Le plateau avec thé et biscuits fut tendu au sergent époustouflé.
- vous savez ce que va dire ma femme quand elle va voir ça ? dit-il.
Bony se mit à rire et ses yeux bleus rayonnèrent.
- « Merci, chéri » ?
- Elle va me dire : « Tu dois être malade. Où as-tu mal ? » répondit Marshall d’un air lugubre.
- Je n’en crois rien. Allez-y maintenant. Je vais préparer un autre plateau que nous pourrons emporter dans le bureau.
Visiblement peu rassuré, Marshall s’éloigna. En revenant il marmonna :
- Elle a dit… elle a dit : « Tu remercieras bien Bony. »
Pendant les secondes d'horreur qui suivirent l'ouverture de la porte de la cabane, le sergent Marshall se métamorphosa. Abandonnant son naturel chaleureux, il redevint le policier à l'efficacité calme et froide. Il faillit prendre congé avec un salut militaire avant de se diriger vers la voiture. Il traversa l'étendue de sable blanc, pour regagner la lisière de broussailles et d'arbustes rabougris.
Il y a des types qui sont nés pour être le mari d'une enquiquineuse.Il y en a qui sont nés pour avoir seize mioches. Et il y en a qui sont nés pour se faire assassiner. Kendall était de la dernière espèce.L'étonnant dans l'histoire , c'est qu'on ne l'ai pas tué plus tôt.
Mes amis m'appellent Bony, je vous le rappelle...
Ici, dans la brousse, Redman ne valait même pas Gleeson, car l'agent était incapable de reconnaître les traces de n'importe quel cheval, de le suivre pendant des kilomètres et de faire la différence entre des empreintes de chien et de renard.
Il n'y poussait ni un brin d'herbe, ni une broussaille. Le vent venait de la droite, de l'ouest, un vent régulier qui devait atteindre les vingt-cinq kilomètres à l'heure. Il projetait contre la Muraille les grains de sable soulevés par les sabots de son cheval, et noyait dans une brume blanche les courbes des sommets sur lesquels reposait le ciel bleu. Le soleil était chaud et agréable sur ses bras nus, son cou, sa joue droite, et, de temps en temps, Bony gonflait sa cage thoracique pour respirer profondément. Il avait envie de chanter car il se sentait d'humeur joyeuse.
J'ai lu quelque part que sans la nuit, nous ne pourrions voir les étoiles. Pour voir les étoiles, il faut attendre la nuit, et bizarrement, dans toutes les grandes enquêtes, les policiers doivent attendre que les ténèbres s'installent pour commencer à voir la lumière. Cette affaire n'est pas encore assez sombre pour que nous apercevions la lumière, mais elle le devient de plus en plus, et nous finirons par y voir plus clair. p.135-136
Pourquoi devrais-je foncer tête baissée pour aller poser telle ou telle question à des tas de gens ? Alors qu'il me suffit de garder mes yeux et mes oreilles ouverts, et de faire travailler mon simple bon sens jusqu'au moment où le meurtrier de George Kendall et de ce trimardeur se révèlera être la raie pastenague prisonnière dans mes filets.