Les paysans savent à quelle vitesse leur trace s’efface. La terre est un outil de travail qui donne tant qu’on a la force de le faire. Il reconnaissait que les dégâts mécaniques risquaient de pourrir la vie, mais la nature (...) n’avait pas besoin qu’on la défende. Elle nous boufferait tout cru si on lui tournait le dos quelque temps.
Les plus belles alliances sont des promesses de guerre.
Le sel (...), c’est pour que la vie ait toujours du goût, et le pain pour que tu manques jamais de rien.
C’est l’intérêt, le besoin et parfois le manque qui décident de vos choix. L’homme parfait, pour une junkie, c’est un dealer. Avoir ce dont on a besoin, ne jamais manquer. Les amis, les connaissances, tous ont à voir avec ce qu’on veut obtenir.
Martine avait toujours été plus grande que les autres à l'école. Les traits lourds, elle était souriante et timide, le rouge aux joues dès qu'elle prenait la parole, toujours mal à l'aise dans cette transition difficile : le passage de la vie de ferme à celle de la ville. Leur pavillon était tenu comme une caserne, astiqué comme un bien qu'il faudrait un jour rendre à ses véritables propriétaires. Un canapé et des fauteuils qu'il ne fallait pas risquer d'user en s'asseyant dessus, un drap sur la télévision, des meubles industriels imitation rustique et du carrelage brillant. Rémi suffoquait dès qu'il y mettait les pieds.
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La nature, c'était une idée différente pour un fils de paysan comme lui. Les paysans savent à quelle vitesse leur trace s'efface.
Tout le monde veut quelque chose. La question est de savoir s'il n'y a que ça qui compte, où s'il y a quelque chose de plus qui vaut le coup. Thierry Courbier et mon frère ont toujours été comme ça. Des types dont les intérêts étaient tout. Les sentiments, comme vous dites, chez des types comme eux, ce sont des besoins. Des types propres sur eux, respectables ou respectés, en manque et prêts à tout. Rémi, c'est l'inverse. Il a toujours été comme ça, mais depuis qu'il a sa gueule de monstre, c'est presque plus vrai encore. Il est aussi sociable qu'une bestiole enragée, mais il ne connaît pas l'égoïsme. Avec sa tête, il a fallu qu'il s'en débarrasse.
- C'est un compliment impressionnant.
- Je ne dis pas qu'il n'a aucun besoin. Seulement qu'il ne calcule pas son intérêt avant celui des autres, et que d'avoir pour ami un type comme lui était une vraie chance.
Sur ses épaules, malgré ses fringues de chasseur anglais et ses grands airs, la courbure du paysan.
Des poupées russes. Le temps recouvrait étape par étape des morceaux de lui-même qu’il ne serait plus. Plus on remonte dans le temps, moins on est de personnes à la fois, mélangées les unes aux autres. Ce soir-là, c’était l’adolescence, l’âge du discernement entre enfants et adultes, amis et connaissances, imbécillité et intelligence.
La nature n’est pas un point de vue à envisager selon différentes perspectives, c’est un bien commun et ce qui se passe chez un privé affecte autant ceux qui vivent autour et qui n’ont rien demandé.