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Critique de Sachenka


Ce court roman, Vigdis la farouche, est ma première incursion dans l'univers de Sigrid Undset. le nom de cette auteure revenait régulièrement dans des listes de lectures que je consultais (j'aime beaucoup la littérature nordique) mais, je ne sais trop pourquoi, je le repoussais toujours. Récemment, j'ai lu quelques bouquins de Knut Hamsun et ils m'ont tous déçu. En m'informant plus sur cet auteur, j'ai appris qu'il avait reçu le prix Nobel. le deuxième Norvégien à recevoir cet honneur après… Sigrid Undset. Je me suis dit : « C'est le moment de m'attaquer à elle. » Peut-être serais-je plus chanceux.

J'ai réservé plusieurs bouquins de cette auteure et le premier à arriver fut celui-ci, Vigdis la farouche. Il s'agit d'une incursion dans le haut Moyen Âge, dans l'univers des Vikings. Une vie rude, violente. Viga Ljot, jeune mais surtout impétueux, arrive d'Islande et est accueilli dans la maison du Norvégien Gunnar. le jeune homme tombe aussitôt sous le charme de la fille de son hôte, Vigdis. Peut-être est-ce réciproque…. Hélas, ce qui aurait pu devenir une belle histoire d'amour d'un autre âge se transforme en un abus, un viol. Heureusement, un lecteur sensible se verra épargner les détails. C'est résumé en deux ou trois phrases, un lecteur impatient ou inattentif pourrait passer par-dessus sans s'en rendre compte. Comme dans les tragédies grecques, tout se met en branle à partir de ce moment, le destin implacable suit sa course jusqu'à… à vous de découvrir.

Cette histoire riche en rebondissements a réussi à me surprendre et à me tenir intéressé tout au long de ma lecture. D'abord, il y a ce personnage féminin fort. Vigdis, malgré la pléthore de prétendants, n'entend pas se laisser marier à qui que ce soit qui ne lui plairait pas. Même son père n'oserait promettre la main de sa fille sans son consentement. Ensuite, après le viol dont elle est victime, elle décide de rester célibataire, d'élever son enfant et de le pousser à la venger. Si ce n'est pas prendre son destin en main… C'était tout de même audacieux pour un bouquin paru en 1909. Puis, les émotions sont au rendez-vous : l'amour, la passion, la colère, l'impétuosité!

Malgré cela, il y a bien un ou deux éléments qui auraient gagné à être améliorés. Par exemple, qui est le protagoniste? le titre du roman laissait entendre que ce serait Vigdis. Or, l'histoire commence avec Viga Ljot, son enfance, ses expériences en mer, etc. Et, quand Vigdis apparaît quelques chapitres plus tard – enfin! –, elle semble si effacée, comme un songe issu des rêves du jeune homme. Heureusement, elle fait connaitre sa vraie nature très rapidement. Fière et indépendante! Par la suite, la narration alterne entre les deux, allant de Vigdis à Viga Ljot puis vice-versa. Puis elle s'attarde longuement sur ce dernier, pendant une ou deux décennies.

Pareillement pour les descriptions plutôt minimalistes. le roman en compte bien un certain nombre mais j'aurais aimé en voir davantage. Après tout, je plongeais dans un univers médiéval et nordique, rempli de paysages magnifiques et sauvages comme devaient l'être l'Islande et la Norvège de jadis. Il en va de même pour les protagonistes. À plus d'un moment, pendant ma lecture, je me suis surpris à me demander à quoi ils ressemblaient. Il y a bien quelques indices donnés au début mais si peu par la suite pour les rappeler à la mémoire du lecteur. C'est un peu dommage.

Toutefois, il convient de préciser que Vigdis la farouche est une des premières oeuvres de Sigrid Undset. Incidemment, il ne faut pas être trop critique. Je vois beaucoup de potentiel dans ce roman (déjà bon) et je ne doute pas que les suivants seront meilleurs.

Je termine cette critique sur une petite parenthèse : à un moment, Vigdis se compare à un oiseau. « Je suis comme un oiseau couché par terre qui agite ses ailes brisées. Il ne peut s'éloigner de l'endroit où il est tombé et il ne voit pas au-delà des traces laissées par le sang qu'il perd. Si j'essaie de penser à ce qui a été autrefois, je me souviens seulement du présent. Si je me rappelle le temps où je vivais joyeuse et sans soucis, je me figure seulement que ce temps n'a été que pour préparer mon malheur d'aujourd'hui. » (p. 44). Ce passage est triste et puissant à la fois. Il témoigne de la puissance évocatrice de la plume de Sigrid Undset. Surtout, il fait écho à une autre lecture que j'ai faite il y a quelques jours à peine, Les ailes brisées, de Khalil Gibran, dans lequel la protagoniste se comparait elle aussi à un oiseau aux ailes brisées. C'est drôle comment, parfois, certaines lectures se répondent les unes aux autres.
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