Le passeur de lumière : Nivard de Chassepierre maître verrier

« [...] Il est venu le temps des cathédrales, le monde est entré dans un nouveau millénaire.
L'homme a voulu monter vers les étoiles, écrire son histoire dans le verre ou dans la pierre [...] »

Si l'histoire de Nivard de Chassepierre se déroule quelques décennies avant le début de la construction de Notre-Dame de Paris et la période de l'architecture gothique où les flèches des cathédrales voulaient toucher le ciel, elle raconte cependant le voyage initiatique d'un personnage (de fiction) qui avait décidé de consacrer sa vie à maîtriser toujours mieux la lumière, le verre et les couleurs pour en faire des oeuvres éternelles à la gloire de Dieu.

Or donc, en cet an de grâce 1113, dans la cité de Huy sur les bords de Meuse, le jeune Nivard est en apprentissage auprès d'un maître-orfèvre. Issu d'une famille de la petite noblesse, orphelin depuis que son père a été tué lors d'une Croisade, et que sa mère, devenue veuve, et chassée du domaine par sa belle-famille, est morte dans le déshonneur, l'adolescent se révèle très talentueux, mais son âme rebelle et révoltée ne le laisse pas en paix. Cherchant à fuir sa part d'ombre, il est choisi par d'anciens compagnons de son père, et se voit entraîné dans une quête de Lumière par Rosal de Sainte-Croix, qui lui demande d' « apprendre le vitrail et en faire une prière, pour qu'il soit la coiffe de l'édifice sacré et non la décoration factice et sans âme des lieux de culte ». Rosal l'architecte, qui rêve de lever « une armée de constructeurs pour atteindre le ciel avec ses pierres, y ménager des trouées vers la Lumière », a besoin « de l'alliance d'un verrier, un artisan audacieux et capable, prêt à se risquer dans un pari immense, qui appelle des siècles et des milliers de vies ». Nivard sera cet artisan, cet artiste, et se donnera corps et âme pour tenter de domestiquer le verre et les couleurs, poursuivant son apprentissage en Orient et aux quatre coins d'Europe jusqu'à la fin de sa vie.

On peut reprocher à ce roman son style trop lyrique, parfois pompeux, exalté, à l'image de Nivard, personnage complexe, tourmenté, tête brûlée contenant à grand-peine sa violence, à la limite du caricatural. On peut aussi rester sceptique devant tous ces drames terribles qui traversent la vie d'un seul homme, devant tous ces rebondissements et coïncidences un peu artificiels. Mais on ressent le feu qui anime Nivard, sa passion du métier et son entêtement dans la recherche de la perfection absolue, qui nous sont transmis par la plume de l'auteur, lui-même maître-verrier, ceci expliquant cela...

Et puis, même si ce roman a été écrit vers 1992 et nous parle du 12ème siècle, on ne peut s'empêcher de penser que cette quête, ce besoin de lumière, au sens premier du terme mais surtout au sens de « connaissance » et de « savoir », est encore d'actualité à l'heure où l'obscurantisme des islamistes radicaux fait plonger le Moyen-Orient dans les ténèbres...

Le passeur de lumière est un roman qui ne tient pas toutes les promesses qu'augurait son si beau titre, mais qui donne envie d'aller contempler les vitraux des cathédrales.

Faites passer les livres, faites passer la lumière...
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Une romance historique au temps de la construction des cathédrales dans laquelle les affaires de coeur ne sont évidemment pas exclues. Les rebondissements sont à la hauteur des coutumes du moyen âge alors que s'engage la période des croisades. Leur lot de violences émaille les périples de ces pionniers de l'art verrier allant s'enquérir des secrets de fabrication en des contrées lointaines.

S'intéressant à cet art florissant du vitrail, l'auteur met l'accent sur la symbolique de la transmission de la lumière céleste vers le coeur - y compris le choeur d'ailleurs - des cathédrales et donc vers celui des hommes. le maître verrier est ainsi institué en passeur de lumière. Son art participe grandement à la magnificence des ces gigantesques monuments qui ont franchi les siècles jusqu'à nous éblouir encore aujourd'hui de leurs prouesses artistiques.

Roman bien documenté sur l'époque me semble-t-il. L'aspect technique de l'art est habilement contrebalancé par les péripéties romanesques.

Nivard de Chassepierre, jeune Mosan du début du 12ème siècle, parcourt la France et la Bavière pour perfectionner son art : dompter la lumière, créer les couleurs pour façonner les
vitraux des grandes cathédrales.
L'histoire ne risque pas d'enthousiasmer le lecteur, et pourtant à aucun moment on n'a envie d'abandonner ce roman.
C'est que Bernard Tirtiaux est un conteur extraordinaire. Son style, très personnel, est fait d'une alternance curieuse de deux types de phrases : poétiques, parfois emphatiques, quand il décrit cette quête de la perfection qui pousse Nivard. Plus brèves, réduites à l'essentiel mais toujours chaleureuses quand il résume en quelques lignes toute une période de la vie de Nivard, quand il relie deux passages plus détaillés.
Et ceci compensant cela, on en arrive à une cote « moyenne », même si rien n'est « moyen » dans ce roman.

Un livre qui m'a laissée un petit peu sur la touche, "à côté", simple spectatrice des événements narrés à la manière d'un conte, sans parvenir à vraiment rentrer dedans et à vivre cette histoire.
L'histoire est belle pourtant, et aurait de quoi faire rêver. le contexte médiéval, la bonne surprise de découvrir ma petite campagne belge au 12ème siècle, l'artisanat des orfèvres et maîtres verriers, les voyages, l'Orient...
Mais cette impression de distance s'est accrochée tout au long de ma lecture ou presque, et m'a empêchée de savourer pleinement ce qui contenait pourtant tous les ingrédients pour me plaire. Même pour ce qui est de l'art du verrier et de la création des vitraux, je n'ai pas du tout réussi à me faire une image précise du travail effectué, et les nombreuses descriptions techniques des différentes manipulations ou même du résultat fini ne sont restés que des mots, encore trop obscurs de sens, alors que j'aurais tant aimé voir ces gestes d'artisans et ces verres colorés se dessiner devant mes yeux...

C'est drôle, j'écris cette critique plusieurs jours après avoir fini ce livre, et je réalise que c'est cette impression de distance qui me revient en premier lieu en mémoire, alors qu'en le lisant la première chose qui m'avait frappée est la plume de l'auteur, qui il faut bien le dire est magnifique. Un poème en prose. Mais peut-être que ce qui fait de la belle poésie ne fait pas pour autant un bon roman...

Orfèvre devenu verrier, voyageur, explorateur des pigments et techniques, Voici l'histoire de Nivard de Chassepierre.
Que m'a-t-il manqué? une écriture un rien moins clinquante? des aventures moins hollywoodiennes? un peu plus de pierre, de mortier, de verre et de pigments? Un personnage que j'aie envie de suivre surtout, l'imperceptible faille qui me rende proche ce Nivard de Chassepierre. Sans l'un des personnages, Soma, j'aurais peut-être lâché ce livre. Pourtant, les cathédrales montent et s'éclairent, les couleurs vivent, les forges travaillent.
Restée sur ma faim, il m'a manqué la vie que Vincenot avait mise dans Les étoiles de Compostelle .

A 17 ans Nivard de Chasse-pierre est engagé par Maître François, orfèvre.

3 ans après avoir tué Norbert de Barvaux qui avait humilié sa mère Blanche de Chassepierre, veuve suite au décès pendant la 1ere croisade de son mari, Nivard doit fuir la ville de Huy. Il part pour le château de Malen afin de rencontrer Rosal de Sainte-Croix, un ami de son père.

Rosal de Sainte-Croix avec d'autres chevaliers montent une expédition pour se rendre à Jérusalem afin de protéger les pèlerins. Ils fonderont les Templiers.

Rosal décide que Nivard fera parti du voyage. Ce dernier voyagera séparément car il devra le long du trajet s'arrêter chez des maîtres verrier afin d'apprendre ce métier. Il est accompagné par Soma, le Nubien. A la fin de son long périple il retrouve la jeune Awen dont il est follement amoureux. Pendant près de 10 ans il va continuer son apprentissage auprès de Khalim Rhamir le grand-père d'Awen. Il connaîtra les meilleurs années de sa vie .

Après la disparition brutale des siens, sauvé par Soma et le médecin Mamouk, il reviendra en Europe. Sa vie sera alors entièrement consacré à la création de vitraux.

ce livre comporte en quelque sorte 2 parties :le roman en tant que tel, c'est à dire l'histoire de Nivard (sa vie, ses amours, ses amis et ses aventures) et une partie technique et artistique concernant plus particulièrement le travail, les recherches et l'art des verriers au moyen-âge. Personnellement j'ai préféré cette deuxième phase du roman qui se situe plutôt en fin du récit. L'intérêt de Nivard pour les couleurs et forme des vitraux est tellement bien décrit que j'ai même cru un moment que Nivard avait existé et qu'il était l'auteur des vitraux de Saint Denis, le Mans, Chartres....

Ayant assisté récemment à une visite conférence sur les vitraux de la Sainte Chapelle cela m'a permis de mieux apprécier certains passages de ce livre.

Un roman initiatique très riche et documenté sur le verre et le travail d'un maître verrier au Moyen-âge. le lecteur néophyte n'est absolument pas perdu au milieu des termes spécifiques et peut au contraire découvrir toute la richesse de cet art. L'écriture est ciselé comme un travail d'orfèvrerie où chaque élément trouve sa place avec précision. le style est vraiment agréable et l'on découvre avec plaisir un vocabulaire riche et varié ainsi que de belles métaphores.
Un petit bémol cependant : dans sa quête, Nivard est confronté à toutes sortes d'épreuves, mais cela sonne un peu creux, parce qu'il y en a vraiment trop. Cette violence et l'aura de mort qui semble entourer le personnage sont excessives à certains moment et cela a un peu gâché ma lecture.

Découvrez le vitrail comme vous ne l'avez jamais vu ! Grace a Frédérique Bruyas, artiste aux multiples talents, je decouvre une lecture du roman de Bernard Tirtiaux en duo, accompagnée par Christophe Deslignes, concertiste soliste et joueur d'organetto de renom, spécialiste de la musique médiévale lors de cette nuit de la lecture. Il se passe quelque chose de surprenant en raison de l ambiance hors du temps moderne. Une plongée dans la construction des vitraux des premieres cathédrales, des croisades, des seigneurs, des pilleurs, entre beauté et noirceur d âmes.

Je n'ai pas été conquise. Pourtant beaucoup m'en disait tellement de bien.