AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 104 notes
5
6 avis
4
11 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est vraiment par hasard — et, je peux le dire maintenant, par chance — que je suis tombée sur cette BD autobiographique de Marcelino Truong. Elle m'a mis en lumière un point de vue que je n'avais jamais beaucoup eu (probablement par paresse d'avoir cherché comme il le faudrait), celui des ressortissants du sud Viêt-Nam à l'époque du président Ngô Đình Diệm.

L'auteur ne cherche pas à nous faire prendre parti, il nous présente son enfance, celle d'un fils de traducteur auprès des autorités de l'époque et du président en particulier. Il jouit également de la double nationalité et de la double culture à la fois vietnamienne et française puisque sa mère est originaire de Saint-Malo.

Il nous invite donc à vivre la période de l'éphémère " république " du Viêt-Nam du sud, c'est-à-dire dans le Saïgon des années 1961-63 jusqu'à l'assassinat de Ngô Đình Diệm. Cet assassinat politique précéda de peu celui de John Fitzgerald Kennedy et marqua le début de l'engagement à visage découvert des État-Unis dans la guerre du Viêt-Nam avec les conséquences que l'on sait.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce mélange de gentille nostalgie de l'enfance combinée à la réalité historique et politique, assez bien détaillée, auquel l'enfant qu'il était ne comprenait rien mais dont il pouvait, avec ses frères et soeurs mesurer la température au thermomètre des humeurs de sa mère qui ne rêvait que de prendre ses valises pour retourner en France. C'est également un beau travail de reconstitution à partir des archives familiales auquel il nous convie.

Et, comme à chaque fois, beaucoup de morts innocents ; des morts pour des enjeux qui les dépassent ; des morts que les populations croyaient justifiées par l'idéal qu'elles soutenaient et qui finalement ont conduit d'un régime honni à un autre régime honni. Seule la marque du vélo change mais il faut continuer de pédaler dans la montée car la pente reste toujours aussi raide...

Bref, toujours bien avoir à l'oeil et garder à l'esprit l'identité de celui qui écrit l'histoire officielle dans les livres d'histoire dans lesquels nous lisons... En première approximation, on a toujours l'impression qu'il y a le camp " du bien " et, fatalement, celui " du mal "... Après examen, on s'aperçoit qu'il y a seulement le camp qui a gagné et celui qui a perdu mais qu'en termes de barbarie et d'illégitimité, c'est du kif-kif bourricot...

C'était vrai au Viêt-Nam, c'était vrai en Algérie, c'était vrai en 1945 (vous vous souvenez le coup des méchants nazis et des gentils Américains qui lâchaient des bombes atomiques) et c'est vrai depuis que l'homme est homme et donc pour toutes les guerres passées et à venir.

Une guerre, par définition, n'est jamais juste, ni bonne, ni préventive, ni chirurgicale, ni aucun de ces qualificatifs qu'on leur attribue parfois pour leur donner l'air honnête. Pas même la guerre défensive ou de légitime défense, sans quoi il n'y aurait aucune raison d'abolir la peine de mort, car, auquel cas et d'un certain point de vue, mettre à mort quelqu'un parce qu'il a fait du mal serait une légitimation suffisante.

Sortons-nous ça de la tête. Aucune guerre n'est juste, aucun camp n'est bon et tuer des meurtriers nous abaisse nous-mêmes au rang de meurtriers. Qui peut être fier de ça ?

« Ouais mais, eh, oh, Nastasia. Une bonne guerre, quand même, une jolie p'tite guerre, ça f'rait du bien parfois, non ? »

Non.

Je n'en démordrai pas, mon avis tient dans ces trois lettres et où qu'elle soit, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Libye, en Israël ou au Liban, ce sera toujours ces trois lettres, quoi qu'essaient de nous faire avaler les média. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          812
J'ai découvert Marcelino Truong très récemment avec sa B.D s'intéressant à la guerre d'Indochine, « 40 hommes et 12 fusils ». Cette lecture m'avait enthousiasmée et j'ai eu envie de poursuivre ma découverte de l'auteur.

« Une si jolie petite guerre » évoque cette fois les prémices de la guerre du Viet-Nam. J'ai bien apprécié cette seconde lecture de Truong même si celle-ci m'a moins enthousiasmée que « 40 hommes et 12 fusils ». Je ne sais pas vraiment à quoi tient cette appréciation. « Une si jolie petite guerre » est une bonne B.D, narrativement bien menée et au style graphique efficace. Je pense que cela tient au point de vue. « Une si jolie petite guerre » est avant tout un récit autobiographique où l'auteur met en images ses souvenirs personnels d'enfance dans un contexte historique qui le dépasse et qu'il ne comprend pas vraiment. le récit est donc vu à hauteur d'enfant alors que « 40 hommes et 12 fusils » adoptait le point de vue d'un adulte sur un contexte que l'auteur lui-même n'avait pas connu directement. Il y avait donc dans « 40 hommes et 12 fusils » une distance qui permettait à Truong de prendre de la hauteur sur son sujet et lui permettait d'avoir véritablement un propos. J'ai trouvé que ce n'était pas le cas ici où l'auteur est trop impliqué personnellement dans son récit pour pouvoir prendre de la distance et raconter quelque chose de plus universel, et ce, même si les anecdotes intimes sont entrecoupées d'explications historiques.

Même si « une si jolie petite guerre » est moins réussie que « 40 hommes et 12 fusils », j'ai bien apprécié cette lecture et je compte bien lire « give peace a chance ».
Commenter  J’apprécie          282
Lorsque le hasard me met entre les mains un roman graphique de cette qualité, je me demande pourquoi je n'en lis pas plus souvent.
J'ai eu plaisir à découvrir l'histoire de la famille de l'auteur dans le Saigon du début des années soixante. Son père est diplomate vietnamien basé à Washington. Rappelé à Saigon il devient l'interprète personnel du président Ngo Dinh Diệm de 1961 à 1963.
A travers ses souvenirs d'enfance Marcelino Truong décrit cette période mouvementée qui voit le conflit vietnamien s'installer et les américains imprimer de plus en plus leur marque sur le pays. La guerre est vécue comme un jeu par Marcelino dans une époque où les Gi contre les « commies » remplace les indiens et les cowboys. Malgré la peur, les attentats et les tentatives de coup d'Etat qui ponctuent le quotidien des sud-vietnamiens, Marcelino goûte aux plaisirs de l'enfance et brosse un portrait particulièrement coloré de Saigon.

Entre la petite et la grande histoire du Vietnam, l'auteur restitue le contexte de la guerre et de ses enjeux.
Les dessins aux traits précis soulignent les jeux des enfants insouciants, l'angoisse des adultes, mais aussi la vie quotidienne des saïgonnais.

« Une si jolie petite guerre », à la fois roman, BD, livre d'histoire a été une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          270
« Une si jolie petite guerre : Saïgon 1961-1963 », de l'auteur franco-vietnamien Marcelino Truong, est un livre attachant.
Entre chronique familiale et document, ce roman graphique nous plonge dans les prémisses de ce qu'on appellera la guerre du Vietnam, mais qui n'était encore à l'époque qu'une guerre civile entre Vietnamiens. Au nord, une dictature communiste, dirigée par Hô Chi Minh ; au sud, une autre dictature, celle de Ngo Dihn Diêm , mandarin catholique soutenu par les Etats-Unis et combattu par les Viet Cong, partisans à la solde du nord.
Avec humour et réalisme, l'auteur nous raconte au jour le jour, et du point de vue de l'enfant qu'il était alors, le lent effondrement du régime de Diêm et l'implication de plus en plus évidente des Américains dans un conflit perdu d'avance.

Mais la part la plus intéressante de ce livre, où abondent extraits de lettres, photographies et documents d'époque, tient à mon avis au parallèle qu'établit Marcelino Truong entre le destin de son malheureux pays et son histoire familiale.
A l'image du Vietnam, la famille du narrateur se trouve en effet à cheval entre plusieurs cultures et plusieurs langues : sa mère est française, son père vietnamien ; à la maison, on parle aussi bien le français, que le vietnamien ou l'anglais. Toutes ces influences cohabitent fort bien.
Hélas, cette interminable guerre, qui divise le pays, finit aussi par fracturer la société : dans beaucoup de familles du sud (dont celle de Marcelino), des pères, des oncles ou des cousins décident du jour au lendemain de rejoindre les maquis communistes. Les plus chanceux d'entre eux ne reviendront que treize ans plus tard, après la défaite du sud.
Mais de manière plus douloureuse encore pour le petit garçon, la tension de la guerre finit par révéler la faille psychologique de sa mère, qui souffre de troubles bipolaires. Lui qui vivait jusqu'ici au sein d'une famille harmonieuse et unie voit le couple de ses parents se déchirer sous ses yeux, tandis que dans les rues de Saïgon des bonzes s'immolent par le feu, scellant ainsi le divorce du régime d'avec son peuple.

Le charme indéniable de ce gros livre s'explique en grande partie par la qualité de ses vignettes, à la fois naïves et précises, poétiques et documentées. En quelques coups de crayon, l'auteur sait en effet nous transporter dans ces années soixante où le monde était séparé en deux blocs irréconciliables par un invisible rideau de fer.
Commenter  J’apprécie          153
Très belle découverte que celle-ci.
Marcelino Truong est le fils d'un père diplomate vietnamien et d'une mère française. Après avoir été en poste aux USA, le père est rappelé au Vietnam afin d'officier comme traducteur pour le président Diêm alors que la situation est en train de s'envenimer et que la guerre est sur le point d'éclater.
A travers ses souvenirs, les témoignages de ses parents et quelques lettres écrites alors par sa mère, l'auteur nous raconte son enfance dans un pays au bord de l'explosion. A ces souvenirs personnels s'alternent les épisodes de l'Histoire. Je trouve que ce genre de récit, alliant le documentaire et l'autobiographie, apporte une authenticité et une richesse qui ne se justifie que par l'émotion de celui qui retrace des épisodes vécus.
A ce récit, riche et très intéressant, s'ajoutent les magnifiques dessins aquarellés de Marcelino Truong. J'apprécie particulièrement cette technique de couleur directe qui est vraiment utilisée ici avec intelligences. Les planches relatant les scènes intimistes, familiales, sont traitées dans des camaïeux de rouges alors que les scènes historiques sont, quant à elles, peintes en bleus ; à cela s'ajoutent de splendides planches polychromes.
Je me réjouis de retrouver toute la famille Truong dans la suite de leur histoire, à Londres, dans Give Peace a Chance.
Commenter  J’apprécie          140
Une très belle réussite que ce roman graphique dans lequel l'auteur raconte deux années de son enfance à Saïgon entre les deux guerres.
Sa mère est française et son père vietnamien, proche du pouvoir en place dans la République du Sud.
L'auteur alterne les souvenirs d'enfance avec sa famille et le rappel des événements qui ont mené à l'intervention des Américains au Vietnam et à la chute du Sud.
Les dessins à l'aquarelle sont beaux .
On apprend une foule de choses sur le pays et sur cette période trouble.
C'est donc aussi plaisant que pédagogique !
J'ai hâte de lire la suite de la vie de la famille du petit Marcelino dans le second tome Give peace a chance
Commenter  J’apprécie          80
Voici un roman graphique passionnant où l'auteur nous emmène dans ses souvenirs d'enfant, pendant la guerre du Vietnam.
Les évènements sont précis, analysés au scalpel, en faisant toujours le va-et-vient entre une vision très documentée et des sensations d'enfant...
L'horreur de la guerre et les tractations politiques laissent parfois place à la dégustation d'une glace en ville ou au caractère bien trempé d'une mère au bord de la crise de nerf.
L'ensemble est dense et nécessite une lecture assidue. Même en n'étant pas au fait de tous les détails, je me suis laissée gagné par ce roman très intéressant. Pour avoir rencontré l'auteur lors du festival bd de Saint Malo, la lecture de cet ouvrage très intime en est devenue d'autant plus émouvante...

Lien : http://lesbavardagesdejuliet..
Commenter  J’apprécie          50
Dans ce roman graphique, on suit la vie de la famille Truong qui part s'installer à Saïgon dans la République du Vietnam en 1961.

L'auteur nous raconte sa jeunesse dans ce pays touché par la guerre et nous délivre sa propre vision, celle d'un enfant à l'époque, de ces évenements.

Ce livre est très riche historiquement parlant et j'ai apprécié la qualité du travail effectué par l'auteur qui évoque la propagande de ces années-là mais aussi les violences commises lors de ce conflit.

Son regard reste neutre et malgré la présence de tous ces détails historiques, le récit reste complètement accessible.

En effet, Marcelino Truong mêle l'Histoire à sa propre histoire. On y retrouve un grand nombre de ses souvenirs d'enfance avec ses parents, ses frères et soeurs.

Un second volume est sorti en 2015 et s'intitule Give peace a chance. L'auteur y évoque cette fois-ci sa vie en Angleterre à son retour de Saïgon.

Une BD réussie aussi bien graphiquement qu'au niveau de la narration où l'auteur jongle adroitement entre anecdotes personnelles et faits historiques.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          30
Bande dessinée qui à travers les souvenirs d'enfance du personnage principal nous plonge dans la guerre du Vietnam, du côté des vaincus sudvietnamiens.
On a très souvent le regard américain sur cette "sale guerre" et depuis la "Libération du Sud", le Vietnam communiste a également donné sa vision de cette guerre. Ici, la parole est donnée à ces Vietnamiens du Sud qui ont cru possible de construire une République avant qu'elle ne disparaisse à cause de ses propres faiblesses et des assauts du Nord communiste. L'aspect politique est seulement évoqué car pour le jeune narrateur, ce qui importe, c'est ce climat de tension et de peur qui règne sur Saïgon, les attentats, les raids communistes, sa mère qui a constamment la migraine mais également cette douceur de vivre de l'enfance heureuse malgré tout, dans cette ville qu'on surnommait au temps des Français "la perle de l'Asie du Sud-Est".
La mise en images est sobre; la palette de couleurs limitée permet de recréer l'atmosphère de sang et de feu de la guerre. Cependant, le talent de l'auteur réside moins dans les scènes de guerre que celles où il dépeint un monde révolu, qui n'existe plus que dans les livres d'Histoire, les oeuvres de fiction ou la mémoire de ceux qui ont vécu là-bas à ce moment-là.
Outre donc une très belle oeuvre autobiographique graphique, on a là un témoignage très intéressant de cette guerre, de la part, pour une fois, des vaincus.

A partir de 15 ans
Commenter  J’apprécie          10
En 1961 Truong Buu Khanh quitte les Etats-Unis avec sa famille pour devenir l'interprète du président Ngô Dinh Diêm, au Sud Vietnam. Originaire de Saint-Malo, son épouse se plaint sans cesse de l'insécurité qui règne à Saïgon, tandis que Marcelino, son frère et ses soeurs s'adaptent facilement à la situation
Marcelino Truong partage avec nous ses souvenirs d'enfance à Saïgon, entre un père absent, absorbé par son travail, une mère blonde, bipolaire, attendant un quatrième enfant, et des domestiques issus des quartiers pauvres de Saïgon. Pour ses yeux d'enfant, tout n'est encore que jeux de guerre, armes suscitant la curiosité, batailles et explosions, d'où le choix du titre construit sur une oxymore. Un dessin très agréable pour une lecture instructive.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (195) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}