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4

sur 990 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'insouciance du danger qui menace les héros de Karine Tuil en fait des imprudents lourdement pénalisés par leur manque d'anticipation, leur ignorance ou leur négligence des codes d'une société contemporaine narcissique, superficielle et violente.

Romain, après une mission en Afghanistan, revient avec des blessures aussi invisibles qu'indélébiles. Marion, une journaliste talentueuse née dans un milieu modeste, épouse un homme riche et influent, mais oublie que la sécurité matérielle sans amour est un piège. Son mari, François, capitaliste flamboyant, néglige qu'en France il ne fait pas bon être fortuné et surtout l'afficher. Osman, quant à lui, jeune homme issu de l'immigration devenu conseiller du président, il ignore qu'en politique pour durer il faut savoir encaisser, même des insultes racistes.

Quatre personnages donc, qui évoluent dans la France d'aujourd'hui en proie au cynisme des gouvernants et de leurs amis, au racisme, à l'antisémitisme et au communautarisme. Une négligence à l'égard des plus faibles et une intolérance à la différence (relayée et favorisée par des médias souvent aussi bavards qu'incompétents) qui favorisent l'émergence des partis extrêmes, et empoisonnent les relations sociales. Quatre personnages, confrontés à des problèmes identitaires, que Karine Tuil réunit à la fin de ce long roman qui fait un état des lieux réaliste et prenant (même s'il n'évite pas toujours les poncifs) en décrivant la fin d'une époque d'insouciance.
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Livre reçu dans une opération masse critique , je remercie donc Babelio ainsi que les editions Gallimard .
Quand ai - je pensé ?
Difficile à dire , j'ai trouvé le livre indigeste , excessif , j'ai vu et essayé de trouver à qui correspondaient les personnages dans le monde politique , un roman à tiroirs me semble - t - il .
A lire les autres critiques , je me rends compte que je suis la seule à avoir pensé à ça et je ne vais donc pas jouer le jeu des devinettes , même si le personnage d'Osman m'a fait penser à un personnage public bien connu en politique française .
Mais pourquoi n'ai - je pas apprécié le roman ?
Justement je pense parce que l'auteur n'est pas claire , où il s'agit de fiction pure et là il y a trop de détails qui font penser que ça n'est pas une où il s'agit de personnages réels et l'auteur n'a pas osé choisir son camp .
C'est un sujet à la mode , le racisme , l'identité mais il me semble que l'auteur a raté son livre , trop c'est trop , trop de haine , trop de clichés sur les noirs , les juifs , les musulmans , les banlieues , les guerres en Irak , en Afganistan .
Quel destin ce François Vely , décidément rien ne lui sera épargné , oui en lisant une autre critique , il y a du roman américain là dedans , on dirait du Douglas Kennedy plus mordant , plus politique , la chute puis enfin le calme , la paix qui revient mais à un autre degré , ici , on est dans le sombre .Il n'y a d'ailleurs que le titre qui est léger , enfin malgré tout j'ai bien aimé le titre qui nous induit en erreur , ce n'est pas du tout un roman sur l'insouciance , ni sur les illusions perdues , non ici , on est dans le lourd , sans concession , je sais que dans le monde politique , il n'y a pas que des bisounours mais tout de même , quelle noirceur .
Il manque un peu de nuances à mon goût , attention , le but de ma critique n'est pas de descendre en flamme ce roman , non j'aime beaucoup l'auteur Karine Tuil , et son écriture est très belle , je suis contente que son roman trouve son public , elle le mérite mais je voulais être honnête en écrivant ma critique , pour moi , c'est un rendez - vous manqué .
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A quoi ressemblait la société française du début du XXIe siècle se demanderont peut-être un jour les archéologues du futur. Ils se pencheront alors sur ces objets bizarres de ce temps, appelés livres. Nul doute que L'invention de nos vies puis L'insouciance de Karine Tuil nourriront leurs recherches et leurs réflexions. En attendant, et sans le recul nécessaire, ces récits qui racontent notre époque ont-ils valeurs de témoignages réalistes ? Là-dessus, les avis seront vraisemblablement partagés, entre authenticité et caricature, la marge est parfois bien étroite et ce n'est qu'à l'aune du plaisir de la lecture que l'on se référera, ce qui n'est déjà pas si mal. de ce point de vue, L'invention de nos vies était percutant et passionnant alors que L'insouciance, peut-être parce qu'il vient après mais aussi parce qu'il semble plus radical et sans sas de sécurité, apparait davantage artificiel et savamment construit pour étayer une thèse, celle d'un pays traversé par ses contradictions et miné par ses obsessions à propos des origines. Dans le livre, les trois principaux protagonistes masculins (les femmes sont hélas moins présentes, moins actives en tous cas) connaissent la déchéance après avoir rêvé trop haut ou ambitionné trop fort. le thème des origines sociales et raciales, dont il est sans cesse question, se transforme en quête identitaire et en chute d'un piédestal. le mélange est détonant, les péripéties abondent dans ce roman où la scansion et l'énumération affolent parfois au détriment d'une quelconque respiration. Ce n'est pas que l'écriture en soit boursouflée mais elle est plutôt chargée avec en sus un aspect feuilletonesque comme si la romancière s'attelait à une série du type "Plus laide la vie." Cela ne manque pas de puissance mais souvent de nuances. En particulier sur le plan psychologique car les héros du livre n'en finissent pas de changer d'avis, de façon incompréhensible, y compris dans l'histoire d'amour centrale, fil rouge tremblant et soumis à moult revirements. C'est vrai que L'insouciance agace assez souvent et éloigne de sa zone de confort mais le livre, en contrepartie, est bourré d'énergie et avance comme une voiture-bélier. C'est du brutal, comme aurait dit Audiard, avec ses excès et ses raccourcis mais c'est efficace et corrosif. Bon, maintenant, est-ce bien représentatif de la France du début du XXIe siècle ? Vous avez trois heures.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'avais découvert Karine Tuil avec son roman précédent "L'invention de nos vies" que j'avais vraiment beaucoup apprécié. Merci aux éditions Gallimard de m'avoir permis grâce à l'opération Masse Critique de Babelio de lire son dernier livre"L'insouciance". J'ai bien retrouvé le style vif et rigoureux de l'auteur qui construit son histoire avec beaucoup d'application mais je reste assez partagé sur cette lecture. Les personnages manquent un peu de consistance et souvent trop stéréotypés ( le juif très riche qui dénie ses origines, le petit gars de banlieue qui se drogue, le noir qui devient ministre, le soldat aguerri qui pete les plombs, l'attirance sexuelle inévitable....)et la volonté d'aborder beaucoup trop de faits de société actuels contrarie, à mon sens, l'intérêt du suspense. Karine Tuil aborde à nouveau dans ce livre les thèmes du racisme et du judaïsme sans vraiment apporter un éclairage nouveau sur ces problèmes. D'une manière générale, je regrette que l'auteur semble avoir voulu absolument introduire dans ce roman trop d'ingrédients qu'ils soient liés à la politique, la religion, les banlieues, la sécurité, la guerre d'Irak, les otages, l'argent, les femmes, la drogue...trop c'est trop. L'histoire d'amour qui sert de fil rouge au roman en pâti un peu et reste finalement assez conventionnelle. Ma déception est sans doute à rapprocher du trop grand plaisir procuré par la lecture du précédent livre de l'auteur...
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Je suis encore sous le choc de ce livre dont j'admire la puissance, le foisonnement, l'actualité. Plusieurs thèmes y sont traités : l'engagement et le retour des militaires d'Afghanistan et leurs difficultés à retrouver leur vie d'avant ; les multinationales et le commerce mondial ; la notoriété ; la politique ; le multiculturalisme ; les religions ; le terrorisme. Et tout ça en guère plus de 500 pages. Chacun de ces thèmes est incarné par des personnages auxquels je me suis attachée. Je trouve en effet que Karine Tuil a vraiment su les rendre très vivants, très authentiques.

Le roman est découpé en 4 parties : Retour d'Afghanistan, L'affaire, Irak, La fin de l'insouciance. le rythme est très rapide, les chapitres sont assez courts. On passe donc rapidement d'un personnage à un autre, d'un milieu à un autre, ça rend la lecture très vivante et m'a donné envie de tourner les pages très vite pour découvrir la suite.

Ça commence très fort avec le retour de Romain Roller et de quelques-uns de ses hommes. Pas tous malheureusement car certains sont morts au combat, d'autres sont blessés et soignés à Percy. Et c'est l'occasion pour l'auteur de se livrer à une réflexion sur la pertinence de l'engagement, sur la hiérarchie militaire, sur les moyens offerts aux soldats pour se reconstruire après avoir été envoyés en mission sur des zones de guerre.
Karine Tuil nous donne également à voir deux mondes qui se méconnaissent, s'ignorent totalement et se méprisent : la pauvreté dans le 9-3, les éducateurs qui font ce qu'ils peuvent pour aider les jeunes et contribuer à leur réinsertion : c'est l'univers de Romain, de Marion, d'Issa, d'Osman ; le milieu des affaires et des bourgeois du XVIème arrondissement notamment avec le poids des apparences, le rang à tenir, les beaux meubles, les oeuvres d'art : représenté dans le roman par les Vély, leurs relations professionnelles, leurs cercles restreints, Etienne, Daniel Dean, Corsini.
La manière dont Karine Tuil décrit la politique m'a fait froid dans le dos. On y découvre un univers de requins ambitieux uniquement préoccupés par leur réussite personnelle. Ceux qui ont des valeurs et ne sont pas prêts à les renier pour accéder aux plus hautes sphères du pouvoir en font cruellement les frais et son bannis.
C'est peut-être un peu caricatural et en même temps, certains passages (voir mes citations) me semblent tellement justes. Si tout n'est peut-être pas aussi tranché, les remerciements en fin de livre donnent à voir l'étendue du travail de recherche accompli, la multiplicité des contacts pour dépeindre certains aspects de notre société actuelle. En ce qui me concerne, j'ai dévoré ce livre en 3 jours tellement il m'a intéressée.
A vous de vous forger votre propre opinion en vous plongeant dedans.
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J'avais besoin d'Insouciance ces derniers temps... et malgré une écriture forte complexe et déterminée j'ai peinée à la lecture de ce livre à tel point que je me suis arreté a la page 200 en me disant que les 300 pages à suivre serait toute aussi longue à lire...
Pourtant malgré cet abandon j'ai trouvé que Karine Tuil savait donner de la matière à ses personnages et avait un pouvoir de description notamment celle de donner une image à la guerre magistrale... Les premières lignes sur l'Afghanistan ont été magistrales et ont apportées une véritable intrigue au départ de cette lecture... Cependant la masse conséquente d'informations dans notre société actuelle politico-géo-culturelle m'a peut être perdu dans une masse informe mais pas indigeste...
Il y a du style dans ce roman qui percute... c'est pourquoi je donne a ce livre trois étoiles pour une écriture riche de ces descriptions qui donnent vie et matière conséquente à ces personnages...
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Je viens de finir la lecture de ce roman de Karine Tuil, c'est son dixième roman mais c'est le premier que je lis. Cela justifie peut-être, à moins que ce ne soit mon incurable goût du romanesque, l'attente qui m'a tenue longtemps en haleine pendant cette lecture d'une intervention magique rédemptrice. le personnage de Marion en effet, être énigmatique qui relie deux des trois héros masculins du roman, me paraissait une figure propice, mi-Mata Hari, mi bonne fée, mi-Cassandre.

Mais, je me trompais, dans ce roman, hors la littérature et peut-être aussi l'amour et la nature, l'insouciance est impossible. Cet univers que recrée l'auteur est la réalité de ce début du XXIe siècle, celle de Romain, un jeune lieutenant chasseur-alpin originaire de la banlieue parisienne qui revient psychologiquement détruit de la guerre en Afghanistan ; celle d'Osman, un travailleur social noir des banlieues qui, à la faveur des émeutes qu'il aide à apaiser, accède au pouvoir et côtoie le président à l'Élysée au risque de se brûler les ailes ; celle de François, un riche patron d'entreprise sur le point de signer une fusion avec une firme américaine et sur qui le sort s'acharne avec une impitoyable constance. À travers ces trois héros dont le seul lien est Marion, romancière et reporter, ce sont les entrailles de la réalité actuelle que l'auteur nous convie à fouiller : les haines exacerbées par le communautarisme qui réveille l'antisémitisme, l'esprit de revanche de peuples qui se sentent outragés par les interventions occidentales en Afghanistan ou en Irak et usent d'une violence si primitive qu'elle sidère, la vie de militaires engagés dans des conflits très inégaux où les lois de la guerre n'existent pas, la montée des extrémismes de tous bords, ...

La lecture de la longue liste des remerciements à la fin du roman est fort instructive : cette fiction se fonde sur des enquêtes très poussées sur l'armée et l'aide aux blessés de guerre, sur l'Irak et les mercenaires qui y protègent les intérêts occidentaux, sur la vie à l'Élysée, sur la condition noire.

En somme 525 pages de plongée dans l'enfer moderne, celui que l'on oublie volontiers grâce au divertissement pascalien du quotidien et qui heurte de plein fouet quand l'actualité l'impose. Ce roman nous retient longuement dans ses méandres pour mieux en appréhender les ressorts.

"La vie était encore vivable. Il suffisait d'oublier, de le décider avec détermination, brutalement" est la phrase de L'Écriture ou la vie de Jorge Semprun que Marion trouve soulignée au stylo noir le "sixième jour". Peut-être est-ce là la seule rédemption envisageable.

Lien : http://www.lirelire.net/2016..
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Lu un bon Marc Levy récemment ("L'Insouciance"), lequel, bizarrement, a pris un pseudo, Karine Tuil. Ce qu'il y a de bien dans "L'Insouciance", c'est que l'on retrouve sans surprise les profils identitaires de l'époque. Quant aux passages sentimentaux, on n'est pas loin de Barbara Cartland. Bref, c'est "L'invention de nos vies", tome 2, en quelque sorte... Et curieusement, on lit ça de façon addictive, car, soyons objectifs, c'est bien fait et pas mal construit. Appelons ça une expérience...
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Cela fait presqu'un mois que j'ai achevé L'insouciance et j'ai repoussé le moment de rédiger cette critique car je n'arrive à ordonner ni mes pensées, ni mes sentiments.
Dans les premières pages, j'ai été surprise par la richesse de la langue, cela faisait fort longtemps que je n'avais pas eu à chercher le sens de mots dans le dictionnaire (obreptice, coruscant), j'ai été plutôt séduite par le style de l'auteur, l'alternance de phrases courtes au présent ou très longues qui nous plongent dans les réflexions des personnages.
Pour autant, j'ai eu du mal à m'immerger dans l'histoire, notamment dans la rencontre amoureuse entre Marion et Romain, qui m'a peu convaincue. J'ai davantage éprouvé d'intérêt pour les personnages d'Osman et François. le premier par ce que je trouve qu'il incarne de façon plutôt réussie la discrimination, les rapports de domination, la difficulté de notre pays à faire une place franche, sans calcul aux français dont les parents sont issus de l'immigration. L'ambivalence d'Osman, ses compromissions (qui semblent incontournables quand évolue en politique) mais aussi ses prises de position courageuses, son besoin de reconnaissance sont touchants et viennent questionner intelligemment je trouve les processus d'intégration. La tentation radicale est également abordée avec finesse.
Avec le second personnage, l'homme d'affaires François Vely, nous sommes transportés dans des sphères si éloignées du quotidien du commun, que l'homme est complètement déconnecté de l'opinion. Les foudres s'abattent sur lui alors qu'il pose assis sur une sculpture représentant une femme noire, il n'anticipe pas la violence de la polémique qu'il va déclencher et ses répercussions. Cet épisode, et son traitement, sont pour moi la véritable trouvaille du roman. Il permet de mettre à jour quantité de thématiques (racisme, manipulation, etc.).
Et c'est là, pour moi, que le bât blesse : trop de pistes, trop de thèmes, trop de similitudes avec le réel (on ne sait pas si on doit deviner qui se cache derrière les personnage) ou pas assez. Certains parlent de roman contemporain, à tiroirs, je m'aperçois ainsi que ce n'est pas forcément ce que j'attends d'un roman. le mix entre la fiction et l'actualité me désarçonne en fait. L'illustration de cela est pour moi la fin du roman (je fais référence au déplacement en Irak) qui me laisse carrément perplexe.
Bref, des choses intéressantes, des situations qui génèrent de la réflexion mais je ne suis pas vraiment emballée.
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Karine TUIL le dit dans la bouche d'un de ses personnages : J'écris parce que la vie m'est incompréhensible. Ce manque de lumière heureuse rend le récit et ses protagonistes sombres, changeants, en permanentes remises en cause, cyniques et sans espoir. Cela nous empêche de nous attacher à ces anti-héros et nous renvoie l'absurdité du monde. Une lecture difficile, violente qui nous laisse une amertume en bouche. Lire permet d'ouvrir son regard à la vie mais doit aussi offrir des clés pour s'en protéger à défaut d'y échapper. Malgré une puissante écriture et une maîtrise parfaite du sujet, L'insouciance nous rend tristes.
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