Les Vies de Charlie

J'ai été très attirée par la couverture de la bande dessinée et par son résumé mais je n'ai pas été embarquée dans cette lecture.

Sur la forme, j'aurai aimé plus de dialogues et des dessins en couleurs. Les couleurs apparaissent au fil de l'histoire avec l'évolution des personnages et de la situation mais l'essentiel de la bd n'est pas coloré.

Sur le fond, j'étais très attirée par l'idée du service de  reclyclage des personnes décédées et par ce petit garçon qui cherche à savoir où est parti l'âme de sa maman.
Je m'attendais à une histoire touchante, à la création d'un lien entre Charlie et le petit garçon mais c'est peu présent à mon goût. J'ai relu certains passages en me disant que je devais passer à côté d'informations, d'éléments notamment concernant le lien entre la maman et Charlie mais ça reste opaque pour moi.

Je m'attendais à passer un moment plein de tendresse, de douceur en lisant une histoire touchante. Et je me suis retrouvée dans une histoire froide, dure à laquelle je n'ai pas accroché.

Je trouve ça dommage car le personnage de Charlie est très intéressant. La bd présente aussi une satyre du monde de l'entreprise avec des règles surprenantes appliquées par des employés résignés. L'auteur a distillé des touches d'humour mais ça n'a pas suffit pour me convaincre.

Je vois ce que l'auteur a voulu faire, et franchement l'accompagnement graphique est incroyable, autant dans le choix des formes que des couleurs, mais le récit s'est vite essoufflé pour moi et au final toute la deuxième partie m'a ennuyée. J'ai eu du mal à être convaincue par le propos - et il y avait beaucoup de choses qui s'enchainaient, mais aussi un certain nombre de failles qui détruisent le tout (dont une grande partie est probablement en raison d'un manque de pages pour le traiter).

Je pense que les sujets de la réincarnation et celui des âmes soeurs auraient mérité chacun un tome différent (ou une histoire différente). Je pense, aussi, qu'à trop vouloir faire peser l'histoire sur un Charlie qu'on veut trop présenter comme sympathique, la lourdeur et la place du personnage finissent par manger toute la poésie du propos derrière. Soit Charlie prend trop de place, soit l'image qu'on veut donner de lui.

Les vies de Charlie a une couverture et un résumé accrocheurs, le personnage principal est sympathique, la colorisation intéressante, et c'est confiante que j'ai entamé la lecture. J'ai bien aimé voir évoluer Charlie dans cette entreprise un peu particulière, un chouia autoritaire aussi dans le traitement de ses salariés (j'ai cru frôler la dystopie !). J'ai apprécié les touches d'humour autour des relations entre collègues ou des demandes des clients.
Par contre, j'ai été surprise par l'association d'éléments clairement adultes (l'histoire du savon, l'importance de la sexualité dans les deux salles d'attente...) avec un autre aspect très... jeunesse ? Il n'y a pas vraiment d'enquête autour du devenir des âmes, alors que je pensais que ce serait un gros morceau : toutes les informations "viennent" à Charlie. Pas non plus de remise en cause du système : j'aurais été curieuse de comprendre ce que vient faire Recycle & Ternel dans une histoire qui a l'air de fonctionner sans intermédiaire depuis au moins les invasions vikings. J'ai eu du mal à suspendre mon incrédulité, j'avais trop de questions, et la logique interne des "recyclages" me semble discutable.
J'ai aussi été déçue de voir que l'histoire d'amour prenait le pas sur la relation entre Charlie et le petit garçon du résumé, finalement peu exploitée. C'est joli, ça se veut feel-good, mais c'est trop loin de ce que j'attendais.
Merci à Babelio et aux éditions Dupuis pour l'envoi.