AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Enfant (145)

Dès que je pus manger du hachis aux oignons sans être malade, elle n'en fit plus : à quoi bon ? C'était aussi cher qu'autre chose et ç a empoisonnait. Il suffisait que sa méthode eût triomphé - et plus tard, dans la vie, quand une difficulté se levait devant moi, elle disait :
"Jacques souviens-toi du hachis aux oignons. Pendant cinq ans tu l'as vomi et au bout de cinq ans tu pouvais le garder. Souviens-toi Jacques !"
Et je me souvenais trop.
Commenter  J’apprécie          00
" Ma grand-tante Agnès représente l'innocence? C'est fait comme cela, l'innocence ! "
Elle a bien soixante-dix ans, et elle doit avoir les cheveux blancs ; je n'en sais rien, personne n'en sait rien, car elle a toujours un serre-tête noir qui lui colle comme du taffetas sur le crâne ; elle a , par exemple, la barbe grise, un bouquet de poils ici, une petite mèche qui frisotte par là, et de tous côtés des poireaux comme des groseilles, qui ont l'air de bouillir sur sa figure.
Commenter  J’apprécie          161
Lorsqu'elle entend ma mère me dire : " Jacques, je vais te fouetter !
- Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour vous.
- Oh ! chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! "
Melle Balandreau m'emmène ; mais, au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie le soir, sa remplaçante.
" A votre service " , répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.
Commenter  J’apprécie          40
Le plaisir des jouets et des gourmandises, p. 82 :
« Rien qu’aujourd’hui, maman, laisse-moi jouer avec, j’irai dans la cour, tu ne m’entendras pas ! Rien qu’aujourd’hui, jusqu’à ce soir, et demain je serai bien sage !
– J’espère que tu seras bien sage demain ; si tu n’es pas sage, je te fouetterai. Donnez donc de jolies choses à ce saligaud, pour qu’il les abîme. »
Ces points vifs, ces tâches de couleur joyeuse, ces bruits de jouets, ces trompettes d’un sou, ces bonbons à corset de dentelle, ces pralines comme des nez d’ivrognes, ces tons crus et ces goûts fins, ce soldat qui coule, ce sucre qui fond, ces gloutonneries de l’oeil, ces gourmandises de la langue, ces odeurs de colle, ces parfums de vanille, ce libertinage du nez et cette audace du tympan, ce brin de folie, ce petit coup de fièvre, ah ! Comme c’est bon, une fois l’an ! – Quel malheur que ma mère ne soit pas sourde !
Ce qui me fait mal, c’est que tous les autres sont si contents ! Par le coin de la fenêtre, je vois dans la maison voisine, chez les gens d’en face, des tambours crevés, des chevaux qui n’ont qu’une jambe, des polichinelles cassés ! Puis ils sucent, tous, leurs doigts ; on les a laissés casser leurs jouets et ils ont dévorés leurs bonbons.
Et quel boucan ils font !
Je me suis mis à pleurer.
C’est qu’il m’est égal de regarder des jouets, si je n’ai pas le droit de les prendre et d’en faire ce que je veux ; de les découdre et de les casser, de souffler dedans et de marcher dessus, si ça m’amuse…
Je ne les aime que s’ils sont à moi et je ne les aime pas s’ils sont à ma mère. C’est parce qu’ils font du bruit et qu’ils agacent les oreilles qu’ils me plaisent ; si on les pose sur la table comme des têtes de mort, je n’en veux pas. Les bonbons, je m’en moque, si on m’en donne un par an comme une exemption, quand j’aurai été sage. Je les aime quand j’en ai trop.
« Tu as un coup de marteau, mon garçon ! » m’a dit ma mère un jour que je lui contais cela, et elle m’a cependant donné une praline.
Commenter  J’apprécie          00
Paysans et professeurs, p. 76 :
Mais les grands domestiques aussi sont plus heureux que mon père !
Ils n’ont pas besoin de porter des gilets boutonnés jusqu’en haut pour couvrir une chemise de trois jours ! Ils n’ont pas peur de mon oncle Jean comme mon père a peur du proviseur ; ils ne se cachent pas pour rire et pour boire un verre de vin, quand ils ont des sous ; ils chantent de bon coeur, à pleine voix, dans les champs, quand ils travaillent ; le dimanche, ils font tapage à l’auberge.
Ils ont, au derrière de leur culotte, une pièce qui a l’air d’un emplâtre : verte, jaune ; mais c’est la couleur de la terre, la couleur des feuilles, des branches et des choux.
Mon père, qui n’est pas domestique, ménage, avec des frissonnements qui font mal, un pantalon de casimir noir, qui a avalé déjà dix écheveaux de fil, tué vingt aiguilles, mais qui reste grêlé, fragile et mou !
À peine il peut se baisser, à peine pourra-t-il saluer demain…
S’il ne salue pas, celui-ci…, celui-là… (il y a à donner des coups de chapeau à tout le monde, au proviseur, au censeur, etc.), s’il ne salue pas en faisant des grâces, dont le derrière du pantalon ne veut pas, mais alors on l’appelle chez le proviseur !
Et il faudra s’expliquer ! – pas comme un domestique, – non ! – comme un professeur. Il faudra demander pardon.
On en parle, on en rit, les élèves se moquent, les collègues aussi. On lui paie ses gages (ma mère nomme ça les « appointements ») et on l’envoie en disgrâce quelque part faire mieux raccommoder ses culottes, avec sa femme, qui a toujours l’horreur des paysans ; avec son fils… qui les aime encore…
Commenter  J’apprécie          20
La blouse et la redingote s’asseyaient à la même table et l’on trinquait.
Commenter  J’apprécie          00
p189
J'aurais été un ange qu'on m'aurait rossé aussi bien en m'arrachant les plumes des ailes, car j'avais résolu de me raidir contre le supplice, et, comme je dévorais mes larmes et cachais mes douleurs, la fureur de mon père allai jusqu'à l'écume.
Commenter  J’apprécie          00
p 130
Ma mère veut que je me tienne droit.
" Personne n'a encore été bossu dans notre famille, ce n'est pas toi qui vas commencer, j'espère!"
Elle dit cela d'un ton de menace, et si j'avais l'intention d'être bossu, elle m'en ôterait du coup l'envie.
Commenter  J’apprécie          20
p33 et 34
Ma mère apparaît souvent [dans mes souvenirs] pour me prendre par les oreilles et me calotter. C'est pour mon bien ; aussi, plus elle m'arrache de cheveux, plus elle me donne de taloches, et plus je suis persuadé qu'elle est une bonne mère et que je suis un enfant ingrat.
Oui, ingrat! car il m'est arrivé quelquefois, le soir, en grattant mes bosses, de ne pas me mettre à la bénir, et c'est à la fin de mes prières, tout à fait, que je demande à Dieu de lui garder la santé pour veiller sur moi et me continuer ses bons soins.
Commenter  J’apprécie          00
-Qu 'est- ce quec'est que ce garçon là?
- Un pauvrepetit malheureux qu'on habille comme un singe, qu'on bat comme un tapis,pas bête, bon coeur.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (5491) Voir plus



    Quiz Voir plus

    La trilogie de Jules Vallès, L'Enfant, tome 1

    Quels sont les titres de la trilogie de Jules Vallès ?

    L'Enfant, L'Adolescent, Le Jeune homme
    Mon Père, Ma Mère, Mes Frères et mes soeurs
    L'Enfant, Le Bachelier, L'Insurgé

    10 questions
    220 lecteurs ont répondu
    Thème : Jules VallèsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}