Cette fort jolie surprise est probablement mon titré préféré chez Kotoon. Offrant une vraie maestria graphique, elle plonge aussi dans les racines du mal… être et le fait avec brio et sincérité.
Les séries fantastiques ne sont jamais des choses faciles à écrire. le mythe du vampire, on l'a tellement éculé que c'est dur de se renouveler avec. Et pourtant, tout en restant classique
Raul Trevino y réussit dans ce court titre, déjà terminé en 2 tomes, où il allie expérience littéraire et expérience personnelle. Ayant perdu son frère au début de la publication de l'oeuvre, il y a mis ensuite énormément de lui-même, en faisant une oeuvre cathartique et cela se sent.
La première chose qui m'a frappée ici, c'est le travail sur l'ambiance qui est fait. A travers des dessins au noir somptueux, il nous plonge dans les maux de l'âme. C'est sombre, c'est écharpé, c'est tranchant et son trait retranscrit tout cela avec clarté et force. le mal être de Sarah suite à la mort de sa mère et la relation bancale qu'elle a avec son père, elle suinte des pages. La profonde tristesse de Samuel le vampire, qui ne se remet pas de la mort de sa femme, elle nous transperce aussi. L'auteur se livre à de vraies expériences graphiques avec eux pour transposer sur papier les vagues de leur âme et il y réussit brillamment avec des compositions souvent expérimentales, très métaphoriques mais où les jeux de couleur, de graphisme et de texture frappent !
L'histoire est tout aussi réussie avec ce voile étrange qui la recouvre et qui fait des merveilles dans une oeuvre fantastique. Elle nous entraîne dans les méandres des âmes cabossées de chacun. Avec cet effet « groupe », les 6 personnages qui vivent cette histoire sont hyper entraînants, rappelant de vieilles séries d'autrefois. On s'embarque avec eux dans leur lutte contre la noirceur qui les pénètre que le fantastique permet de matérialiser et de fonder comme ennemi commun à combattre. C'est ce qu'il y a de chouette dans ce genre, nos peurs, nos troubles, prennent vie. L'auteur a magnifiquement exploité cela, nous permettant de passer ainsi des problèmes de Sarah à Samuel, en touchant également leurs amis et leur famille. Les pouvoirs de Lilac et Oliver étant de parfait mediums pour aller combattre le mal et faire le lien avec notre réel.
Aventure, thérapie et amitié sont donc au rendez-vous de ce dernier tome dans lequel on ne s'ennuie pas un instant. Alors oui, il y a quelques carences au milieu, cela va un peu vite. Il y a des sauts et des coupes qui sont fait dans la narration qui se sentent un peu trop. Cela a aussi un côté un trop classique et déjà vu, c'est également assez facile au final et bien des éléments des passés de chacun auraient mérité d'être creusés. Mais pour une oeuvre courte, c'est intéressant et efficace avec de bien belles idées sur le deuil et la solitude très joliment mis en scène et en images par l'auteur, ce que je tiens à saluer.
Avant tout oeuvre graphique marquante pour moi, Live Forever m'a montré la belle combinaison de l'art du comics américain avec l'art du séquençage à la japonaise, pour un artiste mexicain vivant au Japon. Ce fut un récit bouleversant sur la difficulté à gérer un deuil et une transition familiale complexe, mais un récit lumineux porté par de belles rencontres et retrouvailles soulignant l'importance de l'amitié dans la vie. le tout porté par des expérimentations graphiques sur fond de noir et rouge juste saisissantes, symbolisant à merveille le trouble des pensées des personnages. J'espère qu'on nous permettra de continuer à suivre l'oeuvre de cet auteur fort prometteur.
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