Être un chêne : Sous l'écorce de Quercus

Quel merveilleux livre, je me suis laissée happer par la biographie de cet arbre, de ses aventures, de ses proches. L'écriture de Laurent Tillon est fluide, précise, à la fois scientifique et poétique. Mes promenades en forêt ne seront jamais plus pareilles, je vais ouvrir mes sens après avoir ouvert mon esprit. Que n'ai je trouvé un arbre compagnon.

Bon alors là, comme çà avant de démarrer ce livre je me suis dit: " L'histoire d'un chêne qui pousse, cela va trainer en longueur, j'ai peur de m'ennuyer un max !" Mais convaincue de l'intérêt du livre pour être sensible à la cause de la forêt, je me lance! Eh bien, bravo monsieur Tillon, ce n'est pas du tout ennuyeux, entre science et poésie, Quercus est devenu mon ami aussi.
Je me sentie ignorante du rôle de tous les petits copains qui accompagnent la poussée: le champignon, le mulot, la chenille, les oiseaux, la lumière, la pluie...qui tous ensemble contribuent à la vie en s'aidant ou en surmontant les difficultés.
Puis je me suis sentie grandie par cette lecture inspirant de nombreuses questions sur notre condition d'humain.
J'ajoute mon soutien à tous les forestiers ( monsieur Tillon compris)dont l'office national est aujourd'hui en difficulté face à la réduction drastique de ses effectifs, politique incompréhensible après cette lecture et les préoccupations écologiques de notre décennie.

https://www.youtube.com/watch?v=SXxpvYYrSzs

Paru dans la riche collection Mondes sauvages chez ACTES SUD, ce livre original est une réussite, tant son auteur, Laurent TILLON, parvient à dispenser des connaissances scientifiques précises, pointues et récentes par petites touches, tout en insistant sur la communauté de vie que représente une forêt et le lien viscéral qui l'attache aux arbres, et particulièrement à ce chêne.
L'auteur met en parallèle l'histoire de vie de l'arbre, et le contexte historique, des prémices de la Révolution française au confinement imposé par le Covid. Il élargit et rétrécit la focale, faisant découvrir le mycelium qui relie les arbres et les aide à se nourrir aussi bien que les méthodes de gestion des forêts ou les divers habitants, animaux et plantes qui partagent la vie de Quercus (nom botanique du chêne).
En refermant le livre, on se sent apaisé, riche d'une rencontre avec un univers si foisonnant et qui, bien qu'immobile, communique, échange... J'ai beaucoup aimé polyplomate, le néologisme qu'applique l'auteur pour caractériser le registre relationnel de l'arbre, renvoyant l'humain à sa vision trop souvent binaire.

En achetant Être un chêne, je m'attendais un peu à lire la vie "romancée" d'un arbre dans la forêt. Que nenni. Laurent Tillon est biologiste et ingénieur forestier à L ONF. Tout jeune, il est fasciné par un des chênes de la forêt de Rambouillet, auprès duquel il vient de reposer. C'est que Quercus en a vu dans sa vie, il est "né" en 1790. C'est autour de ce chêne que l'auteur nous emmène à la découverte de la vie trépidante de Silva, la forêt. Car Quercus est un vrai biotope à lui tout seul. Il abrite, accueille, parfois contre son gré, une multitude d'animaux (guêpes, chenilles, pics, chauve-souris...). Et son système racinaire est en contact avec le mycélium, qui lui permet de communiquer avec les arbres environnants. Car Quercus est une véritable usine : ce qu'il doit mettre en oeuvre pour grandir et fabriquer la sève est assez ahurissant. Dernière espèce à cotoyer le chêne : Homo, l'Homme. Où l'on apprend que celui-ci peut ne pas être le destructeur qu'il a coutume d'être.
Un livre passionnant, mais parfois trop scientifique, pour moi en tout cas. En tout cas, vous ferez votre balade en forêt avec le sentiment d'être observés :-)

Laurent Tillon retrace la vie éventuelle d'un chêne de 250 ans. de sa naissance pendant la révolution française jusqu'à aujourd'hui. Il décrit les menaces qui pèsent sur lui, les interactions qu'il entretient avec les autres êtres vivants. En parallèle, il retrace l'évolution de la forêt et de son exploitation.
J'ai commencé ce livre avec une pointe d'appréhension, peur d'un trop fort anthropomorphisme.
Dans mon cas cette crainte ne s'est pas vérifiée. Il est clair que l'auteur aime la nature de façon exacerbée mais il reste dans le cadre scientifique, cadre qu'il maitrise parfaitement.
Au final, l'auteur explique ses théories de façon claire en les justifiant par la science, j'ai appris pas mal de choses. Un bon cru "Mondes sauvages" me concernant.