Citations sur Etrangers sur la terre, tome 1 (24)
Nous ne savons rien des êtres. Ceux qui nous sont les plus chers, les plus proches, dissimulent un mystère sous leur fallacieuse simplicité. Chacun vit pour soi. Les communications d'un coeur à l'autre sont rompues à la naissance.
" - Ou veux-tu aller, Ton destin est ici. Il y a de bons et de mauvais Russes, comme de bons et de mauvais français. Les soldats bolcheviks qui voyageaient avec nous dans le wagon à bestiaux avaient ils de meilleurs têtes que ces marchands ? Tout le drame vient du fait qu'on élève des inventions administratives, telles que les cartes d'entité, les passeports, les visas, au niveau des réalités éternelles, telles que la vie et la mort. Dépouillé de son état civil , le Français cesse d'être Française et moi je cesse d'être Russe. Il n'y a plus, face a face, que des hommes nus, égaux, identiques ..."
Assis dans son fiacre, Akim croyait participer aux délices d'un songe. Cet univers civilisé, qui, pour le cocher, pour les passants, n'offrait rien de remarquable, lui paraissait, dans ses moindres détails, digne d'admiration. Il n'osait ni bouger la tête ni élever la voix, par crainte d'assister à l'émiettement d'un miracle. Son esprit travaillait rapidement : « Pourvu que je les trouve chez eux ! S'ils sont absents, s'ils ont déménagé, où logerai-je ? À l'hôtel ? Trop cher pour moi. Michel et Tania mis à part, je ne connais personne dans cette ville
Dès le jour où tu es entré dans cette maison, j'ai su que Lucienne Pérez se tuerait par ta faute. Un peu plus tard ? Un peu plus tôt ? Qu'importe ! Regarde-la. N'est-elle pas une merveilleuse victime ? Exactement conforme à la tradition
Plongé soudain dans l'agitation et le bruit de Paris, Akim tremblait sous le choc et clignait nerveusement des paupières. Les accents de la langue française, chantante, rapide, le baignaient de toutes parts. Les voyelles « a » et « i » heurtaient agréablement ses oreilles. Un sentiment de légèreté, d'alacrité(1) lui traversa l'esprit.
Un garçon n’est jamais ridicule quand il parle de ses parents et de son pays.
Etre au service de tous est moins humiliant que d'être au service d'un seul.
Il ne faut pas trop évoquer le passé . La fréquentation des souvenirs est débilitante.
nouvel Personne ne parlait, car le vent de la course séchait les lèvres au point de les rendre douloureuses. Les oreilles devenaient des glaçons sonores où tintait le métal guilleret des grelots. Les narines, brûlées et dures, accueillaient le parfum vide, vaste et propre de l’hiver. Sûrement, le cocher était mort de froid, et les chevaux galopaient, livrés à leur seule fantaisie. Depuis combien de temps le traîneau avait-il pris la route ? Dix minutes, vingt minutes ? Une lumière. Deux lumières. Michel tourna vers Tania sa figure aux sourcils et aux moustaches poudrés de neige
Vous êtes là, à geindre parce que nous avons quitté la Russie. Vous ne comprenez pas que tant qu'on est vivants, rien n'est perdu ? Il faut profiter de Paris comme de Moscou, de la misère comme de la fortune. Qu'on te botte le cul ou qu'on pose une couronne en papier sur la tête, les deux expériences sont riches d'enseignements délicieux.