j'ose avouer que j'aime cette terre-là. Le charme de ces paysages, l'émotion qu'ils suscitent viennent de quelque chose de subtil, de moins habituel. Il faut être capable de s'asseoir face à l'immensité désertique et d'y rester longtemps pour s'imprégner de la force de cet endroit... Il faut être capable d'attendre encore bien plus longtemps pour pénétrer l'intimité de ces panoramas qui s'ouvrent comme la corolle d'une fleur à ceux qui savent les aborder.
Les indiens le disent : c'est drole, vous, les blancs, vous avez tous des montres mais vous n'avez jamais le temps
Pourquoi voler vers la lumière si c'est pour s'y brûler les ailes ?
-A quoi sert de t'équiper en quad, en 4 X 4, en téléphone satellite ? Pour téléphoner à l'hélicoptère qui acheminera l'essence? Alors, il faudra plus de rennes pour payer tout cela. Il faudra plus de territoires, aller de plus en plus vite, de plus en plus loin. Il faudra rentabiliser, optimiser,... Tu n'auras plus le temps de t'allonger au soleil dans la toundra pour admirer l'indolence de la grande harde et observer la lente marche des nuages. Tu n'auras plus le temps d'aller chasser, alors, on te livrera de la nourriture en même temps que de l'essence...
L'aube est un spectacle de pauvre, tout en nuances, subtil, fait de brume, de silence ouaté, de lumière inachevée, de teintes qui se cherchent, d'une nuit qui s'en va et s'accroche encore dans les ombres d'une vallée ou d'une forêt....Cette attirance pour la simplicité et la pureté originelle est l'une des raisons que j'avance pour expliquer mon attirance pour le Grand Nord.
C'est souvent plus une affaire de volonté que de capacité.
Un nouvel ordre moral va devoir se mettre en place, à l'échelle du monde. Un nouvel ordre qui intégrera cette donnée toute simple qu'on semble découvrir aujourd'hui mais que les Indiens ou les trappeurs connaissent depuis longtemps. La Terre ne pourra donner plus que ce qu'elle possède, ce capital que nous dilapidons, brûlons, gaspillons.
Laisserons-nous en héritage une terre stérile ?
La nature n'est pas un conte de fées, comme le laissent croire toutes les histoires pour enfants. La mort rôde à la moindre imprudence, les faibles sont tués sans pitié.
Les pêcheurs sont connus pour avoir tous pêché un poisson « grand comme ça », dont la taille augmente chaque année, si bien que les deux bras écartés au maximum ne suffisent plus.
Nous nous dirigeâmes alors vers l'un des caribous. André se mit à côté de lui et dirigea sa tête vers l'Est. Dans son dialecte, il lui expliqua qu'il avait besoin de son cuir, de sa viande, et de ses os. Puis il le remercia.