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EAN : 978B01FKRTSR8
Arcade Publishing (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

" For over 70 years the Kremlin was the bastion of the all-powerful Soviet rulers, from Lenin to Gorbachev.
A great deal is known about the men who held the fates of millions in their iron grip, yet little is known about the women who shared their lives. "

(2ème page de couverture)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
LES FEMMES DU KREMLIN

Sous-titre : " Les vies secrètes des femmes derrière les murs du Kremlin - de Lénine à Gorbatchev

Même si seulement une partie est vraie de ce que Larissa Vasilieva raconte sur les femmes du Kremlin, il reste amplement de quoi être abasourdi par les frasques inimaginables de certaines de ces dames.
L'auteure, née en 1935 à Kharkiv en Ukraine et décédée, il y a 2 mois, le 27 février 2018 à Londres, n'est pas une historienne réputée pour l'extrême soin de ses sources. Cependant l'ouvrage, qu'honnêtement je ne recommanderais pas pour autant, n'empêche pas un dépaysement au royaume effarant des libertés prises par certains spécimens de la classe des super privilégiées dans un État tout sauf démocratique, l'URSS.

Larissa Vasilieva a appartenu elle-même à la nomenclature soviétique, comme la fille d'un des pères du légendaire char de combat russe, le T-34, Wasili Vasiliev. S'il est vrai qu'elle a eu ainsi accès à certaines archives privées, par contre l'affirmation que son ouvrage en version originale russe ("Kremlevskie zheny"), paru en 1992, a été vendu à plus de 2,5 millions d'exemplaires, me paraît légèrement exagérée.

Si une de ces créatures devrait remporter le pompon c'est sûrement Galina Brejneva (1928-1998), fille de Léonid Brejnev, secrétaire général du Parti communiste de 1964 à 1982.
Enfant, elle déclara à son père qu'elle n'ira pas rejoindre le komsomol (jeunesse communiste), ni faire des études. Ses 2 passions étaient le cirque et les bijoux. À 23 ans, elle se maria pour la 1ère fois avec l'acrobate de cirque, Eugène Milaev, de qui elle eût, en 1961, une fille Viktoria. Peu après, elle épousa l'illusionniste Igor Kio, mais fût après 9 jours ramenée par le KGB à la maison, le mariage annulé et l'officier qui avait assuré l'honneur, envoyé en Sibérie. Pour plaire à son père, elle se maria, en 1971, avec le policier Yuri Churbanov (1936-2013), qui fera une carrière éclair pour devenir vice-ministre de l'intérieur... avant d'être jeté en taule pour détournement de fonds et corruption en 1982. Elle se maria, enfin, à 65 ans avec un homme qui en avait 29.
Son autre passion était les bijoux et diamants. Ainsi, en congé en Géorgie en 1975, elle alla visiter le musée Zugdididi et émerveillée par le diadème de la reine Tamara (1184-1213), elle suggérait tout simplement au conservateur qu'on le lui offre en cadeau. Celui-ci téléphona le 1er secrétaire du Parti, Edouard Chevardnadze, qui à son tour appela le Kremlin. Léonid se contenta de grommeler : envoie la à la maison !" Elle trouva même le moyen de combiner ses 2 passions en accompagnant des cirques à l'extérieur de l'URSS et en organisant un trafic de bijoux et diamants. Si son père avait sa collection de voitures exclusives, pourquoi n'aurait-elle pas sa petite collection de pierres précieuses, n'est-ce pas ?
Galina était, par ailleurs, une alcoolique notoire. À ce point que sa fille fut obligée de l'enfermer dans un centre psychiatrique où elle mourut.
En vérifiant certaines données, je suis tombé sur une photo de "Galya", complètement bourrée, dansant sur une table de bistro, la robe retroussée, ses grosses cuisses dénudées, au milieu d'un groupe de joyeux camarades. le bon goût m'interdit de l'afficher sur Babelio, bien sûr.

Pour les femmes dans la vie de Lénine, son épouse, Nadejda Kroupskaïa, et sa maîtresse (d'origine française), Inessa Armand, somme toute, 2 idéalistes qui ont eu des mérites, il y a certainement de meilleures sources que l'exposé de Larissa Vasilieva. de même que certaines épouses du 1er secrétaire ont mené, une vie comme des babouchkas (grand-mère) effacées, à l'arrière-plan loin de la politique, notamment mesdames Khrouchtchev, Andropov et Tchernenko. Quant à la 1ère First Lady russe, Raïssa Gorbatcheva (1932-1999), apparemment elle tranchait de trop avec justement ces babouchkas et était trop intelligente et bien habillée pour devenir populaire en URSS.

Deux qui valent la peine de s'arrêter un instant sont mesdames Molotov et Beria. Deux destins plutôt dramatiques.

Polina Jemtchoujina (1897-1970), épouse de Viatcheslav Molotov, éternel ministre des affaires étrangères et meilleur pote de Staline, disposait d'atouts qui étaient loin de plaire à leur voisin immédiat, le tsar rouge : juive, intelligente et indépendante, qui avait une soeur en Palestine et un frère ayant fait fortune aux États-Unis, en plus elle avait été intime avec Nadedja Allilouïeva Stalina avant sa mort mystérieuse en 1932. Staline suggéra à son pote de divorcer, ce que Molotov fît. Mais la goutte qui fît déborder le vase fut son amitié avec la (nouvelle) ambassadrice d'Israël, Golda Meir. En 1948, la pauvre Polina fut arrêtée pour actes de sabotage et d'espionnage et envoyée pour 5 ans dans un camp au Kazakhstan. À la mort de Staline, en 1953, elle fut vite réhabilitée et les Molotovs reprirent leur vie de couple.

Dans un chapitre intitulé "Les femmes de Barbe Bleue ", l'auteure explique la triste existence de Nina Teimurazovna, qui à 16 ans et demi épousa l'affreux Lavrenti Beria (1899-1953), le tout-puissant chef du NKVD (précurseur du KGB) dont la liste de crimes est longue. Il avait, en outre, la criminelle habitude de faire enlever des jeunes filles par ses hommes pour les violer. L'homme qui croyait succéder à Staline, fut arrêté et liquide la même année. Nina et son fils Sergo (1924-2000) furent d'abord incarcérés, puis envoyés à Kiev, où elle mourut en 1992, à l'âge de 88 ans.

Quant aux épouses de Staline lui-même, de la première, une Géorgienne comme lui, très peu est su et de la deuxième, Nadedja Allilouïeva, j'ai eu l'occasion de retracer la vie dans ma chronique de l'ouvrage de leur fille, Svetlana Allilouïeva Stalina, "Vingt lettres à un ami", le 24-03-2017.

En guise de conclusion, je dirais que le livre de Larissa Vasilieva contient des passages captivants, mais que trop souvent, à cause du manque des sources, sur l'authenticité de certains faits relatés on reste dubitatif. Personnellement, j'ai passé pas mal de temps en vérifications. Peut-être que son livre était tout simplement trop ambitieux ?

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