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Beata Umubyeyi Mairesse (Autre)
EAN : 9782746755932
380 pages
Autrement (30/09/2020)
4.17/5   6 notes
Résumé :
" Ejo " : au Rwanda, le même mot désigne " hier " et " demain ". Un seul mot pour se remémorer les temps fanés et raconter ce que peut être la vie après le génocide des Tutsi. Les trente nouvelles de ce recueil nous font entrer avec tendresse et lucidité dans l'intimité de femmes et d'enfants dont le destin est bouleversé par l'histoire. Une mosaïque de tons, entre désenchantement et espoir, pour réaffirmer notre humanité commune.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un gros recueil de nouvelles très courtes, en 3 parties puisqu'il y a deux recueils parus seuls - Ejo et Lézardes - et des nouvelles parues ici ou là en revues.
A travers les portraits-histoires (femmes, enfants, quelques hommes) se dessine le Rwanda dans un temps circulaire autour du génocide (qui ne sera pas explicité, il y a d'autres livres à découvrir avant de savourer celui-ci peut-être) : avant, après, futur inventé parfois, passé retrouvé avec deux ou trois contes... Il faut accepter de voir passer les personnages en quelques pages mais c'est un livre puissant, délicatement interrogateur, abordant les violences des vies bouleversées par la guerre entre voisins.
J'ai mis du temps à lire un autre Beata Umubyeyi Mairesse après Tous tes enfants dispersés , roman que j'avais pourtant été ravie de découvrir. J'espère mettre moins de temps pour continuer avec cette autrice et voir si se confirme mon sentiment : elle pourrait recevoir un Nobel un jour.
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Ce sont les chaudes couleurs de la couverture, sur une des tables de la librairie qui m'ont attirée, comme un wax de belle qualité. Puis le titre, et son ambiguïté, expliquée dès la quatrième de couverture, ont fini de me convaincre. Je me suis lancée dans cette lecture en sachant qu'elle serait dure. Il est question du Rwanda et du génocide qui constitue presque la seule chose pour laquelle ce pays est connu sur la scène internationale.
Ce livre est en réalité constitué de deux recueils de nouvelles précédemment publiés indépendamment, plus quelques nouvelles publiées dans des revues. Je ne suis pas certaine que cet assemblage soit heureux, car chaque recueil a une véritable identité et elle se dilue dans le fait de lire les deux à la suite. le premier recueil, Ejo, parle du génocide, un peu avant, pas vraiment pendant et surtout après. le second, Lézardes, même s'il revient sur le génocide, est aussi sur la perte de l'innocence.
Beata Umubyeyi Mairesse, l'autrice, est elle-même une rescapée du génocide. Et cela la hante. Cela la hante et irrigue son écriture en continu. Elle explore les blessures et les failles, comment elles sont chez chacun, mais comment elles ne sont aussi jamais les mêmes.
C'est un livre difficile, et souvent je me suis sentie tellement loin de ces personnages. Ceux qu'ils ont vécu est tel que j'ai l'impression que toute empathie est en fait déplacée. J'ai lu il y a peu un livre dans lequel l'autrice mettait sciemment le personnage principal à distance, ce qui créait une impossibilité pour le lecteur de se mettre à la place du personnage. J'avais trouvé cela dérangeant, mais très intéressant, et une expérience de lecture peu commune. Ici, ce n'est pas l'intention de l'autrice, mais j'ai ressenti cette même distance, non à cause du style ou de l'intention littéraire, mais à cause de l'énormité de ce qui est décrit. Ce fut encore une lecture dérangeante, donc, et avec un tel sujet, c'est le moins que l'on puisse dire.
Alors le style est parfois un peu plat, mais le sujet mérite que l'on s'attarde sur le livre, et surtout toutes les situations que l'autrice invente pour montrer cette multiplicité de destins, de blessures. Pas beaucoup d'espoir dans ce livre, peu de place pour la réconciliation qui est aujourd'hui le mot d'ordre officiel, mais une exposition sans fard des traces, visibles et invisibles de ce génocide, à hauteur de l'individu.
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Après Tous tes enfants dispersés, Beata raconte la vie des survivants au génocide .
250 caractères pour situer un livre qu'on n'a pas lu, c'est un peu ridicule, non? En plus moi qui m'applique à faire court parce que ces chroniques me servent surtout pour garder la mémoire des livres lus, c'est un peu agaçant: je développe plutôt en commentaires d'avis d'autres lecteurs. On va devoir résumer ce que d'autres ont déjà bien fait. Devoir faire du remplissage comme je le fais ici intéresse qui?
Une autrice à suivre.
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En kinyarwanda (la langue maternelle de l'autrice, ayant fui le massacre des Tutsis à l'adolescence), Ejo signifie à la fois hier et demain. C'est dans cette ambivalence temporelle, entre la relative insouciance d'avant et les répercussions intimes d'après qu'elle inscrit son premier recueil, présent dans un volume pluriel. On y croise une dizaine de femmes dans la tourmente, de Febronie dont le fils lui tourne le dos pour rejoindre les Interahamwe (miliciens hutus) à Agnès, professeur d'histoire sopecya (survivante n'ayant pas quitté le pays) ne s'exprimant plus qu'en maximes cryptiques, où le nom des morts surgit comme ponctuation. Toutes sont marquées par leur propre expérience d'un pays où victimes et bourreaux se côtoyaient quotidiennement, par la difficulté de se projeter dans des terres
d'exil où le racisme et l'incompréhension face à leur vécu chargé règnent.
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Un livre bouleversant de la période du génocide des Tutsi au Rwanda. L'auteure nous emmène à travers ces nouvelles sur comment les diverses personnes ont vécu ce drame humain. On ne peut pas rester insensible devant cet épisode Rwandais et la délicatesse des mots dont l'auteure écrit.
Très émouvant.
J'ai eu la chance de rencontre l'auteure au festival du livre de Hyères .un joli moment, merci à elle
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les trois premiers jours passés chez elle, je restai recroquevillée dans mon lit à faire semblant de dormir. Richard était reparti très vite, me laissant seule avec une enveloppe de billets dont je ne savais que faire. Il faisait froid. Elle est entrée dans la chambre sans frapper s'est assise sur le couvre-lit vieillot et m'a dit : "Tu crois que tu n'as pas été tuée pour venir te faire mourir sous mon toit? Nina, la folie, c'est pour les bourgeoises et les saintes et ce n'est pas le genre de la maison. Donne-moi la main, je ne vais pas te lâcher."
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Pour moi, ce pays est un cauchemar déguisé en carte postale ultralibérale mais écologique. Aux pieds de panneaux solaires flambant neufs, dans les jardins luxuriants des lodges pour riches Américains, poussent des herbes folles d’avoir trop bu de sang. Les chèvres ne risquent plus de s’étouffer avec des sacs en plastique – désormais interdits – mais jouent parfois avec des ossements humains que les pluies font affleurer.
(p. 74, , “France – Kazungu”, in “Ejo”).
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Il fallait beaucoup de foi en la mère patrie pour élever une génération privée de grands-parents. Une génération qui se devait d’être le mircale du jour d’après, la vie qui déborde, l’impérative fierté, l’exaltation des couers rafistolés pour faire tourner la grande usine du vivre ensemble. Coûte que coût, parce que le pays l’exigeait.
(p. 365, “La civilisation”, in “Lézardes”).
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Moins débordée, je pouvais me consacrer à lui, lui apprendre à bien parler, lui chanter des berceuses. J’avais même planté quelques pieds de fraisier près de la bananeraie où il passait les après-midi accroupi, pendant que j’écossais les petits pois ou triais les haricots dans la cour. On disait : « Ce garçon est trop collé à sa mère, ça ne donnera pas un vrai homme. »
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Videos de Beata Umubyeyi Mairesse (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Beata Umubyeyi Mairesse
Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse autour de la parution de son récit le convoi aux éditions Flammarion.


Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle arrive en France en 1994 après avoir survécu au génocide des Tutsi. Son premier roman Tous tes enfants dispersés a reçu le Prix des Cinq continents de la Francophonie et Consolée, son deuxième roman Consolée, le Prix Kourouma 2023; les deux, publiés chez Autrement, ont été largement salués par la presse et les libraires. Consolée paraît chez J'ai lu en janvier2024.
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