AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


On suit la vie de Thomas Mann durant tout ce formidable récit qui s'ouvre en 1891 dans l'austère maison familiale où le patriarche le sénateur règne en maître tant sur son épouse d'origine brésilienne que sur ses enfants.

Il est prévu que Thomas reprenne l'affaire familiale à laquelle il a fait semblant de s'intéresser durant son enfance, alors qu'Heinrich veut devenir écrivain. Quand le pater familias décède, ils s'aperçoivent qu'il a déshérité tout le monde, mis l'entreprise en vente… Adieu la vie bourgeoise aisée. le tout sous l'oeil acerbe de la tante Elisabeth, la soeur du patriarche.

Vus les résultats scolaires de Thomas la famille le fait embaucher dans une compagnie d'assurance mais il préfère écrire des poèmes. Ce que sa mère a permis à Heinrich (une rente mensuelle et le financement de la publication de son premier livre) elle le lui refuse et se réfugie au piano avec Chopin dès qu'il tente d'aborder le problème.

Il finira par obtenir gain de cause, mais cette famille rigide et bourgeoise où il ne sent pas aimé, critiqué par les uns et les autres, dans cette ville bourgeoise de Lübeck, il va finir par lui régler son compte avec « Les Buddenbrock » mais il ne parlera de son projet à personne. Il veut bien montrer ses nouvelles à Heinrich mais c'est tout.

Direction Munich donc, où il fera la connaissance de Katia Pringsheim et son frère Klaus, des jumeaux au caractère fort et provocateur. Il finira par épouser Katia et fonder une famille avec elle, l'attirance pour les corps masculins, l'homosexualité latente, il réussit à les enfouir le plus profondément possible.

On va suivre toute la famille, Thomas, Katia et leur progéniture durant les grandes épreuves de la première guerre mondiale, la ferveur patriotique de l'époque, puis le désastre de la défaite, la révolution de Munich, la montée du nazisme, la nuit de cristal, la nécessité de l'exil car la famille Mann n'est pas bien vue par les nazis, prix Nobel ou non, car les prises de position de Klaus et Erika pro communistes ne peuvent qu'attirer le courroux hitlérien.

Il ne pouvait imaginer, comme beaucoup de ses compatriotes à l'époque, que ceux qu'il considérait comme des « voyous en uniforme » pourraient un jour tenir l'Allemagne sous leurs bottes.

L'idée d'un avenir des nazis dans la politique allemande, sous quelque forme que ce soit, ne valait même pas qu'on s'y attarde. Les nazis avaient surgi de nulle part et ils ne tarderaient pas à disparaître…

Ce sera donc l'exil forcé, la Suisse, les USA, où il sera bien accueilli au départ, dans la mesure il ne s'exprime pas sur la nécessité d'entre en guerre, on l'adule, mais il reste un Allemand et les migrants venus d'Allemagne commencent à lasser le brave peuple (cela n'a guère changé) …

Colm Tóibín nous permet de revisiter toute l'histoire de l'Allemagne, la fragilité de l'Unité Allemande, les guerres, la guerre froide qui se met en place mais aussi la culture de ce pays, les particularités de la société protestante marchande austère car Thomas est né en 1875 alors manifester ses fragilités, son homosexualité, sa bisexualité du moins, était impensable. Quand on apprécie une oeuvre, il arrive que découvrir la personnalité de son auteur puisse entraîner des désillusions mais j'ai apprécié l'homme que j'ai rencontré avec ses forces et ses faiblesses, même si parfois il m'a quelque peu agacée parfois. Il n'est pas nécessaire d'aimer les livres de Thomas Mann pour apprécier ce pavé de 608 pages car on fait un beau voyage.

J'aime beaucoup Thomas Mann que j'ai découvert avec « Mort à Venise » (lu au moins deux fois) « Tristan » et surtout un immense coup de coeur il y a quelques années pour « La montagne magique » que je voudrais relire dans sa nouvelle traduction. Il faudrait maintenant que je sorte « Les Buddenbrock » de ma liseuse spéciale « classiques ». Cette lecture était donc une évidence pour moi.

Comme Colm Tóibín le précise, dès le départ, il s'agit d'un roman, inspiré du journal de Thomas Mann mais également d'une bibliographie intéressante dont seulement quelques ouvrages ont été traduits en français.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m'ont permis de découvrir ce roman (qui sera je l'espère salué par la critique comme par les lecteurs) et la plume de son auteur dont j'aimerais bien découvrir « le Maître » consacré à Henry James.

#LeMagicien #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          582



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}