Suzette ou le grand amour

Sur le thème rebattu de "il n(y a pas d'âge pour aimer", Fabien Toumé nous conte une bluette (tiens ! ça rime avec Suzette) remplie de bons sentiments. Je ne suis pas contre. Les livres qui paraissent sont si souvent désespérés et démoralisants qu'un peu de douceur et de bonne humeur ne sont pas de refus.
Suzette vient de perdre son mari avec qui elle a passé 60 ans et pourtant "Je ne suis pas triste", constate-t-elle en quittant le cimetière. Cette remarque ne manque pas d'intriguer sa petite-fille Noémie qui a toujours considéré ses grands-parents comme un couple exemplaire, preuve que l'amour dans un couple peut durer toute une vie. Et Noémie, justement, a besoin d'y croire, elle qui est en train de s'installer avec Hugo après cinq ans de relation. Très attachée à sa "mamoune" qui l'a élevée, elle l'entoure de son affection. Hugo et elle lui rendent souvent visite. Esseulée, la vieille dame se laisse aller à quelques confidences sur son couple, pas si heureux qu'il paraissait et sur une amourette de jeunesse, jamais oubliée. "Et si on essayait de le retrouver ?" rebondit aussitôt Noémie. Après s'être fait un peu prier, Suzette accepte et les deux femmes vont prendre la route en direction de Portofino (Italieà où vit peut-être encore le beau Francesco.
Lectrice au coeur tendre, car cette BD est assurément pour vous, soyez rassurée : aucun drame ne viendra gâter cette friandise alléchante. Pas de traits toturés ni de cadrages propres à vous donner le mal de mer (plongée, contre plongée, changement de format), chez Fabien Toulmé. La ligne est claire, les couleurs sont délicieusement acidulées dans les tons pistache-framboise, les bulles lisibles On entre parfaitement bien dans l'univers des personnages grâce à des onomatopées à la portée de tout le monde : La cafetière qui chauffe sur la cuisinière fait "tchhhh" comme il se doit, et le café que l'on verse dans les tasses, "glou glou" ; le "Plic, ploc" de la pluie, le "Rrouu, Rrrou" d'un pigeon appelant sa compagne ne vous déconcerteront pas. Et si vous avez une vingtaine d'années comme Noémie, cela vous rappellera votre chère grand (ou arrière grand)- mère.
L'auteur pense peut-être relever la fadeur de ce "bonbon" en introduisant un petit discours féministe sur la sexualité. Nous le mettons en garde. Dans les maisons de retraite où ce livre trouvera sans problème son public, certains propos osés pourraient choquer les vieilles dames ou leur donner de drôles d'idées.