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EAN : 9782850251351
139 pages
Fernand Hazan (01/01/1987)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Pour le grand public comme pour les spécialistes, il est impossible de dissocier Kandinsky et l'art abstrait. Pionnier de la modernité au même titre que Picasso, Matisse, Léger ou Klee, Kandinsky reste le premier à affranchir la peinture de la figuration, ouvrant ainsi un continent infini qui ne cesse aujourd'hui encore de révéler ses richesses. C'est cette aventure qui est racontée dans cet ouvrage, où l'on voit Kandinsky tour à tour théoricien, pédagogue, mais sur... >Voir plus
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il est à cet égard très révélateur de souligner le trouble de Kandinsky lui-même lorsqu’il fut confronté à la Meule de foin à Giverny. Face à cette peinture de Monet, exposée à Moscou en 1895, il avoue « … [que] ce fut le catalogue qui m’apprit qu’il s’agissait d’une meule. Et ne pas la reconnaître me fut pénible. Je trouvait également que le peintre n’avait pas le droit de peindre d’une façon aussi imprécise. Je sentais confusément que l’objet faisait défaut au tableau… »
Mais si, pour Kandinsky, l’épreuve fut rude, elle servit aussi de détonateur, en accentuant son penchant pour l’abstraction. […]
L’anecdote vaut essentiellement par le paradoxe qu’elle expose : Kandinsky — qui n’a pas encore opté définitivement pour une carrière artistique — est gêné par l’absence de structure ou de construction d’un objet pictural qui existe seulement par l’ordonnance de la couleur. Son ignorance des codes de l’esthétique impressionniste l’empêche de « voir » un objet qui n’a plus, ou peu de rapport avec son apparence réelle. Si cela le confirme dans sa volonté d’abandonner toute référence concrète — fût-elle implicite — une telle décision marque aussi les limites de l’abstraction, en l’occurrence celles de son intelligibilité. L’option qui consiste alors à bannir le figuratif peut paraître excessive.
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FEUILLES (BLÄTTER)
Je peux me souvenir d’une chose.
Une très grosse montagne triangulaire et noire montait jusqu’au ciel.
Son sommet argenté était à peine visible.
À droite de cette montagne se trouvait un arbre très épais,
à la cime très touffue.
Cette cime était si épaisse que l’on ne pouvait pas distinguer les feuilles individuellement.
Sur la gauche et en un seul endroit mais de façon très dense,
poussaient de petites fleurs blanches
qui ressemblaient à de petites assiettes plates.
À part cela, rien.
J’étais debout devant ce paysage et regardais.
Tout à coup arrive un homme sur la droite.
À cheval sur un bouc blanc à l’air tout à fait banal
mais dont les cornes partaient vers l’avant au lieu de partir vers l’arrière.
Et dont la queue, au lieu d’être comme à l’habitude dressée vers le haut,
pendait et n’avait pas de poils.
L’homme, par contre, avait un visage bleu et un petit nez camus.
Il riait et montrait ses petites dents,
écartées les unes des autres ou plutôt usées mais très blanches.
J’avais également remarqué quelque chose de rouge vif.
Il passa lentement sur son bouc et disparut derrière la montagne.
Ce qui était singulier, c’est que lorsque je regardais à nouveau le paysage,
toutes les feuilles étaient tombées sur le sol et qu’à gauche il n’y avait plus de fleurs.
Mais rien que des baies rouges.
Il est vrai que la montagne n’avait pas bougé.
Cette fois-là.

(Extrait de Klänge, recueil de poèmes de Kandinsky)
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DANS LA FORÊT (IM WALD)
La forêt devenait de plus en plus dense.
Les troncs rouges de plus en plus épais.
Les cimes vertes de plus en plus lourdes.
L’air de plus en plus sombre.
Les taillis de plus en plus luxuriants.
Les champignons de plus en plus nombreux.
À la fin on était obligé de marcher sur quantité de champignons.
L’homme avait de plus en plus mal à marcher,
à se frayer un chemin,
à ne pas glisser.
Pourtant il y arrivait,
et répétait de plus en plus vite toujours la même phrase :
« Les cicatrices qui guérissent.
Les couleurs qui correspondent. »
À sa gauche et un peu en arrière allait une femme.
À chaque fois que l’homme achevait sa phrase, elle disait de façon très convaincue
et en roulant très fortement les « r » :
« trrrès prrratique. »

Extrait de Klänge, recueil de poèmes que Kandinsky publia à Munich en 1912, en langue allemande, dans une édition limitée accompagnée de gravures sur bois, en noir et en couleurs.
La traduction française de Klänge, par Inge Hanneforth et Jean-Christophe Bailly est parue dans la collection Détroits, Christian Bourgeois, Paris, 1987.
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