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Critique de jvermeer


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Heureuse idée ! Mon interview Babelio récente sur les « livres d'art » m'a incité à fouiller à nouveau dans ma bibliothèque. J'ai ressorti deux livres d'art exceptionnels de Tzvetan Todorov. Je parlerai du second « Éloge de l'individu » une prochaine fois.
La couverture reliée insérée dans un coffret est tellement belle que l'on ne peut résister à l'envie immédiate d'ouvrir « Éloge du quotidien – Essais sur la peinture hollandaise du 17e siècle ».

Un rappel historique s'impose : En ce début de 17e siècle, le dernier grand peintre religieux italien le Caravage, dont les clairs-obscurs ont eu un impact considérable sur la peinture italienne finissante, vient de mourir en 1610. Les grandes périodes picturales italiennes et flamandes des 15e et 16e sont terminées.
Le siècle d'or hollandais va prendre la place…

Au 17e, la République des Provinces-Unies protestante est à son apogée et domine l'Europe, aussi bien dans les domaines économiques et sociaux, que littéraire, scientifique et artistique. le commerce est florissant. La marine néerlandaise sillonne les routes maritimes mondiales avec ses navires de la Compagnie des Indes.
Les maîtres italiens continuent d'influencer la peinture dans les grands centres artistiques d'Haarlem, Utrecht, Amsterdam ou Delft. L'Église catholique n'est plus commanditaire. le choix des thèmes religieux s'altère et un grand marché de l'art libre s'installe. Pour la première fois, ce n'est plus l'histoire sainte, la mythologie grecque ou l'histoire qui deviennent le thème central du tableau, mais la vie quotidienne des gens. Quoi de mieux pour ce peuple néerlandais, sédentaire, que la demeure familiale comme modèle idéal ? Les acheteurs, bourgeois aisés, apprécient la peinture des artistes qui se spécialisent : il en résulte une demande accrue de portraits, paysages, natures mortes et peintures de genre qui, de dimensions réduites, s'accrochent plus facilement dans les salons. L'art est présent partout et l'on peut même, parfois, trouver des tableaux dans les plus humbles demeures.

La peinture intimiste néerlandaise, saynète de la vie quotidienne appelée aussi peinture « de genre », est certainement le courant le plus intéressant et le plus original du 17e siècle hollandais : des scènes d'intérieur nous font pénétrer dans les maisons bourgeoises, participer aux travaux ménagers, à la vie de famille : jeunes femmes à leur toilette, lisant une lettre d'amour, jouant du virginal ou brodant. Parfois un militaire tente de séduire une dame, un couple profite d'un moment de griserie amoureuse, ou des fêtards boivent et s'amusent.
La peinture est sans prétention, simple : la banalité quotidienne…

Quelques-uns des plus grands peintres de l'histoire mondiale de la peinture s'épanouissent dans cet âge d'or : Rembrandt, Vermeer et Hals rayonnent, accompagnés par un bouquet de peintres exceptionnels ayant des influences stylistiques et thématiques proches.

Personnalité artistique puissante, Frans Hals, plus âgé, exerce une influence sur ses cadets. « Quel plaisir de voir un Frans Hals ! », écrivait Vincent van Gogh. Dans une lettre à son ami Émile Bernard, il consacre un long passage au peintre de Haarlem : « Jamais il n'a peint de Christ, d'Annonciations aux bergers, d'anges ou de crucifixions et résurrections, jamais il n'a peint de femmes nues voluptueuses et bestiales. Il a fait des portraits, rien que cela. Cela vaut bien le Paradis du Dante et les Michel-Ange et les Raphaël, et les Grecs même. »

Rembrandt reste le génie, le plus admiré : « On ne peut voir un Rembrandt sans croire en Dieu », continue Van Gogh.

Quelques peintres représentent le plus souvent des scènes d'intérieur avec peu de personnages : Gérard Dou « La cuisinière hollandaise », Gérard Ter Borch « Jeune femme à sa toilette », Frans van Mieris « Femme à son miroir », et Gabriel Metsu « L'enfant malade ».
Une femme, Judith Leyster, est la plus représentative dans cette peinture hollandaise.

Je ne me lasse pas de ce peintre ! : Jan Steen. La brasserie qu'il géra pendant plusieurs années à Delft a dû lui inspirer ces scènes de beuveries, d'orgies, de paillardises qui sont du plus grand comique dans ce siècle puritain…

Pieter de Hooch est le peintre novateur de cette nouvelle peinture de genre hollandaise représentant la vie populaire dans des scènes familiales d'intérieurs bourgeois ouverts sur des cours illuminées où des enfants s'amusent. Sa sensibilité et son style sont proches de Vermeer avec lequel il est voisin à Delft.

À Delft, le siècle d'or dérive lentement au fil de l'eau des canaux. Johannes Vermeer va amener la peinture hollandaise à son plus haut niveau. Harmonie, calme, sérénité… le peu de toiles conservées du sphinx de Delft sont connues dans le monde entier : « La Femme à la balance » en Vierge attire dès le premier regard ; une lumière dorée enveloppe la « Vue de Delft » ; « La Laitière » verse le liquide blanc dans une cruche, pendant qu'une jeune femme hésite à ouvrir une « Lettre d'amour » ; « La jeune fille à la perle », éblouissante, nous fait face, souriante.

Les peintres hollandais du 17e ont connu un état de grâce qui tient à l'interprétation du monde. L'artiste hollandais trouve le sens de la vie dans la vie elle-même, et non nécessairement dans un répertoire constitué de formes. Il peut montrer la beauté dans un simple geste que personne n'avait sublimé jusque-là : une jeune femme ajuste son collier de perles ou soulève les plateaux d'une balance ; compas à la main, un scientifique observe par la fenêtre.

Cet ouvrage, avec ses nombreuses représentations de tableaux, est magnifique.

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