin qui est en moi ». Néanmoins, dans « Rage noire », il ajoute une nouvelle dimension en employant cette écriture cassante, blessante et très osée qui vous assène des coups en pleine poitrine à chaque réplique d'Allen Smith. Une véritable épreuve…sans pitié pour le lecteur.

Je me demande encore comment un auteur peut coucher sur le papier un tel roman, si cru et si fascinant à la fois. J'ai été bluffé par la dernière partie du livre qui m'a bouleversé et surpris par l'issue finale. Certaines évocations à dieu sont d'une force incroyable et l'écriture de Thompson est diablement convaincante.

Pour un public évidemment averti, ce livre restera une découverte inoubliable dans tous les sens du terme. C'est véritablement un chef d'oeuvre, sans doute unique en son genre. Maintenant, a-t-on le droit de parler de chef d'oeuvre pour un roman qui, si je devais proposer une métaphore, serait probablement « une photographie ou un film d'un abîme sans fond de la nature humaine ». Plus trash, tu meurs. D'ailleurs, le pauvre Jim n'a pas survécu après cette dernière épreuve écrite…

PS : dans le contexte du livre et de sa fin, la citation sur Dieu est extrémement pertinente.
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Ouch...
Jim Thompson, avec Rage noire, emmène le visiteur de ses pages dans un voyage au bout d' une haine de la mère ( "Mère") qui consume Allen Smith...
Et cette haine déborde tellement, qu'elle s'étend à tous ceux que croise et rencontre l'adolescent.
Rage noire, c'est Vipère au poing à la puissance mille magnifié par une écriture et une traduction superbe. Glauque et sombre à souhait.
Le récit est dur, captivant, brûlant de violence et d'érotisme déchaîné.
1275 âmes, à côté de Rage noire, c'est presque de la Bibliothèque rose.
Allen, surdoué, désespéré et au bord de la folie, ourdie des machinations et manipule ceux que sa détestation froide veut faire payer.
Ah ça, tout le monde va déguster: Mr Velie, Josie, le père de Josie, les Hadley (père, fils et fille), Mère... en passant par l'occupant d'une poussette!
Lire Rage noire, c'est atteindre l'ultime degré de la colère qui couve puis éclate dans les romans de Jim Thompson. C'est hallucinant. On sort de la lecture groggy, sonné.

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« Orangina rouge, mais pourquoi est-il si méchant ? »
Bizarre de démarrer ainsi la chronique de Rage noire de Jim Thompson – traduit par Franck Richert – avec ce clin d'oeil à une pub culte d'un temps que les moins de… OK boomer, lâche l'affaire !

Et pourtant, c'est bien l'interrogation qui me travaillait pendant ma lecture en me demandant ce qui pouvait conduire le jeune Allen à tant de cruauté, de cynisme et de mal-être dans ce sombre mais délectable quasi-dernier livre du maître.

Jeune black new-yorkais élevé par sa seule mère blanche, Allen ne manque pas d'intelligence, bien au contraire. Cette précocité, il la met toute entière au service de la violence physique et psychologique envers son prochain, quelque soit son âge, son sexe ou sa couleur de peau. Tour à tour, Velie le proviseur, Josie l'étudiante-secrétaire, Liz et Steeve les frères et soeurs pervers ou Doozie la terreur vont faire les frais de ce déferlement de rage froide, réfléchie, destructrice, gratuite.

Allongez-vous et cherchez la mère, vous dira Freud. Mary est aussi perverse que son fils est paumé et impuissant ; aussi blanche qu'il est noir dans une société éduquée où il reste néanmoins un jeune bâtard métis ; aussi fuyante qu'il ne cesse de chercher des réponses à des questions qu'il ne sait pas formuler.

Dans Rage noire, Thompson se lâche et libère d'un coup tout ce qu'il distillait à petites doses dans ses précédents opus : violence, sexe, déviances, langage explicite, propos racistes… Lecteurs sensibles, passez votre chemin ! Mais ces excès sont absolument nécessaires et au service de la dénonciation de toutes ces perversions tartufiennes américaines qu'il n'a cessé de stigmatiser. Sans oublier sa quête mystique et ce retour divin qui clôture le livre. Cette Rage noire n'aurait-elle finalement pas été qu'une parenthèse d'absence dans la vie de Dieu ?
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Il aurait pu se contenter d'écrire des polars sur commandes, distribuer à la chaîne des histoires de détectives et de meurtres pour un salaire de misère, ce qu'il a d'ailleurs fait à ses débuts en parallèle de son travail de reporter au Los Angeles Mirror. Mais Jim Thompson avait trop observé le genre humain pour concentrer ses découvertes dans les colonnes de la rubrique faits divers. de là découle directement ce style incomparable avec ses pairs. Dans les faits, l'écrivain engendre à lui-seul une révolution stylistique en changeant la nature de son narrateur.

Fonctionnaires de police déphasés & magouilleurs désoeuvrés n'étaient pas des nouveautés dans le genre. Sauf que chez Thompson, on pousse un cran plus loin en donnant une voix à de vrais sociopathes et marginaux aux abords de la folie. Pas par goût de la dépravation ou du scandale mais pour arracher son lecteur au confort et l'envoyer sonder les tréfonds de l'âme humaine. Ce qui n'empêche pas d'y prendre un sacré pied. le très cynique Pop. 1280 est un carnage jubilatoire où tout le monde en prend pour son grade. L'assassin qui est en moi fait l'effet d'un authentique électrochoc, un aller-simple pour l'enfer en compagnie d'un tueur en série infiltré parmi les représentants de l'ordre. Il y aura d'autres exemples - très bons mais pas aussi marquants - tels Une femme d'enfer ou Nuit de fureur. Jusqu'à ce qu'en 1972, Thompson publie son dernier coup d'éclat, Rage Noire. Conscient (?) d'arriver en bout de course (il décédera cinq ans plus tard), l'auteur se lâche comme rarement...

Ce n'est pas la première fois que la question du racisme et des discriminations se frayent un chemin à travers ses oeuvres, il s'agit par contre du premier raconteur afro-américain dans la mythologie Thompsonnienne. Chamboulement s'il en est un, Allen Smith demeure un cas perturbant comme les affectionne son créateur. Imprévisible, insolent, manipulateur, cynique (et là, je schématise), cet étrange personnage dirigé par ses pulsions (auto)destructrices est un abrégé des misanthropes vicieux ayant noircis les meilleures pages du romancier. D'aucuns objecteraient que sous la plume d'un autre, la lecture serait désagréable ou difficile. Pas le moins du monde ici. La prose est lapidaire (210 pages) mais foisonnante, gorgée de sarcasmes, de séquences répugnantes, de ruptures de point de vue ou de monologues enragés.

Le choc est sévère mais pas gratuit. Les chapitres s'enchainent, les éléments de réponse s'égrènent et nous amènent inexorablement à la compréhension. Allen est un révélateur à multiple personnalité, à la fois victime, complice et bourreau d'outrages inscrit dans le temps. On se prend tout en pleine face. Et alors se dessine le portrait sans fard d'un esprit en pleine montée délirante, associant son destin à celui d'un Christ venu apporter la révélation aux malheureux tartuffes impies, faux-jetons, misogynes et racistes. La lumière au bout du tunnel ? La partie finale à beau le sous-entendre, il est difficile d'imaginer Thompson laisser Allen (et son lecteur) s'en tirer à si bon compte. Mais le surréalisme de cette délivrance fournit le doute indispensable à toute descente aux enfers : en est-on sortis ? D'ailleurs peut-on s'en sortir ? Une interrogation qui aurait fait une belle épitaphe sur la tombe de Jim Thompson.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- Tiens ! Mais c’est ce vieux « Noir-sur-Blanc » soi-même !

Il parlait sans qu’on voie bouger ses lèvres :
- Comment ça se fait que tu t’amènes pas ta jolie maman blanche avec toi, bâtard ? […]

J’ai fait trois entailles dans son cuir chevelu, légères naturellement. Juste assez pour lui faire savoir de quoi j’étais capable, au cas où ça me prendrait. Il s’est débattu et a esquissé un swing dans ma direction. Esquissé c’est tout. Parce que ma lame de rasoir reposait sur sa pomme d’Adam, toute prête à lui la sculpter en cas de faux mouvement.

- T’es rapide, mon gars, a-t-il coassé. Foutrement rapide.
- Et méchant, j’ai dit. Rapide et méchant.
- Et méchant. Je retire ce que j’ai dit sur ta mère ! […]

On s’est grimacé un sourire. J’ai enlevé le rasoir et on s’est serré la main.


Allen, lycéen noir, au contraire de sa mère blanche et Dan un « nouveau camarade » de Lycée, noir également au milieu de tous ces écoliers blancs.
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Juger les gens ? Avec toute l’objectivité dont j’étais susceptible ?
Et pis quoi, encore ? Ça va, la tête ?

Bien sûr que je les juge. Et même, pour être franc, je les juge tous coupables et les condamne à être pendus par les couilles jusqu’à virer au rouge vif (ou toute autre chaleureuse couleur). Bien sûr qu’ils sont coupables. Nous le sommes tous.
Nous naissons bourrés jusqu’à la gueule de merdeuse culpabilité et, avant de marcher vers la gloire, il nous faut d’abord la dégueuler toute, c’est écrit noir sur blanc dans les Evangiles.
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- J’ai une idée. Pourquoi ne viendriez-vous pas dîner chez nous un de ces soirs ?
Elle en est restée bouche bée. Son visage s’est éclairé comme si le soleil s’était levé derrière :
- Mais… mais… nous adorerions ! Nous en serions enchantés, n’est-ce pas, Steve ? Tu… tu es sûr que ça conviendrait à ta mère, Allen ?
- Conviendrait ? J’ai dit. Et pourquoi diable ça ne lui conviendrait pas ?
- Eh bien, euh, tu sais… je veux dire…euh…
- Parce ce que vous êtes noirs ! De quoi j’ai l’air, à votre avis
- Bon, a-t-elle ri. Si tu en sûr, alors…


Précisons que seule la mère d’Allen est blanche…
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Un client pouvait avoir une Ford de n’importe quelle couleur, à condition qu’elle soit noire.


Une phrase d’Henry Ford sénior, à l’époque de la Model-T, qui fait le bonheur d’Allen, le noir au milieu de tous ces blancs.
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Inutile de préciser que le sac de Mère, comme tous les sacs de dame, recélait bien des articles. Et, dans le tas, un joli matelas de billets.

Je les ai comptés - ce qu'elle ne faisait jamais - et il y en avait pour sept cent dollars. Je m'en suis approprié cent, que j'ai ajouté aux quelques autres centaines déjà en ma possession ; l'argent est une chose qui rend tellement service, ne trouvez-vous pas ?
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Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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