"Sa mère chercha à comprendre ce qui amenait sa fille unique à changer subitement son programme. Depuis plusieurs mois, elle avait des réactions étranges et des propos parfois confus. Après en avoir longuement parlé entre eux, ses parents l'imaginaient traverser une zone de turbulence due à un rythme de travail toujours plus intense, un surmenage professionnel épuisant autant physiquement que psychologiquement. Pour eux, Mathilde flirtait avec le burn-out, cette épidémie des temps modernes."
"Certaines années, elle obtenait les précieuses cinq cent sept heures lui ouvrant pour une année l'accès à l'intermittence du spectacle. Un Graal éphémère qui atténuait l'incertitude professionnelle dans laquelle elle évoluait. L'argent, toujours l'argent. Il avait peu de valeur à ses yeux, mais il restait un mal nécessaire pour continuer à vivre comme elle l'entendait."
- C'est très beau, l'idée que la musique nous unisse dans un moment unique de partage.
- Il semblerait même que plus nous sommes nombreux à partager l'expérience, plus notre cerveau voyage loin dans le passé et dans l'avenir. Comme si le nombre de personnes connectées aux mêmes vibrations jouait sur l'intensité du phénomène.
Souffrir dans un monde qui allait mal était un signe de bonne santé mentale.
Elle cultiva sa différence, sa liberté d'esprit, et une forme de créativité pragmatique dans l'art de s'en sortir. Elle apprit à résister à la facilité, à la pensée unique, à se méfier d'une société qu'elle jugeait obscène, injuste, trop violente pour elle.