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EAN : 9782371270909
171 pages
La Cheminante (17/02/2017)
4.3/5   10 notes
Résumé :

Quinze histoires pour dire la nostalgie d'un continent disparu.

L'innocence, aux frontières de la catastrophe. L'enfance que l'on rafistole dans ses souvenirs avec tendresse et lucidité.

Derrière la délicatesse des récits finement ciselés, Beata Umubyeyi Mairesse laisse sourdre la violence qui a frappé sa génération rwandaise, au printemps 1994.

Celles et ceux qui n'étaient encore que des enfants, celles et ceu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lézardes est un recueil de nouvelles sur des douleurs inconsolables, celle de la guerre, de la barbarie, celle de la vie broyée qu'on croyait éternelle. Dix-huit récits peuplent ce recueil, dont trois sont des contes du Rwanda d'autrefois. Les quinze autres prennent pied dans l'horreur d'une réalité qu'on voudrait qu'elle n'eût jamais existé, celle d'un génocide, celui des Tutsi au Rwanda en 1994.
Ce sont des voix d'enfants qui nous parlent ici, quinze récits qui traversent le temps de 1984 à 2074... Oui, vous avez bien lu, 2074, une manière de construire le futur de manière durable lorsque tout a été anéanti. Ce sont des voix d'enfants, des voix multiples, leur mère n'est jamais loin.
Ne vous fiez pas à la douceur des mots, à la délicatesse qui caresse ces récits au ton si juste, si vous vous penchez de près au plus près de la page, vous entendrez sourdre la violence, les cris, le bruit de la mort et puis, écartant les phrases comme un rideau vous verrez alors l'horreur innommable.
Des enfants sont devenus parents et à présent jouent avec leurs enfants, jouent parfois à cache-cache dans un endroit protégé du malheur du monde, parfois en Europe. Et ce sont brusquement les murs qui se lézardent, la terre qui tremble, le sol qui s'ouvre comme une trappe béante sur l'abîme du passé. Une mère se souvient alors d'avoir été enfant, devant courir puis se cacher sur les ordres de ses parents, faire le silence, tandis que la rue s'éventrait à coup de machettes dans des flots de haine, de barbarie... Mais se cacher où ? Même les voisins devenaient alors une menace.
Ici l'innocence côtoie la tragédie.
Ce sont des récits littéraires qui ressemblent à des fables, avec parfois un côté presque onirique, des tranches de vies peuplées de nostalgie et d'envoûtement, chaque récit ouvre une lézarde de plus sur un mur, un mur supposé protéger la vie, protéger les enfants, protéger contre les guerres, contre le mal, contre ce qui détruit la vie.
Les lézardes sont comme des mensonges, des rides, le temps qui est venu trop vite, à coup de machettes... On voudrait protéger les enfants comme on peut, ils ont grandi avec cela, ce passé qui ne s'effacera jamais, même dans le jeu innocent d'un cache-cache longtemps après...
Beata Umubyeyi Mairesse avait quinze ans lorsqu'elle survécut là-bas au génocide, y échappant de peu, se cachant comme d'autres enfants là où s'était possible, dans une cave, à deux pas où rodait la mort...
Derrière les mots, il y a les non-dits qui hurlent et c'est une douleur insupportable qui arrache des larmes. Comment ne pas s'émouvoir devant cette mère qui cogna désespérément son ventre violé et l'enfant qui s'apprêtait à naître de ce malheur, tandis que le frère déjà grand était déjà prêt à accueillir cette petite soeur qui n'avait rien voulu de cela et fut là pour la protéger, prendre soin d'elle... Il est alors devenu bien plus qu'un grand frère...
Quinze histoires pour dire la nostalgie d'une terre qui s'est engouffrée dans la terreur durant quelques jours de l'année 1994.
Les vies s'enchevêtrent ici comme les vivants parmi les morts, comme les morts entassés dans un charnier qu'on découvrira plus tard par hasard, comme les vivants parmi les vivants, comme les enfants parmi leurs parents qui furent des enfants en 1994...
Il faut bien alors rafistoler dans ses souvenirs cette enfance qui revient comme une lézarde sur le mur.
Quinze textes ciselés dans la justesse des mots qui disent l'émotion, pour construire une mosaïque de portraits touchants, parfois drôles, souvent douloureux, à fleur de peau, épris de désenchantement, de magie et surtout envoûtés d'espoir.
Merci Meps de m'avoir fait découvrir ce livre et son auteure.
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Merci à Babelio et aux éditions La Cheminante de m'avoir envoyé cet ouvrage dans le cadre de la Masse critique. J'ai lu que certains n'aimaient pas qu'on commence ainsi notre critique... et pourtant, quel rebelle, je continue.

Je continue parce qu'en effet il faut remercier Babelio. Les remercier pour ces Masse critiques qui nous permettent de découvrir des livres que nous n'aurions sans doute pas acheté, croulant sous la masse assez critique des sorties en littérature. Les remercier parce qu'en me permettant d'échanger avec les autres lecteurs, ils m'ont donné, notamment via les challenges du forum, l'envie de découvrir d'autres formes que le roman que je chérissais, et de me laisser emporter aussi par les recueils de nouvelles.

Remercier La Cheminante, et toutes ces "petites" maisons d'édition qui donnent leur chance à des auteurs que n'auraient pas pu ou voulu retenir des structures plus importantes.

Et que cela aurait été dommage de ne pas découvrir la plume de Beata Umubyeyi Mairesse. Ce qui m'a fait sélectionner son ouvrage est sans doute une curiosité morbide en voyant qu'il s'agissait de courtes histoires sur le Rwanda. On veut savoir, se faire inviter à l'horreur tout en la redoutant. J'ai lu ces histoires, une à deux par soir, à voix haute avec ma compagne. Je craignais le voyeurisme, je n'y ai découvert que des émotions. Subtiles mais fortes. J'ai ri aux éclats sans pouvoir me contenir et j'ai pleuré à sanglots pour la première fois en lisant un livre (en lisant la terrible nouvelle "Ready or not").

Les histoires n'auront forcément pas le même effet sur chacun mais on ne peut dénier la force de cet ouvrage, à mettre entre toutes les mains car il n'y transparait aucune haine, juste une peine et une douleur immense, et beaucoup d'espoir en un meilleur avenir pour tous. C'est dérisoire parce que c'est ce que chaque génération a tenté de sauvegarder après chaque drame terrible traversé. Mais c'est essentiel parce que c'est tout ce qui reste après que le réservoir des larmes se soit épuisé.
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Merci à Babelio et aux Editions La Cheminante situées dans le Pays Basque pour l'envoi de ce livre dans le cadre de masse critique.

Ce fut une découverte, une incursion dans un domaine que je n'ai pas encore exploré par le moyen de la littérature, celui du génocide qui a tragiquement marqué le Rwanda il y a vingt ans. Ce recueil de nouvelles est élaboré autour de ce pays d'Afrique, appelé pays aux mille collines. Ce que le peuple Rwandais a connue est mis en perspectives au travers de l'histoire de plusieurs enfants, par le mélange de cultures. le monde de l'enfance nous évoque l'innocence, mais aussi beaucoup de souffrance (des souvenirs de morts, l'abandon des parents, l'absence…). La mort est présente, elle imprègne la narration. Les nuances
sur leur chagrin sont multiples.

La misère, l'oppression gangrène leur univers, et cela empêche les êtres de communiquer, les isole les uns des autres. Quelques-uns de ces récits sont des fables, des contes, ou bien y ressemblent, grâce aux messages qu'ils portent. Des paraboles, des allégories sont construites autour d'animaux.

Le lyrisme est présent et nous retrouvons cette manière toute typique qu'on les africains de narrer les choses, ce phrasé particulier, plus marqué à certains endroits qu'à d'autres. La narration ciselée, fait de ce moment de lecture une pause choisie. On ne lit pas de façon fluide, mais peu à peu et lentement. le Rwanda, ainsi que son histoire se dévoile peu à peu avec toute la dimension que l'on connaît, mais bien plus encore.

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Récits sous forme de nouvelles aux origines rwandaises. Il y est question de passé, d'ici et maintenant , des demains incertains.
Les lézardes du temps viennent colmater des plaies béantes où hommes, femmes et enfants résonnent en résilience des événements de 1994. Certains personnages sont retrouvés à différents moments de leurs existences, fissurées par mélancolie et nostalgie , ingrédients d'un terreau infertile d'insouciance perdue.
Trois contes viennent ponctuer des tranches courtes d'existences enchainées aux souvenirs ou regardant vers l'avenir.
Lecture suspendue, vaporeuse qui s'appréhende sur un rythme qu'il m'a fallu stopper puis reprendre car l'écrit se livre à une oppressante sensibilité des conséquences génocidaires.
Une découverte de cette écrivaines qui appellera à d'autres lectures , c'est certains.
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Un recueil de nouvelles chargé en émotions. En 18 courts récits, l'auteure nous parle de son pays, le Rwanda, à travers les années et les époques. de ses habitants surtout. Elle évoque l'avant, le pendant et l'après génocide.
C'est elle qui parle, dans la bouche de ses personnages, Beata Umubyeyi Mairesse, qui a vécu le génocide alors qu'elle n'était qu'une enfant. Des enfants se racontent mais aussi des jeunes filles, des mères, des pères : des victimes ou des survivants, ceux qui ont fuit, ceux qui ont combattus, ceux qui ont oublié et ceux qui n'oublieront jamais. C'est une mosaïque réaliste, mais pas impudique ou dramatique. L'écriture, qui peut parfois sembler légère, laisse deviner l'horreur que ce peuple a traversé, sans jamais tomber dans le pathos, l'accusation ou l'agressivité. Beata Umubyeyi Mairesse n'est pas là pour culpabiliser, son livre souffle un vent d'espoir et nous pousse à croire que celui qui résiste ce n'est pas celui qui crie, mais celui qui vit.

Merci à Babelio et aux éditions La Cheminante pour la découverte.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les langues forgent un tas de maximes sur les enfants, la méchanceté dont ils peuvent faire preuve entre eux, la vérité qu'abritent leurs bouches, ceux qui sont rois, ceux qui écoutent les cigales au lieu des parents, mais si peu pour dire l'amour inconditionnel dont est capable un frère. Abavandimwe : ceux qui sont issus du même ventre. Même le ventre de l'amertume peut abriter de la beauté.
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La bonne raconte tout cela dans la cuisine. Elle n'émet aucun jugement, se permet juste un long "tchip" qui s'envole de ses lèvres entrouvertes et frappe Maduduli au cœur, là où la petite fille d'autrefois avait appris à ranger la générosité, entre la politesse et la culpabilité.
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Les langues forgent un tas de maximes sur les enfants, la méchanceté dont ils peuvent faire preuve entre eux,la vérité qu'abritent leur bouches, ceux qui sont rois, ceux qui écoutent les cigales au lieu des parents, mais si peu pour dire l'amour inconditionnel dont est capable un frère. Abavandimwe: ceux qui sont issus du même ventre. Même le ventre de l'amertume peut abriter de la beauté.
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Si elle n'avait pas survécu aux coups dans le ventre de la mère, l'Aîné aurait su l'inventer, pour ne pas être seul avec le silence du vent et le vol des bourdons.
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Un jour, l'Aîné s'est demandé pourquoi il avait tout effacé, les souvenirs d'avant, le frère et le père dont on a jamais retrouvé les restes, la mère telle qu'elle avait été. Il pense que c'est à cause des coups sur la tête, des cicatrices qui zèbrent ses tempes. Il ne s'avoue pas que c'est par solidarité avec Petite qui est née après. Aurait-il tant aimé sa petite sœur s'il avait accepté de voir en elle le fruit de la catastrophe ?
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Videos de Beata Umubyeyi Mairesse (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Beata Umubyeyi Mairesse
Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse autour de la parution de son récit le convoi aux éditions Flammarion.


Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle arrive en France en 1994 après avoir survécu au génocide des Tutsi. Son premier roman Tous tes enfants dispersés a reçu le Prix des Cinq continents de la Francophonie et Consolée, son deuxième roman Consolée, le Prix Kourouma 2023; les deux, publiés chez Autrement, ont été largement salués par la presse et les libraires. Consolée paraît chez J'ai lu en janvier2024.
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02/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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