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EAN : 9782825123201
232 pages
L'Age d'Homme (19/02/1990)
4/5   1 notes
Résumé :
Collection Bibliothèque l'Age d'Homme

Traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek

Un essai où l’on retrouvera sur un registre inhabituel une des grandes figures du roman anglo-saxon contemporain.

240 pages.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivons des jours où le terme même de culture a une connotation méprisante, où tout effort pour aller à contre-courant donne un air gêné de consciente affectation. Le grand torrent domestiqué des plaisirs mégalopolitains, des sports mégalopolitains, des valeurs mégalopolitaines, nous emporte au son des grondements rauques, monotones, de son inéluctable triomphe.

Que doit alors faire la culture au nom de toutes les grandes traditions de notre race ? Une chose et une seule. Une chose que cet ouvrage persiste à vouloir mettre en évidence, une chose qui peut sauver l’individu.

Il n’y a aucune raison pour laquelle, en cet âge de l’invention technique et de la production de masse, la conscience individuelle ne devrait pas trouver son propre bonheur intérieur, sa propre paix intérieure, à travers ces pensées et ces sentiments qui ont inspiré et nourri l’humanité pendant d’innombrables générations. La science peut changer les coutumes extérieures du monde dans lequel nous vivons, mais elle ne saurait spolier les vents de leur pouvoir, ni enlever aux saisons leur poésie, ni retirer leur solennité au matin et au soir. Comment pourrait-elle ne faire que peu de cas du soleil et de la lune, ou encore transformer l’océan en une chose négligeable ? La vie et la mort, le mystère de l’amour et le mystère de l’amour qui passe, la merveille de l’oubli et de cette fraîcheur que nous donne le sommeil, la merveille des affections héroïques d’hommes et de femmes qui ont su voir au-delà de la perte, au-delà de la séparation, au-delà de l’amertume de la tombe, voilà les réalités sur lesquelles cette éducation des sentiments, que nous avons décidé d’appeler culture, doit s’obstiner à concentrer son attention.
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Imaginons deux hommes se tenant sur un promontoire surplombant la mer. L’un d’eux est préoccupé par l’analyse scientifique de la chimie organique de l’herbe qui croît au bord du précipice. L’autre prend de plus en plus conscience du mystère ultime de la terre et de l’eau, et du mouvement planétaire de tout l’orbite terrestre, qui suit la course du soleil à travers l’espace. Ne peut-on pas dire que c’est ce dernier, non le premier qui a la culture la plus riche, la plus profonde ? Ne nous laissons pas blaser par la Nature, c’est là l’essentiel. Se réveiller chaque matin, s’offrir au jour tout neuf, comme si l’on venait de naître – renaître avec une intelligence mûre, comme si la terre, la mer, l’air, le soleil étaient aussi des miracles tout neufs, réalisés pour la première fois, pour ce qu’ils valent, paraît être la voie de la vraie sagesse. Beaucoup de savants, animés d’une intense curiosité dans leur laboratoire, tombent dans une opacité philistine au moment où ils font face aux expériences normales de la vie. La culture devrait nous aider à nous débarrasser de cette « taie » de l’habitude qui nous empêche de voir la magie enthousiasmante de la vie et de nous rebaigner dans les ondes lumineuses de l’existence.
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Le bonheur, qui est la seule fin de la culture, peut être menacé par des blessures au plus intime de notre amour-propre de façon plus humiliante que par quoi que ce soit d’autre, mis à part la souffrance physique et la crainte de la souffrance physique. La seule façon d’éviter ces blessures est d’établir notre respect de nous-même sur une base si profonde, si simple et si primitive qu’aucun choc d’ordre psychologique ne peut l’ébranler. Une telle base est la fierté parfaitement légitime d’être ce que nous sommes ! Notre corps est différent de tout autre corps vivant sur cette terre. Notre esprit, nos sentiments, nos nerfs, nos réactions intimes à l’égard de la vie, différents de ceux de tout autre animal, poisson, reptile, insecte. Assis, couchés, debout, en marche, nous sommes à la découverte du mystère du monde. Nous avons tout à fait le droit d’être transportés de l’ineffable fierté de pouvoir voir, sentir, toucher, goûter, entendre d’une manière différente – qui oserait réfuter cela ? – de tout autre réalité vivante.
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La véritable culture exige un certain degré de sensualité, d’extase sensuelle, mais cette sensualité n’a pas besoin d’être grégaire. La culture, en fait, souhaite pour une jeune personne exactement l’opposé de ce que lui souhaitent la plupart des employeurs, des prédicateurs et des moralistes. Ceux-ci désirent que les jeunes des deux sexes, quand ils ne sont pas en train de s’acharner au travail, soient pris par un tourbillon épuisant de distractions vivantes, grégaires, saines, athlétiques. La culture, par contre, désire pour les jeunes des deux sexes de longues heures silencieuses et solitaires, emplies de pensée mystique, poétique, métaphysique.
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Plus nous sommes cultivés, plus nous décidons profondément que dans nos relations avec toutes ces épaves humaines, tous ces êtres abjects, tous ces individus qui n’y arriveront jamais, nous n’éprouverons rien d’autre qu’un respect ordinaire, simple, humble, devant le mystère de l’infortune. Plus notre culture est noble et imaginative, moins nous tirerons orgueil de ces différences de milieu social ou de tempérament. Nous nous permettrons encore moins de prendre des airs de supériorité intellectuelle ou esthétique. La seule supériorité valable est d’être plus heureux, et il peut fort bien se faire qu’un poisson, une vache, un roi, un chat, un ver luisant, un communiste, un moineau, un porc ou un millionnaire soit plus heureux que vous.
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Vidéo de John Cowper Powys
« C'est afin de savoir si je pouvais exprimer avec suffisamment de clarté des sentiments ressentis très tôt et les justifier avec assez de force que j'en suis venu à écrire ce livre ; comme pour faire de ces sentiments une sorte d'incantation, à même de chasser chez ceux dont la nature s'apparente à la mienne les démons particuliers qui m'ont assailli […]. Comme j'ai été suffisamment chanceux pour échapper à une telle existence et revenir à une vie plus naturelle, je me vois confier, tel un cadeau reconnaissant au destin, la tâche de fournir à ceux se trouvant encore dans la situation que j'ai connue un certain nombre de formules magiques, grâce auxquelles, peut-être, ils pourront exorciser leurs pires démons. J'écris ainsi en connaissance de cause, à partir d'expériences accumulées de résistance à la vie moderne, consolidées en habitude mentale […]. […] nous en venons tellement, dans la grande cité moderne, à nous cogner la tête contre les murs, nous sommes si assourdis par le tumulte, si saoulés de sa sexualité éhontée et de son alcool meurtrier, la confusion grégaire empêtre tellement nos nerfs dans ses scories, que la seule chose qui puisse vraiment nous aider serait une philosophie bien plus précise et radicale […] ; une philosophie réelle, forte, redoutable, sans rhétorique, une philosophie de l'introspection, de l'introspection métaphysique, qui se confronte au socle de granite de la situation ultime, dans sa réalité brute et nue. […] Les choses vont si mal que ce qu'il nous faut, ce sont des attitudes mentales claires, définies, qui sortent de la mêlée et nous fournissent, tels les vieux drapeaux en lambeaux, lacérés par la guerre, des symboles combatifs plutôt que des systèmes rationnels. […] le lecteur doit garder en mémoire que cet ouvrage se veut un moderne “Enchiridion” ou un “Manuel de contemplation dans la difficulté”. […] Plongeons donc […] dans nos âmes et soyons seuls, dans cette Solitude qui peut créer et détruire sans recourir à la violence. […] » (John Cowper Powys [1872-1963])
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Référence bibliographique : John Cowper Powys, Une philosophie de la solitude, traduit par Michel Waldberg, Éditions Allia, 2020
Image d'illustration : https://www.abebooks.com/first-edition/John-Cowper-Powys-Selection-Poems-Published/30698385168/bd
Bande sonore originale : So I'm An Islander - The White Troll And The Dead Tree The White Troll And The Dead Tree by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-the-white-troll-and-the-dead-tree.html
#JohnCowperPowys #UnePhilosophieDeLaSolitude #PhilosophieAméricaine
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