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EAN : 9782709627733
231 pages
J.-C. Lattès (05/01/2006)
3.98/5   144 notes
Résumé :

Fin Août 1944, une colonne disparate d’Allemands démobilisés fait étape dans une ferme de Wallonie et réquisitionne chevaux et chariots pour rentrer chez eux. Indigné, Mutien, un des enfants du lieu, entraîne son frère sur les traces du convoi dans le but de reprendre Gaillard de Graux, un brabançon prestigieux, orgueil de son père, lui-même victime des nazis.

Entre inconscience et témérité, les deux garçons pénètrent au cœur d’un pays ruiné ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Ce sont mes amies de Belgique, encore une fois qui m’ont permis de choisir ce beau roman historique à la médiathèque. Merci à elles !

Fin août 44 , un convoi de soldats allemands disparate, démobilisés, harassés, lors du passage en Belgique et de la retraite vers leur pays, profitent de leur pouvoir pour confisquer des chevaux et impressionner le petit peuple , notamment , en réquisitionnant Gaillard de Graux, un brabançon prestigieux , orgueil de la famille de Mutien et Abel, dont le père éleveur a été fusillé par les Nazis en 1943 .

«  Une insondable misère morale et physique transpirait de ce convoi, de ces naufragés de la guerre . »

Furieux, révolté, Mutien , fougueux entraîne son jeune frère Abel sur les traces du convoi pour récupérer Gaillard .
Rien n'arrêtera Mutien, il bravera tous les dangers , les aléas de la guerre. ....

Ce livre profondément humain, poétique et doux , tendre et humaniste montre que l'ennemi n'est pas toujours celui qu'on croit .

L'auteur aborde avec beaucoup de fraîcheur et de spontanéité la grande aventure que va vivre Abel lors de ce périple de plusieurs semaines.

Par la voix de ce petit garçon la peur, l'amitié , la haine , la réconciliation , la bonté , la rancoeur , autant de thèmes de réflexion justes et universels sont abordés avec tact et chaleur humaine , tout au long de ce texte lumineux : tenter de transmettre la vigilance plutôt que la haine «  La haine est sectaire , elle méprise , elle exclut » , la vigilance est ouverte , elle est l'affaire de tous , vainqueurs et vaincus , à commencer par la bouche de Gunther , ce vieil officier allemand , qui fera preuve d'humanité , une réflexion féconde , intense , bienfaitrice , salvatrice , à propos des douleurs de la guerre, des remords éventuels du mauvais fondement de cette cause.

L'auteur restitue avec brio la difficulté de vivre dans la rancoeur , il privilégie le réinvestissement , le pardon, la faute , les écueils de l'existence , le désarroi, les liens tissés insidieusement entre ennemis présumés, mais aussi les profiteurs , les manipulateurs , les transformations consécutives au fléau de la guerre .
Un beau récit initiatique, pétri d'humanité : « Pitié pour le mal. » ..Rien à voir avec les romans habituels à propos des guerres , où malgré la violence de l'époque L'auteur nous laisse espérer qu'un jour viendra où les hommes se lasseront jour après jour de remettre le couvert de la haine .
«  Les dents des enfants doivent - elles rester agacées par les raisins verts qu'ont mangés leurs parents ? .... »
Merci Infiniment à Cécile ....
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Fin Août 1944, en Belgique, une troupe de soldats allemands qui rentrent dans leur pays, s'arrête dans une ferme et réquisitionne des chevaux. révolté, Mutien, 13 ans, décide de suivre le convoi pour récupérer Gaillard, un cheval magnifique primé à plusieurs reprises. Il fuit en pleine nuit car sa mère lui a interdit de mettre à exécution son projet, accompagné de son jeune frère de 8 ans, Abel. En suivant la troupe allemande, ils vont lier connaissance avec quelques soldats durant leur parcours, notamment Gunther, un homme au coeur doux et attentif. les garçons essaient une première fois de récupérer Gaillard mais ils se font prendre. Dès lors, ils suivent le convoi jusqu'en Allemagne, Gunther leur ayant promis qu'ils récupéreraient leur cheval une fois arrivés au pays. Alors qu'ils sont presque au bout, ils sont bombardés, les frères séparés et Gaillard s'enfuit…

J'ai bien aimé cet assez court roman de 220 pages de la littérature belge qui se lit vite et facilement et qui a pour cadre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la débâcle allemande. L'histoire de ces deux jeunes enfants suivant leur cheval pour le récupérer aux mains de l'ennemi est originale et attendrissante.
Les deux frères vont beaucoup grandir au cours de leur voyage et c'est cette maturité à laquelle nous allons assister. Ils vont notamment découvrir que sous les traits de leurs ennemis de guerre existent parfois des hommes comme les autres, bienveillants même, au coeur pur et finalement que ce n'est pas la nationalité qui l'emporte mais la personnalité de chacun.
Certaines scènes sont émouvantes, je pense à la scène des tartines de pâté offertes par le soldat allemand ou à la scène dramatique de la jument morte en donnant naissance. Ces scènes sont fortes et marquantes.
La fin du roman est jolie, positive, inattendue. Elle est vraiment bien trouvée et grâce à elle, j'ai terminé ce livre le sourire aux lèvres.
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Très jolie lecture dont le charme littéraire et humain a opéré dès les premières pages sans jamais se démentir jusqu'au final.

Six années de silence mais Abel ne peut se résoudre à la disparition en mer de son frère Mutien.
Sous la pression de ses soeurs et belles-soeurs, il se plie au pillage de l'appartement de ce frère tant admiré en emportant religieusement des morceaux de cartes fatiguées, vieilles lettres et photos, objets composant un trésor sentimental inaliénable.
Ces objets restent les vestiges de leur mémorable fugue de septembre 1944, ce périple de leur ferme de Wallonie vers l'Allemagne, afin de récupérer Gaillard, un cheval de trait multi-primé qui faisait la fierté de leur famille. C'est la débâcle de l'armée allemande, le repli de troupes, pauvres hères qui trouvent encore le moyen de réquisitionner les chevaux pour regagner leur pays.

Mutien avec ses 13 ans est déterminé, sa haine de l'ennemi décuple son courage. Abel recherche l'estime de son aîné mais du haut de ses 8 ans, sa frousse est permanente et sa bravoure souvent en déroute.

Chez ces deux frères, la vision manichéenne de l'ennemi s'ébranle face à la détresse des hommes et surtout face à la prévenance d'un vieil allemand aux mains en or qui sculptent le bois. Difficile d'accepter que des attentions amicales puissent ressortir de ces ennemis abhorrés.

Les réflexions qu'Abel nous livre avec le recul d'une cinquantaine d'années font écho aux souvenirs de cette poursuite de cette colonne d'Allemands en déroute.
Un roman-récit d'amour fraternel et de difficultés à se laver de la haine éprouvée à l'encontre de l'envahisseur. La beauté des relations qui se tissent, malgré soi, au mépris du chaos historique. C'est tout simplement magnifique.
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Que voilà une pépite noble et délicate servie par une écriture non moins gracieuse et subtilement humaine.

Pitié pour le mal, c'est l'histoire de deux frères qui s'élancent à la poursuite des Allemands qui, en cette fin d'été 1944 dans la ferme wallonne, leur ont dérobé le vaillant et primé Gaillard; cheval de trait à la valeur plus encore sentimentale que pécuniaire puisqu'il faisait la fierté de leur père tué quelques temps plus tôt par ces saletés de boches.

Alors, Mutien qui n'a que 13 ans mais une détermination et une fureur pour l'ennemi impressionnantes et son frère Abel, 8 ans à peine et qui n'a d'yeux admiratifs que pour lui, s'en vont le reprendre comme une mission nécessaire à la loyauté familiale et patriotique. Mais sur leur route, ils rencontreront plus qu'un cheval...

Une palette de sentiments humains aux couleurs douces sont finement dépeintes dans cette histoire. Et c'est beau à voir comme lorsqu'on s'arrête pour contempler les couleurs de l'automne ou le soleil quittant le jour. On ne veut plus se séparer de ces personnages si attachants. On veut savoir si l'on sera triste ou soulagé(e) pour eux. On ne peut s'empêcher de lire d'une traite et de refermer à regret les pages qui nous ont fait passer un si joli moment.

Pitié pour le mal n'est pas un livre sur la guerre. C'est un livre sur la paix entre les Hommes.
Un vrai coup de coeur et au coeur.
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Cela fait six ans que Mutien a disparu en mer. Ses soeurs pensent que le moment est venu de débarrasser son logement. Son frère, Abel, s'y refuse. « En ce qui me concerne, je ne veux rien perdre de toi, surtout pas l'espoir de ton retour. » (p. 16). Un délai de trois jours lui est accordé pour trier ce qu'il veut garder de Mutien. Il emporte des photos, des lettres, des carnets, etc. Dans un carton, il glisse tout ce qu'il pense relever de l'intime. Ces objets représentent le souvenir indéfectible de la fugue qu'ils ont faite, ensemble. Avec la voix de l'enfant qu'il était, il raconte.

Été 1944, en Wallonie. La Libération est proche, les Alliés avancent et les troupes allemandes se replient. le 30 août, un convoi d'une centaine d'Allemands fait irruption dans la ferme des Fauconnet. Il comporte des blessés, des invalides, etc. Leur chef réquisitionne les chevaux. Gaillard de Graux, un brabançon alezan, vingt fois primé, est emmené. Il est l'orgueil de la famille. le père d'Abel et Mutien, fusillé en 1943, avait toujours refusé de s'en séparer. « Vendre Gaillard ? Plutôt vendre mon âme ! » (p. 27)

Après le départ de l'ennemi, Mutien déclare qu'il va reprendre l'animal. En pleine nuit, l'enfant de treize ans et son petit frère de huit ans, leur courage et leur révolte en étendard, suivent les soldats. Ils sont bouleversants de témérité. Leur imprudence fait frémir et leur inconscience enfantine inquiète. Pourtant, leur quête est émouvante. En mémoire de leur père et portés par leur haine des nazis, ils affrontent le danger avec honneur et bravoure, même s'ils s'effondrent parfois.

Cependant, même s'ils se refusent à l'admettre, ils ne sont pas seuls : un homme veille sur eux. Ce dernier porte, sur ses épaules affaissées, le poids de la guerre. Auprès de cette jeunesse fougueuse, il prépare, sans le percevoir, l'avenir des nations ennemies et une éventuelle réconciliation. le pardon est impossible, alors il demande « pitié pour le mal ».

Au coeur des troupes ennemies, les enfants découvrent que l'humanité peut poindre là où on ne l'attend pas. C'est un élan difficile à accepter, après des années de tyrannie ; j'ai été très touchée par la lutte entre conscience et sentiments à laquelle se livrent Abel et Mutien. J'ai été aussi émue par l'éclairage qu'apporte, parfois, Abel, devenu adulte. Cette plongée dans le passé le confronte à certains évènements qu'il n'a pas compris, lorsqu'il avait huit ans. Il n'a pas perçu certaines douleurs. Il comprend, également que cette odyssée l'a transformé, malgré lui. « Il faut transmettre à nos enfants la vigilance plutôt que la haine. La haine est sectaire, elle méprise, elle exclut. La vigilance est ouverte, elle est l'affaire de tous, vainqueurs comme vaincus. Elle a pour enjeu que pareilles dérives ne se reproduisent plus. » (p. 81)

Ce livre était, dans ma pal, depuis plusieurs années. Au bout d'une trentaine de pages, je me suis exclamée qu'il était une merveille. Ce sentiment ne s'est pas démenti : il a été renforcé par l'attendrissement et l'émotion que j'ai ressentis. Dans ce récit, le beau et la souffrance se rejoignent, l'horreur et l'humanisme se mêlent, l'espoir et la douleur se mélangent, le passé, le présent et l'avenir écrivent l'histoire. Enfin, la mission des enfants est bouleversante d'innocence, d'héroïsme et d'amour. le chemin et l'issue ont la même essentialité. Abel et Mutien sont-ils parvenus à sauver Gaillard ? J'ai eu un immense coup de coeur pour Pitié pour le mal.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Étrangeté du temps. Malgré les années, je n'ai rien perdu de cette soirée, ni mes habits qui séchaient devant un feu nourri, ni le ramage insouciant de nos pigeons, ni la saveur de la truite cueillie par Mutien dans une dérivation de la rivière, ni le ciel étoilé détouré par l'arche du pont. Bien qu'endolori de partout, j'ai aimé ce moment de proximité avec le grand frère sous cette chaude pièce de laine qui venait du lit parental. J'ai aimé aussi la fraîcheur de l'air, le silence jetant son coup de balai sur toutes les détresses du monde, sur notre peine du jour d'avoir vu mourir Mazette et son poulain.
Placés sous la caresse fugitive du bonheur, ces moments sont toujours présents.
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J’étais pourtant là, grand-frère, maladroitement là à chercher ce quelque chose qui aurait pu nous rapprocher… combler ce manque de toi, cette distance entre nous. J’ai conservé un tel besoin de regagner cette île, notre île, de remettre mes aiguilles dans les tiennes, d’être du même cadran, dans le même ordre de rêves. Il y a si longtemps que tu m’es parti, mon Mutien. Je croyais sept, huit années et je découvre que notre séparation remonte à un demi-siècle.
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Quand on interroge aujourd'hui les gens qui ont vécu la guerre de l'intérieur, ils s'accordent à dire que ces cinq années de violences er de privations les ont davantage nourris en souvenirs que tout le restant de leur vie. Ces témoignages plaident en faveur de la subjectivité du temps et me font dire que le quotidien est un papier huilé sur lequel l'encre de la mémoire n'adhère pas. En ce qui me concerne, je peux constater qu'avec la réunion de quelques éléments - une carte de géographie, une photo, un courrier - cette période de mon enfance me revient heure par heure, jour après jour comme s'il elle s'était imprimée en moi de façon indélébile.
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Je n'absous pas les actes, bien sur, mais j estime qu'il faut transmettre à nos enfants la vigilance plutôt que la haine. La haine est sectaire, elle méprise, elle exclut. La vigilance est ouverte, elle est l'affaire de tous, vainqueurs comme vaincus. Elle a pour enjeu que de pareilles dérives ne se reproduisent plus.
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Tu n'as pas idée (...) à quel point nos femmes sont devenues féroces au bout de cinq années de guerre. Pour la majorité d'entre elles, la vie avait continué comme par le passé avec en plus des enfants à nourrir, à éduquer, à soigner, l'obligation de remplacer l'absent. Cette dureté que je peux comprendre, je l'ai aperçue à maintes reprises alors que je ramenais des compagnons chez eux. Diminués ou simplement vaincus, ils faisaient les frais d'un accueil lointain sinon glacial. Avec l'attente, les souffrances endurées, l'éloignement, les femmes s'étaient trop longtemps débrouillées seules pour réintégrer autre chose qu'un intrus en la personne d'un mari. Quoi de plus normal ! Quand, en plus, un revenant s'était rebellé contre le régime, il essuyait alors la vindicte des épouses et des proches à qui la propagande nazie serinait qu'elle tenait les traîtres pour responsables des insuccès de notre armée.
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