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Citations sur Le magicien (45)

 Quand le journaliste suggéra qu’il était l’écrivain et l’orateur antifasciste le plus important du monde à l’heure actuelle, il [Thomas Mann] ne le contredit pas, mais précisa que ce qu’il recherchait en Amérique, c’était la paix, afin de pouvoir écrire d’autres romans et nouvelles, tout en sachant que certains devoirs lui incombaient également, maintenant que tant de ses compatriotes étaient en danger et que les enjeux étaient colossaux. Mais il refusait de s’impliquer dans la politique partisane. Son rôle était de rester à distance des polémiques, afin de défendre l’essentiel : la liberté et une ferme exigence de démocratie. Pour lui, dit-il, cet enjeu était le seul qui vaille. 
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Certains,  à  Lübeck, étaient d'avis que les frères Mann personnifiaient en réalité, non seulement le déclin de leur propre maison, mais une faiblesse nouvelle perceptible dans le monde lui-même, et notamment dans cette Allemagne du Nord autrefois si fière de sa virilité
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— Oui, dit Thomas, l’écriture romanesque est une affaire sordide. Les compositeurs peuvent penser à Dieu et à l’ineffable. Nous, nous sommes obligés d’imaginer les boutons sur un manteau. 
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Mes parents aiment la musique, les livres, la peinture et la compagnie des gens d’esprit, tout comme mes frères et tout comme moi. Il est impossible de réduire tout cela à une religion que nous ne pratiquons même pas. C’est une idée absurde.
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— Je te dis tout, mais tu ne dois pas répéter à ma mère ce que je t’ai confié à propos d’Erika [Mann]. Elle va penser qu’elle a échoué dans son rôle de mère : trois homosexuels – ou deux homosexuels et une bisexuelle. Plus deux filles qui aiment les vieux. 
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Quand Heinrich prit le train de Nice pour passer quelques jours avec eux, il s'étonna du nombre d'exilés qui vivaient à Sanary. Il se réveillait en général de bonne heure et se rendait dans le centre-ville pour acheter les journaux et voir qui était déjà attablé dans les cafés. Le temps que Thomas et Katia descendent pour le petit déjeuner, Heinrich était en mesure de leur raconter toutes les dernières informations. Thomas estimait que la plupart des Allemands de Sanary, y compris Brecht, Walter Benjamin et Stefan Zweig se retrouvaient uniquement pour ronchonner en bonne compagnie. Mais Heinrich lui apprit qu'il discutait d'art et de politique avec eux.

"Peu importe qui a le pouvoir en Allemagne, dit Thomas, ces hommes là se sentiront toujours exclus.
- Tu devrais passer plus de temps avec eux. Ils voient au-delà de la guerre et même au-delà de la paix. Ils se retrouvent pour parler idées. Il va sortir des livres importants de tout ça."

page 291
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[…] Katia apprit par Klaus que Mahler n’en avait réellement plus pour longtemps. Son cœur faiblissait. Il avait eu de la chance à quelques reprises mais ce n’était qu’un sursis. Il travaillait fiévreusement à sa neuvième symphonie et ne vivrait peut-être pas assez pour la finir.
Cela fascinait Thomas que Mahler fût en vie, en train de travailler, d’écrire encore, d’imaginer les sons qui jailliraient de ses portées, avec la certitude que son dévouement sans faille à la musique serait bientôt réduit à rien. Bientôt viendrait le moment où il écrirait la dernière note de sa vie. Ce moment ne serait pas déterminé par la force de l’esprit, mais uniquement par les battements de son cœur. 
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[…] les journaux suisses s’étaient mis à écrire « le Führer » sans trace d’ironie. Thomas perdait peu à peu espoir en une possible chute du régime. Les nazis n’étaient pas comme les poètes de la révolution de Munich. C’étaient des voyous qui avaient pris le pouvoir sans perdre leur emprise sur la rue. Ils réussissaient à incarner à la fois le gouvernement et l’opposition. Ils exploitaient à fond la notion d’ennemi, y compris d’ennemi de l’intérieur. Ils ne craignaient pas la publicité négative – au contraire, ils voulaient que leurs pires actions soient diffusées le plus largement possible afin d’inspirer la terreur, y compris à leurs partisans. 
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 En apprenant qu’à Berlin, on brûlait les livres jugés offensants par les nazis, Thomas [Mann] fut d’abord soulagé d’entendre que les siens ne figuraient pas dans le nombre. Mais lorsqu’elle revint à Lugano, Erika leur annonça que tous les auteurs allemands importants, y compris Heinrich [Mann], et Klaus [Mann], et Brecht, et Hermann Hesse, avaient vu leurs livres jetés au feu. Ce n’était pas franchement un honneur d’être exclu de cette compagnie. 
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 Heinrich et Mimi vinrent dîner, et Thomas sut d’emblée que Heinrich qualifierait Hitler de menace sérieuse. Des photos où on le voyait en train de haranguer une foule commençaient à paraître régulièrement dans de nombreux journaux.
« Le visage de cet homme a quelque chose d’offensant, dit Thomas.
— Sa personne tout entière, répliqua Mimi.
— L’argent a perdu toute valeur, dit Heinrich. Et ça, pour la plupart des gens, c’est inimaginable. N’importe quel individu capable de vociférer assez fort et de désigner un bouc émissaire sera écouté. 
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