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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très bon livre à 3 voix: celle de Consolée, jeune métisse rwandaise qui en 1957 est retirée de sa famille noire pour être placée dans une institution avec d'autres enfants "mulâtres", cette même personne qu'on retrouve sous le nom de Madame Astrida dans un Ehpad en France et enfin Ramata, d'origine sénégalaise qui effectue un stage dans ce même Ehpad.

Ramata va chercher à connaitre l'histoire d'Astrida, qui atteinte de la maladie d'Alzheimer, n'arrive plus à s'exprimer en français mais uniquement dans une langue inconnue.

Ce roman est magnifique par sa douceur tout ne traitant de sujets graves comme la colonisation, le déracinement violent des enfants métis et du problème de dialogues des personnes immigrées qui sont atteintes de maladie neuro-dégénérative et qui ont plus de facilité à échanger dans leur langue d'origine.

Ce livre décrit également les différents générations d'immigration et leurs différences de vision d'une intégration plus ou moins réussie.

C'était donc une très belle découverte et je me ferai un plaisir d'acheter d'autres livres de cette autrice.
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Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre mais certainement pas à ça, j'ai adoré cette lecture, j'ai été touchée par ces femmes, Mme Astrida bien entendu mais aussi Ramata. Avec des mots très simples et une histoire sans fioritures, l'auteure nous montre le parcours de deux femmes qui ont ou cherchent toujours leur place dans la société ou dans un pays.

Mme Astrida est une femme métisse dont on va découvrir la vie au fur et à mesure du roman, les abandons auxquels elle faut fasse, les souvenirs qui s'effacent, qui reviennent, les regrets. Comment ne rien ressentir pour cette femme qui à la fin de sa vie retrouve ce qui lui a été arraché et qui attend le signe. oui, vous vous doutez j'ai pleuré comme une madeleine face au récit silencieux de Mme Astrida. Comment ne pas être émue face à cette femme qui perd la langue apprise au profit de sa langue originelle, une langue que personne ne connait et qui semble resurgir d'un passé oublié, comment ne pas se questionner, et si mes grands parents avaient eu cette maladie, auraient ils perdus eux aussi le français, est ce que pour les comprendre j'aurais dû apprendre ces langues dont j'ignore tout ou presque? Vous vous doutez bien que si je me suis posée ces questions, je ne suis pas seule, et c'est une bonne transition je pense pour vous parler d'un autre personnage, Ramata.

Ramata, née en France mais d'origine sénégalaise, ses propres enfants ne connaissent pas le dialecte dans lequel elle a grandi. Sa rencontre avec Mme Astrida va continuer de changer sa vie et la vision de sa vie. Pour beaucoup, hélas, elle n'est pas d'ici, mais elle ne sent pas non plus de là bas . Avec beaucoup de vérité, l'auteure nous livre un message toujours dur à entendre à notre époque, même si tu es né ici, tu seras toujours considéré comme de là bas.

J'ai aimé ces deux femmes, j'ai pleuré mais croyez moi, ce livre, tout en simplicité est tendre, touchant. On ne tombe jamais dans l'excès ou le « pathos ». C'est un roman plein de réalisme sur de beaucoup de points, en plus de la vie de ces femmes: les soignants, les maisons de retraite…

C'est un livre coloré, émouvant et vrai, une superbe découverte.

Lien : https://loeildesauron1900819..
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La mémoire des mots
Ramata est en reconversion professionnelle : elle qui occupait un poste à très hautes responsabilités, se destine maintenant à l'art thérapie. Il ne lui reste qu'un stage à faire pour valider sa formation, et c'est dans l'Ehpad « Les Oiseaux » qu'elle va l'effectuer. Accueillie très fraîchement par la directrice, Ramata a bien l'intention de mettre en place des ateliers avec les résidents, notamment ceux qui sont atteints de la maladie d'Alzheimer et qui perdent, peu à peu, la mémoire. Lors du premier atelier, l'attention de Ramata est attirée par l'une des pensionnaires : Madame Astrida. Peut-être parce qu'Astrida est la seule de l'Ehpad a ne pas avoir la peau blanche… Ramata est elle-même noire, d'origine Sénégalaise. Astrida semble être un mystère pour tout le monde aux Oiseaux. Elle est très calme, reste des heures assise à l'extérieur, et s'exprime dans une langue que personne ne comprend. D'ailleurs, Astrida perd peu à peu l'usage du français qu'elle parlait pourtant parfaitement à son entrée dans la résidence. Avec l'aide de Claude, la psychologue de l'établissement, Ramata va peu à peu tenter de percer l'énigme Astrida et de remonter le fil du temps, jusqu'aux années 50 au « Ruanda-Urundi ».
L'histoire de Madame Astrida est tragique. Dans les années 50, le Rwanda était une colonie belge. Les enfants nés de pères blancs et de mères noires étaient on ne peut plus gênants… Ces petits métisses (qu'on appelait « mulâtres ») trop blancs pour leurs familles maternelles vivaient souvent cachés, jusqu'au jour où ils devaient brutalement quitter les leurs pour un orphelinat catholique (https://information.tv5monde.com/international/ni-noirs-ni-blancs-les-enfants-metis-durant-la-colonisation-belge-1521). Un comble pour ces enfants qui n'étaient nullement orphelins… On leur vole tout, leur famille, leur culture, leur langue, jusqu'à leur nom… A la veille de l'indépendance, ces enfants sont exfiltrés en Belgique où certains seront adoptés.
En alternant habilement les temporalités, les histoires de Consolée-Astrida et de Ramata s'entremêlent, car toutes deux ont en commun plus qu'on pourrait le croire.
Roman poignant sur l'immigration, l'exil, la mémoire, Consolée est aussi une histoire passionnante que l'auteure a su ancrer dans le passé à travers le destin de Consolée-Astrida et inscrire dans le présent, avec le personnage de Ramata qui a fait de l'intégration un emblème.
Beata Umubyeyi-Mairesse nous fait également visiter l'envers du décor de ces Ehpad, appelés pudiquement « maisons de retraite » où nos anciens terminent leurs jours (enfin, s'ils en ont les moyens).
J'ai beaucoup aimé ce roman écrit avec une grande sensibilité, les passages les plus touchants étant ceux qui racontent l'enfance de Consolée.
Ce livre m'a bouleversée, à plus d'un titre et j'ai eu plusieurs fois la larme à l'oeil…
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Parfois, les livres attendent sagement qu'on soit prêt à les ouvrir…

J'ai rencontré @beataumubyeyimairesse l'année dernière, lors d'une séance de dédicaces à @letraitdunion.librairie . J'avais bu les paroles de cette femme charismatique et étais ressortie de la librairie grandie.

Il y a peu, Consolée s'est faufilée dans ma valise jusqu'en Belgique, c'était le moment, symbolique, pour faire sa connaissance. Et quelle claque !!!

Une plume sublime,
subtile et poétique.
Une histoire bouleversante, qui met en lumière un scandale qui vous soulève le coeur…

Lisez-le !
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J'avais acheté ce livre lors d'un salon du livre d'occasion en octobre dernier, pour quelques euros, attirée par sa couverture et par l'enthousiasme de la vendeuse. Depuis, il attendait sagement son tour, je l'avais un peu oublié et j'ai profité des vacances pour revisiter ma pile de livres en attente ! C'est encore sa couverture originale qui m'a interpelée. Je me suis plongée dans cette lecture et j'ai terminé le livre en quelques jours. J'ai beaucoup aimé cette histoire qui réussit à raconter une belle histoire romancée sur un fond de faits historiques et sociétaux réels, ce qui un gros point positif pour me séduire !
Consolée est née au Rwanda d'une maman rwandaise et d'un homme blanc (d'origine grecque). Elle grandit jusqu'à ses 6 ou 7 ans avec sa mère, son grand-père, une cousine. Auprès du grand-père, elle apprend à regarder et à aimer la nature qui l'entoure, surtout les oiseaux. Un jour, ses oncles décident de l'arracher à sa famille pour la confier à une institution, car en tant que métisse, ou comme on le dit à l'époque, mulâtre, elle n'a pas sa place parmi les Noirs. Elle est donc recueillie dans une institution tenue par des religieuses belges. LA vie n'y est pas facile, mais elle y reçoit une éducation, va à l'école et grandit. Lors des massacres des Tutsis par les Hutus, les autorités belges décident de protéger ces enfants et les font venir en Belgique. Consolée, rebaptisés Astrida par les soeurs belges y est adopté et continue sa vie…

Des années plus tard, on retrouve Astrida, atteinte de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa vie, aux Oiseaux, une maison de retraite. Elle croise alors la route de Ramata, femme d'origine sénégalaise en reconversion professionnelles d'art- thérapeute après un burn-out. Rama se prend d'affection pour Astrida qui perd l'usage de français pour se réfugier dans la langue de son enfance. Ramata va accompagner Astrida et tenter de reconstituer son parcours, ce qui va l'amener à questionner sa propre vie, ses choix, son intégration, celle de ses enfants, ses racines. Face à l'engagement de sa fille pour le féminisme et contre toutes les discriminations, tout en revendiquant et affichant son appartenance religieuse par le port du voile, Ramata s'interroge et s'inquiète.

C'est un beau roman qui pose des questions très actuelles : la colonisation et ses répercussions, le racisme, l'intégration des réfugiés, le choix pour les immigrés de transmettre ou non leurs traditions, leur langue et leur histoire à leurs enfants pour permettre leur meilleure intégration, la prise en charge des personnes âgées par la société et par les institutions, la tolérance, le poids du passé et des a priori, la place des femmes d'une part, et des femmes d'origine étrangère en particulier…
J'ai beaucoup aimé ces regards croisés de femmes de différentes origines et générations, le tout dans un style très fluide, avec toujours un regard bienveillant sans être mièvre, une approche intelligente et sensible, prenant le parti de la tolérance, de l'ouverture d'esprit et de l'espoir.

Lien : https://deslivresetmoi72.wix..
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Consolée est le joli prénom de naissance d'Astrida.
Quelle étrange phrase !
C'est qu'Astrida a remplacé le prénom de Consolée, enfant mulâtre, remise aux bons soins d'une institution religieuse catholique ayant pour mission de faire des enfants, nés d'amours interdites, entre colons Belges et Africaines Rwandaises, des enfants à l'éducation européenne. Il y a déjà une Consolée à l'orphelinat, alors les soeurs la renomme Astrida avant de la modeler, de la façonner.
Astrida, abandonnée par sa mère car ses oncles ne voulaient pas d'une enfant à la peau aussi blanche, se plie aux volontés des soeurs. Elle a trop peur d'être à nouveau dépossédée d'un lieu, de visages familiers, d'un endroit où grandir.
Des années plus tard, Astrida est à l'EHPAD. Sa tête a tendance à oublier..son passé resurgit au détour d'un atelier d'art thérapie.
Et voilà les destins d'Astrida et de Ramata qui se croisent.

Comment parler du racisme ordinaire, du racisme primaire, du racisme tout court ? Comment aborder la question du colonialisme, du post-colonialisme de l'intégration, de l'assimilation des émigrés, des discriminations et de tous ces termes connotés et si peu reluisants dénonçant les Européens colonialistes, et ceux de notre génération ? Comment nous permettre de voir en face des vérités bonnes à dire ? Comment s'affranchir des préjugés ?

En lisant ce roman, récit alterné de deux parcours de vie uniques.
En se laissant porter par le style de l'auteur.
En écoutant la voix de Consolée et Ramata et les enseignements qu'elles nous livrent.
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L'autrice nous fait voyager entre l'enfance d'une métisse rwandaise et sa vieillesse dans une ehpad de Bordeaux où elle souffre de la maladie
d' Alzheimer.
On apprend la ségrégation envers les métisses dans les colonies belges et le "vol d'enfant" orientés vers des orphelinats religieux puis vers des familles belges puis on s'interroge sur la fin de vie de certains immigrés qui oublient le français. Je recommande ce roman
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Pourquoi avoir attendu de longs mois avant d'ouvrir Consolée ? Je me le demande. J'ai lu presque d'une traite les 300 page de ce livre passionnant et tellement émouvant. J'ai découvert Beata Umubyeyi Mairesse cette année avec « Tous tes enfants dispersés » que j'avais beaucoup aimé. Ce nouveau livre m'a encore plus convaincu car il traite des questions d'exil mais aussi de racisme avec énormément d'intelligence.

En 1954, au Rwanda, Consolée, une enfant issue d'un père blanc et d'une mère rwandaise est envoyée dans une école pour « enfant mulâtres ». Retirée à sa famille et confiée aux soins de religieuses, elle découvre brutalement une nouvelle culture et de nouvelles règles. Soixante-cinq ans plus tard, Ramata arrive dans une maison de retraite pour y animer des ateliers d'art thérapie. Parmi les pensionnaires, l'une d'elle l'intrigue. Il s'agit de madame Astrida, une métisse atteinte d'Alzheimer qui oublie progressivement le français au profil d'une langue inconnue. Ramata tente de retrouver le passé de cette femme et ce confronte en même temps à sa propre histoire.

En suivant le destin d'Astrida et de Ramata, nous reconstituons progressivement le puzzle de vie marquée par le déracinement et le racisme. L'autrice explore la manière dont les préjugés et la xénophobie influent sur le destin des personnes. Ramata comme Astrida se construisent avec le poids de la haine et des attentes des autres. Ramata, progressivement, change son regard sur sa propre personne, prend conscience de ce qui l'amené à devenir cette femme là. Elle réfléchit au racisme ordinaire et à l'impact qu'il a eut sur sa vie. Elle regarde ces enfants et voit les chemins différents qu'ils empruntent pour trouver leur place dans ce pays où ils sont nés mais qui ne les accepte pas complètement.

L'histoire de Consolée met en lumière les rapports ambiguës que les Belges ont entretenu avec les enfants métisses. Issus d'un parent blanc, ils ont chercher à la éduquer comme des blancs mais sans pour autant les considérer totalement comme leur semblable. Avec un volonté de charité teinté de racisme, les autorités arrachent des enfants à leur mère et les privent ainsi de leurs racines. Ces enfants au sang mêlé, fruit d'amours désapprouvés, n'ont leur place nulle part.

Les héroïnes de ce roman m'ont émue par leurs questionnements et leurs errances. Elles ont vécu plusieurs vies, changée de trajectoire pour mieux rebondir. Elles sont en constante réinvention, prisonnière du regard d'une société qui ne réussit pas à faire le deuil de ses colonies. Leur rencontre fait émerger des questionnements intéressants, des discussions importantes. Si l'autrice ne propose pas de réponse, elle ouvre des pistes de réflexions salutaires. Elle montre avec force les obstacles et les dilemmes qui jalonnent la vie des français issues de immigration. J'ai pris énormément de plaisir à lire ce livre pour ces personnages attachants mais aussi pour son sujet si bien traité.
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Je vais le dire je pense à chacun de ces livres, mais une histoire particulière s'est nouée entre cette auteure et moi. Je l'ai découverte par un recueil de nouvelles et j'ai depuis suivi son parcours, attendant chaque prochaine étape avec impatience. Nous voici à celle du deuxième roman, étape essentielle s'il en est, presque aussi importante que le premier. L'étape de la confirmation, de l'installation dans ce genre qui reste phare dans notre littérature, cette capacité à s'installer dans une histoire longue, à y emmener avec elle son lecteur.

Telle une championne olympique de littérature, Beata transforme l'essai (oui je sais c'est au rugby qui n'est pas olympique, mais l'auteure a fait sa vie en France à Bordeaux, donc le lien est aussi logique). Après la lecture de Tous tes enfants dispersés, je n'avais plus la crainte du passage à la forme longue. Ici, pour le coup, elle prend ses aises, gagne encore une centaine de pages sans en avoir l'air, conserve toute la force de sa phrase que j'aime dire complexe dans sa simplicité.Ce style contamine d'ailleurs heureusement ses thématiques, puisque d'un résumé qui pourrait paraître simple, abordant majoritairement les questions du métissage et de la migration, elle y mêle des passages essentiels sur la façon dont on traite nos ainés (précédant sans doute le scandale Orpea vu le temps que prend la rédaction d'un livre), sur la maladie d'Alzheimer, sur le burn out et la reconversion, sur le voile, sur le multilinguisme...

Alors que dans le premier roman on pouvait identifier assez aisément les parts autobiographiques, Beata brouille un peu les pistes, se diffusant au sein de son histoire en laissant prendre à ses personnages le premier plan, qu'il s'agisse d'Astrida la grand-mère isolée dans son EHPAD, de Ramata la Sénégalaise rêvant tellement d'intégration qu'elle s'en est désintégrée, de Consolée l'enfant métisse du Rwanda qui donne son titre au livre et sa conclusion à l'histoire. Comme dans le premier roman, la narration à plusieurs voix convient bien au style comme à l'histoire. On met du temps à comprendre le sens de l'enquête de Ramata auprès d'Astrida alors qu'on a l'impression d'avoir déjà tout compris en lecteur omniscient... mais les boîtes de photos cachent bien des secrets qui ne nous seront d'ailleurs révélés qu'à nous, parce que contrairement à ces personnages enfermés dans le petit monde qu'elle a créé, nous avons de notre côté l'insigne honneur de vivre dans le même monde que Mme Umubyeyi Mairesse (oui je reprend la solennité du nom de famille pour la fin).

J'espère fortement qu'elle me fera le plaisir de revenir à la Comédie du Livre en 2023 après son passage uniquement virtuel (cause COVID) à celle de 2021. J'ai quatre livres à faire dédicacer, des conversations rêvées sur le sens des prénoms et des noms de famille, sur la vie à Lille et à Bordeaux (deux villes que le hasard a mis sur nos deux routes) et surtout sur les émotions dans lesquelles son écriture me transporte à chaque lecture.
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Avec Consolée, Beata Umubyeyi Mairesse remonte encore davantage le temps qu'avec Tous tes enfants dispersés, et nous conte cette fois une autre part sombre du Rwanda, faisant partie à l'époque, en 1954, de la colonie belge nommée Ruanda-Urundi, dans laquelle les enfants issus de femmes rwandaises et d'hommes principalement belges, mais aussi grecs, italiens..., étaient retirés à leur mère pour être envoyés dans des institutions destinées à les éduquer à la mode occidentale.

Ainsi de Consolée, petite fille qui devra quitter subitement sa mère, plus encore son grand-père adoré, pour devenir l'une de ces enfants mulâtres sans famille, qui va découvrir un autre univers, bien plus dur, et plus que déshumanisant. Dans le même temps, soixante-cinq ans plus tard, Ramata, devenue depuis peu art-thérapeute suite à un burn-out alors qu'elle était cadre dans une administration, rencontre dans l'EHPAD où elle réalise son stage Astrida, vieille dame à la maladie d'Alzheimer, qui parle de plus en plus en raison de sa maladie une langue inconnue, et qui va rapidement l'intriguer.

Avec ce nouveau roman, j'ai été une fois de plus bercée par la beauté poétique dont sait si bien faire preuve l'autrice pour nous conter pourtant tout sauf la beauté, du moins dans le sort qui a été réservé à ces enfants, car ce roman, au contraire du précédent, est profondément moins violent : la douceur d'Astrida, contrebalançant une partie de la vie volée de Consolée, y est peut-être pour quelque chose. de même que l'alternance des voix entre les trois femmes/enfant centrales de celui-ci, qui décrit avec beaucoup de justesse la condition noire - Amata est d'origine sénégalaise - ou métisse, soulevant les mêmes préjugés, les mêmes remarques, les mêmes comportements plus ou moins consciemment racistes, au fil des époques, aborde toutes ces thématiques avec une certaine douceur paradoxale, et invite à la réflexion avec beaucoup de justesse et de sagesse.

Troisième lecture, troisième superbe découverte. Vivement le prochain !

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