En commençant "Je suis un thriller sentimental" d’Emmanuelle Tremblay, je me suis dit « Enfin un livre dont l’intrigue commence dès les premières pages ! » En effet, Amy apprend au tout début du roman que son amoureux, Anthony, qu’elle fréquente depuis trois ans, sort avec Caroline depuis… trois ans. Le roman tourne autour de cette révélation qui ne cesse d’être retardée, les femmes ne voulant pas céder à leurs doutes afin de préserver l’illusion de l’amour d’Anthony. Les différentes étapes sentimentales vécues par les personnages sont bien amenées, rendant crédibles les événements. L’entrecroisement des personnages permet la divulgation d’histoires s’étant déroulées autrefois et la révélation d'autres facettes des personnages.
Cela étant dit, les épanchements lyriques d’Amy et de Caroline prennent trop de place. Les différentes formes d’écriture, comme les courriels et les lettres, ou encore les monologues d’Amy lors de ses rendez-vous chez le psychiatre, répètent ce qui a déjà été expliqué auparavant. L’intrigue que tente de résoudre l’inspecteur Wallerstein laisse voir davantage un besoin technique plutôt qu’une histoire importante à raconter. Le chaos, enfin, thème serpentant entre les chapitres, aurait pu prendre davantage possession des événements, sa présence étant si forte. Même si les longueurs font en sorte de rendre les événements répétitifs et que les différentes formes d’écriture laissent présager que ce roman est le premier de Tremblay, l’écriture, par sa fluidité et son originalité, permet de transmettre facilement toutes les émotions des personnages tout en captivant le lecteur.
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La plume, très belle et souvent poétique, fait plonger le lecteur en profondeur dans la psychologie des personnages. Cependant. l'histoire nous est livrée de façon décousue; ce qui est normal, car elle relate des événements et des réflexions de cinq personnages dont les destins seront inter-reliés. J'ai donc persévéré (et patienté) jusqu'à la fin, en espérant un dénouement, comme on en trouve dans les romans policiers, qui donnerait un sens à tout cela. Certaines pièces du casse-tête se sont placées, mais l'image est restée incomplète; et bon nombre de mes questions demeurent sans réponse. Un conseil, si vous décidez de relever le défi, armez-vous d'un calepin et prenez des notes.
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Dans son premier roman, Emmanuelle Tremblay, née au Saguenay, déménagée au Nouveau-Brunswick, s’intéresse à la porosité de la ligne qui sépare vérité et mensonge.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
— Il est l'exception qui confirme la règle. Tandis que toi... tu ne nieras pas appartenir sans réserve à ton espèce. Et pourquoi, dis-moi, faire une tempête dans un verre d'eau?
— Parce que je te sens de plus en plus vulnérable, Caro. Ce type te vide. Jamais là. Toujours en transit, d'une ville à l'autre. Tu t'épuises à l'attendre.
— Tous les soirs, il me dit son amour. Depuis notre première Saint-Valentin. Je m'en souviens parfaitement.
— Moi aussi. Nous étions ici même. Et tu as passé tout le temps du souper à attendre son appel.
L’amour, l’amour ! Mais de quoi parlons-nous ? Les mots qui le désignent veulent-ils encore dire quelque chose ? Comme tout le reste, il est devenu apocalyptique. Avec la fin de l’Histoire, nous assistons aussi à la fin de l’amour. Moi, je dis qu’il faudrait avant tout avoir la lucidité de prendre ça en considération : on vit dans un monde postamoureux ! On ne peut plus penser les rapports entre les individus de la même manière.
Mais je peux t'affirmer une chose avec certitude. Jamais, depuis que je m'assois sur ce bloc de béton, fidèle à mon poste, jamais, je te dis, je n'ai vu le chaos se produire plus d'une fois dans la même journée.
De deux choses l’une. Ou tout s’écroule autour de moi. Ou la vie poursuit son cours, indifférente à l’orage qui gronde pareil à ce doberman prêt à bondir d’un balcon en fer forgé, à notre droite.
C’est lui, Jérémie. Derrière sa cravate en soie noire, il esquisse un demi-sourire. Égal à lui-même depuis toutes ces années que nous nous croisons par-ci par-là, pour le travail. De mise correcte, mais un peu perdu dans son veston. Le regard si gris que c’en est triste. Sa fragilité ne m’est pas indifférente. J’ai souvent pensé que nous étions faits pour mieux nous connaître.
Gabriel Marcoux-Chabot présente « Nous le lac » d'Emmanuelle Tremblay (Le Noroît), finaliste dans la catégorie Poésie / Théâtre des Prix littéraires du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2022.
La cérémonie de remise des Prix littéraires aura lieu lors du Salon du livre, le jeudi 29 septembre dès 19 h, au Centre des congrès du Delta Saguenay. Les 6 lauréat.e.s seront dévoilé.e.s le soir même.
Une production du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean
Réalisation : Marc-André Bernier