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EAN : 9782070392780
400 pages
Gallimard (23/02/1995)
4.1/5   546 notes
Résumé :
"La lumière est diffuse", dit Rosal de Sainte-Croix au jeune Nivard de Chassepierre. " Elle est fugace, changeante, capricieuse. Elle a toutes les ruses. Jamais tu ne seras satisfait de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maî... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 546 notes
Ce livre est un poème. Une sucrerie que l'on voudrait faire goûter à ceux que l'on aime. Chaque phrase est une mélodie pour les sens.

Outre la très belle histoire de cet homme qui cherche l'ultime lumière et dont le parcours initiatique sera fait de joies et de malheurs, l'auteur nous fait découvrir le monde insoupçonné des verriers, du travail de la lumière et de la quête spirituelle d'une poignée d'hommes.

L'auteur est inspiré lui aussi, car il cisèle ses mots avec amour et sait les façonner avec un grand humanisme pour notre plus grand bonheur.
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« [...] Il est venu le temps des cathédrales, le monde est entré dans un nouveau millénaire.
L'homme a voulu monter vers les étoiles, écrire son histoire dans le verre ou dans la pierre [...] »

Si l'histoire de Nivard de Chassepierre se déroule quelques décennies avant le début de la construction de Notre-Dame de Paris et la période de l'architecture gothique où les flèches des cathédrales voulaient toucher le ciel, elle raconte cependant le voyage initiatique d'un personnage (de fiction) qui avait décidé de consacrer sa vie à maîtriser toujours mieux la lumière, le verre et les couleurs pour en faire des oeuvres éternelles à la gloire de Dieu.

Or donc, en cet an de grâce 1113, dans la cité de Huy sur les bords de Meuse, le jeune Nivard est en apprentissage auprès d'un maître-orfèvre. Issu d'une famille de la petite noblesse, orphelin depuis que son père a été tué lors d'une Croisade, et que sa mère, devenue veuve, et chassée du domaine par sa belle-famille, est morte dans le déshonneur, l'adolescent se révèle très talentueux, mais son âme rebelle et révoltée ne le laisse pas en paix. Cherchant à fuir sa part d'ombre, il est choisi par d'anciens compagnons de son père, et se voit entraîné dans une quête de Lumière par Rosal de Sainte-Croix, qui lui demande d' « apprendre le vitrail et en faire une prière, pour qu'il soit la coiffe de l'édifice sacré et non la décoration factice et sans âme des lieux de culte ». Rosal l'architecte, qui rêve de lever « une armée de constructeurs pour atteindre le ciel avec ses pierres, y ménager des trouées vers la Lumière », a besoin « de l'alliance d'un verrier, un artisan audacieux et capable, prêt à se risquer dans un pari immense, qui appelle des siècles et des milliers de vies ». Nivard sera cet artisan, cet artiste, et se donnera corps et âme pour tenter de domestiquer le verre et les couleurs, poursuivant son apprentissage en Orient et aux quatre coins d'Europe jusqu'à la fin de sa vie.

On peut reprocher à ce roman son style trop lyrique, parfois pompeux, exalté, à l'image de Nivard, personnage complexe, tourmenté, tête brûlée contenant à grand-peine sa violence, à la limite du caricatural. On peut aussi rester sceptique devant tous ces drames terribles qui traversent la vie d'un seul homme, devant tous ces rebondissements et coïncidences un peu artificiels. Mais on ressent le feu qui anime Nivard, sa passion du métier et son entêtement dans la recherche de la perfection absolue, qui nous sont transmis par la plume de l'auteur, lui-même maître-verrier, ceci expliquant cela...

Et puis, même si ce roman a été écrit vers 1992 et nous parle du 12ème siècle, on ne peut s'empêcher de penser que cette quête, ce besoin de lumière, au sens premier du terme mais surtout au sens de « connaissance » et de « savoir », est encore d'actualité à l'heure où l'obscurantisme des islamistes radicaux fait plonger le Moyen-Orient dans les ténèbres...

Le passeur de lumière est un roman qui ne tient pas toutes les promesses qu'augurait son si beau titre, mais qui donne envie d'aller contempler les vitraux des cathédrales.

Faites passer les livres, faites passer la lumière...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Voici une belle découverte,un voyage initiatique au pays de la lumière et des couleurs, de la transparence et de la pureté. Ouvrir ce genre de livre et nous voilà propulsés au temps des bâtisseurs, des chercheurs de l'excellence, un vrai joyau comme lecture. L'écriture est à l'image de ce travail d'orfèvre, ciselée, parfois poétique, nous emportant au cours des nombreux voyages que Nivard de Chassepierre doit entreprendre tel un compagnon, pour apprendre, découvrir et exceller dans son oeuvre. C'est une quête de toute une vie, qui se transmet de maître verrier à apprenti, de père en fils, de génération en génération.
Il y a un soupçon d'alchimie dans toute cette histoire ô si peu, mais une vraie alchimie des mots nous capturant au sein des pages. Je dois avouer que parfois je me suis sentie un peu enlisée par le vocabulaire d'époque, rendant la lecture un peu moins légère que je ne l'aurais espérée, mais la transparence des vitraux a su adoucir ce petit désagrément.
Des beaux personnages à suivre dans leur périple tels des templiers, des aventures fortes, la découverte d'un métier hors du commun pour nous à ce jour. Et il est sûr que je regarderais dorénavant les vitraux d'une autre façon avec plus de respect pour ce travail accompli au fil des siècles.
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Très belle histoire de maîtres verriers du moyen-age.
Chercheurs de couleurs qu'ils emprisonnaient dans les vitraux des églises pour qu'elles puissent ensuite êtres transpercées par les rayons du soleil.
Ils n'hésitaient pas a faire le voyage jusqu'en Orient pour découvrir de nouveaux savoir.
Je vous conseille de faire passer ce livre comme ces hommes faisaient passer leurs lumières.
Merci à l'auteur de m'avoir fait découvrir ce métier magnifique.
Le sujet n'était pas "racoleur", c'est le moins que l'on puisse dire. Il fallait un certain courage pour écrire et éditer un tel bouquin.
J'espère qu'il sortira de l'ombre et apparaîtra en pleine lumière !( pardon, c'était plus fort que moi.)
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Une romance historique au temps de la construction des cathédrales dans laquelle les affaires de coeur ne sont évidemment pas exclues. Les rebondissements sont à la hauteur des coutumes du moyen âge alors que s'engage la période des croisades. Leur lot de violences émaille les périples de ces pionniers de l'art verrier allant s'enquérir des secrets de fabrication en des contrées lointaines.

S'intéressant à cet art florissant du vitrail, l'auteur met l'accent sur la symbolique de la transmission de la lumière céleste vers le coeur - y compris le choeur d'ailleurs - des cathédrales et donc vers celui des hommes. le maître verrier est ainsi institué en passeur de lumière. Son art participe grandement à la magnificence des ces gigantesques monuments qui ont franchi les siècles jusqu'à nous éblouir encore aujourd'hui de leurs prouesses artistiques.

Roman bien documenté sur l'époque me semble-t-il. L'aspect technique de l'art est habilement contrebalancé par les péripéties romanesques.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Il sait maintenant que pour tailler et polir le solitaire de ses rêves, il faut autant de temps que pour amener un nouveau-né à l'âge adulte. Il a lu que pour façonner un joyau semblable à celui qu'il cherche pour sa châsse, certains artisans s'astreignent pendant des années et des années à roder face après face leur pierre sur un touret de métal. La matière abrasive ? De la poussière de diamant suspendue dans un peu d'huile. Et le plateau tourne, tourne à en perdre le nord. Et il faut des semaines pour enlever un cheveu de matière. Parfois l'artisan doute, il voudrait bien jeter son caillou au fond d'un précipice. Il se demande pourquoi il a placé sa jeunesse dans une gourmandise de lumière, un caillot de soleil, une semence magique d'étoile, un récipient fabuleux où l'essence du jour serait captive. Et pourtant , il ne peut éteindre son rêve de lumière parce qu'il n'en existe pas de plus élevé. La lumière est la première oeuvre du Créateur sur une terre informe et vide. La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme. L'orfèvre est plus que jamais déterminé à partir, à pousser jusqu'au bout une quête qui, au-delà d'une fraction de clarté de la taille d'un oeuf de grive, l'appelle ailleurs, sur les traces de son père et à la rencontre de lui-même.
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La lumière est diffuse, fugace, changeante, capricieuse. Elle a toute les ruses. Jamais tu ne seras satisfait de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe ! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maître en ton art, l'artisan accompli du grand œuvre, l'Adepte.
Il ne veut rien prendre, rien voler, rien éveiller, être juste un passeur de lumière sur sa barque de verre.
Les verriers quittent des yeux leur paraison et abandonnent leurs cannes pour descendre les uns après les autres. L'objet passe et repasse entre leurs mains et miroite dans la lumière. Ils sont muets d'admiration et s'inclinent devant le maître artisan qui a eu l'habilité d'enlever au soleil couchant un bouton de son manteau.
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La voix effacée, mal assurée, déférente, est celle de Mamouk. Mamouk fait partie de la famille des discrets maladifs qui s'excusent cent fois d'être là, de respirer, de renifler, d'encombrer l'espace, qui reculent de deux pas pour un seul pas qu'ils font, qui, lorsqu'on les interpelle, tentent désespérément de se transmuter en une substance volatile.
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Il doit admettre à cette heure, après longs mûrissements et lectures studieuses, qu'il n'est nulle part, qu'il a péché par ignorance, qu'il croyait stupidement que les pierres précieuses poussaient sur des arbres à pierres précieuses et qu'il suffisait d'un peu d'adresse pour en planer les facettes. Il sait maintenant que pour tailler et polir le solitaire de ses rêves, il faut autant de temps que pour amener un nouveau-né à l'âge adulte. Il a lu que pour arriver à façonner un joyau semblable à celui qu'il cherche pour sa châsse, certains artisans s'astreignent pendant des années et des années à roder face après face leur pierre sur un touret de métal. La matière abrasive ? De la poussière de diamant suspendue dans un peu d'huile. Et le plateau tourne, tourne à en perdre le nord. Et il faut des semaines pour enlever un cheveu de matière. Parfois l'artisan doute, il voudrait bien jeter son caillou au fond d'un précipice. Il se demande pourquoi il a placé sa jeunesse dans une gourmandise de lumière, un caillot de soleil, une semence magique d'étoile, un récipient fabuleux où l'essence du jour serait captive. Et pourtant, il ne peut éteindre son rêve de lumière parce qu'il n'en existe pas de plus élevé. La lumière est la première œuvre du Créateur sur une terre informe et vide. La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme.
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Les voyageurs débouchent à la tombée de la nuit dans une vaste clairière.Des rougeoyances clairsemées éclatent çà et là, comme si le soleil dans son repli avait laissé tomber par mégarde quelques paillettes de ses coffres de lumière. Ce sont les fours en veilleuse du verrier Gautier de Chartres.
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Vidéo de Bernard Tirtiaux
Inauguration du vitrail de l'église de Ghlin, le 20 décembre 2015
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