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EAN : 9782207111789
272 pages
Denoël (18/10/2012)
4.07/5   104 notes
Résumé :
En 1961, John F. Kennedy devient le 35e président des États-Unis. Décidé à endiguer le communisme en Asie, il lance le Projet Beef-Up, destiné à renforcer l'aide militaire américaine au Sud-Vietnam. C'est dans ce contexte que Marcelino Truong et sa famille arrivent à Saigon. Sa mère est malouine, son père vietnamien. Directeur de l'agence Vietnam-Press, Truong Buu Khanh fréquente le palais de l'Indépendance où il fait office d'interprète auprès du président Ngô Dinh... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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C'est vraiment par hasard — et, je peux le dire maintenant, par chance — que je suis tombée sur cette BD autobiographique de Marcelino Truong. Elle m'a mis en lumière un point de vue que je n'avais jamais beaucoup eu (probablement par paresse d'avoir cherché comme il le faudrait), celui des ressortissants du sud Viêt-Nam à l'époque du président Ngô Đình Diệm.

L'auteur ne cherche pas à nous faire prendre parti, il nous présente son enfance, celle d'un fils de traducteur auprès des autorités de l'époque et du président en particulier. Il jouit également de la double nationalité et de la double culture à la fois vietnamienne et française puisque sa mère est originaire de Saint-Malo.

Il nous invite donc à vivre la période de l'éphémère " république " du Viêt-Nam du sud, c'est-à-dire dans le Saïgon des années 1961-63 jusqu'à l'assassinat de Ngô Đình Diệm. Cet assassinat politique précéda de peu celui de John Fitzgerald Kennedy et marqua le début de l'engagement à visage découvert des État-Unis dans la guerre du Viêt-Nam avec les conséquences que l'on sait.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce mélange de gentille nostalgie de l'enfance combinée à la réalité historique et politique, assez bien détaillée, auquel l'enfant qu'il était ne comprenait rien mais dont il pouvait, avec ses frères et soeurs mesurer la température au thermomètre des humeurs de sa mère qui ne rêvait que de prendre ses valises pour retourner en France. C'est également un beau travail de reconstitution à partir des archives familiales auquel il nous convie.

Et, comme à chaque fois, beaucoup de morts innocents ; des morts pour des enjeux qui les dépassent ; des morts que les populations croyaient justifiées par l'idéal qu'elles soutenaient et qui finalement ont conduit d'un régime honni à un autre régime honni. Seule la marque du vélo change mais il faut continuer de pédaler dans la montée car la pente reste toujours aussi raide...

Bref, toujours bien avoir à l'oeil et garder à l'esprit l'identité de celui qui écrit l'histoire officielle dans les livres d'histoire dans lesquels nous lisons... En première approximation, on a toujours l'impression qu'il y a le camp " du bien " et, fatalement, celui " du mal "... Après examen, on s'aperçoit qu'il y a seulement le camp qui a gagné et celui qui a perdu mais qu'en termes de barbarie et d'illégitimité, c'est du kif-kif bourricot...

C'était vrai au Viêt-Nam, c'était vrai en Algérie, c'était vrai en 1945 (vous vous souvenez le coup des méchants nazis et des gentils Américains qui lâchaient des bombes atomiques) et c'est vrai depuis que l'homme est homme et donc pour toutes les guerres passées et à venir.

Une guerre, par définition, n'est jamais juste, ni bonne, ni préventive, ni chirurgicale, ni aucun de ces qualificatifs qu'on leur attribue parfois pour leur donner l'air honnête. Pas même la guerre défensive ou de légitime défense, sans quoi il n'y aurait aucune raison d'abolir la peine de mort, car, auquel cas et d'un certain point de vue, mettre à mort quelqu'un parce qu'il a fait du mal serait une légitimation suffisante.

Sortons-nous ça de la tête. Aucune guerre n'est juste, aucun camp n'est bon et tuer des meurtriers nous abaisse nous-mêmes au rang de meurtriers. Qui peut être fier de ça ?

« Ouais mais, eh, oh, Nastasia. Une bonne guerre, quand même, une jolie p'tite guerre, ça f'rait du bien parfois, non ? »

Non.

Je n'en démordrai pas, mon avis tient dans ces trois lettres et où qu'elle soit, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Libye, en Israël ou au Liban, ce sera toujours ces trois lettres, quoi qu'essaient de nous faire avaler les média. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.
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J'ai découvert Marcelino Truong très récemment avec sa B.D s'intéressant à la guerre d'Indochine, « 40 hommes et 12 fusils ». Cette lecture m'avait enthousiasmée et j'ai eu envie de poursuivre ma découverte de l'auteur.

« Une si jolie petite guerre » évoque cette fois les prémices de la guerre du Viet-Nam. J'ai bien apprécié cette seconde lecture de Truong même si celle-ci m'a moins enthousiasmée que « 40 hommes et 12 fusils ». Je ne sais pas vraiment à quoi tient cette appréciation. « Une si jolie petite guerre » est une bonne B.D, narrativement bien menée et au style graphique efficace. Je pense que cela tient au point de vue. « Une si jolie petite guerre » est avant tout un récit autobiographique où l'auteur met en images ses souvenirs personnels d'enfance dans un contexte historique qui le dépasse et qu'il ne comprend pas vraiment. le récit est donc vu à hauteur d'enfant alors que « 40 hommes et 12 fusils » adoptait le point de vue d'un adulte sur un contexte que l'auteur lui-même n'avait pas connu directement. Il y avait donc dans « 40 hommes et 12 fusils » une distance qui permettait à Truong de prendre de la hauteur sur son sujet et lui permettait d'avoir véritablement un propos. J'ai trouvé que ce n'était pas le cas ici où l'auteur est trop impliqué personnellement dans son récit pour pouvoir prendre de la distance et raconter quelque chose de plus universel, et ce, même si les anecdotes intimes sont entrecoupées d'explications historiques.

Même si « une si jolie petite guerre » est moins réussie que « 40 hommes et 12 fusils », j'ai bien apprécié cette lecture et je compte bien lire « give peace a chance ».
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Lorsque le hasard me met entre les mains un roman graphique de cette qualité, je me demande pourquoi je n'en lis pas plus souvent.
J'ai eu plaisir à découvrir l'histoire de la famille de l'auteur dans le Saigon du début des années soixante. Son père est diplomate vietnamien basé à Washington. Rappelé à Saigon il devient l'interprète personnel du président Ngo Dinh Diệm de 1961 à 1963.
A travers ses souvenirs d'enfance Marcelino Truong décrit cette période mouvementée qui voit le conflit vietnamien s'installer et les américains imprimer de plus en plus leur marque sur le pays. La guerre est vécue comme un jeu par Marcelino dans une époque où les Gi contre les « commies » remplace les indiens et les cowboys. Malgré la peur, les attentats et les tentatives de coup d'Etat qui ponctuent le quotidien des sud-vietnamiens, Marcelino goûte aux plaisirs de l'enfance et brosse un portrait particulièrement coloré de Saigon.

Entre la petite et la grande histoire du Vietnam, l'auteur restitue le contexte de la guerre et de ses enjeux.
Les dessins aux traits précis soulignent les jeux des enfants insouciants, l'angoisse des adultes, mais aussi la vie quotidienne des saïgonnais.

« Une si jolie petite guerre », à la fois roman, BD, livre d'histoire a été une belle découverte.
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« Une si jolie petite guerre : Saïgon 1961-1963 », de l'auteur franco-vietnamien Marcelino Truong, est un livre attachant.
Entre chronique familiale et document, ce roman graphique nous plonge dans les prémisses de ce qu'on appellera la guerre du Vietnam, mais qui n'était encore à l'époque qu'une guerre civile entre Vietnamiens. Au nord, une dictature communiste, dirigée par Hô Chi Minh ; au sud, une autre dictature, celle de Ngo Dihn Diêm , mandarin catholique soutenu par les Etats-Unis et combattu par les Viet Cong, partisans à la solde du nord.
Avec humour et réalisme, l'auteur nous raconte au jour le jour, et du point de vue de l'enfant qu'il était alors, le lent effondrement du régime de Diêm et l'implication de plus en plus évidente des Américains dans un conflit perdu d'avance.

Mais la part la plus intéressante de ce livre, où abondent extraits de lettres, photographies et documents d'époque, tient à mon avis au parallèle qu'établit Marcelino Truong entre le destin de son malheureux pays et son histoire familiale.
A l'image du Vietnam, la famille du narrateur se trouve en effet à cheval entre plusieurs cultures et plusieurs langues : sa mère est française, son père vietnamien ; à la maison, on parle aussi bien le français, que le vietnamien ou l'anglais. Toutes ces influences cohabitent fort bien.
Hélas, cette interminable guerre, qui divise le pays, finit aussi par fracturer la société : dans beaucoup de familles du sud (dont celle de Marcelino), des pères, des oncles ou des cousins décident du jour au lendemain de rejoindre les maquis communistes. Les plus chanceux d'entre eux ne reviendront que treize ans plus tard, après la défaite du sud.
Mais de manière plus douloureuse encore pour le petit garçon, la tension de la guerre finit par révéler la faille psychologique de sa mère, qui souffre de troubles bipolaires. Lui qui vivait jusqu'ici au sein d'une famille harmonieuse et unie voit le couple de ses parents se déchirer sous ses yeux, tandis que dans les rues de Saïgon des bonzes s'immolent par le feu, scellant ainsi le divorce du régime d'avec son peuple.

Le charme indéniable de ce gros livre s'explique en grande partie par la qualité de ses vignettes, à la fois naïves et précises, poétiques et documentées. En quelques coups de crayon, l'auteur sait en effet nous transporter dans ces années soixante où le monde était séparé en deux blocs irréconciliables par un invisible rideau de fer.
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Très belle découverte que celle-ci.
Marcelino Truong est le fils d'un père diplomate vietnamien et d'une mère française. Après avoir été en poste aux USA, le père est rappelé au Vietnam afin d'officier comme traducteur pour le président Diêm alors que la situation est en train de s'envenimer et que la guerre est sur le point d'éclater.
A travers ses souvenirs, les témoignages de ses parents et quelques lettres écrites alors par sa mère, l'auteur nous raconte son enfance dans un pays au bord de l'explosion. A ces souvenirs personnels s'alternent les épisodes de l'Histoire. Je trouve que ce genre de récit, alliant le documentaire et l'autobiographie, apporte une authenticité et une richesse qui ne se justifie que par l'émotion de celui qui retrace des épisodes vécus.
A ce récit, riche et très intéressant, s'ajoutent les magnifiques dessins aquarellés de Marcelino Truong. J'apprécie particulièrement cette technique de couleur directe qui est vraiment utilisée ici avec intelligences. Les planches relatant les scènes intimistes, familiales, sont traitées dans des camaïeux de rouges alors que les scènes historiques sont, quant à elles, peintes en bleus ; à cela s'ajoutent de splendides planches polychromes.
Je me réjouis de retrouver toute la famille Truong dans la suite de leur histoire, à Londres, dans Give Peace a Chance.
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critiques presse (3)
NonFiction
30 septembre 2013
Une si jolie petite guerre revient sur une période méconnue, l’entre-deux-guerres du Vietnam. Si la formation universitaire de l’auteur s’est diluée dans la pratique de son art, il analyse avec mesure la montée en puissance du conflit vietnamien.
Lire la critique sur le site : NonFiction
BDSphere
22 février 2013
(...) De 4 à 6 ans, de 1961 à 1963, le jeune Marcelino réside à Saigon, la capitale du Sud Viêt-Nam et interroge sa capacité d’enfant à occulter la peur de la guerre. Avec justesse, il dresse le portrait de sa mère française, originaire de Saint-Malo et de son père, un haut-fonctionnaire diplomate au service du président du Ngô Dinh Diêm, assassiné le 2 novembre 1963 quelques semaines avant le meurtre de John Kennedy. (...)
Lire la critique sur le site : BDSphere
Telerama
20 février 2013
Reconstitution historique passionnante et irréprochable, Une si jolie petite guerre montre comment s'enclenche inexorablement ce qui va devenir l'un des conflits majeurs du XXe siècle : la guerre du Vietnam. A ce titre, l'album de Marcelino Truong vaut largement les meilleures synthèses consacrées au sujet.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pour les reporters de cette époque, c'était encore une jolie petite guerre, avec juste ce qu'il faut d'adrénaline. Pour la voir, il suffisait de se présenter à l'aube à l'aéroport de Saigon.
LE JOURNALISTE : Je suis le correspondant de l'agence UPI !
LE MILITAIRE GRADÉ : Capitaine Khôi. Alors, on veut faire un peu de tourisme ?
LE JOURNALISTE : C'est quoi votre mission aujourd'hui ?
LE MILITAIRE GRADÉ : Bah, la routine : chasse aux Viêt-Cong dans le delta. Vous serez de retour à Saigon pour l'apéro !
[…]
Misant sur l'effet de surprise, les paras fondaient sur le village censé être un repaire de Viêt-Cong. Objectif : obtenir des renseignements et démanteler le réseau. Mais les VC n'accrochaient qu'en position de force. le plus souvent, ils avaient été alertés et la chasse était maigre.
LE JOURNALISTE : C'est un VC ?
LE MILITAIRE GRADÉ : Un suspect, disons. On va lui poser la question.
UN SOLDAT : … 91, 92, 93, 94, 95 !
LE VIÊT-CONG : GLOUP ! GLOUP !
LE SOLDAT : Parle, bordel !!!
LE VIÊT-CONG : AAAAAAAAAHH !
LE SOLDAT : Tu vas parler, je te dis !
LE VIÊT-CONG : GLOUP ! GLOUP !
LE MILITAIRE GRADÉ : Rares sont ceux qui résistent à la torture. Si le renseignement obtenu est vérifiable, on le fait.
LE JOURNALISTE : Et quid des prisonniers ? Oh my God !
LE MILITAIRE GRADÉ : Je n'aime pas ces méthodes. Je suis un soldat. Je préfère le combat. Mais ils l'évitent. Certains se rallient à nous. Parmi mes hommes, il y a d'anciens Viêt-Cong.
LE JOURNALISTE : Et les autres ?!!
LE MILITAIRE GRADÉ : Les autres ? Bien souvent, ils se prennent une bastos en tentant de s'enfuir. Ça fait un VC en moins. Vous allez raconter ça dans votre agence d'intellos de gauche ?
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CAPITAINE KHÔI (au journaliste américain) : Vous avez vu ? C'est moche, hein, la guerre contre-insurrectionnelle ! Bon, dans deux heures vous serez sous la douche… Puis vous fumerez votre herbe, vous vous taperez votre petite pute vietnamienne et vous la trouverez bandante, finalement, cette guerre… Et la prochaine fois, vous ferez les photos que vous n'avez pas osé faire aujourd'hui. Et nous vous laisserons les faire. Et vos photos nous feront beaucoup de tort. Mais c'est ce qui nous distingue de ceux d'en face.
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Nos libérateurs n'étaient pas des démocrates au sens où l'on l'entend en Occident. Parti unique et tout puissant... Idéologie monolithique... Armée sanctifiée... Opposition muselée... Camps de rééducation pour les anciens Fantoches... Frontières scellées... Boat people... Surveillance policière... Privilèges pour un petit nombre d'apparatchiks et pauvreté pour les masses...
Quarante ans plus tard, le pays s'est ouvert et la vie est moins rude, mais les héros spartiates d'hier — ou leur descendance — sont devenus des capitalistes rouges dont le mot d'ordre tacite est : " Enrichissez-vous, mais ne faites pas de politique ! " La politique est le monopole du Parti. Le Parti est corrompu jusqu'à la moelle. Au diable la justice sociale. Chacun pour soi ! Fallait-il tant de morts pour en arriver là ?
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La « Diêmocratie » était certes un régime très impopulaire et parfois même honni. Mais de là à décrire le coup d'État comme une révolution ! Décidément, au Vietnam, tous nos « libérateurs » — qu'ils soient de gauche ou de droite — préféraient la voix des armes à celle des urnes.
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Officiellement, les conseillers américains ne prenaient pas part aux combats. Mais sur le terrain, il en allait autrement. Les boys de Kennedy mettaient les doigts dans le cambouis et brûlaient de prendre les choses en main.
LE SOLDAT AMÉRICAIN : Take this, gook-face ! *
" RAC TAC TAC TAC TAC "

(* Prends ça, face de bridé !)
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"40 hommes et 12 fusils" : La Guerre d’Indochine vue par Marcelino Truong
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