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3,37

sur 110 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mis en demeure de rendre des comptes sur des vacances alpines quand il avait 16 ans, un homme se voit contraint de décortiquer ses souvenirs pour répondre aux questions en procureur d'une improbable helvète qui cherche à comprendre les raisons de la disparition de son père, archives de la Stasi sous le coude.

Entre ronchonnements, attirance et beuveries, les deux protagonistes vont s'affronter en théories fumeuses possibles, agacements et disputes, et reconstituer le microcosme estival de l'hôtel Waldheim dans les années 70.

(Déjà ainsi, c'est compliqué à résumer)

Ce duo insolite va longuement malaxer un ronron indigeste où on mélange pêle-mêle Davos, ses hôtels et ses paysages, Thomas Mann, sa montagne et ses tuberculeux, les échecs et le jeu de go, la Guerre Froide, ses transfuges et ses espions.

Je ne sais pas ce qui ne fonctionne pas dans cette affaire, mais j'ai eu bien du mal à suivre cette histoire, gênée par des situations sans queue ni tête, des rapports humains décalés, un manque de crédibilité. L'auteur semble tirer avec effort la corde du mystère, en tentant d'emballer le tout d'un humour sarcastique. J'ai trouvé cet procédé à tiroirs bien long et bien bavard, peu convaincue par le montage narratif. Ça s'apparente plus à un exercice de style littéraire, qu'on peut reconnaître original mais pas forcément passionnant.

Juste mon avis.
Ce livre est retenu en première sélection du Goncourt 2018. Curieuse de voir sa trajectoire.
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Le romancier François Vallejo n'a jamais obtenu de grand prix littéraire, bien que plusieurs de ses romans aient été retenus dans des compétitions, ce qui est déjà un vrai gage de qualité. Hôtel Waldheim, premier livre que je lis de lui, a figuré cette année dans les premières listes du Goncourt, mais n'a pas échappé à la malédiction de son auteur.

Le roman développe tour à tour deux intrigues corrélées, toutes deux subtilement liées aussi à l'histoire de la Stasi, la redoutable police secrète de l'ex République Démocratique Allemande, dissoute en 1990 après la chute du mur de Berlin.

La première intrigue se joue de nos jours entre Jeff Valdera, le narrateur, un quinquagénaire installé sur le littoral normand, et Frieda Steigl, une Zurichoise. Pourquoi donc cette femme a-t-elle tout fait pour entrer en relation avec lui ? Elle s'interroge sur le sort de son père, Friedrich Steigl, un homme né en RDA, disparu mystérieusement depuis plusieurs décennies. Elle a pu retrouver des éléments de son parcours, à partir d'archives de la Stasi, d'innombrables liasses de papier déchirées lors de son démantèlement, puis reconstituées grâce à un logiciel informatique. En épluchant ces documents, Frieda a acquis la certitude qu'en l'année 1976, à l'hôtel Waldheim de Davos, un dénommé Jeff Valdera avait joué un rôle – négatif ! – dans le destin de son père.

C'est justement en 1976 que la seconde intrigue prend place, à Davos, l'élégante station de montagne de la Suisse orientale, sur laquelle, tout au long du roman, plane l'ombre de la montagne magique, le chef d'oeuvre de Thomas Mann. Pour la quatrième année consécutive, Jeff, alors âgé de seize ans, séjourne en août à l'hôtel Waldheim. Adolescent mal dans sa peau, il observe avec une condescendance narquoise les clients allemands, autrichiens et suisses, de bons bourgeois plutôt âgés et conventionnels. Pour tromper son ennui, il va de l'un à l'autre en baragouinant un allemand scolaire, épiant les comportements, écoutant les discussions, colportant des ragots, ironisant sur chacun, tout en jouant régulièrement aux échecs avec certains pensionnaires et au jeu de go… avec un certain Friedrich Steigl.

Lorsqu'il rencontre Frieda, Jeff n'a plus aucun souvenir de ces événements qui datent de quarante ans. Ils réintègrent peu à peu sa mémoire sous la pression de Frieda et l’impact des noms qui figurent sur les documents d'archives en sa possession. Un travail de maïeutique de la mémoire qui fait balancer entre attirance et répulsion les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.

Pour ne rien arranger, Frieda démontrera à Jeff que les faits dont il se souvient ne sont qu'un trompe-l'oeil. Contrairement à ce qu'il présumait alors, il n'avait été qu'un pion manipulé sur un échiquier géopolitique ordinaire, par des adultes bien plus malins que lui. L'hôtel Waldheim était en fait le terrain d'un jeu du chat et de la souris entre des agents de la Stasi et un réseau s'efforçant d'aider des intellectuels est-allemands à passer à l'Ouest.

Tout est à la fois surprenant et cohérent – à défaut d'être crédible – dans la vérité qui se dévoile avec de plus en plus de précision au fil d'un texte curieux, au rythme lent, mais plutôt captivant, où se mêlent la narration de Jeff, ses conversations, ses souvenirs, ainsi que ses états d'âme tortueux, dont certains semblent exprimés à voix haute devant Frieda.

Un mot sur l'écriture, sur laquelle je me suis plusieurs fois arrêté pendant ma lecture. Je n'ai rien contre le français bancal que l'auteur prête à la zurichoise Frieda, bien que je ne sois pas certain que les germanophones s'expriment ainsi dans notre langue. Pour le reste, l'auteur semble avoir une prédilection pour les phrases longues, parfois alambiquées, un peu désuètes. Elles renforcent l'atmosphère étrange du roman en freinant la lecture. Pourquoi pas ! Mais c'est un parti littéraire qui risque de ne pas plaire à tout le monde.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Comment les souvenirs d'un enfant de 16 ans en vacances avec sa tante dans un bel hôtel dans la montagne suisse ne sont peut être ceux qu'ils conservent.
Une histoire intéressante, j'ai découvert les paysages suisses, l'ambiance d'un hôtel de famille cossu.
L'auteur montre comment cet ado se fait manipuler par tous les clients de l'hôtel afin de servir les intérêts de chacun, sa naïveté est utilisée par tout le monde et ne lui permet pas de se rendre compte de ce qui se trame autour de lui.
Si l'histoire m'a plu, j'ai trouvé que le livre traînait en longueur , j'ai eu un peu de mal à le finir.
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Fred Valdera a 16 ans quand il accompagne pour la 3ème fois sa tante Judith à l'hôtel Waldheim à Davos en Suisse pour les vacances. Il y passe ses journées à jouer aux échecs, au jeu de go ainsi qu'à discuter avec Frau Finkel de "La Montagne Magique" de Thomas Mann.
Trente ans plus tard, une carte postale reçue avec un énigmatique message va l'amener à une angoissante introspection...
Récit intéressant sur les pratiques de la stasi jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989.
Pourtant, mon impression générale sur le livre est mitigé. L'absence de suspense et d'émotion rend la lecture de ce livre parfois ennuyeuse. L'imbrication des discours (paroles rapportées directement et indirectement) sans indication typographique ne facilite pas la lecture qui en devient parfois lourde.
En définitive, l'histoire retient l'attention mais le style de l'auteur peut rebuter certains lecteurs.
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« Son roman le plus intime » peut-on lire en quatrième de couverture. Jusqu'où va l'intimité ? Sans doute jusqu'au fantasme qu'il soit sexuel ou géopolitique. A seize ans, on n'a, sauf circonstances extraordinaires, pas assez de souvenirs pour captiver un lectorat nombreux. Pourquoi ne pas les inventer, les rêver, les développer et en faire un excellent roman ? L'entrée en matière de qualité, suffisamment intrigante pour vous conforter à tourner les pages, semble le confirmer. le mystère se dissipe, un peu, mais pas trop, suffisamment pour installer l'intrigue qui s'est déroulée quarante ans plus tôt et dans laquelle le petit jeune homme qu'était le narrateur aurait joué un rôle, peut-être même le rôle principal, sans en avoir conscience. Jusqu'ici tout va bien mais, même sur les sommets alpins, le brouillard doit finir par disparaître.
Vous mêlez habilement une pincée de Suisse alémanique montagneusement chic à Davos, un hôtel de famille, des personnages ternes qui n'ont pas droit à la parole (seul le narrateur s'exprime renforçant le caractère intimiste), quelques parties d'échecs ou de go, vous pimentez le tout avec un zeste de Stasi et vous laissez gratiner quelques heures avec une pincée de Thomas Mann et sa Montagne Magique. Vous obtenez…un roman intimiste, une histoire en pointillés et une désillusion certaine si vous vous êtes laissé prendre aux fausses confidences de l'éditeur (ah, la quatrième de couverture !) vous confiant sotto voce, que vous allez découvrir l'histoire d'« un pion sur un échiquier où s'affrontait l'Est et l'Ouest au temps de la guerre froide ».
Le dernier mot à l'auteur ? « On voit que vous lisez beaucoup la littérature française. L'adultère, c'est son vieux sujet ». Non, comme son narrateur, je lui confisque la parole pour remplacer irrévérencieusement « l'adultère » par « le nombril ». Déception.
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Une carte postale anonyme contraint le narrateur à se plonger dans un passé ancien, la fin des années 70, en pleine guerre froide. Il comprend, bien tard, qu'il fut au centre d'un réseau de passeurs entre l'Est et l'Ouest, involontairement, et sans même s'en apercevoir. Quel fut son rôle ? Quelles furent les conséquences de son action. Jusqu'à quel point a-t-il été manipulé ?
Voilà un récit mené avec beaucoup d'habileté, un retour vers un passé en bribes, la reconstruction d'un puzzle incomplet, c'est souvent drôle, grinçant, plein d'autodérision, mais... on a parfois l'impression de tourner autour du pot et c'est lassant.
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C'est un livre qui, en date du 3 octobre où cette chronique est écrite, est encore en lice pour le Goncourt. Ce livre : Hôtel Waldheim, le nouveau roman de François Vallejo publié aux éditions Viviane Hamy. le Manceau, aussi professeur de littérature, revient en librairie avec un texte nuageux, entre mémoire, imagination et Guerre Froide. Lettres it be vous dit tout dans les lignes qui suivent.

# La bande-annonce

À l'entendre, j'étais très fort, à seize ans, pour tout effacer, et ça continue. Pourtant, à force de déblatérer sans réfléchir, j'ai commencé à lui prouver et à me prouver que je me suis fourré dans de drôles de situations. Si quelqu'un m'avait dit hier : tu t'es comporté comme le pire voyeur, pour surprendre un couple dans son lit, je ne l'aurais pas cru. C'est revenu tout seul, devant cette fille dans son fauteuil. Je sentais son souffle sur ma peau, incroyable ce qu'elle m'insuffle. Presque malgré moi, j'ai reconstitué la scène oubliée. Et d'autres. Elle va finir par me convaincre que je lui cache quelque chose. Que je me cache quelque chose ? Comme l'impression de rencontrer un inconnu qui s'appellerait Jeff Valdera. Et dans le genre inconnu, elle se pose là aussi, avec ses questions insistantes…

Lors de ses séjours avec sa tante à Davos, à l'hôtel Waldheim, l'adolescent Jeff Valdera n'aurait-il été qu'un pion sur un échiquier où s'affrontaient l'Est et l'Ouest au temps de la guerre froide ?

Inventer sa mémoire ou inventer sa vie ? C'est la question à laquelle tente de répondre François Vallejo avec Hôtel Waldheim, son roman le plus intime. Mais n'est-ce pas cette même quête qui traverse son oeuvre depuis vingt ans, que ce soit dans Madame Angeloso (prix France Télévisions), Ouest (prix du Livre Inter) ou encore Un dangereux plaisir ?

# L'avis de Lettres it be

Hôtel Waldheim sera peut-être le roman du salut pour celui qui était déjà présent sur la liste du Goncourt en 2001 avec Madame Angeloso. Cette fois, François Vallejo réitère la performance en 2018 avec son nouveau roman publié aux éditions Viviane Hamy. Sous la plume de l'auteur né au Mans en 1960, nous faisons donc la rencontre du jeune Jeff Valdera. Une rencontre entre parties d'échecs et de go, récits mémoriels mais surtout, souvenirs de cet hôtel de famille où l'adolescent entrera de plain-pied dans un monde qui n'est peut-être pas le sien… Mais d'une carte postale retrouvée par hasard naîtra très vite une plongée dans l'histoire d'un garçon, d'un lieu, d'une époque toute entière.

Il y a quelque chose de magique dans ce nouveau livre de François Vallejo. Quelque chose de magique et de nuageux, façon Thomas Mann qui, ça n'est assurément pas un hasard, trouve ici une place importante dans les lignes de Vallejo. Cet hôtel aurait pu être celui de Wes Anderson, ou celui de Thomas Mann. Dans un mélange onirique et sombre, dans un texte qui fait se croiser les questions d'identité, de responsabilité, de mémoire et d'imagination, le Manceau parvient à questionner, interpeler, le tout sur fond de Guerre Froide. Un mélange qui, sans être indigeste à proprement parler, conserve malgré tout quelques trous d'air qui parsèment le texte et peuvent empêcher d'en saisir la substantifique moëlle. Un petit regret donc pour un récit qui aurait gagné en simplicité, sans toucher à sa profondeur, séduisante.

Découvrez la suite de la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Plongeon dans les mensonges et les violences d'une époque révolue, avant la chute du mur.
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J'avais aimé "le voyage des grands hommes", j'y avais trouvé verve et esprit. A l'Hôtel Waldheim, on trouve un récit de guerre froide qui fait naître quelques frissons, certes... mais on s'ennuie! Les tergiversations du protagoniste sont déroulées en long et en large sur des pages alors qu'on a déjà compris ses sentiments, la rencontre absurde entre les deux protagonistes occupe beaucoup trop de place au détriment des éléments du passé, bref ça ne marche pas en dépit d'une poignée d'idées romanesques ô combien!
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