Partir pour l'Australie avec comme guide
Arthur Upfield, le maitre incontesté du polar ethnologique… pourquoi pas !
Une carte … Karvir, pré du marais vert ? … Meena, pré de l'Est ? … Une autre indication … Opal ?
Une tribu … Kalshut ? … pas de trace dans le web !
On se contentera pour se situer à une allusion au Queensland … nord est du pays continent.
L'auteur,
Arthur Upfield a écrit ce livre (le sixième de la série
Napoléon Bonaparte) en 1938, sa traduction française date de 1994.
Le héros
Napoléon Bonaparte se définit lui même fort bien comme un individu ayant choisi de vivre comme un homme blanc sans mépriser ses origines aborigènes(1).
Nous voici donc partis dans le bush, nous découvrons une tribu indigène et ses pratiques traditionnelles … bien loin du mépris auquel on pourrait s'attendre d'un colon … au contraire les différents comportements sont décryptés avec beaucoup de précision et une volonté de pénétrer un peu dans la découverte du Livre de la Brousse, pour nous permettre d'interpréter les us et coutumes des peuples habitants ces territoires ancestraux.
Suivre les aventures
De Bony,
Dans des descriptions magiques des paysages grandioses de la nature australienne,
Dans la transcription des us et usages des aborigènes et de leurs perception intime de la nature qui les entoure tout en la respectant,
Dans notre initiation à des curiosités géographiques … découvrir la grande migration des lapins … un grand très grand moment (2),
Avec son grand respect pour une culture qui est enfin maintenant reconnue (3),
C'est passionnant.
Arthur Upfield rappelez vous ce nom !
(1)
« Si je n'étais pas rebelle à la bureaucratie et à la discipline, je compterais parmi les policiers ordinaires qui vont ici et là et font ceci ou cela, conformément aux ordres qu'ils reçoivent. Ils appellent ça du travail d'équipe. Je ne fais jamais partie d'une équipe. L'équipe, c'est moi. Comme je vous l'ai dit, il me semble, une fois que je commence une investigation, je ne la lâche pas jusqu'à la fin. L'autorité hiérarchique, le temps ne représentent pas grand-chose pour moi, l'enquête en revanche, tout. C'est là-dessus que se fondent mes succès. […] le sable de la brousse a recouvert tous les indices. Je n'en ai pas un seul qui me permette de démarrer. Pas de corps, pas de fausses dents, pas de couteau sanglant ou de revolver couvert d'empreintes. Mais, sergent, j'ai un cerveau, deux yeux, une faculté de raisonnement, un mépris du temps, de la bureaucratie et de la discipline. Voilà tout ce dont j'ai besoin. ».
(2)
L'Australie s'était peuplée lentement lorsque la découverte de l'or en 1851 amena un flux d'immigrants considérable; entre 1850 et 1855 la population passa de 265.000 à 642.000. Avec la richesse s'introduit le goût du luxe. Il n'y a pas de vie luxueuse pour un anglo-saxon sans le plaisir de la chasse; on ne chassait jusque là que le kangourou et le cygne noir; on voulut avoir du gibier européen. C'est pourquoi des amateurs eurent l'idée d'importer des lapins et des moineaux, animaux choisis en raison de leur multiplication rapide. Plusieurs sociétés d'acclimatation se fondèrent. En 1862, M. Austin introduisit un couple de lapins. On les compte aujourd'hui par milliards.
Jusqu'en 1876 tout marche dans la perfection; les lapins restaient localisés dans les districts déserts. Mais les progrès de l'élevage et sa marche progressive vers l'ouest mirent alors en présence le mouton et le lapin, l'animal producteur et l'animal destructeur. le lapin a perdu de sa taille en Australie, mais sa voracité a augmenté. En outre, il s'est adapté aux conditions d'existence que lui imposait le milieu local; traverser une rivière à la nage ne l'embarrasse point et il n'hésite pas à grimper sur les arbres pour dévorer l'écorce ou les feuilles. En certains districts il est presque devenu un animal arboricole. On comprend facilement quelle ruine il cause. Cinq lapins consomment autant d'herbe qu'un mouton. Partout où ils se sont établis, les pâturages sont rasés et pelés, et les arbres, dépouillés de leur écorce jusqu'à 1 mètre, ne tardent pas à mourir. Les troupeaux périssent d'inanition.
En 1893, une clôture à l'épreuve des lapins fut érigée dans le Queensland, et a été progressivement étendue. En 1997, un dernier segment fut construit la reliant à la barrière à Dingo.
(3)
« Ils ont bénéficié d'une authentique civilisation pendant des lustres. Avant que les Blancs, les Jaunes et d'autres Noirs ne soient capables de converser, ces aborigènes australiens parlaient intelligemment. Ils pratiquaient le socialisme chrétien des siècles avant la naissance du Christ. […] Et maintenant, voilà que l'ombre de la civilisation les guette, même s'ils l'ignorent encore. La civilisation est venue les abattre, les empoisonner comme des chiens sauvages. Ensuite, dans ses journaux satiriques, elle a dépeint les victimes de sa malédiction sous les traits de faibles d'esprit, pour se donner une excuse, elle les a raillés en les qualifiant de sauvages nus, les a enfermé dans des réserves et des quartiers séparés. Elle leur a retiré leurs produits naturels et les nourrit de boîtes de conserves toxiques bien étiquetées. »
« Que je me situe entre le Noir, qui fait du feu avec un bâton, et
Le Blanc, qui tue des femmes et des enfants avec des bombes et des fusils-mitrailleurs, ne devrait pas être retenu contre moi. J'ai eu la satisfaction de pouvoir utiliser à la fois mes compétences intellectuelles et les talents dont j'ai hérité. D'autres, bien entendu, ont utilisé leurs dons pour amasser de l'argent, pour inventer des bombes, des armes et des gaz, et même pour désigner des vainqueurs dans la course entre les races. L'argent et la possession d'une immense propriété ne rendent pas un homme supérieur à un autre, qui se trouve être né métis et qui a consacré sa vie à l'investigation des crimes de manière que les gens normaux puissent être protégés des individus amoraux et anormaux. »