On admet sans aucun doute que l'ancienne poésie écrite en vieux norrois et connue sous le titre d'"Ancienne Edda" ou "Edda Poétique" a gardé une force profonde, bien qu'enfouie, dans son oeuvre à la fin de sa vie. On sait bien, en tous cas, qu'il a emprunté les noms des nains de Bilbo le Hobbit au premier poème de l'Edda, la Völuspà. [...]
Mais ce que l'on sait certainement moins, de fait pratiquement pas (bien qu'on puisse le découvrir d'après des publications antérieures), c'est qu'il a écrit deux poèmes étroitement liés ayant trait à la légende des Völsung et des Niflung (ou Nibelungen) totalisant plus de cinq cents strophes - poèmes qui n'ont jamais été publiés jusqu'à présent, ni dont aucun vers n'a jamais été cité.
Là demeurait Grímhild,
reine, lugubre de cœur,
rusée en ses conseils,
cheveux gris de sagesse,
de science du poison,
science de guérison,
de changeants sortilèges
et glaçante magie.
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Passa corselet d'or
Et luisant haubert,
Mit heaume sur sa tête
En main prit une épée.
Se jeta sur l'épée,
Et s'écroula, blessée.
Extrait de l'avant-propos
Dans son essai Du Conte de fées (1947), mon père évoque les livres qu'il a lus durant son enfance et, ce faisant, affirme :
Comme je désirais fort peu aller à la recherche d'un trésor enfoui ou combattre des pirates, L'Ile au trésor me laissait assez indifférent. Les Peaux-Rouges m'allaient mieux : il y avait des arcs et des flèches (j'avais et j'ai encore un désir entièrement inassouvi de bien tirer à l'arc), des langues bizarres, des aperçus d'un mode de vie archaïque et, surtout, des forêts. Mais le pays de Merlin et d'Arthur valait mieux, le meilleur de tous étant le Nord sans nom de Sigurd des Völsung et prince de tous les dragons. Ces pays étaient éminemment désirables.
On admet sans aucun doute que l'ancienne poésie écrite en vieux norrois et connue sous le titre d'Ancienne Edda ou Edda poétique a gardé une force profonde, bien qu'enfouie, dans son oeuvre à la fin de sa vie. On sait bien, en tout cas, qu'il a emprunté les noms des nains de Bilbo le Hobbit au premier poème de l'Edda, la Völuspá, «Prédiction de la Prophétesse» : en décembre 1937, il fait remarquer à un ami sur un ton légèrement narquois mais qui est bien dans sa manière :
Moi-même, je ne pense pas grand bien du Hobbit, préférant ma propre mythologie (qui est tout juste évoquée), avec sa nomenclature cohérente... à cette multitude de nains aux noms eddiques, sortis de la Völuspá, hobbits et gollums ultramodernes (conçus pendant une heure oisive) et runes anglo-saxonnes.