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Un petit livre qui se lit le temps d'une tasse de thé, mais quel livre ! difficile de décrire l'histoire, ni même mon ressenti, la lecture fut si brève mais intense, troublante, voire angoissante. Thérèse est prise de "folie" style dédoublement de la personnalité, par moments seulement. Si j'ai bien compris la finalité de tout cela, ce genre de folie serait en fait, une bouée de sauvetage pour que Thérèse se réveille et réagisse. Et effectivement à petite dose, l'auteur nous livre quelques blessures plus ou moins graves dans la vie de Thérèse. Son enfance, son père, sa soeur, son mariage etc... la voisine et sa paire de jumeaux.
Thérèse nous conte dans son journal intime, cette non vie, sans doute réaliste t elle que le temps de la révolte est venue, mais la vraie Thérèse ne peut se montrer sous ce nouveau visage, la folie aurait donc pris sa place pour rejeter toute cette vie de misère ainsi libérant Thérèse de ses chaînes et prendre la fuite. Une fuite vers une nouvelle vie en laissant tout derrière elle, j'ai bien aimé la fin, quand elle lance son journal, un symbole ! Des beaux passages , extrait : " Quelques feuillets en mal d'enfance font encore le gros dos comme des cerfs-volants. " puis "Chaque vie a son journal. Thérèse reprend la route."
On comprend tout en fait à la fin du livre, et la lumière fut.
Un petit roman remarquable, original, puissant, et une écriture comme je les aime.
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Me revoici avec un Trouillot dans les mains, auteur que j'affectionne parmi d'autres et que j'aime à retrouver.

Thérèse en mille morceaux est un exercice complexe, car il s'agit de l'histoire de la double personnalité de Thérèse dont la mère, qui s'appelait aussi Thérèse, avait une forte emprise sur sa fille. Voilà juste une partie du décor planté.

Parler de ce livre tout en monologue intérieur, est aussi complexe, comme l'ont ressenti d'autres chroniqueurs.

Le roman commence par la fin, quand ce jour de mars 1962, Thérèse Décatrel prend l'autobus et quitte la ville du Cap, Cap-Haïtien, ville portuaire au nord d'Haïti, pour ne plus jamais revenir.

« Pour tout bagage, elle emportait son journal intime et trois cent vingt-neuf piastres… »

Jusqu'à ce jour, Thérèse n'avait été que quelqu'un « d'à moitié », sans vraie décision, sans cesse en rétention, en division. Mais un jour, elle a réagi, et elle s'est mise à écrire pour savoir de combien de Thérèse elle avait été le pantin… Elle se cherche, Thérèse en mille morceaux, comme autant de fragments répondant à ce même prénom.

On va remonter le temps, celui de son enfance durant laquelle elle ne franchissait jamais la porte de la cour donnant sur la rue, pour aller se mêler aux autres, voir le monde. C'est le temps des jeux avec sa soeur, aujourd'hui mariée à un pharmacien.

Viennent les moments conflictuels avec sa mère, Thérèse, qui se juxtapose parfois avec ses propres fragments qui oscillent entre ordre et désordre, morale rigide et liberté, fenêtre ouverte et fenêtre fermée, entre immobilisme et grands espaces.

C'est aussi l'histoire du père infidèle qui a dilapidé le patrimoine, terres et maisons, pour de femmes, pour rien.

Nous allons suivre la métamorphose de la nouvelle Thérèse qui va la mener jusqu'à ce bus avec « pour tout bagage, elle emportait son journal intime et trois cent vingt-neuf piastres… », tout en revenant régulièrement devant cette porte de la cour donnant sur la rue qu'elle ne franchissait pas.

Fait étonnant et rare, lorsque j'ai terminé le livre, je suis retourné au début, pour reprendre la route, reprendre le fil pour être sûr. Un effet de boucle naturel, peut-être pour rester un peu plus longtemps avec cette Thérèse que je connaissais maintenant…

Ce que j'aime chez Trouillot, à l'écriture parfois répétitive, c'est sa poésie, ses effets miroir, quel que soit le contexte du roman et de ses personnages. Ce sont tous ces petits cailloux blancs qu'il pose ici et là, faits d'humanité, de sens de la vie, de rapport à l'autre. Elle reflète la sensibilité haïtienne et ricoche dans l'universel.

Thérèse en mille morceaux, c'est l'émancipation au sens large mise en contexte, certes particulier du lieu et de l'époque. C'est le conflit intérieur, l'acceptation de ses propres démons, de sa personnalité dans son entièreté.
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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« Ma main m'écrit,
me constitue au fil de l'encre.
Je prends naissance dans un cahier
que j'ai moi-même acheté. » « Nous habitons nos peaux, nos maisons, nos quartiers, nos histoires personnelles comme si quelqu'un d'autre s'était donné un tel mal pour ranger nos affaires qu'il serait inconvenant de vouloir troubler l'ordre. » le Cap haïtien, début des années 60. C'est l'histoire d'une femme, Thérèse, 26 ans, qui lève les interdits: d'épouse bienveillante et soumise vers une amoureuse du plaisir. Une autre Thérèse que l'on nommera folie. Lyonel Trouillot fait se battre une Thérèse en mille morceaux grâce à l'éclat d'une langue qui brise tous les poids de la tradition.
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A Haïti, une femme raconte sa libération intime sous l'apparence de la folie. Puissant.

Publié en 2000, le deuxième roman de l'Haïtien Lyonel Trouillot frappe fort.

La narration prend place au Cap Haïtien, la capitale régionale du nord d'Haïti, sans doute dans les années 50. La jeune Thérèse prend un cahier d'écolier et un stylo-bille pour écrire, en se libérant, les circonstances de son départ, solitaire et radical, vers une nouvelle vie.

« Parce que j'ai brusquement pris conscience d'avoir été jusqu'à ce jour quelque chose comme un « être-là », une réalité totalement extérieure à sa propre existence (pas même un vrai mensonge, juste une hésitation plus coutumière que motivée), j'ai décidé d'écrire. Autant pour assurer ma phrase que pour me fonder en action. Tout Thérèse n'a été qu'un vieux tas d'expressions du type mi-chaud, mi-froid, entre chien et loup, mi-figue, mi-raisin. Comme habitée par mille destinées incompatibles, je réalise qu'à mon insu quelque chose éloignait ma main droite de ma main gauche, interdisant à mes élans le moindre geste à l'unisson, qu'il fût de joie ou de colère. Mes pas s'arrêtaient à chaque virage ; ma tête, mon corps, mes rêves marchant comme un canard, chacun tirant mes ficelles dans des directions opposées. Thérèse à jamais disloquée a donc choisi d'écrire. »

Venant juste d'être saisie par des crises aiguës de schizophrénie, qu'elle racontera aussi dans son cahier, une autre Thérèse, violente, intempestive et iconoclaste, a été provisoirement libérée, sous l'apparence de la folie, pour l'entourage, pour casser, heurter, créer le déclic permettant à la narratrice de s'affranchir de l' « ancienne » Thérèse, deuxième fille éternellement soumise et résignée d'un père propriétaire terrien ruiné, coureur effréné de jupons, mort alors qu'elle était toute jeune, criblé de dettes, et d'une mère inflexible, confite en religion, en désespoir et en maintien à tout prix d'une dignité de façade, et soeur cadette d'Elise, qui lui a terriblement montré la voie en matière de résignation et d'effacement, alors que le vieux pharmacien, mari d'Elise, songe secrètement, peut-être, à d'autres vies possibles.

Un texte puissant, étonnamment poétique, sur une libération intérieure hors du commun et un refus radical de la résignation, même « habillée ».
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Vraiment très beau. Très dense. Une observation pleine de finesse de l'éclatement intérieur, de la recherche d'identité. Pas évident de rendre de manière structurée ce que peut être l'explosion de l'identité. Une plongée intérieure pour s'extraire de la mascarade généralisée et sortir les petits bateaux de l'arrière boutique.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Pour certains Thérèse est devenue folle. Elle tente de sortir d'une prison affective et sociale, de s'évader de cette demeure sombre et confinée aux volets toujours fermés par l'écriture.
Écrire est un moyen pour elle de s'en sortir, de sortir de son emprisonnement, de trouver enfin la liberté, la vie vraie...
Un roman très court et troublant...
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«Thérèse fut une et heureuse. Aujourd'hui Thérèse n'est pas. Se livrent dans ma tête comme des batailles rangées, aucune conciliation n'étant possible entre mes parties. J'ai pu croire un instant avoir assez de savoir-faire pour amener mes moi à conclure une entente, mais mes chemins s'opposent et se radicalisent dans cette bataille pour mon corps.»

«Thérèse en mille morceaux» est le journal d'une jeune femme de vingt-six ans, à Cap haïtien au début des années 1960. Thérèse est en proie à des crises de schizophrénie mais elle est totalement lucide sur ce qui la dévore de l'intérieur, sa rébellion contre l'enfermement et la déchéance : déchéance de sa famille, de sa mère enfermée dans l'image de la richesse passée de son mari, de cette femme qui ne savait que condamner, qui a maintenue Thérèse et sa soeur dans l'ignorance du monde, dans l'ombre d'une maison sans joie et dans le corset austère de la religion, de son père alcoolique, zéro ambulant coureur de jupons et haï par sa mère, et enfin déchéance d'Haïti dans la misère, pays lui aussi en mille morceaux.

Huis clos de Thérèse avec elle-même, seule à seule avec ses propres voix qui se répondent, chacune à leur rythme, ce récit d'une libération est, avec une économie extraordinaire d'événements et de faits, d'une puissance poétique incroyable.

Comme un envol et une chute.

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A vingt-six ans, Thérèse se sent habitée par son double. Cette autre Thérèse va lui révéler ses envies, ses désirs, ses pulsions, ses dégoûts – tout ce que la lisse et droite Thérèse a toujours tenu à l'écart d'elle-même. Elle commence un journal parce qu'elle a « brusquement pris conscience d'avoir été jusqu'à ce jour quelque chose comme un « être-là », une réalité totalement extérieure à sa propre existence ».
Lien : http://lencreuse.over-blog.c..
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Après avoir découvert la plume inspirée de Lyonel Trouillot avec son dernier roman sorti, Antoine des Gommiers, je souhaitais approfondir ma connaissance de l'auteur avec une de ses oeuvres précédentes et l'occasion de arrive avec Thérèse en mille morceaux.

Je suis un peu perplexe quand je lis les avis et critiques enflammés sur ce roman et cela me laisse penser que j'ai du passer à côté. Je n'ai pas été très en empathie avec la protagoniste et à son implosion psychologique qui la place face à son autre, celle qu'elle a renié, caché, enfoui, refoulé, celle qui est pourtant l'incarnation de sa liberté.

La forme de Thérèse en mille morceaux est intéressante et Lyonel Trouillot maitrise parfaitement son propos du début à la fin. Cependant, j'ai trouvé quelques développements un tantinet racoleuse au point que c'est l'auteur masculin que je vois derrière Thérèse en mille morceaux. La liberté ne peut-elle être que sexuelle? À chacun de se faire un avis. le mien n'est pas spécialement enthousiaste mais mon ressenti n'est pas complètement mauvais non plus.

Lien : http://livrepoche.fr/therese..
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Review Malgré les 3 étoiles j'ai aimé le livre de Trouillot ainsi que les personnages de Thérèse(s).

Les mots sont vifs et franc, le récit bien mené.

En revanche, je pensais probablement maladroitement pouvoir comprendre et percevoir l'origine, l'élément déclencheur de cette multiple personnalité, mais rien... Evidemment, j'imagine que ce n'était en rien le but de cet écrit!
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