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Citations sur Les guerres intérieures (80)

Incipit :
« Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. »
Victor HUGO, Les Contemplations, préface.
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Emi est âgée de quarante-quatre ans. Il y a longtemps qu'elle a analysé la logique inexorable qui a pesé sur sa famille et engendré ce sentiment épuisant d'un monde disharmonique. Le mécanisme s'est enclenché très en amont de sa naissance, lors de la fracture brutale survenue entre son père et ses propres parents, après qu’Izuru a choisi de quitter les bureaux de Honda à Hamamatsu pour rejoindre l’usine de Belgique, puis d'épouser Sonia. Le brillant ingénieur destiné aux plus hautes responsabilités était tombé amoureux de la fille d'un concessionnaire de deux-roues français en visite commerciale à Alost. Tombé, était le mot qui convenait selon Issey et Akiko Shimizu, l'un fonctionnaire à l’hôpitâl public, l'autre fonctionnaire à la bibliothèque municipale de Toyooka. Ils refusèrent d'assister aux noces et même de recevoir leur belle-fille. Ils écrivirent à Izuru, « tu es le poignard qui déchire le rêve », faisant allusion à une devise de Soichiro Honda — « évoquer le rêve » — qu’Izuru avait peinte sur le mur de sa chambre lorsqu'il était encore un étudiant studieux aux résultats remarquables. Ce qui avait fasciné leur fils chez Sonia leur était inaccessible.
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Quelque chose s'était brisé, mais plutôt que se confronter à la fin de leur histoire, tous deux se sont laissé porter par les événements et ont organisé leur mariage, juste après la nalssance d'Alexis. Lors de la cérémonie, Emi a fait lire ce court extrait de Noces, d'Albert Camus : « On a vu des mariages se conclure ainsi, et des vies entières s’engager sur un échange de bonbons à la menthe. » L'assistance a trouve cela adorable, une vie entière !
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Elle a d'ailleurs été surprise de découvrir qu'il s'agissait d'une femme au hasard d'un accord de participe passé : les premiers courriers étaient signés E. Shimizu et elle était convaincue d'avoir affaire à un homme. Cela l’a agacée, cette emprise d'une culture sexiste qui l'a menée à un tel raccourci - domaine du déménagement, donc homme - elle, une femme libre, indépendante, entrepreneuse, portant haut des valeurs progressistes.
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Il s'est mis à observer les comportements de ses congénères, à les analyser. Ici, ce médecin, prescrivant un puissant neuroleptique pour se débarrasser d'un patient qui hurle sa souffrance et perturbe le service. Là, ce tenancier de bar servant une énième tournée à ses clients déjà ivres. Ce professeur qui s'abstient de sanctionner un élève par peur des représailles. Cet amant qui signifie une rupture en envoyant un SMS ou en se bornant à couper les ponts. Ce journaliste qui écrit des articles de complaisance. Ces employés pressés de regagner leur domicile, modifiant leur trajectoire pour éviter un homme qui tend la main puis s'émouvant, une fois calés dans un canapé confortable, du sort réservé aux migrants. Cette femme qui ne rend plus visite à sa mère au prétexte qu'elle souffre d'Alzheimer et ne s'en souviendra pas. Cette jeune fille qui refuse de témoigner d'un harcèlement dans son entreprise pour ne pas mettre en péril sa carrière. Cet homme qui prend la fuite en apprenant que sa femme est enceinte, celui qui promet indéfiniment à sa maîtresse qu'il quittera sa femme ou cet autre qui laisse la sienne se rendre seule à l'hôpital pour avorter. (…) Il a pensé aux peuples vivant sous un régime totalitaire ou une dictature, qui s'accommodent de l'arbitraire et de l'horreur et parfois même y collaborent. Aux politiques qui s'engagent, face à la caméra, sachant pertinemment leurs promesses intenables. La liste s'allongeait sans cesse. Il s'est senti moins seul. Tout bien pesé, il n'était pas pire qu'un autre.
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La lâcheté était peut-être le caractère le mieux partagé dans ce monde : chacun l’expérimentait tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, et s’empressait aussitôt de la dissimuler.
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Il enterre ses émotions comme un trésor qui pourrait s'évanouir, disparaître d'un coup - il ne connaît que trop l'instabilité des êtres et des événements.
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Quand s'est-il résigné ? Il ne saurait déterminer la date, c'est un glissement pernicieux et constant qui l'a fait plier, comme le vent régulier des tropiques courbe le tronc des arbres et les lianes des bougainvillées.
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Chaque être confronté aux caprices du destin se construit sa propre armure avec plus ou moins de bonheur.
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Elle empruntait la sortie secondaire qui ouvrait à une centaine de mètres sur la lisière tissée d'arbustes et de broussailles, s'arrêtait pour en respirer les premiers parfums, traversait la route à la manière d'une biche furtive et nerveuse et s'enfonçait dans les fourrées, trouvant naturellement son chemin là où d'autres se seraient laissés piéger par les ronces, prenant garde d'éviter les bruyères, les tiges de bardane et de douce-amère, les violettes ou les campanules au printemps, les cèpes et les vesses-de-loup à l'automne.
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