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Citations sur Métamorphoses (18)

"Nous sommes dans une guerre sans guerre, latente partout, sans territoire défini, et vous en faites partie, sans le savoir." P.195
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J’ai l’habitude de solliciter des conseils pour ne pas les suivre. Les mises en garde contradictoires de Medina et de maître Vautor me permettent de ne tenir compte des avis ni de l’un ni de l’autre.
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Mes propres doutes subsistent : sa déconversion, surtout exposée par maître Vautor, confirmée sans explications détaillées par Alban lui-même, est-elle authentique ? N’est-il pas toujours soumis à une autorité lointaine qui lui a imposé de se mettre en sommeil pour une durée indéterminée, afin de mieux se réveiller, quand on aura besoin de lui, dans trois ou cinq ans ? N’a-t-il pas reçu l’ordre de se rendre le plus invisible possible, de ne pas même afficher sa foi ni participer à des prières collectives ? Son extrême soumission ne serait que le signe, ou le masque, de sa rébellion extrême ?
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Je repasse sans fin sur mon écran la vidéo amateur, les images, non de l’homme, il reste invisible, mais de l’étincelle en arrière-plan, qui enfle, rougit, éclate. Je ressens le souffle, il s’efface, je reprends au début. Qu’est-ce que je cherche, après la dixième vision ? Pas les effets de l’explosion, les images vacillent et disparaissent alors, mais sa cause. Je voudrais saisir l’instant d’avant, une silhouette, un bras, la tête de l’homme, au moment où il actionne sa ceinture d’explosifs. Ma folie de tout comprendre, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer mon demi à sa place. S’il n’avait pas été interpellé, aurait-il été un de ces hommes de Roissy, de Londres ou de Francfort ? Si je ne me débarrasse pas de cette question, tout est perdu, pour lui, pour moi, pour nous. Je n’ai jamais cru jusqu’à aujourd’hui que mon frère puisse être un de ces martyrs. Je l’ai porté, soutenu, même de loin, pour l’empêcher de devenir ce souffle mortel. Comment ne pas le voir sous l’étincelle croissante, irradiante, qui me vitrifie sur ma chaise ? Ce n’est pas lui, c’est lui quand même, je le déteste.
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Ce qui se passe entre Alban et moi n’est pas un jeu de frère et sœur, ni même de deux individus dont la psychologie forcément bancale expliquerait tout. Alban m’a au moins appris, avec sa conversion religieuse, que les petits moi moi ne suffisent plus. Il se passe des trucs, aujourd’hui, en nous et autour de nous, dans le monde entier, bien plus grands que nous et qui nous concernent tous, plus que jamais. Un truc collectif, on ne s’en rend pas compte, Alban est dedans, je suis dedans, on y est tous, jusqu’au cou. J’essaie de suivre.[…]
J’essaie de ne pas me contenter de simplifications. Ce n’est pas parce que quelqu’un, selon moi, a tort, que toutes ses façons de voir sont condamnables ou condamnées. Et toutes tes pensées ne sont pas justes, sous prétexte que tu as raison. J’essaie de ne pas me contenter de simplifications. Ce n’est pas parce que quelqu’un, selon moi, a tort, que toutes ses façons de voir sont condamnables ou condamnées. Et toutes tes pensées ne sont pas justes, sous prétexte que tu as raison.
Il faut simplifier quelquefois, répond Ostend. Enfin, si les plus primaires des plus dogmatiques parmi les plus extrémistes des simplistes religieux t’apprennent à réfléchir plus subtilement, alors bravo, je m’incline.

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Ce n’est pas du harcèlement, dit Alban, c’est la vérité nouvelle, la seule moderne. Tu le disais toi-même, l’autre jour, je te donne raison sur un point, au moins, l’islam est devenu central, plus que n’importe quelle autre religion. Son poids t’oblige à réfléchir sur toi, sur ta vie, et ça te paraît insupportable. L’existence des islamistes oblige tout le monde à réfléchir, mine de rien, à ce qu’il fait et à ce qu’il veut, alors que personne ici n’a plus l’envie ni le courage de réfléchir vraiment.
Réfléchir, comme si je ne savais pas réfléchir aussi bien que lui, encore mieux en dehors de toutes les religions. Des machines à tuer, les religions, que les gens de foi essaient de faire passer pour des machines à réfléchir. Le plus vieux tour de passe-passe du monde. Alors, tes tours de magie délirants, je n’en peux plus. Je lui demande, là, bien en face, s’il n’est pas tout simplement en train de perdre la tête, en se laissant embringuer dans une religion, puis dans un camp d’entraînement, et je ne sais pas où demain, une vraie folie collective. Il se contrôle, sourit : tu te trompes complètement sur nous. Nous n’avons pas perdu la raison, nous avons seulement changé de raison, c’est ce qui vous dérange. Ce qui compte pour moi, c’est ça, et pour accomplir ce changement, le faire apparaître à la face du monde, il faudra que se produise un nouvel événement majeur. Un ou plusieurs événements renversants.
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Je lui ai demandé hier, dans le bois où nous marchions, si la foi n’était pas un prétexte… De la daube, ta dévotion… je la sens pas… tes méditations coraniques, une posture… Ce qui t’excite, je suis sûre, c’est l’action… tu en as plein la bouche, quand je t’écoute… c’est ça, ton paradis, la vraie promesse des branches radicales de l’islam… Je me trompe ?
Il commence calmement. L’action au service de la foi, pas le contraire… le minimum à assimiler pour une profane… réduire les infidèles par l’action, s’ils ne sont pas capables de saisir eux-mêmes le bien-fondé de la foi…
Tes phrases toutes faites, comme dans tes brochures… Sors un peu de ta littérature de combat. Je te sens bouffé, c’est triste. Ce n’est pas ta vie. Je voudrais bien que tu me donnes une seule raison d’être avec tes copains islamistes les plus durs, les salafistes, j’en suis certaine, même si tu ne les nommes jamais… Allez, donne-moi une raison personnelle, authentique, pas tirée d’un livre de prédicateur cinglé. À part des rencontres, Musad, Savant, je ne vois pas… Une raison sociale, alors ? Tu es tout le contraire de ceux que tu prétends défendre, ni déshérité, ni maudit… Religieuse ? Je ne vois rien de religieux dans le reste de ta vie. Mais te donner l’impression d’être au milieu d’une guerre, ça oui, je le sens bien. Une attirance, tu la nies, cette attirance ? C’est physique, non, bien plus que spirituel ? Sois honnête deux secondes avec toi-même…

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Il me rappelle qu’il a renoncé, depuis sa conversion, à se placer sur le plan individuel. Ce qui compte pour lui, aujourd’hui, c’est l’intérêt de la communauté, vision globale, je dois m’y faire.
Je négocie, avec le gérant du camping, un emplacement excentré pour la tente d’Alban, alors qu’il nous propose une meilleure place, pas trop loin des sanitaires.
Je déploie sa petite tente, après avoir déterminé la meilleure orientation. Il pourrait m’aider, non ? Le travail collectif, c’est mieux, il me semble… à l’entendre… ce serait le moment de le prouver… J’arrange toute seule le futur couchage de mon frère. L’individu Alban Joseph a-t-il besoin de dormir confortablement ou l’élément du grand Tout islamique, appelé Abdelkrim Yousef, s’en fout-il globalement ? Alban prend mal mon ironie, je ne lui laisse pas le temps de réagir, je le pousse brutalement sous sa tente. Je viens de voir apparaître, quittant l’allée qui conduit à notre mobil-home, maître Pignotino et Léna Mauser, en marche vers notre chantier de l’église, pour la reprise de l’après-midi.
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Vous me conseillez quoi ? Qu’est-ce que je peux faire pour lui, aujourd’hui ? Sans doute plus rien, répond Ostend.
Je n’aime pas sa réponse défaitiste. Admettons que mon demi s’entraîne militairement… S’entraîner, ce n’est pas encore combattre. Admettons qu’il sache manipuler des produits chimiques, ce n’est pas suffisant pour fabriquer une bombe atomique. Il pensera à moi, il reviendra, nous parlerons. Il n’aura encore rien fait de décisif. Je le connais, le plus grand rêveur de nous tous… il fantasmait à quinze ans sur les coasters, aujourd’hui sur le djihad… le même rêve, le même jeu, il ne passera jamais à l’action. Il se fera arrêter à une frontière. C’est ce qui peut lui arriver de mieux.
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Il ne voit que la foi musulmane pour proposer un destin collectif, soulager les hommes de tous les continents de l’injustice et de l’humiliation auxquelles les sociétés de l’hémisphère Nord les ont condamnés, et oser une conquête universelle et authentique. Si je suis incapable de partager sa haine de l’individualisme et de tous les simulacres occidentaux, faux art, fausse vie, pas la peine de discuter plus longtemps.
J’ai l’impression que tu me sers des phrases toutes faites tirées d’un manuel du parfait converti… C’est le début du fanatisme, Ostend a eu raison de me prévenir, je crois bien que tu es déjà devenu un fanatique. Tu récites.
Alban m’interdit d’employer des mots occidentaux usés : fanatique, fanatisme, on a vite fait de se débarrasser des gens qui croient à quelque chose de plus grand qu’eux, en les salissant et en les traitant comme des fous intolérants.
Mon demi me tétanise, je ne doute plus qu’il a été formé, transformé. Ce n’est plus lui qui me parle, c’est une voix étrangère en lui, dont il est si fier. Je ne me gêne pas pour lui dire que sa parole me semble aliénée. Je ne l’imaginais pas aussi dépersonnalisé.
Ils ont obtenu ça de toi en quelques mois, impressionnant.
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