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EAN : 9782070341771
272 pages
Gallimard (08/07/2006)
4.07/5   1170 notes
Résumé :
Il s'agit ici du titre et de la traduction française d'origine par Marcel Duhamel, en 1966, dans la Noire de Gallimard. Une nouvelle traduction a été publiée chez Payot et Rivages en 2016 sous le titre "Pottsville, 1280 habitants".

Shérif de Pottsville, village de 1 275 âmes, Nick Corey a tout pour être heureux : un logement de fonction, une maîtresse et surtout un travail qui ne l'accable pas trop car il évite de se mêler des affaires des autres. Bie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (191) Voir plus Ajouter une critique
4,07

sur 1170 notes
Les héros des romans de Jim Thompson n'en sont pas. Ils en ont parfois l'ambition mais ils présentent trop de carences en scrupules pour endosser l'armure du chevalier blanc. Ses personnages ont plutôt la cuirasse rouillée, la lance syphilitique et pointent au registre des désaxés irrécupérables. Même recyclés, ils ne vaudraient pas grand-chose en compost. le sheriff Nick Corey fait partie des légendes littéraires de cette corporation peu glorieuse.
Pottsville, est un bled paumé où vivote 1280 habitants. L'ordre est censé être assuré par ce sheriff à la mauvaise étoile, Nick Corey, carpette cocufiée par sa femme sous son toit, mis en boîte par les maquereaux du coin et toujours prompt à détourner ses pas au moindre danger. Comme la meilleure façon de ne pas voir la vérité en face, c'est de garder les yeux fermés, Corey fait des siestes qui ressemblent à des hibernations.
Sa prison prend la poussière, le crime se la coule douce et Corey consacre ses quelques volts à deux activités : dormir et fricoter avec les beautés locales. C'est le lapin de Duracell mais il ne peut pas être partout. Sa devise : ne pas se mêler des affaires des autres pour que leurs affaires ne deviennent pas les siennes. On ne mélange pas son linge sale. Trop fatiguant. Sa formule, plus politique que magique et répétée à l'envie: " Je ne dirais pas que vous avez tort, mais je ne ne suis pas sûr non plus que vous ayez raison." Un vrai centriste.
Méprisé par tout le village, sa réélection à son poste de sheriff n'est pas gagnée, même en accusant son adversaire de vouloir truquer le scrutin, et Nick Corey se met alors à éliminer tous ceux qui l'ont humilié ou qui contrarient ses projets. Cela fait du monde dans le viseur mais la vengeance est un produit dopant qui vaut l'injection d'EPO à l'insu de son plein gré. le lâche devient fourbe et fait en sorte que d'autres soient accusés de ses crimes, pratique facilitée lorsqu'on est le seul représentant du désordre dans un patelin. Immunité diplomatique du trou perdu.
N'étant jamais mieux servi que par soi-même, Nick Corey s'octroie aussi la narration du roman sans états d'âme, heureux de jouer le rôle de Dieu. Ode au narcissisme et dialogues qui ressemblent à des saillies d'Oscar Wilde...en moins poli.
La description du bonhomme n'est pas très sympathique mais je vous assure que ce roman, le chef d'oeuvre de son auteur, par ailleurs scénariste pour Kubrick, groom d'hôtel, employé dans une morgue, foreur de puits de pétrole, caddie dans un club de golf, buveur et tuberculeux à ses heures, mérite un petit détour par Pottsville.
D'ailleurs, Bertrand Tavernier en a tiré le scénario de son « Coup de Torchon », détournant l'action dans l'Afrique coloniale avec Philippe Noiret, Isabelle Huppert et Stéphane Audran.
Dans son indispensable dico des littératures policières, saint Mesplède auréole ce roman aussi amoral que férocement drôle.
Jim Thompson, qui n'avait rien d'un ange, mourut dans l'indifférence des sans grade dégradés et sa reconnaissance fut posthume. Il a trouvé sa place au panthéon des soiffards, broyeurs de romans noirs.
De la mauvaise graine réjouissante en ces temps aseptisés à la morale.
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HI-LA-RANT ! Durant ma lecture, je n'ai pas arrêté de pouffer de rire, de m'esclaffer au risque d'en perdre mon souffle. Pourtant, à l'analyse froide, il n'y a vraiment pas de quoi rire ! On termine quand même la lecture avec 6 morts. Dont 4 tués à bout portant.

Dès le départ, nous faisons connaissance avec Nick Corey, personnage principal du livre et shérif de Pottsville, village de 1 275 ploucs, heu, pardon, de 1275 âmes. Entre nous, le titre original est "Pop. 1280" et je me demande bien où sont passés les 5 âmes disparues. Cinq personnes perdues dans une traduction, ça fait désordre, non ? (Jean-Bernard Pouy répond à la question dans "1280 âmes").

Au premier abord, le shérif Nick Corey m'a fait penser à un mec qui est en attente pour une greffe du cerveau. Oui, une sorte de shérif débile, pas très malin, et je me gaussais de sa stupidité, pensant que cet Averell Dalton était issu du croisement entre Nabilla et François Pignon, bref, un champion du monde en puissance pour un dîner de cons mémorable.

Je ne vous parle même pas du langage de Nick et des autre protagonistes, parce qu'entre les "exaque" , les "p'tet" ou les "j'dis pas que", sans compter les gros mots, Pivot en avalerait son dico.

J'ai vite retourné ma veste et changé mon fusil d'épaule. Nick Corey est en fait le fils caché de Napoléon et Machiavel. le stratège brillant accouplé au machiavélisme puissance 10.

Naaan, sérieux, si l'auteur ne maniait pas la plume de manière si brillante, en la trempant dans l'humour (noir), l'histoire nous ferait frémir et hurler parce qu'elle n'est jamais qu'une vision fort sombre de l'espèce humaine. En principe, j'aurais dû être scandalisée de ce que je lisais.

Tout le roman n'est qu'un long regard horrifié et désabusé sur les Blancs habitant dans les campagnes du sud des états-unis en 1920 et le jugement est sans appel : ils ont l'esprit plus étroits que le cul d'une donzelle vierge qui se ferait prendre par un troll des montagnes. Plus étroits que ça, tu meurs.

Personne n'est à sauver : que ce soit des personnages secondaires qui ont tous un truc à se reprocher à Nick Corey qui un mec plus que paresseux, fourbe, plus malhonnête que les banquiers américains, plus menteur qu'un politicien en campagne électorale, assez violent tout de même, dépourvu de remords, infidèle, manipulateur avec tout le monde, il n'aime que lui et pour ajouter une cerise sur ce portrait peu flatteur, il est cynique. Un brin sadique et lubrique aussi.

On devrait le haïr et on l'apprécie tout de même. Malgré tout ce qu'il commet comme exactions, on ne peut s'empêcher de rire et de battre des mains en criant "encore" ! On ne devrait pas...

Le passage où Nick s'occupe d'Oncle John, un Nègre (pas péjoratif, j'utilise le terme de l'époque qui veut tout dire sur la manière dont ces gens étaient considérés et traités : même pas humain) est terrible. Je n'avais pas moufté pour les trois premiers, mais là... mon coeur s'est serré. Pas longtemps, Nick m'a de nouveau fait rire.

Malgré l'horreur, on continue sa lecture parce que l'on veut connaître la suite des tribulations de Nick Corey, de ce qu'il va pouvoir inventer pour sauver sa réélection, sur comment il va enfin se débarrasser de sa harpie de femme et de son beau-frère Lennie (un débile profond, frère de sa femme, débile comme le Lennie de Steinbeck, la charisme en moins), comment il va arriver à se séparer de sa première maîtresse pour retrouver sa deuxième maîtresse... Ou jongler avec les deux...

On se croirait dans un Vaudeville, les portes qui claquent en moins, tellement la situation devient serrée à un moment donné. le suspense est à son comble parce que aussitôt un problème de résolu qu'un autre arrive ou se crée.

Chaque page est un florilège de scepticisme, de pessimisme, d'érotisme, de cynisme, remplie de vulgarités, de sadisme, enrobée de blasphèmes et de sacrilèges, roulée dans le roublardise et trempée dans l'hypocrisie.

Le pouvoir rend fou, quand le gens ne savent pas, ils inventent et un gentil peur cacher un salaud, entre autre. Voilà ce qu'on peut retirer, entre autre, lorsqu'on trait le roman.

Attention, du livre coule assez bien de sang, la plaisanterie étant noyée dedans.

L'épilogue m'a laissé la bouche ouverte, se fermant et s'ouvrant à la manière d'un poisson rouge échoué sur la table de la cuisine. My god, Napoléon a dû être fier de la stratégie de Nick et Machiavel a dû avoir du plaisir au fond de sa tombe en apprenant comment le Nick manipulait bien. le Nick, il a niqué tout le monde !

Bref, un portrait au vitriol de la société, sans concession, tout le monde est coupable et tout le monde devra payer pour les fautes qu'ils ont commise, même Nick (si ça l'avait moins chatouillé dans le pantalon, il ne se serait pas retrouvé marié à la harpie).

Mais personne n'est assez lucide que pour reconnaître que s'il est dans la merde, c'est qu'il l'a bien voulu.

Décapant ! Hilarant. On devrait voir rouge, mais on rit jaune parce que c'est quand même noir (couleur à l'envers du drapeau de mon pays).

Dorénavant, je tiendrai à l'oeil les gars un peu empotés, qui ont l'air d'avoir été absent lors de la distribution des cerveaux...

Ça me fait penser qu'en Belgique, nous avons un héritier qui a l'air empoté... Il est peut-être comme Nick Corey ? Si oui, ça va swinguer !

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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La derniere page tournee, je cogite: comment etiquetter ce livre. Pour la premiere partie, comique de situations, tendant vers le burlesque. Pour la deuxieme, country noir. Et la fin? La fin nous assene une glose massoretique sur la situation de l'humain en ce monde. L'evangile selon Nick Corey, le heros de ce livre.


Mais pas peur! N'ayez pas peur, tout le monde dit que c'est un polar alors c'est un polar. Il s'eloigne des pionniers americains du genre, s'eloigne des grandes villes, Los Angeles Chicago ou New York, pour atterrir dans un bled perdu d'un millier d'ames. Il prend ses distances des durs bien sapes a la Sam Spade de Hammett, des preux aux principes inebranlables a la Marlowe de Chandler, ainsi que des maffieux conquerants genre le petit cesar de Burnett. Ici nous sommes chez les bouseux, et le heros, le personnage principal est tout a fait dans son element, c'est un anti-heros notoire.


Non, n'ayez pas peur, parce qu'on se marre bien. Enfin… la plupart du temps. de ce que raconte le narrateur et de la facon dont il le raconte. C'est Nick Corey, le sheriff du patelin. Il nous transmet ce qu'il pense, ce qui lui arrive et ce qui arrive autour de lui, et ce qu'il fait. Il se presente a nous comme un bon vivant, mais paresseux, apathique, un peu simplet, qui, fuyant les problemes au lieu de les affronter, est bafoue et houspille par tous, a commencer par sa femme qui le tyrannise. C'est ce qu'il nous dit et redit, mais il raconte aussi ce qu'il fait, le peu qu'il fait d'apres lui, entre deux siestes, et nous finissons par comprendre que nous sommes devant un manipulateur ingenieux et retors, qui ne recule devant rien pour arriver a ses fins, surement pas devant le meurtre. Ni devant les meurtres en serie. le representant de la loi est son plus grand transgresseur, il est completement amoral, le mal en personne, horripilant.


Et pourtant… Il y a des moments ou on sent une certaine empathie envers ce personnage. Au debut du livre, quand on est berne par ses boniments, son bluff, vu qu'il est le narrateur, mais aussi apres, quand on commence a comprendre, que ses actions, les actions qu'il raconte froidement, revelent sa vraie nature. Je me suis senti un peu destabilise en tant que lecteur. Comme si l'auteur, Jim Thompson, refusait au lecteur le noir et blanc, le noir ou le blanc, l'identification du lecteur avec le protagoniste ainsi que son antipode, sa condamnation totale et sans ambages. Peut-etre parce que les figures qui l'entourent, tous les personnages secondaires, ne sont pas meilleurs que lui. Thompson l'expose comme un pur produit de la societe ou il se demene. Et c'est cette societe, celle des petits patelins americains (de l'Amerique profonde?) au premier quart du 20e siecle, que Thompson entend fustiger. Une societe raciste, classiste, ou les petits blancs valent a peine plus que les noirs, sexiste, mysogine, ou la justice est une chimere.


Dans des pages a l'humour aigre Thompson prononce un requisitoire effarant, une condamnation sans appel. Ecoutons quelques bribes: “Parfois, je me dis que c'est pour cette raison, peut-etre, que nous ne faisons pas de progres aussi rapides que les autres regions de la nation : on perd tellement de temps a lyncher d'autres gens, et on depense de telles sommes pour acheter les cordes, le petrole, les accessoires indispensables, et l'alcool pour nous pinter en prevision de l'evenement, qu'il ne reste plus beaucoup d'argent ni de travailleurs disponibles pour accomplir les taches habituelles”.
Ou encore, quand il s'echauffe: “Il y a les pauvres petites filles sans defense, qui pleurent quand leur propre pere vient se glisser dans leur lit. Il y a les maris qui battent leur femme, et les epouses qui les supplient a grands cris de les epargner. Il y a les gamins que la peur et la nervosite font pisser au lit, et leurs meres qui les forcent a avaler du poivre rouge pour les punir. Il y a les visages hagards des malades, rendus exsangues par l'anemie ou marbres par le scorbut. Il y a la quasi-inanition, la sensation de n'etre jamais rassasie, les dettes qui depassent toujours les credits. Il y a les questions qui tournent dans les tetes : comment va-t-on manger, comment va-t-on dormir, comment va-t-on trouver le moyen de se vetir pour ne pas rester cul nu ? Les pensées de cette espece, quand il n'y a plus qu'elles qui vous occupent l'esprit, ça veut dire qu'il vaudrait mieux etre mort. Parce que c'est le vide qui vous les inspire, et vous etes deja mort à l'interieur de vous-meme, et vous ne faites plus rien d'autre que repandre la puanteur et la terreur, les larmes et les gemissements, la torture, la faim, la honte de votre apathie. Votre vacuite. Je fremis à l'idée qu'il a ete merveilleusement inspire, notre Createur, d'inventer pour notre monde ces abominations pures et simples, afin qu'une chose telle que le meurtre ne paraisse pas si terrible en comparaison. Oui, en verite, cetait vraiment, de Sa part, un geste extraordinaire et empreint de misericorde”.


Alors, c'est un polar? Ben voyons! Pour plagier le narrateur, un polar empreint de miséricorde. Ne le ratez pas.
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Tromperies et tracasseries dans un bled bien tranquille
*
Coup de pioche du mois d'août par @taganga2000.
Un livre acquis depuis un assez bon bout de temps. D'ailleurs je le possède également dans sa version antérieure, nommée 1275 âmes.
La nouvelle version (celle-ci) a été retraduite au plus près des mots, de la conjugaison, du style bien particulier de Jim Thompson. J'ai comparé plusieurs chapitres et je préfère de loin celle-ci. Avez-vous remarqué que le chiffre du nombre d'habitants diffère de 5 personnes. Vous allez comprendre cette différence à la fin de mon résumé, hé!hé!
*
Nous avons ici un anti-héros tellement loin de l'image du shérif débonnaire des petites bourgades poussiéreuses des USA.
Nick Corey est tellement futé qu'il pourrait concurrencer Columbo. A l'exception près qu'il est fainéant, retors, et menteur.
*
Focus sur une période troublée dans les années 20, où la ségrégation raciale bat son plein. Dans la bourgade tranquille il passe son temps à monter des machinations, à faire le ménage autour de lui. Egalement à trousser des jeunes dames. Les élections approchent, Nick va tout faire pour les gagner. Quitte à tuer. Mais rira bien qui rira le dernier.
*
"Je dis pas que vous avez tort, mais je dis pas que vous avez raison non plus" , voilà bien ce que Nick clame à qui veut bien l'entendre, ou qui lui cherche des noises.
*
Un très bon roman noir, célébré en son temps. D'un humour corrosif, cynique, car ne l'oublions pas, ce personnage est amoral. L'auteur a réussi - avec brio- à se tenir sur deux narrations : l'une où Nick raconte, commente et juge après-coup et l'autre où il est dans l'action et de ce fait ne réfléchit pas beaucoup. Je dirais que c'est ce qui fait le style, la "patte" de l'auteur.
Cette façon d'utiliser la conjugaison de manière habile est subtile et jouissive. L'auteur s'est bien amusé avec sa galerie de personnages.
C'est mordant, caustique et noir.
*
Alors, vous savez pourquoi il manque 5 âmes à Potts? Ils sont morts, pardi!
Juste la fin qui me paraît trop "ouverte". Est-ce au lecteur d'imaginer le destin de Nick?




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Nick Corey est un brave gars, cocu et Shérif de Pottsville, 1280 âmes. Il ne sait faire que ça depuis toujours et connait sa ville et ses habitants comme sa poche.

Est-ce sa gentillesse ou sa bêtise qui l'ont amené à se faire forcer la main pour un mariage avec sa femme Myra, alors qu'il était à deux doigts d'épouser Amy ?

Est-ce aussi pour cela qu'il se fait insulter publiquement par ces deux macs qui tiennent le bordel de la ville ?
Ou bien encore que le shérif du comté voisin le prend pour un débile profond ?

En tout cas, à l'approche des prochaines élections pour sa réélection, il commence sérieusement à s'interroger sur ce qu'il conviendrait de faire pour que les gens arrêtent de penser qu'il est inutile.

Alors il va agir...

A mon avis :
Jim Thompson joue pendant longtemps dans le récit sur l'ambiguïté du personnage principal, qui semble être un doux imbécile, comme une bonne part des habitants de la ville, mais qui progressivement se révèle être bien plus machiavélique que ce que l'on aurait pu croire. En tout cas, au bal des faux-culs il est au centre de la piste.

Il joue aussi sur l'ambiance qui règne, crasseuse, texane et du début du XXème siècle. On retrouve un peu des romans de Donald Ray Pollock dans la description, même si ça ne va pas aussi loin et si les personnages n'ont pas autant de profondeur ni de noirceur (Il faut dire que ce point de vue, D.R. Pollock y va fort !)

C'est donc d'abord une question d'atmosphère qu'il faut apprécier dans ce livre, qui donne cette impression au lecteur dans un premier temps, d'être soit dans la cinquième dimension, soit dans un monde parallèle où la bêtise régnerait partout en maître.

Et puis on redescend sur terre brutalement au premier meurtre, qui arrive sans crier gare. L'atmosphère glisse alors dans la noirceur, nourrie de l'attitude de ce shérif qui semble être tout à fait préméditée bien que présentée de manière innocente par l'auteur.

J'ai apprécié cet aspect des choses, qui force le lecteur à s'interroger sur la réalité de ce personnage : est-il stupide et chanceux, ou bien tout cela est-il prémédité et réfléchi ? Et ça s'applique finalement à l'ensemble des protagonistes et m'a laissé cette impression de flotter entre ces deux options avant d'en comprendre la finalité.

On s'amuse donc de certaines situations dans la première moitié de ce roman, qui devient plus sombre dans sa deuxième partie.

Et si c'est l'atmosphère qu'il faut apprécier, c'est que le scénario n'est pas d'une très grande originalité et qu'au fil des pages on devine assez facilement la suite des événements, sauf la fin, assez décevante...

A ceux qui s'interrogeraient sur le titre de ce livre que l'on retrouve parfois sous les termes "Pottsville, 1275 âmes" et non pas "Pottsville 1280 habitants", il s'agit bien du même roman. L'explication la plus probable de cette modification c'est que dans sa première traduction le nombre d'habitants a été modifié pour une facilité de liaison dans la prononciation du titre... c'est peu convaincant, mais c'est la raison que l'on retrouve le plus souvent.
Dans sa dernière version, le titre est ainsi redevenu plus conforme à celui d'origine (en anglais : "Pop. 1280").

Enfin, pour être complet, ce livre a été adapté au cinéma par Bertrand Tavernier sous le titre "Coup de torchon", film de 1981, à la différence près que l'action se situe en Afrique et non pas dans le Sud des Etats-Unis.

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https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Citations et extraits (199) Voir plus Ajouter une citation
- Ah, vous travaillez pour l’agence Talkington ! Eh bien, bon sang, je peux vous dire que j’en ai entendu parler, de votre agence ! Voyons un peu… C’est bien vous qui avez mis fin a la grande greve des cheminots ? – C’est exact. (Il me montre sa dent de nouveau.) La greve des cheminots, c’a ete une de nos missions. – Ah, sur ce coup-la, il vous en a fallu, du cran ! Quand je pense a ces cheminots qui vous bombardaient de morceaux de charbon et qui vous arrosaient a pleins seaux d’eau, alors que vous, les Talkington, vous n’aviez rien d’autre pour vous defendre que des fusils de chasse et des Winchester semi-automatiques ! Oui, vraiment, je vous tire mon chapeau !
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- Dis donc, ma cocotte, je lui fais, on ne devrait pas attendre un peu ?
- Attendre ? Pourquoi foutre ?
- Ben, écoute... Tu viens juste d'être déclarée veuve, officiellement... Ça me paraît pas très convenable de se fourrer dans les draps avec une femme qu'est veuve depuis à peine une heure.
- En voilà une affaire ! Tu couchais bien avec moi avant que je le sois, veuve, non ?
- D'accord. Mais ça tout le monde le fait. C'est une manière de rendre hommage à une personne du sexe. Mais là, quand une femme a même pas eu le temps de pisser après son deuil, c'est de l'irrévérence pure et simple. Je veux dire qu'après tout, ça existe , les convenances ; quelqu'un de comme il faut, il s'en va pas sauter sur une veuve flambant neuve, pas plus qu'elle ne va se laisser sauter dessus...
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(...), j'en ai connu pas mal de son espèce. De ceux qui cherchent une solution facile aux problèmes compliqués. De ceux qui mettent leurs ennuis sur le dos des Juifs ou des gens de couleur. Qui ne sont pas fichus de comprendre que, dans un monde comme le nôtre, c'est forcé qu'il y ait des trucs qui ne tournent pas rond. Et en admettant qu'il y ait une réponse à la question de savoir pourquoi c'est comme ça (et il n'y en a pas toujours), eh bien, ce n'est probablement pas une seule, mais mille réponses .
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Des fois, je me dis que c'est pour ça qu'on ne progresse pas aussi vite chez nous que dans d'autres régions. Les gens, perdent tellement de temps à en lyncher d'autres, ils dépensent tellement d'argent en corde et en essence, à se cuiter par avance et autres choses essentielles, qu'il ne reste plus guère d'argent ni de main-d'oeuvre disponible pour les travaux courants.
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- Dis donc, ma cocotte, je lui fais, on devrait pas attendre un peu ?
- Attendre ? Elle dit en fronçant les sourcils. Pourquoi foutre ?
- Ben, écoute... Tu viens juste d'être déclarée veuve, officiellement.... Ça me paraît pas très convenable de se fourrer dans les draps avec une femme qu'est veuve depuis à peine une heure.
- En voilà une affaire ! Tu couchais bien avec moi avant que je le sois, veuve, non ?
- D'accord. Mais ça tout le monde le fait. ...
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Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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Pottsville, 1280 habitants

Commençons doucement... qui est le shérif du Comté de Potts ?

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